mercredi 7 décembre 2011

Alfred Wolfsohn, la voix libre, la Voix du Futur

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Alfred Wolfsohn (né le 23 septembre 1896 - mort le 5 février 1962) était un professeur de chant allemand.

Il eut pour élève Charlotte Salomon et figure dans les peintures de cette dernière sous le nom de Amadeus Daberlohn. Il est le fondateur d'une méthode de développement de la voix connue aujourd'hui sous le nom d'approche Roy Hart Theatre.

Il fut un pionnier du domaine de la recherche vocale et ses études ont révélé le potentiel de la voix non seulement comme instrument d'expression artistique, mais aussi comme instrument de développement personnel et de thérapie. Le but de Wolfsohn était de développer une voix libre, sans chaînes, qu'il appelait la Voix du Futur.

  • 23 septembre 1896 : il naît à Berlin dans une famille juive allemande de la classe moyenne. Ses parents sont croyants mais pas strictement orthodoxes. Son père meurt de tuberculose quand Alfred a 10 ans. Il adore que sa mère lui chante une chanson avec une voix aigüe pour un ange et une voix grave pour Saint-Pierre. Il reçoit une bonne éducation. Il se considère un solitaire, mais adore le football.
  • 1914 : il est mobilisé pendant ses études de droit à l'université. Il combat pendant la première Guerre Mondiale sur le front Est, puis sur le front Ouest. Il est terriblement traumatisé par les cris d'agonie de ses camarades et par le fait de ne pas aller aider un soldat agonisant. Il revient en état de choc et avec une santé défaillante.
  • 1919-1920 : il voyage en Italie et retrouve force et inspiration. De retour en Allemagne, il abandonne ses études de droit et décide de faire du chant. Son manque de progrès avec ses professeurs le pousse à développer sa propre théorie intégrant son amour de la musique, de l'art, de la littérature et les études psychologiques en cours à cette époque (notamment C.G. Jung).
  • 1933 : le parti nazi d'Hitler prend le pouvoir. La discrimination antijuive s'aggrave. Wolfsohn commence son premier manuscrit : Orphée ou le chemin vers un masque.

  • 1935 : en cherchant à obtenir des papiers lui permettant d'enseigner le chant, il lui est recommandé par Kurt Singer (Directeur de l'Opéra de Berlin) de demander de l'aide à Paula Lindberg, la chanteuse célèbre et belle-mère de Charlotte Salomon. Wolfsohn donne des leçons à Paula et lui parle de ses propres théories sur la voix. Il rencontre Charlotte Salomon et parle avec elle pendant des heures sur l'art et la créativité au cours des années qui suivent. Il ne doute pas avoir eu la moindre influence sur elle.
  • 1939 : en janvier, Charlotte part pour le sud de la France. Un mois plus tard, Wolfsohn fuit Berlin pour Londres, aidé en cela par Alice Croner.
  • 1940 : pour éviter l'internement, Wolfsohn se porte volontaire pour le Pioneer Corps. Il est ensuite réformé.
  • 1943 : Wolfsohn obtient la permission du gouvernement britannique de donner des leçons de chants.
  • 1945 : Wolfsohn commence son manuscrit le plus long et le plus complet “The Bridge” (Le pont).
  • 1947 : Roy Hart rencontre Alfred Wolfsohn et commence à prendre des leçons.
  • 1949 : Wolfsohn va à Amsterdam pour une opération avec Dr Salomon, apprend la mort de Charlotte mais le Dr Salomon ne savait rien des peintures de Charlotte à ce moment-là.
  • Années 50 : Wolfsohn a beaucoup d'étudiants. Des articles sont écrits et des contacts sont pris avec des compositeurs, des musiciens, des acteurs et des écrivains célèbres, pour transmettre le travail, mais la mayonnaise ne prend pas.
  • 1956 : son élève la plus brillante, Jenny Johnson, donne un récital au Hoffnung Music Festival, avec d'excellentes critiques. Le disque “Vox Humana” est publié par Folkways aux États-Unis. La santé de Wolfsohn se dégrade encore. Un documentaire de la BBC avec Wolfsohn est diffusé.
  • 1958 : Aldous and Julian Huxley rendent visite au studio de Wolfsohn.
  • 1959 : le travail de Wolfsohn est reconnu par Dr Paul Moses, professeur de parole et voix à l'université de Stanford, en Californie.
  • 5 février 1962 : la santé de Wolfsohn se détériore et il meurt d'une infection pulmonaire, qui se développe lors de son séjour à l'hôpital. Il a enseigné jusqu'à 10 jours avant sa mort. Roy Hart, un de ses étudiants les plus assidus, poursuit son travail.
A firsthand testomony of how Alfred Wolfsohn worked with his students from the only living student able to still tell the story - Sheila Braggins in "The Way Alfred Wolfsohn Taught" at http://www.roy-hart.com/sheila2.htm


Quand Alfred Wolfsohn est sorti de l’hôpital militaire allemand en 1919, il n’était aucunement guéri. Il continuait à souffrir des séquelles de l’empoisonnement au gaz moutarde et des traumatismes de guerre subis dans les tranchées. Aucun traitement du milieu médical n’avait pu le soulager. Pendant les dix années qui ont suivi, il a lutté avec cet état de santé précaire et perturbé.

Avant la guerre, il suivait des cours de chant, pour compléter sa formation musicale et parce qu’il avait une voix naturellement agréable. Après la guerre, il avait perdu sa voix. Pendant les dix ans qui ont suivi sa sortie de l’hôpital, il a tenté de rétablir sa santé. Il pensait que retrouver sa voix l’aiderait dans cette tâche. Il a consulté de nombreux professeurs de chant très réputés, mais aucun d’entre eux n’a été en mesure de lui venir en aide.

En 1930, il était suffisamment rétabli pour être en mesure de continuer son travail d’avant-guerre comme professeur de chant. Les chanteurs professionnels de chant classique venaient le voir pour corriger leurs problèmes vocaux. En travaillant avec eux, il a découvert que leurs problèmes de voix ne venaient pas d’une mauvaise condition physique mais de souffrances psychiques. En améliorant son équilibre psychique, la personne progressait dans ses performances vocales. Et réciproquement. C’était une constatation pionnière et surprenante pour une époque où la psychologie n’en était qu’à ses balbutiements.

Parmi les derniers élèves qu’il a eu à Berlin, avant de fuir en Angleterre pour échapper aux nazis, il y avait une jeune peintre appelée Charlotte Salomon. Cette jeune fille, elle-même juive, a fui dans le sud de la France, où elle a peint entre 1940 et 1942 une extraordinaire oeuvre autobiographique de plus de 700 gouaches, intitulée « Leben ? oder Theater ? » « Vie? ou Théâtre? ». C’est une œuvre complexe qui s’accompagne également de textes et de musique. Charlotte est décédée à Auschwitz en 1943.

Une première exposition de son œuvre a eu lieu à Amsterdam en 1961. Wolfsohn était tout à fait étonné d’apprendre que Charlotte le mentionnait sous le pseudonyme d’ «Amadeus Daberlohn », et qu’elle avait intégré à son œuvre picturale une grande partie de la philosophie de son enseignement, en insérant dans ses peintures mêmes des citations de ses textes ou de ses propos. Depuis 1975, c’est le Musée juif d’Amsterdam qui détient cette œuvre d’art unique en son genre et se consacre à la faire connaître sous forme de livres, de CD ROM et d’expositions.

Dans un avenir proche, nous espérons réussir à faire éditer le livre d’Alfred Wolfsohn, « Orphée ou le chemin vers un masque », écrit à Berlin dans les années 1930. Charlotte Salomon cite ce livre en détail dans ses peintures. Alfred Wolfsohn meurt tragiquement en 1962 sans jamais avoir vu «Vie ? ou Théâtre ?». Il n’a jamais su quelle grande artiste elle était devenue, ni quelle praticienne fidèle de ses enseignements elle a toujours été…

Pour explorer l’héritage d’Alfred Wolfsohn plus en profondeur, visitez le site web Roy Hart Theatre Archives, hébergé et maintenu par Paul Silber. Vous pouvez aussi y acheter des livres, CDs et DVDs. http://www.roy-hart.com

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