lundi 31 octobre 2011

La France vote en faveur de l'adhésion de la Palestine à l'Unesco

C’est une surprise: la France a voté en faveur de l’adhésion de la Palestine au sein de l’Unesco en tant qu’Etat membre, lundi, premier pas vers une reconnaissance de la Palestine par l’ONU. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, devait s’exprimer lundi matin devant la conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), avant la tenue de ce vote.

Si les Palestiniens devaient rejoindre l’Unesco en tant qu’Etat membre, et non plus en tant que «mission d’observation» comme actuellement, ce serait pour eux une victoire symbolique dans leur démarche d’adhésion à l’ONU.

Le vote français est plutôt inattendu, Washington, Paris et Berlin ayant auparavant jugé ce vote prématuré. «L'Unesco, ce n'est ni le lieu, ni le moment. Tout doit se passer à New York. On espère que les choses vont bouger, mais il faut continuer à convaincre», avait notamment déclaré Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

dimanche 30 octobre 2011

Tintin

Kung Fu Panda 2

La strauss-kahnie entre rage et amertume

Il paraît que, pour tuer le temps, il joue encore aux échecs. Depuis quelques jours, Dominique Strauss-Kahn attend, place des Vosges, à Paris, sa convocation dans l'affaire du Carlton de Lille, où son nom a été cité par des témoins. Il a pris les devants dès que son nom est apparu dans la presse et demandé à s'expliquer.

"Il est chez lui toute la journée, il tourne en rond", confie un proche. Seul, ces derniers jours. Anne Sinclair est restée dans son riad, à Marrakech. Dehors, ceux qui, à la rentrée encore, criaient à l'"opération politique" quand la justice française examinait la plainte pour "tentative de viol" déposée par Tristane Banon, gardent le silence. Y compris Michel Taubmann, le biographe du futur candidat, l'auteur d'un Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn (Editions du Moment) qui devait dire l'histoire officielle. Même Michèle Sabban, la fidèle d'entre les fidèles, celle qui, pour lui, avait endossé toutes les accusations "complotistes", ne répond plus.

L'ex-patron du Fonds monétaire international (FMI) ne sort pas de chez lui, par peur des insultes, fréquentes. Et ceux qui lui rendent visite dans sa "prison dorée" se comptent sur les doigts de la main. Il y a eu François Pupponi, son héritier dans son fief de Sarcelles (Val d'Oise), lui-même entendu dans une autre affaire, celle du cercle de jeux Wagram. Son ex-lieutenant, Jean-Christophe Cambadélis, rallié à François Hollande. C'est presque tout. "Après le Sofitel, on l'appelait, glisse une de ses têtes chercheuses. Là, c'est fini. On ne lui téléphone plus. Plus envie."

"JE NE VEUX PLUS JAMAIS ENTENDRE PARLER DE CE MEC"

Entre l'ex-favori de la primaire PS et ceux qui se préparaient à devenir ses apôtres, la ligne est définitivement coupée. Un de ceux qui avaient placé en lui ses espoirs et planché depuis des mois sur le scénario présidentiel résume le sentiment d'une strauss-kahnie qui s'avoue trahie : "Je suis très en colère. On a été trompés. Il nous a trompés. Je ne veux plus jamais entendre parler de ce mec." Au lendemain des premières révélations sur le scandale lillois, la phrase a fait florès chez les socialistes : "On devrait édifier une statue à Nafissatou Diallo." "Je ne me dis pas comme certains 'à quoi a-t-on échappé ?', mais bien 'heureusement qu'il n'a pas été élu'", confie Marisol Touraine, strauss-kahnienne et députée de l'Indre et Loire. "Il ne pouvait pas être président. Maintenant, je ne veux plus en entendre parler. C'est derrière moi."

Laurent Fabius a parlé, vendredi 28 octobre, de "tristesse". Sandrine Mazetier, députée de Paris : "C'est plus que de la déception, c'est de la colère. On est tous très marqués par cette affaire. On trouve inimaginable de n'avoir rien su, rien vu. C'est comme dans les dénis de grossesse, où l'entourage immédiat ne voit rien non plus. C'est vertigineux." Même M. Cambadélis ne peut plus le soutenir. Il soupèse une phrase qui, comme toujours chez lui, prend l'allure d'un communiqué. "Aujourd'hui, je ne veux ni l'accabler, ni l'excuser."

Au bord du gouffre, soumis, en conseil fédéral ou réunions de section, aux quolibets de leurs camarades – "franchement, ton Dominique…" – les anciens amis de DSK sont saisis de vertige. Car le scandale les éclabousse un peu, forcément, eux qui ont toujours nié ou refusé de voir la face noire de leur héros. "Les Français doivent se dire, au choix, que nous étions complices, et c'est faux. Ou bien que nous sommes des cons", enrage une élue strauss-kahnienne. Il y a un mois, les fidèles, tels Ramzi Khiroun, porte-parole du groupe Lagardère et proche conseiller d'Arnaud Lagardère, faisaient la leçon aux journalistes : "J'apprends que tu dis que j'ai couvert les frasques de DSK…"

"IL Y AVAIT DEUX DOMINIQUE, ET NOUS NE L'AVONS PAS VU"

Aujourd'hui, à EuroRSCG, Gilles Finchelstein et Stéphane Fouks se taisent. Tous cherchent à plaider leur cause : "Comment peut-on penser qu'on savait qu'il avait un réseau à Lille ? interroge l'un d'eux. Si le cercle politique proche l'avait su, il ne l'aurait pas poussé à se présenter. On n'est pas fous !"

Après l'épisode du Sofitel, ils osaient encore, comme M. Cambadélis, le couple "libre, soixante-huitard". Signe des temps, ils acceptent de parler de "libertinage". Ainsi ce poids lourd de la strauss-kahnie, toujours à la recherche d'explications: "Il y avait chez Dominique une lutte à mort entre la contrainte d'une candidature qui s'imposait à lui, et la pulsion, celle de son mode de vie soit disant libertin. Plus nous avons exercé de contraintes, plus il était obligé d'organiser ses pulsions ailleurs que dans notre espace. Il s'est donc mis avec des gens que nous ne connaissions pas. Tout cela a fini par occasionner une névrose et un personnage clivé. A un moment donné, le disque dur a fondu." Et ce proche conseiller, qui a perdu un mentor et un ami : "Il y avait deux Dominique, et nous ne l'avons pas vu."

Son cercle parisien jure avoir découvert dans le dossier lillois les soirées avec des prostituées dans des établissements parisiens et à Washington, notamment jusqu'au 13 mai, la veille de son arrestation à New York. "Ce qui est sidérant, c'est que c'était très compliqué d'aller voir Dominique au FMI. Et là, on apprend qu'il y avait des flics et des filles qui venaient lui rendre visite", lancent-ils, agacés de comprendre qu'ils ont, en outre, été préférés. Fabrice Paszkowski, chef d'entreprise, militant socialiste mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée et association de malfaiteurs" dans l'affaire du Carlton était l'un des piliers, dans le Pas-de-Calais, du club pro-DSK "A gauche, en Europe !" "Jamais entendu parler", jurent Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova, et Mme Touraine, qui ont sabordé ce club.

Le commissaire lillois Jean-Christophe Lagarde, mis en examen, pour "proxénétisme aggravé" et "recel d'abus de biens sociaux" ? "On ne connaît pas ces mecs", assurent les proches de DSK. Le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas, qui confirme avoir rencontré les deux hommes à la demande de DSK, et pris le premier "pour un flic", assure "tomber de l'armoire". Cruelle ironie de l'histoire pour le secrétaire national du PS à la sécurité, qui en vue de la campagne présidentielle, était chargé d'anticiper les sales coups qui ne manqueraient pas de s'ourdir contre le candidat…

"DOMINIQUE ET ANNE RESTENT DES AMIS"

"D'un Casanova, il est passé à un érotomane, puis d'un coup à un pornographe", cingle une ancienne collaboratrice. Et une députée ralliée à Hollande : "C'est simple, c'est le dégoût." Seuls quelques rares amis du couple acceptent de soutenir encore l'ancien ministre de l'économie, mais toujours en y mêlant sa femme. L'écrivain Dan Frank, chez qui se tenaient début 2011 les réunions préparatoires et qui se rêvait déjà "plume" de la campagne : "Dominique et Anne restent des amis. Et on n'abandonne pas ses amis s'ils sont à terre, quelles que soient les circonstances."

Las ! Même Anne Sinclair n'est plus cette "Antigone" décrite par Ivan Levaï et tant d'autres derrière lui, cet été. L'ancien mari de la journaliste et ami du couple publiait juste avant l'affaire du Carlton un livre insensé : DSK : chronique d'une exécution (Le Monde du 8 octobre). "Je ne vais pas changer de discours maintenant, persiste le dernier avocat de DSK. Je ne regrette rien, ne retire rien à ce que j'ai écrit et dit. J'en conviens, il y a des questions que je ne veux pas me poser. Les péripatéticiennes belges, ce n'est plus de mon ressort. Je suis fermé comme une huître."

A l'époque, DSK, auquel l'ancien patron d'Europe 1 avait soumis ses épreuves, l'avait remercié et félicité. C'était encore l'époque estivale où l'ex-futur candidat à la présidentielle disait à ses amis politiques : "Je m'en veux, pour vous." Une saison a passé, et DSK désormais murmure, paraît-il : "Je n'aurai pas assez de ma vie pour m'excuser."

Ariane Chemin et David Revault d'Allonnes

Entre déjà plus et encore à venir...

Et que prouve donc ton cœur ?

Entre hier et demain il oscille

sans bruit, étranger

et sonne en battant,

sa chute hors du temps.

Ingeborg Bachmann. Tombe, cœur.

Dans mon début est ma fin. […]

Je suis ici ou là, ou ailleurs. Dans mon début. […]

Ce que nous appelons le début est souvent la fin. […]

La fin est l’endroit d’où nous partons.

TS Eliot. Four Quartets.

Le présent est fait de déformations du passé et d’ébauches imprécises de l’avenir.

Pierre Reverdy. Le livre de mon bord.

L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe.

Gustave Flaubert. Lettre à Louise Colet.

Nous errons dans des temps qui ne sont pas [les] nôtres.

Blaise Pascal. Pensées.

Toutes nos expériences, y compris cette conversation, ont lieu dans le passé.

Même s’il ne s’agit que de millionièmes de seconde.

La caméra que je regarde en ce moment se trouve à quelques mètres. Elle est donc, depuis quelques millionièmes de seconde, déjà dans le passé par rapport au temps indiqué sur ma montre.

Le signal met du temps à arriver. La lumière que reflète la caméra, ou que tu reflètes, me parvient avec un décalage. Un décalage infime, car la vitesse de la lumière est rapide.

- Combien de temps met la lumière à nous parvenir de la lune ? Un peu plus d’une seconde.
- Et du soleil ? Huit minutes.

Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont au moment où nous les voyons. Non, c’est ça le piège. Le présent n’existe pas. C’est vrai. Le seul présent qui pourrait exister, c’est ce qu’il y a dans mon esprit. C’est ce qui se rapproche le plus du présent absolu. Et encore… parce que quand je pense, le signal tarde à se déplacer entre mes sens.

Il y a un décalage.

Gaspar Galaz dans le film de Patricio Guzman. Nostalgie de la lumière.

Judith Jiguet, nouvelle DG de l’ACFCI

Le 2011/10/30 à 15:04
Philippe Adam

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D.R.
Judith Jiguet arrive aux commandes de l’ACFCI avec une idée en tête : conduire la réforme des CCI françaises.


En la recrutant, le président des chambres de commerce et d’industrie françaises, André Marcon, a fait "un vrai choix". C’est ce qu’elle pense, car il aurait trouvé à travers son profil un regard neuf, sans a priori, capable de prendre en compte les atouts du réseau et d’accompagner les changements liés à la réforme. À 39 ans, Judith Jiguet est donc la nouvelle directrice générale de l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI). Sans histoire dans le réseau, sans tentation aucune de privilégier les CCI territoriales au détriment des nouvelles CCI de régions ou vice et versa, sans mauvaise relation, elle se déclare à 100 % au service de tous et espère qu’il en sera toujours ainsi.

"Au service !" : les deux mots pourraient allègrement illustrer l’inspiration de la vie de Judith Jiguet. C’est aussi ce qui l’a séduite lors de son premier entretien avec le patron de l’ACFCI. Une vision, un sens de l’intérêt général et des "dadas" comme celui de l’aménagement du territoire. "Je suis un haut fonctionnaire avant tout", insiste-t-elle, et les hauts fonctionnaires sont là pour servir. Juste avant d’entrer au service des chambres de commerce, elle dirigeait le cabinet de Chantal Jouanno, alors ministre des Sports. Comme tous les hommes et les femmes de cabinet ministériel, elle cultive sans doute la discrétion, habituée à travailler dans l’ombre.

Aussi, Judith Jiguet n’aime-t-elle pas parler d’elle. Elle s’étonne même que l’on puisse écrire sur son arrivée avenue de la Grande-Armée, à Paris, son nouveau bureau depuis août dernier. Surtout, elle déteste être photographiée. Un embarras difficile à expliquer. Judith Jiguet est une femme accorte, active et visiblement bien dans sa peau. Grande et élancée grâce à la gymnastique et à la natation qu’elle a pratiquées jusqu’à ses 20 ans, indique-t-elle, elle a toutes les caractéristiques – l’arrogance en moins – de l’executive woman moderne et accomplie, de celles que l’on aime bien mettre en avant dans les magazines et les forums pour illustrer le succès du management par la mixité. Très sympathique et humaine, elle ne fait pas de manière, alors que nous lui posons des questions, même personnelles. Elle répond, elle écoute, elle rit. Finalement, malgré sa pudeur, elle se livre un peu. Mais elle contrôle, choisit ses mots, et se garde de heurter qui que ce soit. Comme tous les hommes et les femmes de cabinet ministériel, Judith Jiguet parle avant tout de travail.

C’est en découvrant son parcours professionnel que l’on cerne mieux l’insatiabilité pour le travail de la directrice générale de l’ACFCI, autant que sa passion pour la conduite de projets. Après un DESS de Gestion publique et des études d’ingénieur à l’École nationale du Génie rural, des Eaux et des Forêts, et d’ingénieur agronome à l’Institut national agronomique, Judith Jiguet est propulsée, à 24 ans, chef de service à la direction régionale de l’Environnement de Poitou-Charentes. Elle passe à la direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt de la Vienne (1999), puis devient chargée de mission à la délégation à l’Aménagement du territoire et à l’action régionale (2003), avant d’occuper le poste de chef de bureau à la direction de l’Eau au ministère de l’Écologie et du Développement durable (2003). Là, elle se fait vite remarquer grâce à sa circulaire réformant la police de l’eau et créant une structure départementale unique lorsque certains départements comptaient jusqu’à huit services. Débute alors une irrésistible progression pour la jeune haute fonctionnaire. "J’ai été appelé en cabinet ministériel, et lorsque l’on est chef de bureau, on ne peut pas refuser un poste de conseiller technique."

Pendant trois ans, Judith Jiguet décrypte les arcanes des cabinets auprès de Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, jusqu’à l’élection présidentielle de 2007. Elle anticipe sa sortie dans le privé et se retrouve chez Véolia Eau, mais pour peu de temps, malgré son intention première d’y rester quelques années. Michel Cadot, son ancien directeur de cabinet, poursuit sa carrière avec Michel Barnier devenu ministre de l’Agriculture. Les "deux Michel" lui offrent de devenir directeur adjoint. Une fois de plus : "J’ai 35 ans, ça ne se refuse pas." Elle côtoie alors le réseau consulaire, celui de l’agriculture naturellement, en pleine révision générale des politiques publiques (RGPP). Deux ans plus tard, c’est au tour de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, d’être séduit par les capacités de travail de Judith Jiguet et, surtout par sa compréhension de l’administration centrale, de l’action territoriale et de l’environnement. Car Judith Jiguet, en plus de sa formation, est depuis toute petite "consciente de la finitude des ressources, de la dégradation globale de la Terre et que, de génération en génération, on abîme notre patrimoine".

Nommée directrice de l’Eau et de la Biodiversité en conseil des ministres en 2008, elle est heureuse, même si le challenge est immense : la fusion des deux directions. Elle se projette bien dans sa nouvelle fonction, veut prendre le temps, dessine la réorganisation et initie avec son équipe des séminaires et des réflexions sur la méthodologie. Jusqu’à un fameux coup de téléphone en 2009. Chantal Jouanno, qui la connaît un peu, la veut pour diriger son nouveau cabinet à l’Écologie. Rebelote ! "Directeur de cabinet, ça ne se refuse pas !". Judith Jiguet est triste de quitter l’administration centrale de l’eau et de la biodiversité, mais elle se projette déjà dans les nouveaux défis qui l’attendent.

Elle ne regrettera pas une seule fois, d’autant qu’elle en a pour son "workaholisme". "Dans un cabinet ministériel, vous travaillez dans l’urgence, nuit et jour, et en continu. Vous écrivez la politique du ministère derrière votre ministre, et l’on se retrouve très vite addict de ces fonctionnements." Elle suivra Chantal Jouanno au ministère des Sports dès 2010. Pour Judith Jiguet, c’est "le grand saut", parce qu’elle n’avait aucune référence, d’une part et qu’elle n’était même pas pratiquante, d’autre part, ou plus tellement... Alors elle "fait l’éponge", comme elle dit souvent, apprend et écoute avec humilité. Ce qu’elle fait aussi au sein de l’ACFCI. Facile pour celle qui ne fanfaronne jamais, malgré son incroyable parcours professionnel. Son poste à l’ACFCI est son onzième en seulement quinze ans.

Jusqu’où cette irrépressible ascension mènera-t-elle Judith Jiguet ? Arrivée à l’ACFCI, elle annonce qu’elle souhaiterait désormais prendre le temps de penser à elle. Maman d’un petit garçon et d’une petite fille, âgés tous deux de moins de 10 ans, la directrice générale confie, non sans culpabilité, ne pas avoir connu toutes les maîtresses d’école de ses enfants. Soulagement pour elle, son mari veille parfaitement sur leurs oisillons. Et même si elle a toujours pu dégager suffisamment de temps pour leur faire faire leurs devoirs du soir, elle admet que la conjugaison entre vie professionnelle active et vie familiale demeure difficile et parfois douloureuse. "Pas une seule fois, en programmant des réunions le samedi ou le dimanche, à 21 heures ou 22 heures, on ne m’a demandé si ça ne posait pas de problème pour mes enfants !"

Si elle n’avait pas connu cet accomplissement au travail, Judith Jiguet aurait sûrement été bien moins heureuse, elle assume donc son choix. Tellement exigeante envers elle-même qu’il ne saurait en être autrement. Auprès des CCI, la tâche va être immense. Judith Jiguet le sait. Mais elle amorce cette mission, confiante, sereine, riche de ses expériences antérieures et de méthodes qui ont fait leur preuve. Elle veut mener la réforme des chambres de commerce et conduire le changement. Alors elle y parviendra, très certainement, car réussir est ce que Judith Jiguet sait simplement faire de mieux.

samedi 29 octobre 2011

La stratégie de HP reste à écrire

Le revirement stratégique opéré par le groupe informatique montre que l'ère Apotheker est révolue. Mais de nombreuses questions restent en suspens. La nouvelle patronne doit préciser sa feuille de route.


HP vient-il de perdre une année ? En décidant de faire marche arrière et de garder la branche micro-informatique au sein du groupe, la directrice générale Meg Whitman a choisi de stopper la réflexion stratégique entamée par son prédécesseur, qui avait pris les rênes de HP en novembre 2010. Pour certains experts, elle n'était pourtant pas dénuée de sens. La dirigeante, elle-même, n'avait pas renié cette stratégie lors de son adoubement le mois dernier.

Abandonner le marché du PC, peu rentable, pour se concentrer sur les serveurs, les logiciels et les services, où le groupe peut apporter davantage de valeur ajoutée, et donc améliorer ses marges : tel était le raisonnement de Léo Apotheker, qui rappelait étrangement la stratégie adoptée, avec succès, par IBM quelques années plus tôt. Les incertitudes entourant un tel projet, ses risques d'exécution, et la pression des actionnaires auront cependant fini par causer sa perte... et celle de son initiateur.

Mais aucune alternative n'émerge pour l'instant. « Ils ne savent pas où ils vont, déplore Benoit Flamant, directeur de IT Asset Management. De nombreuses questions stratégiques restent en suspens ». Le reproche revient souvent, depuis quelques mois, aux oreilles des dirigeants. « Nous avons semé la confusion dans le marché, a reconnu Meg Whitman devant les analystes. Où que j'aille, c'est la même question : qui est HP ? ». La réponse, visiblement, n'est pas encore évidente.

Tout reste donc à faire pour HP. La nouvelle direction n'a pas voulu s'étendre davantage sur la stratégie à mettre en place dans les prochains mois. Tout juste a-t-elle confirmé vouloir se positionner davantage sur le marché du « cloud computing », qui permet aux entreprises et aux administrations de consommer leur informatique à distance et à la demande, via une combinaison de solutions d'infrastructures, de logiciels et de services. Après le rachat du britannique Autonomy pour 10 milliards de dollars, HP devrait aussi limiter les grosses acquisitions. Plus de détails sur la feuille de route stratégique devraient être donnés lors de la publication des résultats annuels, le 21 novembre. « Il faut que HP fasse son travail, simplement, et qu'il délivre des messages clairs sur sa stratégie », conseille Mark Fabbi, analyste chez Gartner.

Meg Whitman a toutefois apporté des précisions sur la répartition des rôles au sein de la firme californienne. Si la directrice générale continuera d'assumer les fonctions administratives, au niveau opérationnel elle se concentrera sur les activités hardware, comme les PC et les serveurs. Le président du conseil d'administration, Ray Lane, veillera plus particulièrement sur les logiciels et les services.

Malgré les doutes, les investisseurs ont salué la décision prise par la nouvelle direction : l'action HP a ouvert dans le vert à Wall Street ce vendredi. « Les incertitudes et les revirements stratégiques laisseront des traces, prévient néanmoins Benoît Flamant, chez IT Asset Management. Il faudra davantage de garanties pour reconquérir la confiance des investisseurs à plus long terme ».

ça repart et ça revient ...

La nouvelle présidente de HP avait promis une décision avant la fin du mois : la branche PSG de fabrication de PC ne sera finalement pas séparée ou vendue, revenant ainsi sur la proposition de Leo Apotheker au mois d'août.

Logo HP

Parmi les raisons qui ont malmené la valeur et écorné l'image du groupe HP, il y a eu en août la proposition de céder ou de transformer en entité indépendante la division PSG ( Personal Systems Group ) de fabrication de PC.

Leo Apotheker, alors CEO de la société, en émettant cette hypothèse, proposait un destin à la IBM, avec la séparation de cette activité hardware pour mieux se concentrer sur le développement software, beaucoup plus riche d'opportunités de croissance.

Ce plan radical, qui a fait trembler sur ses bases la multinationale, a contribué à son éviction rapide à la tête du groupe, étant remplacé par l'ancienne présidente d' Ebay, Meg Whitman. Tout en affirmant vouloir maintenir une certaine cohérence avec les idées d' Apotheker, elle a rapidement mis en balance le projet de spin off de la branche PSG.

Si l'idée d'une séparation de cette activité aux marges faiblissantes tout en demandant un lourd effort de logistique ( mais qui génère une part significative de ses revenus ) a pu séduire un temps, l'examen attentif de cette hypothèse vient finalement de conduire Meg Whitman à écarter une telle idée.

Malgré ses dires, elle choisit donc de s'écarter de la voie tracée par Apotheker, d'autant plus qu'elle ne serait pas contre un retour de HP sur les tablettes tactiles, alors que l'ensemble de la stratégie mobile a été mise en pièces en août avec la décision d'abandonner l'utilisation de WebOS dans les produits nomades.

Si le groupe devrait compter sur le futur Windows 8 de Microsoft, bientôt disponible sur tablette, le retour d'une tablette HP sous WebOS ne serait pas complètement écarté. Le succès de la TouchPad, certes grâce à un prix divisé par cinq, a pu faire réfléchir.


HP reste leader mondial des ventes de PC
Sans le rachat confirmé de l'éditeur Autonomy, initié par Apotheker et finalisé juste après son départ, on pourrait même penser que la continuité promise dans les projets a basculé vers un retour à la raison en douceur...

Comme pressenti il y a quelques semaines, Meg Whitman préfère garder la division PSG intacte afin de conserver une puissance de feu indispensable pour négocier des fournitures de composants à prix attractif.

Se séparer de cette activité aurait aussi eu un coût de plusieurs milliards de dollars, sans compter le risque que la spin off d'aujourd'hui puisse devenir le concurrent de demain sur les serveurs et les systèmes de stockage. HP a déjà assez à faire avec les concurrents actuels ( Dell et Oracle en tête ).

La décision intervient à quelques jours de la fin de l'exercice fiscal de HP, ce qui va permettre à Meg Whitman de démarrer une nouvelle année sur des bases moins incertaines qu'il y a encore deux mois. En prenant cette décision importante, elle fait taire les critiques qui affirmaient à sa nomination qu'elle n'aurait pas les épaules assez solides pour tenir les rênes d'une société aussi complexe.

Crazy paper thing

Smartphone

chart of the day, global smartphone shipments for samsung, nokia, apple, october 2011

For the past couple of years, Apple fans have responded to the Android threat with an evolving series of arguments about why Android isn't a threat:
  • Initially, the argument was that Android phones sucked compared to the iPhone, which was at least a year or more ahead
  • Then, when Android phones improved and the gap closed, Apple fans pointed out that that the iOS platform was was still much bigger than Android and therefore much better for developers
  • Then, when Android became the smartphone market-share leader, Apple fans pointed out that Android phones were made by several different manufacturers and that Apple was still the biggest smartphone maker and that the App Store was still the best platform for developers
  • And so on...

But now Android isn't just the operating system market share leader. Now, a single Android manufacturer, Samsung, has blown past Apple in global handset sales, shipping a 28 million units in Q3 while Apple only sold 17 million iPhones.

Yes, there were some mitigating factors. Q3 was a disappointing quarter for Apple iPhone sales, because consumers were waiting for the iPhone 5. Samsung's shipments were sales into the channel, not end-user sales. Samsung's smartphone sales include some Windows phones. And, yes, Apple will likely have a monster Q4 on the back of the iPhone 4S.

But still...

chart of the day Android share

A scary chart for Apple fans. Click for background.

Android has now blasted past iOS in the smartphone platform market. Samsung has now blasted past Apple in the global handset market. Samsung and Motorola phones have now come very close to the iPhone in terms of design and performance, so much so that even some former Apple fanatics are defecting to Android. And Android has become an increasingly viable and important platform for developers (and, if past is prologue, is on its way to becoming the most important).

No matter how you look at it, in a race for global smartphone platform domination, this is a worrisome trend for Apple.

As the history of the tech industry has demonstrated again and again, technology platform markets tend to standardize around a single dominant platform. Although several different platforms can co-exist while a market is developing, eventually a clear leader emerges. And as it does, the leader's power and "network effects" grow, while the leverage of the smaller platforms diminishes.

In the case of Android, this growing power will not lead to enormous profits for Google, because, right now anyway, Google is not selling Android. (Instead, Google is building a "moat" around its wildly profitable search business and making it easier for people to use Google search from their phones. This may change when Google acquires Motorola and starts selling integrated handsets itself.)

But the better Android phones get, and the more market share Android gains, the more Android's network effects will increase, and the more Apple's leverage over the iPhone ecosystem will diminish. And that can only be bad news for Apple's ability to continue to command exploding profits from iPhones, app developers, musicians, media companies, and others who now must pay it big distribution fees because they have no other choice.

Similarly, the bigger other global handset manufacturers get relative to Apple, the less (relative) leverage Apple will have over partners in the global parts-and-manufacturing supply chains.

As we've noted frequently, Apple learned some key lessons after getting clobbered in the PC platform market in the 1990s. And it has three key advantages that it didn't have then:

  • Its products are priced the same as, or below, the competition (In the 1980s and 1990s, Apple's Macs were always "premium" priced)
  • The "platform" aspect of smartphones is not as all-powerful as the platform aspect of PCs, because so many apps are built into all phones and/or are cloud-based or otherwise platform agnostic, and
  • Android is still a fragmented platform, with several different versions that aren't cross-compatible, reducing the advantages of a common platform

All these advantages have helped Apple continue to thrive over the past couple of years. But Apple's decision to move the launch of the latest iPhone back three months, as well as its decision not release a revolutionary new phone until next year, have helped Android close the gap. And the ongoing Android share gains, as well as Samsung's blowout quarter and the disappointing Q3 iPhone sales, should be wake-up calls.

Hocus Pocus

Halloween 1993 : Pour gagner le coeur de sa bien-aimée, Max Dennison, va, par bravade, allumer la bougie fatidique qui a le pouvoir de faire renaître les trois soeurs Sanderson Winifred, Sarah et Mary, les trois plus célèbres sorcières de Salem.

Jesus Lizard T-Shirt

Jesus Lizard

Conférence "Lost in motivation"

A l’occasion de la parution française du best-seller américain Drive, de Dan Pink (La vérité sur ce qui nous motive), Dorothée Burkel, Directrice des Ressources Humaines de Google Europe, Xavier Daguzan, Directeur Général de HR Access France, Frédéric Rey-Millet, Président EthiKonsulting, Vice-président du CJD Paris, préfacier de l’édition française et Marc Girardot, Managing Director à CISCO France ont répondu aux questions de Christian Le Nouy sur la motivation au travail.


Cet ouvrage apporte-t-il une nouvelle façon de penser la motivation ?

Pour l’ensemble des invités, cette thématique n’est pas nouvelle. Pour Dorothée Burkel, l’idée selon laquelle, à partir d’un certain seuil, les gratifications monétaires n’ont plus d’effet, est déjà connue.


Frédéric Rey-Millet rappelle que les études sur lesquelles s’appuie cet ouvrage ont été réalisées sur plus de 40 ans. Par contre, il a fallu du temps pour que leurs conclusions soient appliquées dans les organisations. Pourquoi changer le management alors que tout fonctionnait bien pendant les 30 glorieuses ?


Rappelons que pour Dan Pink, il y a 3 niveaux de motivation :

  • La motivation 1.0 (50 000 avant JC) : l’homme est mû par ses pulsions biologiques (se protéger, se nourrir, se vêtir).
  • La motivation 2.0 : le comportement de l’homme est conditionné par des récompenses / sanctions. Formalisé au début du XXème siècle par Taylor, ce mode de motivation montre aujourd’hui ses limites.
  • La motivation 3.0 : les gens sont motivés de façon intrinsèque et non pas extrinsèque. L’individu se motive lui-même ; la source de motivation réside dans la tâche elle-même plutôt que dans la recherche d’une récompense extérieure.

En quoi est-il utile dans vos organisations d’avoir ce type d’éclairage sur les moyens de motiver vos collaborateurs ?


Pour Dorothée Burkel, l’intérêt de cet ouvrage est qu’il s’appuie sur des résultats d’expériences. Et toutes ces observations convergent vers la conclusion suivante : la rémunération ne suffit plus à motiver les collaborateurs. Ils travaillent aussi pour autre chose. Pour se satisfaire, se réaliser, se dépasser. Dans ce cas, identifier d’autres leviers de motivation devient une responsabilité pour l’organisation et le manager.


Pour Xavier Dagusan, le livre ne fait pas non plus table rase du passé. La rémunération reste un facteur important de motivation à ne pas négliger. Seulement, il faut l’utiliser différemment. Le point clé réside dans le caractère non automatique des primes versées aux collaborateurs. Par exemple, HR Access a mis en place des « spot awards » : des récompenses décidées par les pairs plutôt que les managers. Ce sont vos pairs qui estiment si vous vous êtes vraiment impliqué sur un projet, si vous avez innové. La récompense financière est symbolique, mais l’effet motivateur est énorme.


Un système équivalent existe chez Google avec les « peer bonus ». L’attribution de ces récompenses peut être verticale, horizontale, ascendantes ou descendantes et, de facto, ne tient pas compte de la hiérarchie. Cet élément de reconnaissance est extrêmement appréciable, quelque soit sa place dans l’organisation sa rémunération. Encore une ce n’est pas la valeur monétaire qui prime mais la valeur symbolique.


Dans tout cela, les dirigeants et les managers ont-ils encore un rôle en matière de motivation ?


Il ne s’agit pas de remplacer un système par un autre mais de le faire évoluer. Marc Girardot explique que Cisco utilise également le système des récompenses par les pairs, tout en conservant les process, les objectifs et le management classiques.


Pour lui, la motivation 3.0 doit s’inscrire dans l’entreprise de demain, car celle-ci demande beaucoup plus à ses collaborateurs. Le management doit devenir plus humain et le travail plus valorisant. En France, culturellement, il est difficile de remettre le plaisir dans le travail. C’est aussi en cela que l’ouvrage de Dan Pink est particulièrement intéressant.

En matière de motivation, existe-t-il une différence culturelle entre la France et les Etats-Unis (Dan Pink étant américain) ?


Selon Marc Girardot, en France, le rapport au travail est plus conflictuel qu’aux Etats-Unis. Pour un américain, le travail est davantage lié à la vie privée. Chez Cisco, vie professionnelle et vie personnelle se mélangent. Les collaborateurs travaillent « un peu quand ils le veulent ». Ce système peut permettre, sans qu’on ait à demander quoi que ce soit, de prendre une après-midi et profiter de sa famille. C’est une nouvelle façon de travailler.


Xavier Dagusan relate la mise en place du télétravail chez HR Access. Peu développé en France, le télétravail est souvent perçu comme une perte de contrôle sur le travail des collaborateurs. Aux Etats-Unis, il est perçu comme un facteur d’autonomie. De cette expérience, Xavier Dagusan conclut que le choix du télétravail pour certaines équipes (principalement pour les métiers de la R&D avec un passage de 4,5% à 17% des effectifs) s’est avéré gagnant : les équipes sont devenues beaucoup plus motivées et créatives.



Selon Dan Pink, un des facteurs clé de motivation serait d’avoir la possibilité de choisir avec qui on veut travailler : qu’en pensez-vous ?


Pour Dorothée Burkel, il parait difficile de choisir totalement ses collègues. En revanche, lorsque l’on met en place des échanges, des évaluations communes, des 360, le salarié travaille, à terme, avec les gens qu’il apprécie.


Frédéric Rey-Millet apporte l’exemple d’une entreprise américaine, Whole Foods, où les personnes ne sont pas embauchées par les managers mais par les personnes avec qui le candidat sera amené à travailler. C’est une expérience que les entreprises commencent à mettre en place en France.


Dorothée Burkel ajoute que l’entreprise, c’est aussi apprendre à vivre ensemble. Pour être libre, il faut travailler avec le maximum de gens possible, et apprendre à ne plus être en état d’être impacté de façon pénible par qui que ce soit. La forme de liberté absolue au travail est finalement de se dire que l’on peut travailler avec n’importe qui.

La motivation est-elle un sujet à la mode né de la crise ?


Xavier Dagusan, souligne que des contextes plus critiques nécessitent des efforts de motivation plus importants. Cependant, quelques soient le contexte et les générations, les salariés sont à la recherche d’une motivation fondamentale : ce que Dan Pink définit comme « s’inscrire dans un but qui nous dépasse ». Xavier Dagusan est régulièrement sollicité par ses managers pour donner de la vision, du sens. Dans ce domaine, l’authenticité et l’exemplarité du management sont très importantes.



En matière de motivation, que retenir de la boite à outils de Dan Pink ?


Plusieurs pistes sont identifiées. La première renvoie au « projet 20% » de Google : donner aux collaborateurs la possibilité de dédier 20% de leur temps à des projets autres que ceux pour lesquels ils ont été embauchés. Il s’agit de dégager du temps pour qu’ils puissent travailler sur des projets qui leur tiennent à cœur, développer et creuser des idées originales.


Frédéric Rey-Millet relève également plusieurs points intéressants apportés par Dans Pink :

  • Le « test d’autonomie » qui évalue l’autonomie des collaborateurs perçue par eux-mêmes et par leur manager. L’intérêt n’est pas tant dans le résultat que dans l’écart des deux perceptions !
  • Renverser le modèle de fixation des objectifs : ce ne sont plus les managers qui fixent les objectifs ou les missions mais les collaborateurs eux-mêmes. Malgré une réticence initiale, les managers sont souvent assez surpris de constater que les collaborateurs se fixent des objectifs supérieurs à ceux qu’ils auraient reçus de leur hiérarchie.
  • Rester vigilant à la sémantique managériale. Pour évaluer le degré de motivation intrinsèque, un manager peut faire le test du pronom : le nombre de fois où le « je » est identifié par rapport au « nous ». La logique du fonctionnement en équipe se traduit dans les actes mais également dans les mots.


Enfin, pour Marc Girardot, les réseaux d’entreprise doivent être gérés par les collaborateurs eux-mêmes. Il s’agit de mettre à disposition des outils pour favoriser les communautés d’apprentissage… puis lâcher prise sur les contenus. Ainsi s’est construite Wikipédia, enrichie par des gens qui ne sont pas payés pour le faire.

Une bonne stratégie de motivation peut-elle se lire sur un compte de résultat ?


L’impact sur la rétention et la productivité des employés est certain, selon Marc Girardot. La finalité et l’objectif de la motivation, c’est de créer un cercle vertueux où motivation et innovation sont liées. L’innovation permet d’augmenter les marges. La motivation a un impact systémique dont le résultat est constructif pour tout le monde : actionnaires, employés et clients. L’innovation permet de respirer, ce qui permet encore plus d’innovation. C’est le cycle de Google, de Cisco et d’HR Access.


Attention, pour être innovant, il faut accepter de chercher beaucoup pour trouver peu. Il faut accepter de prendre des risques. Accepter que cela ne marche pas. Et puis persévérer. Pour Dorothée Burkel, innovation et motivation se rattachent à ce que Dan Pink évoque lorsqu'il nous dit en quête perpétuelle de perfection.


Nous l’aurons bien compris, la motivation 3.0 est celle du dépassement, pour lui-même. Le résultat vient ensuite... mais il suit de tout près !

Le changement ? Un jeu d'enfants !

Une expérience sérieuse et amusante pour changer les comportements.

Comment inciter les passants à jeter leurs ordures à la poubelle, et non sur la voie publique ?

Plus difficile : comment les inciter à ramasser les ordures jetées par d'autres sur la voie publique ?

En distribuant des récompenses et/ou en sanctionnant les "pollueurs" ? Eh non !

Voici une idée plus simple et beaucoup plus efficace : rendez l'usage de la poubelle amusant ! Résultat : les gens rendent les rue propres, simplement parce qu'il éprouvent du plaisir à le faire !

Conclusion : les gens préfèrent le plaisir (ou la satisfaction) à la facilité.

Cela ne vous rappelle-t-il pas les principes de la motivation 3.0 ?


L'innovation ? Une affaire d'équipe(s) !

Aujourd’hui, le Club EthiK vous emmène en voyage d’étude au Canada !

Duha Color Group, fabricant de peinture, nous apporte un retour d’expérience sur la mise en œuvre du concept d’organisation apprenante. Un exemple de management de l’innovation performant, basé sur la confiance.

Le précepte de base : chaque collaborateur est compétent et capable de contribuer à l'amélioration de son entreprise.

Partant de là, le rôle du management est de faciliter le travail collectif et la prise de décision. Et ensuite, s'assurer de la mise en application des idées produites.


Au passage, remarquons que cet exemple illustre parfaitement les 3 facteurs de motivation selon Dan Pink :

- l’autonomie, ou le désir de diriger notre propre vie

- la maîtrise, ou le besoin de progresser dans un domaine important

- la finalité, ou le fait de travailler pour un objectif plus grand que notre propre personne.

Retour d'expérience de Lean Management

Cette semaine, le Club EthiK vous propose un retour d'expérience de Lean Management chez Thalès, dans une équipe de développement logiciels.

Vous trouverez dans cette vidéo de nombreux exemples de management visuel, et plusieurs idées astucieuses en matière de travail collaboratif et d'efficacité opérationnelle.


Le lean engineering chez Thales par IndustrieTechnologies

Le moral qui pêche ? Pratiquez la Fish! Philosophy

Travailler sur un marché aux poissons n’a rien d’un métier facile. Les journées commencent tôt, le rythme de travail est éprouvant, quant au décor – et aux odeurs, ils n’ont rien de paradisiaque !
Pourtant, les poissonniers de Pike Place, à Seattle, ont choisi de faire de chaque jour de travail une expérience stimulante.
Ne vous méprenez pas, jouer en travaillant est bien une chose sérieuse ! Les poissonniers de Pike Place font preuve d'une conscience professionnelle exemplaire, et concernant la qualité de service et l'accueil des clients, ce sont vraiment des as !
Il faut dire qu’un tel enthousiasme attire les foules : amateurs de poisson, promeneurs, et même des touristes, venus voir voler les poissons. Evidemment, un tel succès se ressent aussi sur le chiffre d'affaire...

En haut de la montagne

Donner du sens au travail, raison d'être du manager

Partie 1 : Manager les hommes = insuffler du sens Le manager est celui qui non seulement doit fixer des objectifs, donner des ordres cohérents mais il est aussi celui qui doit insuffler du sens – et donc exercer son rôle avec un réel sens hiérarchique. Il lui faut exercer ce rôle dans une double dimension : celle qui conduit l’action individuelle et collective vers l’atteinte de résultats (dimension praxéologique) mais aussi celle qui la conduit en prenant en compte les idéaux de ses collaborateurs comme ceux de son organisation (dimension idéologique). Comme l'ont montré les philosophes et les psychosociologues, nous sommes en effet tous guidés par nos idéaux. Chacun de nous donne du sens et de la valeur à certaines croyances et pas à d’autres parce que les croyances auxquelles nous adhérons étayent nos valeurs qui donnent du sens à nos actes.

Selon le dictionnaire historique de la langue française (Le Robert). « hiérarchie » signifie au sens premier « gouvernement des choses sacrés ». Par extension, « hiérarchiser » signifie « classer selon un ordre de valeur ou d’importance ». Ainsi littéralement, le manager « hiérarque » est celui qui sait discerner du sens, de la valeur à ce qui en a et ce qui n’en a pas, tant pour son groupe social d’appartenance que pour les autres groupes. Le manager hiérarque est celui qui dans son management reconnaît le sens et la valeur de ce qui est « sacré » pour chacun des acteurs sociaux. Le manager hiérarque sait mettre chacun en mouvement selon ses idéaux.

Ainsi, certains managers sont plus hiérarques que d’autres, du fait qu’ils savent prendre en compte les idéaux et valeurs d’autrui sans estimer qu’elles valent moins que les leurs. Ils savent tout autant maîtriser le risque d’entrer en conflit avec les idéaux ou valeurs d’autrui – littéralement en conflit « idéologique ». Le manager hiérarque sait mettre en veille (et non en berne) son propre système de valeur pour reconnaître les valeurs d’un groupe d’acteurs sociaux, celles qui les mobilisent dans l’action ou au contraire les figent dans la résistance. Plutôt que de mener ou conduire les individus à l’aune de ses propres idéaux, de sa propre « idéologie », il reconnaît d’abord les autres dans ce qu’ils « vénèrent » le plus parce que c’est ce qui fait sens pour eux, c’est-à-dire leurs idéaux et valeurs sous-jacentes. Le manager hiérarque n’impose pas sa vision, il la partage avec celle d’autrui en identifiant les valeurs communes des différents sous-groupes. Il sait fédérer autrui autour d’une vision commune – qui peut être différente ou complémentaire de sa propre vision personnelle – en phase avec les intérêts et valeur du groupe social de référence et de l’organisation.

Le terme de « hiérarchie » peut alors s’entendre dans un sens tout à fait différent que lui prête habituellement le sens commun, celui « d’ordre et subordination des rangs, des pouvoirs dans une société ». La hiérarchie, pris au sens de « classement selon un ordre de valeur / valeurs », peut s’entendre comme la « hiérarchisation » des managers selon leur degré de sensibilité, plus ou moins élevé ou plus ou moins maîtrisé, à reconnaître les idéaux des collaborateurs, les valeurs des groupes sociaux en présence, le sens sous-jacent à l’action collective. Dit autrement, la hiérarchie et le sens hierarchique ne se déterminent pas selon la largeur des galons des managers mais selon qu’ils donnent du sens ou du non-sens au travail, selon qu'ils sont suffisamment hiérarques ou carrément toxiques. Il y va de la performance de l'organisation, comme nous allons le voir dans le volet qui suit.

Quand donner du sens au travail accroît la performance

J'ai la chance d'avoir une assistante formidable. Je n'écris pas ces mots parce qu'elle va les lire et pour la flatter ou parce que je m'applique à moi-même les préceptes qui faisaient l'objet du billet et du dossier du mois dernier, manifester de la reconnaissance à ses collaborateurs. Ces mots, je les écris en toute sincérité, parce que mon assistante donne du sens à mon travail en en trouvant dans le sien. L'autre soir, je reçois de ladite assistante un lien vers une vidéo du philosophe André Comte Sponville qui me fait profiter gratuitement de ses furetages sur internet durant le week-end. Je précise que j'en bénéficie gratuitement parce que je ne lui ai pas demandé de le faire et qu'elle l'a fait spontanément. Voilà ma chance et vous allez comprendre pourquoi.

Je clique sur le lien. « Le travail, parce qu’il n’est pas une valeur morale, ne vaut rien, c’est pourquoi on le paye » clame Comte Sponville. Alors là, j’en reste coi. Ca démarre très fort. Que dois-je penser de mon assistante que je ne paye pas à travailler pour moi pendant ses heures de loisirs ? Continuons à écouter le philosophe, il va peut-être apporter une réponse à cet insondable dilemme. "Le travail n’est pas une valeur morale, mais il a une valeur marchande. C’est pourquoi il a un prix, alors que les valeurs morales - l’amour, la générosité, la justice – elles, n’ont pas de prix". Par exemple quand on est généreux, on en n’attend pas une rémunération, sinon ce n’est plus de la générosité, c’est du commerce… Et bien voilà qui m’éclaire un peu mieux sur le comportement de mon assistante. Si j’en crois Comte Sponville, son moteur serait une ou plusieurs valeurs morales, puisque ce n'est pas l'argent qui la pousse à agir de la sorte.

« Si le travail n’est pas une valeur morale, il doit cependant avoir un sens ». Voilà qui devient intéressant. Cela suppose de faire la différence entre valeur et sens. La valeur, selon Compte Sponville, est toujours intrinsèque : l’amour, la générosité, la justice valent pour elles-mêmes alors que le sens lui est extrinsèque, il renvoie toujours à quelque chose d’extérieur à lui-même. Pour faire comprendre cette extériorité du sens, le philosophe s’appuie sur les trois sens (si j'ose dire) du mot « sens » : premièrement, les sens (dans le sens de « sensoriel ») ; deuxièmement, une signification ; troisièmement, une orientation.

Le travail renvoie aux sens car il ne doit pas avoir trop "mauvais goût" : les conditions de travail doivent être satisfaisantes mais surtout le travail ne doit pas oter le goût de la vie. Comme on ne peut pas goûter son goût, entendre son ouie, voir son regard il faut une extériorité pour sentir ; on touche avec ses doigts un morceau d’étoffe, pas le mot « étoffe ». Pour l’orientation c’est idem : on va d’un point à un autre, par exemple de son domicile à son lieu de travail. C’est le sens du trajet, qui peut s’inverser (c’est souhaitable) : du lieu de travail au domicile. Mais il y a un sens où on ne peut jamais aller de l’endroit où l'on est, c’est justement l’endroit où l'on est. Le sens en tant que direction est toujours ailleurs, là où on doit aller, il n’est direction que vers l’autre (personne, lieu, projet…). Le sens du travail, selon Comte Sponville, renvoie ainsi toujours à autre chose que le travail. Mais à quoi donc ? Justement à des valeurs morales, personnelles ou collectives. En ce sens, le travail contribue à autre chose que le salaire qu’on en reçoit. C’est la même chose que le bouquet de fleur : ce qui est aimable ce n’est pas le bouquet de fleur en promo à 5,50 € mais le sens qu’on attribue à ce bouquet de fleur, l’amour pour la personne aimée qu’il représente. Le travail fait sens à proportion de l’amour qu’on lui porte. Il faut donc éviter de proposer aux travailleurs un sens médiocre au travail sans qu’il leur soit donné quelque chose qu’ils puissent aimer, ou plus précisément qui puisse les motiver.

Ah bon ? Le salaire ne suffit pas à motiver les salariés ? « Pour faire rester des salariés dans une entreprise, il faut qu’ils y trouvent un certain plaisir, un certain bonheur »… Les salariés ne travaillent pas par devoir ou par raison morale, par amour du travail, du patron, du client ou de l’actionnaire mais pour eux-mêmes, leur conjoint ou leurs enfants ; ainsi, l’argent qu’ils gagnent leur permet de réaliser des projets personnels ou intimes. Je commence à mieux comprendre ce qui pousse mon assistante à en faire plus pendant ses heures de loisir : m’aider à mieux parler du sens du travail dans ce blog pour lequel elle se bat comme une lionne et qui n'existerait pas sans son travail acharné...

Comment rendre économiquement efficace cette quête du plaisir si ça ne passe pas par le salaire ? Par la motivation des collaborateurs. Et c’est le rôle du manager que de s’en charger. La motivation n’est pas un concept intellectuel mais un but régi par le désir. « Le désir est l’unique force motrice » disait Aristote. « Le désir est l’essence même de l’homme » renchérissait Spinoza. Le moteur des hommes, même s'il faut s'en méfier comme l'enseignait Epicure, c’est le désir. Le manager doit apprendre à gérer les désirs de ses collaborateurs, plus précisément à connaître ce qui les motive, pour les faire travailler de façon optimale. Il faut créer des conditions de travail telles que les collaborateurs s’estiment plus heureux chez leur employeur que chez le concurrent. Le manager réussit sa mission quand ses collaborateurs prennent du plaisir à venir travailler dans son entreprise, son service, son équipe… D’où l’importance des conditions de travail, de la possible marge de progression, de l’ambiance, du lien social, du bien-être, du sentiment de son utilité sociale ou de la congruence des valeurs de l’entreprise avec celles des salariés ! Tous les boulots ne se valent pas, certes : certains sont plus difficiles à aimer parce que moins épanouissant, moins intéressants, plus harassants. D’où la raison d'être du manager : se focaliser sur les boulots les moins valorisants, pour donner du plaisir à ceux qui les occupent (cf. l'exemple pratique dans le dossier du mois). Ce n’est pas de la philanthropie c’est une responsabilité financière, il y va de la rentabilité de l’entreprise ! Et le manager ne doit pas oublier d’être heureux lui aussi. S’il est lui-même heureux grâce à son travail, il aura plus de propension à partager son bonheur, à rendre les autres heureux. Le bonheur du manager fait partie de ses qualités professionnelles. Il y va de la pérennité de son employeur !...

Ne nous y trompons pas: comme l'argent, le travail en soi n’est pas le bonheur - surtout pour certains postes à grande pénibilité - même s’il y contribue : se perfectionner au travail peut être une réelle source d’épanouissement. C’est le rôle du management que de donner du plaisir sinon le management n’aurait pas sa raison d’être si le travail générait en soi du plaisir. Certains salariés commencent à être heureux le vendredi soir, quel dommage ! Le boulot du manager c’est de faire en sorte que le plaisir au travail commence dès le lundi matin. Quitte à ce qu'ils en viennent à travailler bénévolement le week-end de chez eux. Je vous l'ai dit, mon assistante est formidable, mais en plus elle est super motivée et ça me fait très plaisir...

Comment faire pour que les collaborateurs prennent du plaisir au travail ? En leur posant la question « comment ça va ? » - juste après leur avoir dit "bonjour", cela va sans dire, nous le disions encore le mois dernier. Dans ce "comment ça va" est sous-entendu « quels sont vos désirs professionnels qui sont satisfaits ou pas dans l’entreprise, que pourrais-je faire, moi votre manager, pour que vos désirs soient mieux satisfaits ? » Il s’agit pour le manager d’adopter une attitude d’interrogation et d’écoute. Car le plus souvent, les collaborateurs répondent « ça ne va pas du tout », surtout quand les conditions de travail ne sont pas à la hauteur... Ce qui suppose qu’il faut changer quelque chose, et c’est difficile pour le manager de changer ce quelque chose qui fait que ça irait mieux parce que le plus souvent cela l'oblige à remettre en cause ce qu'il avait mis en place précédemment. Le manager doit avoir trois mots-clé en tête pour donner du sens au travail à ses collaborateurs : naissance, connaissance, reconnaissance. Cela passe entre autre par recruter les bonnes personnes aux bonnes places pour faire naître professionnellement ses collaborateurs, développer leurs compétences et les reconnaître, encore et toujours…


Pierre-Eric SUTTER

L’énnéatype 2 : l'Altruiste

A. Personnalité acquise :

Caractéristique : la flatterie– Pensée supérieure : la volonté, la liberté

Passion : l’orgueil – Vertu : l’humilité

B. Sous-types de manière d’être

Au niveau sexuel : l’agression/séduction

Au niveau social : l’ambition

Au niveau de l’auto préservation : moi d’abord (privilège)

1. Le dilemme

Les Deux vont vers les gens comme s’ils cherchaient une réponse à la question : “vais-je être aimé ?” Ils ont un besoin marqué d’affection et d’approbation ; ils veulent êrte aimés, protégés, et se sentir importants dans la vie de gens. Enfants, ils obtenaient l’amour et la sécurité en allant au-devant des besoins d’autrui. La consequence de leur quête d’approbation est l’existence d’un radar personnel subtil leur permettant de détecter les humeurs et les préférences des autres.

Les Altruistes dissent qu’ils adaptent leurs sentiments pour se conformer aux preoccupations des gens et qu’ils assurent par là leur popularité. Ils expliquent aussi que s’ils n’obtiennent pas l’approbation qui leur est nécessaire, leur habitude de s’adapter peut devenir compulsive, jusqu’à oublier leurs propres besoins à force de flatter les autres, ce qui est un moyen d’acheter de l’amour.

Comme les Deux ont grandi avec l’idée que leur survie dependait de l’approbation d’autrui, les relations constituent le domaine le plus important de leur vie. Ils dissent qu’ils se surprennent en train de changer de personnalité sans s’en render compte pour correspondre aux souhaits des gens ; qu’ils savent se presenter de façon à se faire aimer – qui finit par être pénible – parce que cela leur permet d’éviter un éventuel rejet en donnant aux gens ce qu’ils désirent. Cette habitude de changer de personnalité dans le but de plaire leur donne souvent l’impression de duper les autres en ne leur montrant que ce qu’ils souhaitent voir.

Les Altruistes ont l’impression d’avoir de nombreux moi, d’être capables de changer de personnalité pour correspondre aux besoins des personnes importantes de leur vie. Ils sont parfois dans une confusion considerable à propos de leurs différents moi et se posent des questions telles que : “lequel est réellement moi ?” et “me connaissez-vous vraiment ?” Je ne vous ai montré qu’un seul de mes moi !” Ils sont particulièrement enclins à n’avoir des relations qu’avec des gens puissants et ont souvent la sensation de perdre leur identité en adoptant la personnalité la plus susceptible de plaire à un partenaire. Des pans entiers de leur vie et de leurs interest passes peuvent s’effacer lorsque leur attention glisse vers les aspects de leur moi les plus compatibles avec les désirs de leur compagnon.

Durant les premières phases d’une relation, le Deux exprime les aspects de lui-même qui flattent les besoins de son partenaire. Dans les dernières phases, il a à la fois le sentiment d’être contrôlé par la volonté de son compagnon et un désir envahissant de liberté. Pendant que la relation mûrit, il fait souvent des colères hystériques, lorsque les aspects de son moi qu’il avait oubliés en faisant la cour commencent à refaire surface. Les Altruistes vivent un conflit entre l’habitude de modifier leur presentation afin d’être parfaitement irrésistibles pour un partenaire et l’envie d’être libres de faire tout ce qui leur plait.

Comme ils ont refoulé leurs propres besoins dans le but de plaire à autrui, ils deviennent indispensables à leur partenaire ou aux gens puissants, ce qui est un moyen de satisfaire ces besoins oubliés. Le lien avec le pouvoir garantéit leur survie personnelle tout en leur permettant de conserver leur attitude altruiste. Ils satisfont leurs désirs en gagnant l’amour des gens capables de concrétiser leurs désirs. Dans une relation, ce n’est pas par la force ou par une contrainte évidente qu’ils obtiennent le contrôle, mais par la serviabilité. S’ils ne voient pas de résultats se concrétiser, ils se plaignent de l’absence d’équilibre, entre donner et recevoir. Se plaindre est aussi, pour celui qui aide, un moyen d’obliger l’autre à reconnaître à quell point il lui est redevable.

Les Deux croient que les gens les recherchent pour leurs qualities particulières de comprehension, et que leur famille et leurs amis comptent sur leur aide. Si leurs efforts ne sont pas reconnus ou qu’on ne leur exprime pas d’approbation, ils s’effondrent, comme si leur valeur ne dépendait que de leur existence dans le regard des autres. Une petite tape d’approbation accroît leur suffisance : “ils n’auraient pas pu réussir sans moi !” Un regard dédaigneux de quelqu’un d’important éveille un douloureux sentiment de depreciation : “il fautu que je me débrouille pour que cette personne m’aime de nouveau”.

C’est le type de “l’éminence grise”, de celui qui aide, du conseiller. Si un tel soutien n’aboutit à aucune attention concrete particulière, c’est le manipulateur à la recherche d’un privilège, celui qui tire les ficelles dans les coulisses, qui va apparaître.

On trouve parmi les preoccupations du Deux :

- L’obtention d’approbation et l’évitement du rejet.

- L’orgueil d’être important dans les relations. “Ils n’auraient jamais fait cela sans moi”

- L’orgueil de combler les besoins des autres. “Je n’ai besoin de personne, mais ils ont tous besoin de moi.”

- La confusion entre les différrents moi qui se constituent dans le but de satisfaire les besoins d’autrui. “Chacun de mes amis fait ressortir une autre partie de moi”. “Quel est mon moi authentique ?”

- La confusion dans l’identification de ses beosins personnels. “Je peux devenir ce que vous voulez, mais qu’est-ce que je ressens vraiment pour vous ?”

- L’attention sexuelle, garantie d’approbation. “Je ne veux pas coucher avec vous, mais j’ai besoin de savoir que vous avez envie.”

- Un attachement romantique au “grand homme”, à la “femme inspirée”.

- Le combat pour la liberté personnelle. L’impression d’être contrôlé par les besoins d‘autrui.

- L’hystérie et la colère quand ses véritables besoins émergent et se heurtent aux différents moi qui se sont développés dans le but de plaire aux autres.

- Un mode d’attention tourné vers des changements de personnalité ayant pour but de satisfaire les besoins d’autrui, qui peut conduire à :

- Une empathie pour les sentiments d’autrui ou une adaptation manipulatrice aux souhaits d’une autre personne, ce qui est une façon de s’assurer son amour.

Histoire familiale

Les Deux ont été des enfants aimés parce qu’ils faisaient plaisir. Ils ont rapidement discerné en eux-mêmes les qualities qui attiraient les adultes et ont appris à se comporter de façon à satisfaire ces besoins. Ils ont été des enfant aimés, qui savaient entretenir le flot d’affection venant à eux.

“Mon père était lointain et difficilement accessible, ce qui d’une certaine façon rendait plus excitant le jeu consistant à attirer son attention, parce qu’aucun de mes frères ou soeurs n’y réussissait. Je fonctionnais comme un baromètre, ressentant toujours où il en était. Je rentrais à la maison et me dirigeais vers son bureau ; j'hésitais devant la porte jusqu'au moment où je ressentais son humeur, et ainsi je savais comment me comporter ce soir-là.

C'était comme si j'imaginais quel personnage j'allais être, avant d'entrer dans la peau de celui qui semblait convenir, pour lui plaire. J'ai donné des noms à tous ces personnages, des années plus tard, durant une séance de thérapie au cours de laquelle je me suis également rappelé les sentiments de chacun.

Celui que je préférais était la Princesse. Elle était très douce et, lorsque j'étais la Princesse, je racontais à mon père toutes les choses que j'avais faites dans la journée, pendant qu'il était à son travail. Quelquefois, je jouais le rôle de la Princesse à l'école, quand il n'était pas là, et je parvenais alors à m'exprimer courageusement, parce que j'avais l'impression d'être la fille d'un roi."

Un autre scénario commun est décrit par les Altruistess dont la sensibilité aux besoins d'autrui s'est développée parce qu'ils ont dû soutenir leurs parents sur le plan émotionnel.

"J'étais une enfant serviable, persuadée que sa famille n'était pas du tout à la hauteur et avait grand besoin de soutien. En prenant soin de mes parents, je les rendais donc assez forts pour qu'ils prennent soin de moi. Je les incitais à aller au service religieux du dimanche, pensant que cela leur donnerait de la force, mais tout en sachant qu'à l'école du dimanche j'étais la préférée de Jésus, puisque c'était moi qui les amenais à la foi.

Adulte, j'avais un schéma répétitif qui consistait à m'en remettre à un homme et, en m'occupant de lui, à l'amener à s'occuper de moi. Je travaillais et je lui donnais l'argent pour subvenir à notre entretien, de sorte qu'il pouvais 'payer son écot'. Si j'avais l'impression qu'en réalité je m'occupais de moi, je ne sentais pas aimée, car alors ce n'était pas lui qui s'occupait de moi."

Un autre type d'enfance est décrit par les Deux qui savaient manipuler en se rendant indispensables et en se faisant aimer, et qui employaient leur pouvoir de séduction pour obtenir d'autrui ce dont ils avait besoin.

"J'étais dans une situation triangulaire. Mon père était généreux et très amusant, mais ma mère se mettait en travers du chemin. J'ai donc toujours veillé à le faire passer en premier - avant moi ; ainsi en restant en paix avec elle, je pouvais obtenir de lui ce que je voulais.

C'était une relation extrêment séductrice, d'une manière non physique. Il y avait toujours ce lien intense entre nous. Il voulait le contrôle ; donc, soit je le flattais en étatn olie et allant dans son sens, soit je lui désobéissais complètement. Je désobéissais non pas parce que j'avais réellement un rendez-vous avec un mauvais garçon ou que je voulais rentrer tard à la maison, mais parce que j'obtenais ainsi une sorte d'intense attention possessive de sa part, ce qui me donnait l'impression d'êtr réellement importante pour lui."

Les moi multiples

Les Altruistes disent que leur sentiment du moi existe en fonction de la manière dont les autres réagissent par rapport à eux. Ils peuvent être poussés par le regard des gens à donner le meileur d'eux-même, mais ils sentent aussi qu'ils adaptent à l'image que les autres se font de ce qui est désirable, dans le but de s'assurer de l'amour. Ils ont parfois l'impression qu'une partie d'eux-même est divisée en plusieurs morceaux, un pour chacun de leurs amis, mais qu'aucun de ces derniers ne connaît la personne tout entière.

Le Deux, de par son habitude de changer de personalité, a l'impression de duper ses amis, ce qui, en tant qu'attitude de défense, signifie qu'il ne doit pas prendre le risque d'être complètement découvert ou jugé ; mais ce qui perpétue aussi sa croyance venue de l'enfance selon laquelle on achète l'amour en cachant l'inacceptable.

En changeant d'idientité pour correspondre à l'aspect d'eux-mêmes qui plaît à un ami, les Altruistes courent le risque de perdre le contact avec leurs sentiments authentiques, qu'ils oublient lorsque la focalisation de leur attention fusionne avec les désirs de l'autre.

"Je ne réfléchis pas à l'approbation comme je réfléchirais au cadeau que je vais faire avec telle personne. C'est davantage une façon d'être : je vais automatiquement vers les autres et je me retrouve en train de rechercher des indications sur leur travail ou sur leurs besoins. Je ne me sens pas sûr de moi tant que je ne peux pas imaginer une façon d'être utile.

Pendant tout le temps où j'étais au lycée, c'était comme si, chaque matin au réveil, je décidais qui j'allais être ce jour-là. Je m'étais fait des amis vraiment très différents et j'avais un répertoire des différents manières d'être envers eux, qui toutes me paraissaient parfaitement sincères et réelles.

Mais s'ils étaient tous en même temps dans la même pièce, je me sentais parfois très mal à l'aise, parce que je ne savais pas lequel de mes moi choisir et, si quelqu'un d'étranger se joignais au groupe, je me sentais obligé de m'ajuster à lui, en espérant que les autres ne remarqueraient pas que je me comportais un peu différemment avec le nouveau-venu.

Le mois dernier j'ai fêté mon trentière anniversaire, ce qui s'est révélé être une véritable épreuve à cause de tous les amis que j'avais réunis et qui n'avaient absolument rien en commun excepté le fait de me connaître. La soirée s'est terminée par une dispute accompagnée de hurlements, dans la cuisine, entre une infirmière et un vendeur de drogue qui s'étaient mutuellement détestés au premier coup d'oeil. Pourtant, je considérais toutes les personnes dans la pièce comme des amis proches."

Le Deux a la certitude que chacun de ses moi a sa propre intégrité, même s'ils sont radicalement différents les uns des autres. Sa façon de se présenter peut changer totalement d'un ami à l'autre, mais il les rencontre véritablement tous, quelques-uns même profondément. Le fait que des personnes différentes fassent émerger des aspects différents du moi n'implique pasnécessairemnet que ces moi soient truqués dans le but de séduire autrui et de l'attirer dans une relation amicale fausse. Il y a là, cependant, des problèmes majeurs qui découlent d'une habitude de toute une vie : trouver la sécurité dans le regard d'autrui.

L'un de ces problèmes est que les Altruistes sont généralement beaucoup plus conscients des moyens de s'adapter aux autres que de leurs propres motivations. Un enfant dont la sécurité dépend de ce qu'il donne développe une sorte d'orgueil à devenir nécessaire à autrui, ainsi qu'une répugnance à reconnaître ses besoins personnels.

Ces derniers risquent de faire surgir des désaccords avec les sources potentielles d'affection. Les Deux sont par conséquent tellement habitués à focaliser leur attention vers l'extérieur qu’ils négligent leurs beosin dans le but d’être digne d’amour.

“Je travaille comme assistante dentaire et il est absolument vital pour moi que les patients m’aiment. Lorsqu’un nouveau patient arrive, je ne me sens pas du tout sûre de moi jusqu’à ce que je puisse engager une conversation me permettant de savoir à quoi il pêche, je finis par mordre dans un sujet auquel il s’intéresse. Une fois que j’ai mordu aini, je me sens assez sûre de moi pour me rendre compte si je peux l’aimer ou non ; mais il m’est quasiment impossible de savoir ce que je ressens à son sujet tant que je ne suis pas protégée par un accord.

Si c’est un ancien patient, j’ai parfois une sensation de changement de personnalité, c’est un mode de fonctionnement épuisant, qui se prolonge tant que j’obtiens des indices m’indiquant que ce que je fais est bien.

L’effet parapluie : donner pour recevoir

Les Deux disent souvent qu’ils ont des difficultés à garder un sentiment d’identité permanent dans des relations différentes. Leur moi véritable peut se perdre dans les méandres des changements qui se produisent au cours d’une journée ordinaire. Ils disent qu’il leur est très facile de devenir ce que souhaite quelqu’un d’autre, mais difficile de savoir quels sont leurs besoins propres.

Comme ils refoulent ces derniers dans le but de plaire à autrui, ils tendent à devenir indispensables à leur partenaire ou à ceux qui ont le pouvoir, ce qui est un moyen de satisfaire leurs besoins oubliés. Cette manoeuvre à la fois leur garantit la survie et leur permet de garder l’attitude d’Altruiste.

“La première chose que je cherche à savoir quand j’arrive dans un nouvel endroit est : dans la pièce, quel est celui qui a du poids, qui détient le pouvoir ? Pour cela, je reste en retrait jusqu’à ce que j’aie bien vu comment les différentes personnes se comportent les unes avec les autres, et alors je sais lesquelles sont respectées. A partir de ce moment, rencontrer ces personnes-là devient un défi. C’est comme si toutes les autres disparaissaient . Je passe à l’action et je recherche un contact oculaire ; mais même si je suis dans un courant propice au contact et si elles vont se mettre à ma disposition. J’ai l’impression d’être attiré vers elles et elles semblent traverser la pièce pour venir vers moi, même si elles n’ont pas du tout bougé physiquement.”

Les Altruistes satisfont leurs désirs par l’intermédiaire des gens qui peuvent les concrétiser. Ils ne contrôlent pas une relation par une action évidente ; mais, métaphoriquement, ils proposent un parapluie pour abriter leur partenaire de la pluie et celui-ci les entraîne en les prenant par le bras.

Il est important pour les Deux de s’apercevoir que ce qu’ils donnent aux autres est aussi ce qu’ils attendent en retour. S’ils proposent un parapluie, c’est qu’ils veulent qu’on les protège de la pluie. S’ils souhaitent un anniversaire, c’est qu’ils veulent qu’on le leur souhaite aussi. Quand ils offrent leur soutien, c’est probablement avec l’espoir de participer à une entreprise réussie ; en même temps qu’ils proposent leur aide, ils sont en général tellement identifiés à l’aspect d’eux-mêmes qui correspond le mieux au projet qu’il peut leur être difficile de faire la distinction entre un authentique désir d’aider et leur habitude d’attendre de l’aide en retour.

L’habitude de donner pour recevoir relève d’un niveau de comportement profondément inconscient et, comme toutes les manières d’être figées, demande à être amenée à la conscience afin d’être abandonnée. Les Deux disent avoir observé en eux-mêmes plusieurs façons de “donner pour recevoir”.

“C’est comme si, dans la vie, j’avais un réseau de soutien, pouvant s’étendre à tous mes amis. La sève coule de moi à eux, si bien que je finis par être fatiguée de devoir m’enthousiasmer pour tout ce qu’ils font. Je pratique de nombreuses activités différentes avec de nombreuses personnes différentes et, à la fin, je suis épuisée de faire pour les autres en ayant toujours un air enthousiaste, jusqu’au moment où j’ai envie de me retirer et de ne plus rien faire d’autre pour eux.”

Comme son identité dépend fortement du regard des autres, cette femme s’immisce dans la vie de ses amis, se rend indispensable et ensuite se plaint d’être épuisée si rien ne se concrétise en retour. Celui qui aide se plaint quand il n’y a pas d’équilibre entre donner et recevoir ; il tente inconsciemment de forcer les autres à reconnaître combien ils lui sont redevables de s’être occupé d’eux.

Le syndrome de la “mère juive” n’est qu’une tactique inconsciente dans laquelle l’un donne à l’autre afin de recevoir quelque chose en retour. Une autre tactique consiste à découper des parties d esoi et à les distribuer à différentes personnes.

On trouve une autre illustration de “donner pour recevoir” dans la façon de se présenter ostensiblement sexuelle des Altruistes. D’après nombre d’entre eux, ils ne sont pas conscients du moment où ils glissent dans des sentiments des fusion avec autrui, et ils ne se rendent pas compte que leur habitude de détecter les qualités désirables aux yeux d’une autre personne est tout à fait évidente et visiblement séductrice.

Si leur manoeuvre de séduction est inconsciente, ils se retrouvent souvent pris à partie par ceux qui ressentent les implications d’une forte présence sexuelle. Dans de tels cas, ils se défendent : “Je n’essayais pas de séduire, je n’ai rien dit qui soit hors de propos, c’était anodin.” Souvent, ils croient vraiment à ce qu’ils racontent, parce qu’ils ne sont tout simplement pas conscients de la puissance avec laquelle se manifestent leurs changements de personnalité. Une Deux inconsciente peut s’exhiber en robe décolleté et orienter la conversation vers des considérations de l’amour, sans se rendre compte qu’elle est en train de donner un signal sexuel afin d’obtenir en réponse qu’elle est attirante et aimée.

La présentation séductrice

Tous les Altruistes sont séducteurs dans le sens qu’ils sont experts dans l’art d’amener les autres à les aimer. L’hypothèse de base de leur fonctionnement est qu’ils peuvent mettre pratiquement tout le monde à leur disposition s’ils utilisent la bonne approche et accordent à chacun, avec subtilité, la bonne dose d’attention ; la plupart sont effectivement capables de s’harmoniser avec des sentiments d’autrui de façon à établir le contact juste.

La motivation qui se cache derrière une façon de se présenter séductrice est : obtenir de l’attention. Il est sécurisant d’être désiré dans tous les domaines de la vie de quelqu’un d’autre, mais il est particulièrement rassurant d’être désiré physiquement.

Comme les Deux se connaissent à travers les réactions des autres, vis-à-vis d’eux, ils sont extrêmement enclins à se présenter d’une manière qui flatte les fantasmes d’un partenaire, tout en refoulant leurs propres besoins sexuels. Ceux qui disent avoir obtenu de l’approbation en ayant été un précoce petit homme à sa maman ou une enjôleuse petite fille à son papa peuvent, une fois adultes, se montrer sous un jour éminemment provocant ; mais ils reconnaissent souvent que leur image attirante est couplée à des pulsions sexuelles réduites.

“Je rêve d’amour et de vengeance. Je rêve d’être secrètement amoureuse d’un grand homme, d’être celle à qui tout et auprès de qui il vient chercher du réconfort. Je revois sans cesse certains moments d’intimité : le visage d’un homme lorsqu’il me désirait, ce que je ressentais quand il me disait que j’étais la meilleure amante qu’il ait connue. Et si la relation tourne mal, je rêve tout autant de la manière de le reconquérir, même si cela ne paraît pas très difficile, et de la manière d’être avec lui même s’il doit m’humilier.

J’ai beaucoup de plaisir à entraîner un homme dans une conversation intime ou à obtenir de lui qu’il interrompe son activité pour faire attention à moi. Ces petites manoeuvres de séduction sont tellement excitantes que, pendant des années, j’ai cru être très attirée par la sexualité, mais je me retenais par scrupule envers les hommes mariés. Maintenant je sais que ce ne sont pas les rapports sexuels que je recherche, mais l’attention que j’obtiens en sachant qu’il pourrait y en avoir et en scellant cette promesse par une étreinte particulière, ou par le fait d’entendre un homme m’appeler par mon prénom.”

Les Deux disent souvent que, tout en souhaitant donner une image attirante d’eux-mêmes, ils sont davantage intéressés par une attention sexuelle que par l’intimité en tant que telle. Ils ont souvent une véritable peur de cette dernière, parce qu’un contact proche risque de trahir le fait qu’ils ont vendu leur moi pour plaire à l’autre.

Cette mise à nu peut être terrifiante pour quelqu’un qui se sent en sécurité à une condition : avoir l’impression que les autres le croient très profondément et très intimement lié à eux.

Au niveau psychologique, les Altruistes ont souvent très peur de leurs pulsions sexuelles profondes. En effet, quand ils étaient enfants, ils les dirigeaient vers l’un ou l’autre de leurs parents, ou bien ils avaient l’impression qu’elles provenaient de ces derniers et s’adressaient à eux de manière incestueuse. Ils devaient donc refouler ces réactions sexuelles précoces afin de survivre sur le plan émotionnel, mais à un niveau profond de leur être, il n’oubliaient jamais ces sentiments les liant à leurs parents. Dans ce sens, ils ont peur de l’intimité, mais ils se présenteront d’une manière sexuée, ce qui, dans une situation nouvelle, est un moyen de tester le climat sexuel inconscient. Ce qu’ils veulent savoir, c’est quelles sont les personnes qui feront attention à eux sans trop de véritables exigences physiques et lesquelles risqueront d’être sexuellement “dangereuses” pour eux.

“Pour moi, séduction et défi sont synonymes. Je m’en sors très tant qu’il y a des obstacles sur le chemin et que nous n’avons pas encore été en tête-tête. Je prends plaisir aux subtilités de l’entrée en contact, aux insinuations et au frisson que je ressens lorsque j’envoie mes signaux jusqu’à obtenir un sourire ou simplement les réactions attendues. Une fois cette “chimie” mise en route, je ne suis plus qu’une seule piste et n’introduis personne d’autre dans ma vie.

J’ai une perception des femmes très particulière. Je ne suis pas convaincu de ne jamais me tromper, mais j’ai l’impression que je peux fusionner avec elles et devenir le type d’homme qu’elles désirent, quel qu’il soit. J’ai un souvenir très précis de la première fois où j’ai eu cette sensation : c’était lors d’une soirée dansante au collège ; j’étais debout contre un mur et je devenais quelqu’un de différent pour chacune des filles que je regardais danser.’

Indépendance et dépendance

Les Altruistes se sentent souvent très perturbés durant la période où, dans une relation, il faut que le sentiment de leur moi émerge en vue d’un engagement sincère. D’une certaine manière, la confusion entre leur moi modifié et leurs véritables besoins qui font surface est un signe d’espoir. Elle indique le désir de définir le moi réel qui a été oublié il y a longtemps qfin de plaire aux autres. Les Deux les moins conscients peuvent passer toute leur vie soit fusionnés de manière dépendante avec les désirs de leur compagnon, soit convaincus qu’ils sont totalement indépendants d’un partenaire qu’ils peuvent contrôler par la flatterie.

“Mon besoin de liberté est mon plus gros problème depuis que je suis marié, c’est-à-dire depuis vingt ans. Nous appartenons tous les deux au monde de la musique : ma femme est artiste et moi je fais l’orchestration et les arrangements pour les bandes sonores de films.

Quand je l’ai vue pour la première fois sur scène, j’ai eu un choc : c’était une artiste impressionnante et très inaccessible. Ce choc était en partie dû à l’impossibilité d’une attirance : elle était belle, elle était lesbienne, elle jouait un genre de musique totalement différent du mien et elle ne s’intéressait pas réellement à ce que j’essayais de faire. Pendant deux ans j’ai sauté des obstacles et j’ai fini par gagner.

Une fois qu’elle a été avec moi, j’ai commencé à devenir claustrophobe. Je m’étais entièrement consacré à elle – je soutenais sa carrière, je faisais l’orchestration de ses chansons, j’avais commencé à faire ses arrangements – et j’avais besoin de me retrouver. Je me sentais ligoté, révolté, je voulais retrouver ma liberté. Une partie de moi lui était totalement dévouée et une autre non.

Pendant tout le temps où j’essayais de me réaffirmer, je me sentais confus. Je me rappelle une fois où j’étais dans un bar, attablé devant un café, et où je me sentais vraiment bien. Au milieu d’un article du journal, j’ai levé les yeux et j’ai vu une belle femme passer dans la rue. J’ai eu l’impression que mon corps tout entier se levait pour aller la rejoindre, mais je voyais encore mes main tenant le journal.

Quand on fusionne avec quelqu’un, comme je le fais avec ma femme, et qu’on essaie de s’en dégager, on en arrive à un point où l’on est à moitié fondu dans la personne que l’on aime et à moitié suspendu dans l’espace ou en train de se désintégrer sur un tabouret de bar. Quand je me suis levé pour payer, j’étais incapable de dire si la voix du caissier venait de lui, du plafond ou de quelqu’un d’autre.

J’ai des épisodes de confusion entre moi et les gens que j’aime durant lesquels, si je m’imagine qu’ils sont en train de me juger, c’est comme si les tuyaux de ma vie étaient débranchés : j’ai l’impression que mon énergie s’épuise et je commence à disparaître à moi-même, au point d’avoir besoin de vérifier dans un miroir ou dans une vitre s’il y a bien encore une image réfléchie.

Il m’aura fallu plus de vingt ans de mariage pour m’apercevoir que je ne suis pas dominé par les désirs de ma femme, que je n’ai pas besoin d’être inspiré par sa musique ou balayé par ses opinions pour continuer une histoire d’amour avec elle.”

Les Deux finissent par se rendre compte que le combat qu’ils livrent pour se libérer d’un partenaire n’a pas pour objet de les rendre plus libres ou plus indépendants, mais qu’il est plutôt une quête désespérée d’approbation venant de cette même personne. Leur partenaire est toujours leur point de référence et, qu’ils restent ou qu’ils partent, ils ne se trouveront pas nécessairement. De nombreux Altruistes agressifs paraissent très indépendants, même s’ils sont intérieurement conscients d’exercer un contrôle en donnant et d’être dépendants de l’approbation d’autrui pour leur stabilité émotionnelle. Une jeune femme résume cette idée ainsi :

“J’ai dépensé quatre cents dollars par mois en téléphone durant plus d’un an, simplement pour lui faire savoir à quel point je n’avais pas besoin de lui.”

La triangulation

L’habitude du Deux de s’adapter à autrui se confond avec son attirance pour les gens qui incarnent les qualités pouvant jouer un rôle dans son évolution personnelle. En aidant les autres, il s’aide lui-même par contre-coup, mais il risque aussi de s’identifier aux potentialités de son partenaire au point de ne plus être capable de distinguer les frontières le séparant de ce dernier. Parfois, il est tellement habitué à ignorer ses propres besoins et à évaluer la situation émotionnelle de son compagnon qu eles désirs de celui-ci éveillent une sorte d’écho dans son propre corps.

“Le contact érotique est très important pour moi. Je ressens une attirance intense, comme si mon plexus solaire et mon coeur étaient physiquement propulsés vers une personne ayant le pouvoir sur moi. La pulsion sexuelle n’est pas tellement génitale, ce n’est pas une envie de coucher avec cette personne ; j’ai plutôt l’impression d’être emporté par un flot de sentiments qui m’entraîne dans son atmosphère. Je me sens aimé parce que je ressens le meilleur en elle et que cela fait monter à la surface le meilleur en moi.”

Les Altruistes disent avoir des relations amoureuses triangulaires pour deux raisons.

La première découle de sous-entendus à connotation sexuelle qui existaient dans leur relation à l’un ou l’autre de leurs parents, et qui persistent dans leur vie d’adultes comme une envie d’être le favori secret et le seul réellement capable de comprendre. En général, leur désir est de représenter quelque chose de particulier pour leur partenaire marié et d’être aimé de lui, plutôt que de casser un mariage. Ils sont souvent attirés par l’indisponibilité d’une personne liée par ailleurs, mais ils n’ont pas particulièrement envie de blesser leur conjoint.

Il peut aussi y avoir triangulation parce que les Deux ont l’impression que le fait d’avoir plusieurs amoureux fait ressortir des aspects totalement différents d’eux-mêmes et qu’ils ne savent plus lequel de ces aspects est authentique. Ils ont parfois du mal à choisir entre leurs amants.

L’orgueil

Dans la vision du monde des Altruistes, l’attention se concentre vers l’extérieur, sur la façon de plaire à autrui. Par conséquent, ils ont tendance à croire que les gens sont dépendants de ce qu’ils choisissent de donner ou de ne pas donner. Ils sont toujours persuadés que l’aide vient d’eux pour aller vers les autres et que s’ils n’étaient pas là, le reste du monde serait appauvri. Les Deux conscients avouent qu’ils ont une sensation d’inflation vaniteuse lorsqu’on les honore pour ce qu’ils ont donné : ce sentiment d’importance, parce qu’il dépend du regard d’autrui, risque facilement de se dégonfler si onleur retire l’attention. Cette “bulle” d’orgueil peut être crevée, puisque le sentiement de leur propre valeur dépend d’autrui. Si on leur retire l’attention, c’est comme une perforation, une dégringolade d’une position élevée.

“Quand j’entre dans un nouveau groupe, j’évalue immédiatement les gens : avec qui cela vaut-il la peine d’être et avec qui vais-je perdre mon temps ? C’est comme si régulièrement, tout au long de la soirée, je sortais mon périscope mental et regardais dans tous les coins pour voir comment chacun se comporte, et pour rechercher la personne intéressante que je risquerais de manquer.”

Relations affectives

Dans les relations amoureuses, le défi est un mot-clé. Un bon séducteur a besoin d’être mis au défi pour parvenir au summum de ses capacités.

“Je me dirige toujours vers quelqu’un d’assez inaccessible ou de difficile à rencontrer. L’excitation réside dans cette recherche, dans les sensations qu’elle suscite en moi. Quand je suis près d’une personne très attirante, je me sens plus vivant et je trouve merveilleux d’être aussi inspiré. Dès que le contact se fait, il passe entre nous un flot de sentiments qui n’a rien à voir avec ce dont nous sommes en train de parler. Les mots ne sont pas importants, ils ne font que remplir l’espace.

Le gros problème surgit au moment où la personne commence à m’aimer : j’ai l’impression de lui avoir offert les 5% de moi qu’elle désirait et je reste péniblement en possession des 95% restants. C’est comme si elle ne me connaissait pas du tout ; j’ai l’impression que je vais perdre ma liberté si je m’engage avec quelqu’un qui risque de ne pas accepter tout ce que je suis.”

C’est au moment où ils entament une relation qui les met au défi que les Deux se sentent le mieux. C’est une position protégée, dans laquelle leur attention se focalise davantage sur la façon d’obtenir une réaction de leur partenaire potentiel que sur une mise à nu d’eux-mêmes. Ils sont capables de se placer de façon à être remarqués, de s’immiscer aux moments critiques dans la vie de leur éventuel partenaire et de répondre à son appel quand il a besoin d’aide. La phase la plus excitante et la plus vitale d’une relation est celle où la poursuite a commencé, mais où il y a encore des obstacles à franchir. Quand ils ont du mal à avoir le partenaire qu’ils se sont choisi, ils essaient de se rapprocher, ignorant qu’ils ont oublié leur véritables sentiments et les ont remplacés par un aspect de leur moi qui a émergé pour relever le défi.

“Pour moi, la recherche de partenaires difficiles est un moyen d’entretenir l’escroquerie. Ils ne savent pas encore qu’il n’y a personne en moi, que j’ai une sorte de vide à l’intérieur de moi, mais pas de centre bien déterminé. La poursuite tient lieu de vitrine. ‘Laisse-moi te montrer toutes les bonnes choses que j’ai. Laisse-moi te distraire’. Au début, je ne veux rien d’autre que leur amour, si bien que la seule chose à faire est d’être la fille de leurs rêves.

Une piqûre d’épingle et cette fille de rêve disparaît. Il suffit que le gars ait l’air de s’ennuyer pendant une minute pour que je passe de ‘je suis merveilleuse’ à ‘pauvre de moi, personne ne m’aime’ simplement parce que mon ami ne semble plus s’intéresser à moi. Je peux être très excitée par un évènement survenu dans la journée et le rester tant qu’il a l’air de me prêter attention, mais s’il semble s’en désintéresser un peu, mes impressions de la journée volent tout droit par la fenêtre.”

Quand, dans une relation, le stade de défi est terminé, la préoccupation du Deux passe de la manière de plaire à son partenaire à la sensation provoquée par le fait d’être avec lui.

Les Altruistes exercent souvent une telle répression vis-à-vis de leurs propres besoins qu’ils ont beaucoup de mal à savoir ce qu’ils veulent et qu’ils se sentent donc tellement limités par tout ce que leur compagnon considère comme important. Ils ont l’impression de se battre pour leur liberté, de n’avoir qu’une partie d’eux-mêmes investie dans la relation et de se souvenir brutalement de toutes les autres parties qu’ils ont mises de côté jusqu’à l’établissement de cette relation.

“J’ai été mariée trois fois et je suis littéralement devenue une personnalité différente durant chaque mariage. Je suis maintenant seule par choix, pour la première fois depuis l’âge de quatorze ans, et je me suis engagée à me trouver avant de prendre le risque d’entamer une autre relation, car j’ai peur de me perdre totalement dans une nouvelle vie maritale.

La première fois, j’ai épousé un musicien de rock : trois enfants, une communauté et une maison victorienne tranquille. La deuxième fois, c’était un activiste des droits civils, qui détestait l’image des ‘enfants-fleurs’. Nous vivions et travaillions dans une bicoque de trois pièces dans le Sud, charrions l’eau et le bois, et je n’ai jamais plus pensé au centre-ville ni au monde du rock.

La dernière fois, c’était un homme d’affaires. C’était une vie totalement nouvelle, un style totalement nouveau. Les gens qui m’avaient connue lors de ma vie dans le Sud ne me reconnaissaient pas. Je dois avouer que la meilleure façon de me souvenir de tout cela est de questionner mes enfants, qui eux se souviennent de nos trois vies.”

Comme les Deux modèlent leur identité sur la façon dont les autres réagissent par rapport à eux, ils sont toujours conscients d’être dépendant de leur approbation. Dans les premières phases d’une relation, ils ont tendance à fusionner avec les désirs de leur compagnon ; mais une fois la relation assurée, cette fusion de dépendance leur donne l’impression d’être emprisonnés par ces mêmes désirs. Ils entrent alors souvent dans une révolte directe contre tout ce que veut leur partenaire, révolte alimentée par la prise de conscience du fait qu’ils ont vendu leur moi réel pour acheter la bonne volonté de leur compagnon.

Les Altruistes disent qu’ils se sentent férocement indépendants pendant la phase où ils se battent pour se libérer d’une relation qui commence à leur paraître beaucoup trop limitante. Pendant cette phase, ils se montrent exigeants et irritables, mais plus du tout coopérants pour ce qui est de satisfaire les besoins de leur partenaire. Ils ont envie de retrouver les intérêts de leur moi oublié, d’avoir des activités que leur compagnon n’apprécie pas de s’échapper rapidement vers d’autres amours.

Du côté haut, les Deux s’engagent totalement pour mettre en valeur les meilleures qualités de l’autre : “quand je suis avec des gens évolués, ils font sortir ce qu’il y a de meilleur en moi”. Ils peuvent faire converger buts et stratégies pour aider leur partenaire à réussir.

Du côté bas, s’ils ont un fort besoin de garder le contrôle de la relation, ils deviennent les gardiens de leur partenaire : “il y arrivera grâce à mon amour” – un excès de don qui sent la castration et l’envie irrésistible de contrôler le compagnon. Ils ont du mal à rompre une relation à cause du besoin d’être perçu comme le parfait altruiste et le partenaire aimé.

Relation à l’autorité

Les Altruistes sont attirés par le pouvoir et veulent être aimés par les gens puissants. Ils sont très doués pour reconnaître les gagnants potentiels et se placer aux points stratégiques de l’opération du meneur pour l’aider. Ils connaissent le statut social de chacun, ainsi que le degré de respect entre les gens, et fusionnent avec des tendances à la mode dans un groupe. Bien que n’admettant pas d’avoir besion de quoi que ce soit de la part des autorités qu’ils aident, ils sont très demandeurs de leur présence et de leurs conseils.

Avec le temps, non seulement ils en tireront des bénéfices sur le plan du statut social, mais surtout ils garderont toujours un cercle interne de relations avec une élite au pouvoir.

Les Deux ne gaspilleront pas un temps précieux dans une relation avec une autorité insignifiante. Face à des contractuelles ou à la secrétaire d’un personnage important, ils tenteront d’abord de les manipuler par la flatterie ou en montrant qu’ils sonc “connus”. Si cela ne marche pas, ils règleront le problème en court-circuitant l’autorité subalterne et se fraieront avec fermeté un passage jusqu’aux premières lignes. Si l’autorité punit ou n’a pas de responsabilités, ils manipuleront par-dessous un rival qui appréciera peut-être davantage leur assistance.

Du côté haut, les Deux perçoivent les potentialités des gens. Ils sont prêts à travailler pour un minimum de récompenses maétielles si la qualité du contact humain est bonne. Ils sont capables d’aller vers les autres, de les mettre à l’aise, de les faire parler ; ils veillent à intégrer un étranger à un groupe. Adaptables à n’importe quelle situation, ils sont sociables et fréquentent beaucoup de monde.

Du côté bas, les Deux sont enclins à manipuler par la flatterie. D’après eux, soit les gens sont dignes d’être fréquentés, soit ils ne valent pas la peine que l’on perde son temps avec eux. Ils entrent en compétition avec leurs pairs pour ceux qui “en valent la peine”. Ils sont séducteurs envers ceux qui sont au-dessus d’eux, condescendants envers ceux qui sont en-dessous.

Environnements attrayants

Parmi les environnements attirants pour les Deux, on trouve toutes les situations d’aide ou d’association en rapport avec un meneur puissant. Adepte d’un gourou exigeant, groupie d’une star du rock, bras droit du chef. La secrétaire du PDG, celle qui dirige la société.

Avocat des défavorisés, volontaire pour les causes sociales. Les professions d’aide. La soupe au poulet : “c’est pour vous, mais merci beaucoup, j’en prendrai bien un peu aussi.”

Histoire d’amour triangulaires. L’autre homme, l’autre femme.

Un métier avec une connotation sexuelle. Maquilleuse, chanteuse de music-hall.

Environnements désagréables

On trouve les métiers qui n’engendrent pas d’approbation. Par exemple, on ne rencontrera probablement pas une Deux dans une perception, sauf si elle est amoureuse du patron.

Deux célèbres

Madonna, dont l’image de femme ostensiblement sexuelle est apparue pour la première fois sur le disque Like a virgin.

Elvis Presley, Elisabeth Taylor, Marie-Madeleine, Jerry Lewis.

Comment les Deux font attention

Leur attention est, par habitude, focalisée sur les fluctuations émotionnelles des personnes importantes et guidée par le désir de devenir l’objet de leur amour. Au niveau du comportement physique, cela se manifeste par des attitudes telles que surveiller à qui leur partenaire accorde son attention, voir s’il sourit ou fronce les sourcils quand on aborde un certain domaine de la conversation, et tenter alors de le rejoindre sur ces points d’intérêt d’une manière plaisante.

A un autre niveau de perception, les Altruistes expliquent qu’ils se surprennent en train de changer de personnalité pour devenir ce que veulent les autres, sans être conscients des indices faciaux ou comportementaux qui les ont incités à modifier leur façon de se présenter. D’après leur dires, c’est au moment où leur attention est attirée par une certaine personne qu’ils se voient s’adapter à ce qu’ils imaginent être les désirs les plus profonds de la personne en question ; leur habitude de se plier aux désirs d’autrui fait qu’ils peuvent alors devenir le prototype de ce que l’autre considère comme désirable.

“Le point de départ, c’est que je déteste être rejeté. Ce qu’il faut faire pour ne jamais être rejeté, c’est apprendre à être comme les autres. On apprend à regarder un étranger, à sentir ce qu’on a de commun avec lui, puis à se glisser dans cette sensation. Cela peut m’arriver dans la rue : je me retrouve en train de me diriger vers quelqu’un et de me coouler dans ce que nous avons de semblable.

Dans l’intimité, c’est encore plus intense. C’est comme si je voulais tout ce que l’autre veut. Quoi qu’il désire, j’ai le même désir. Quoi qu’il qu’il souhaite sur le plan sexuel, il peut le faire grâce à moi. Quand cette chimie fonctionne, c’est la plus merveilleuse forme d’intimité. Mais quand je suis au coin de la rue, avec l’impression d’être en train de basculer dans la vie de quelqu’un d’autre simplement parce que je ne me sens pas bien ce jour-là, cette idée de fusion me pèse.”

Comme les Deux focalisent leur attention vers l’extérieur, sur ce que veulent les autres, ils souffrent d’un manque systématique d’attention à leurs propres besoins. D’un point de vue psychologique, ils satisfont ces besoins refoulés en aidant les gens à mener une vie qu’ils aimeraient partager. En thérapie, on peut aider un Altruiste en lui apprenant à reconnaître ces besoins refoulés et à stabiliser son sentiment de cohérence du moi, ce dernier ne devant pas changer dans le but de combler les besoins d’autrui.

En ce qui concerne l’entrainement de l’attention, les Deux peuvent intervenir sur leur habitude de rechercher des signes d’approbation à l’extérieur en apprenant à détourner leur attention des autres pour la recentrer sur un point de référence situé à l’intérieur de leur propre corps. Avec cet entraînement, ils deviennt capables de faire la différence entre rester présents à leurs propres sentiments et laisser leur attention se tourner vers les autres.

La liberté en tant qu’aptitude mentale supérieure

Les Deux sont souvent très angoissés lorsqu’ils tournent leur attention vers l’intérieur. Bien qu’ils soient davantage capables de reconnaître leurs propres besoins s’ils parviennent à s’accorder un peu d’attention, le fait de détourner cette dernière d’une personne extérieure brise une habitude dont ils sont tributaires pour leur sécurité. Souvent, leur grande peur est de ne pas posséder de moi véritable, de n’avoir dans le ventr qu’un trou noir où personne n’habite. Le risque que des sentiements réels émergent quand ils détournent leur attention d’autrui n’est pas nécessairement une bonne chose pour ceux dont la sécurité dépend du fait de plaire aux autres.

Les Altruistes sont parfois telllement habitués à remarquer les désirs des gens qu’ils n’ont pas l’impression de se faire payer en retour pour l’aide qu’ils apportent. Ils prennent conscience de leur dépendance vis-à-vis d’autrui dans les moments où ils doivent agir seuls. Une action indépendante peut déclencher chez eux une angoisse terrible, surtout si elle va à l’encontre des désirs de quelqu’un à qui ils voudraient plaire. En ne satisfaisant pas les besoins d’une personne qu’ils apprécient beaucoup, ils ont l’impression qu’ils risquent de perdre son amour pour toujours.

Pour de nombreux Altruistes, il est plus facile de savoir ce qu’ils veulent ou ressentent lorsqu’ils sont seuls que lorsqu’ils sont avec quelqu’un qu’ils aiment. Ils se rendent compte que leur tâche est d’apprendre à penser à leurs propres besoins, tout en restant capablesde sentir ce que l’autre veut.

“Après mon second mariage, je suis partie loin dans les montagnes avec l’idée de découvrir ce que je désirais vraiment dans la vie. A partir du moment où mon mari n’a plus été en permanence auprès de moi, j’ai eu l’impression de ne plus exister. J’étais bouleversée et effrayée de devoir être seule avec moi-même, de devoir décider ce que j’allais faire pour me tenir compagnie toute la journée et d’être confrontée à ce trou vide dans mon ventre quand j’essayais de méditer. J’avais une peur terrible de me trouver face à un puits sans fond, de descendre en moi-même et de n’y trouver personne.

J’ai fini par me trouver, j’ai découvert quel était mon rythme propre et comment je pouvais me donner ce que je désirais. Je suis restée là-bas plus de trois ans, puis je suis revenue à la ville et j’ai repris mon ancienne vie. Ce qui m’a fait le plus peur lorsque je me suis retrouvée avec d’autres gens, c’est que j’étais tout à fait claire sur ce que je voulais quand j’était seule, mais que si je regardais profondément quelqu’un dans les yeux, je me fondais tellement dans ce qu’il ressentait que je m’oubliais.”

Forme d’intuition

Les Altruistes croient comprendre les sentiments d’autrui les plus profonds. Ils ont été des enfants aimés parce qu’ils faisaient plaisir, ce qui les amène, une fois adultes, à croire qu’ils ont une sensibilité particulière aux désirs des autres. Comme pour chacun des neuf types, leur forme d’intuition découle d’un mode d’attention qui aidait l’enfant à survivre sur le plan émotionnel. Dans leur enfance, ils ont pris l’habitude de chercher à obtenir de l’approbation et, poussés par leur besoin d’amour, ils se sont convaincus qu’ils étaient particulièrement capables de percevoir les désirs d’autrui.

Un individu Deux peut être objectivement sensible aux besoins des autres ou bien simplement avoir une imagination débordante, ce qui est très différent, tout comme il est différent d’imaginer l’effet que cela ferait de mettre les chaussures de quelqu’un et de participer authentiquement à la vie extérieure de cette personne, phénomène que certains Deux décrivent.

Le récit ci-dessous illustre la distinction entre ceux qui se croient sensibles aux autres et ceux qui sont réellement empathiques.

“Entre vingt et trente ans, j’étais guidée par l’idée toute simple que j’aimais tout le monde et que tout le monde m’aimait aussi.

J’étais sûre d’être la préférée de tous et je ne voulais rien d’autre que les payer en retour en leur montrant combien je pouvais faire attention à eux. Après avoir mûri un peu et survécu à quelques rejets dévastateurs de la part de personnes que j’aimais vraiment, je me suis rendu compte que je pouvais manipuler les gens de façon à ce qu’ils m’aiment. Je procédais ainsi : j’imaginais ce qu’ils désiraient et suivais cette piste ; ou bien je me demandais quel effet cela me ferait d’être à leur place et imaginais une expérience similaire tirée de ma propre vie.

Par exemple, si l’une de mes amies me confiait ses sentiments pour un garçon, en disant par exemple : ‘quand je suis près de lui, j’ai l’impression d’être sur un bateau qui tangue, mes sentiments montent et descendent’, je m’imaginais sur un bateau en train de tanguer et j’essayais de me représenter cette sensation comme une façon d’être amoureuse.

De nombreuses années ont passé et, depuis que je suis psychologue, je fais ce que je pourrais appeler des identifications projectives : je ressens ce que vit mon patient, mais différemment de n’importe quel épisode de ma propre vie qui pourrait y ressembler. J’en suis arrivée à considérer cette fusion intuitive comme le chemin le plus direct pour comprendre la situation de mes clients.

Un exemple remarquable de ce phénomène est une empathie authentique que j’ai ressentie pendant qu’un de mes patients essayait de travailler sur une période oubliée de son enfance, durant laquelle il avait été envoyé dans une famille d’accueil pour quelqus semaines. Alors qu’il était assis dans mon bureau, en train de me dire qu’il ne pouvait se remémorer aucun des évènements ou sentiments qu’il avait connus pendant cette période, j’ai commencé à avoir très chaud et j’ai eu l’impression que j’allais m’évanouir, tout en sachant que je ne perdais pas réellement connaissance.

Quand je lui ai décrit mes réactions, il s’était rendu compte qu’il avait lui aussi plus chaud. Pour finir, ces sensations corporelles ont ramené un souvenir refoulé : il s’était réveillé en sueur dans la chambre du sous-sol qu’il partageait avec un autre enfant. La pièce était surchauffée parce qu’elle était trop près de la chaudière. Il était resté étendu, sans dormir, pendant la sieste, à ressasser le fait qu’on ne lui avait jamais dit combien de temps il devait rester dans cette famille et qu’il avait peur de le demander, parce qu’il pensait que cela pourrait être blessant et se retourner contre lui.”

L’humilité en tant que vertu

Toutes les grandes émotions ont pour base les réactions spontanées du corps qui ne sont pas contrôlées par la pensée.

L’humilité incarnée est une réaction qui ne repose pas sur le désir d’obtenir quelque chose en retour. La fausse humilité d’un Altruiste hypocrite serait par exemple : “je vous ai donné mon bras droit mais, s’il vous plaît, n’en parlez pas.” L’humilité n’a rien à voir avec la pensée ou le sacrifice vertueux, qui peut facilement masquer le besoin inconscient d’exercer un contrôle sur les autres en les rendant dépendants.

Ceux qui incarnent l’humilité ne sont souvent pas conscients qu’ils sont capables de donner exactement l’aide nécessaire, ni qu’il y a quelque chose de particulier à être reconnaissant pour ce qu’on a déjà, sans rien attendre en retour.

L’humilité est la perception des besoins exacts de quelqu’un et la tendance naturelle à ne prendre ni plus ni moins que le nécessaire.

Une personne qui connaît ses propres besoins aidera les autres d’une manière juste, ni trop ni trop peu. De plus, la qualité de don d’une telle personne sera parfaitement en rapport avec ce qui lui est demandé.

Etre humble, c’est se tenir nu devant un miroir et être reconnaissant simplement pour ce qui est refleté, sans se gonfler d’orgueil en imaginant plus que ce qu’il y a et sans être déprimé en n’acceptant pas ce qu’on voit. C’est aussi accepter avec reconnaissance la relation avec les gens, telles qu’elle est, plutôt que les manipuler pour parvenir à une position importante.

Un exercice d’observation de soi, utile pour cultiver la modestie, consiste à faire la différence entre d’une part les réactions objectives qui se produisent dans le corps et qui sont le résultat du don, et d’autre part les sentiments qui sont contrôlés par les idées que l’on a sur le geste de donner et celui de recevoir.

Les Deux et les Neuf se ressemblent

Comme les Neuf, les Altruistes sont plus conscients de ce que les autres désirent que capables de savoir ce qu’ils veulent eux-mêmes. Mais ils se comportent différemment des Neuf en ce sens qu’ils modifient leur façon de se présenter dans le but de garder le contrôle en plaisant. Les Neuf, en donnant, ne changent pas et ne contrôlent pas ; ils définissent la façon dont ils fusionnent avec autrui par “être comme un reflet dans un miroir”, c’est-à-dire qu’ils absorbent et refléchissent le point de vue que les autres leur imposent. Ils disent aussi qu’ils exercent leur contrôle par le ralentissement ou la prise de distance plutôt que par la manipulation. Une autre différence entre les Deux et les Neuf réside dans le fait que les premiers vont activement au-devant des gens avec lesquels ils souhaitent s’identifier, tandis que les seconds hésitent à se mettre en avant.

Les deux types dévrivent des sentiments de fusion avec autrui.

Les Deux fusionnent avec ce qui, chez les autres, leur ressemble ou les inspire. Ils sont sélectifs par rapport à ceux avec qui ils fusionnent : il faut que ce soit quelqu’un qui en vaille la peine.

Les Neuf décriraient la qualité de leur fusion par une phrase telle que : “je deviens l’autre et je prends tout ce qui s’y trouve”.

Un Deux fusionne avec l’autre en totalité, en ressentant ce qu’il désire et en changeant de personnalité pour plaire.

Les Deux et les Trois se ressemblent

Comme tous ceux qui sont au coeur de l’énnéagramme, le Deux a perdu le contact avec ses sentiments authentiques. Les trois points situés sur le coté droit de l’énnéagramme, Deux, Trois et Quatre, représentent les différentes manières dont l’enfant a sacrifié ses sentiments afin de résoudre le conflit entre ses désirs et ceux de ses parents. Le Deux a commencé à avoir des problèmes avec les sentiments parce qu’il s’est adapté précocément aux besoins d’autrui, et il les a gardés en raison de habitude de faire attention à la fluctuation des humeurs et des préférences de gens. Son adaptation réussie aux besoins d’autrui lui garantit sécurité et protection.

On pourrait confondre un Deux et un Trois si le Deux réussit. Il est normal qu’un Trois gravisse les échelons du succès, puisqu’il trouve une récompense dans son travail plutôt que dans ses sentiments. Un Deux peut être plein d’énergie et ambitieux sur le plan professionnel, mais sa motivation profonde est d’être aimé pour lui-même plutôt que pour ses réalisations. La différence entre un Trois et un Deux attiré par la performance est comparable à celle existant entre un artiste jouant devant un auditoire pour mettre sur pied un grand spectacle et un vaniteux jouant devant le même auditoire pour impressionner un ami assis au premier rang.

Qualités

Les Altruistes savent mettre les gens à l’aise. Ils sont capables de faire ressortir le meilleur chez les autres et, grâce à leur enthousiasme, de les aider à entreprendre des changements difficiles. Leur plus grand bonheur consiste à soutenir ceux qui recherchent le pouvoir ; ils peuvent être un atout majeur pour un ami ou un associé en proie à des difficultés. Le domaine relationnel est ce qui compte le plus dans la vie des Deux ; aussi s’appliquent-ils à conserver vivantes ces relations, que ce soit par la lutte, la séduction, la fusion avec les besoins d’un partenaire ou la création de nombreux problèmes. Ils sont capables de se mettre ne colère mais de ne garder aucune rancune. Ils prendront le temps d’honorer de leur présence les festivités qui rassemblent les gens. Ils marqueront anniversaires et fêtes d’un cadeau particulier, à la préparation duquel ils auront consacré beaucoup de réflexion et d’efforts.

Sous-types

Les sous-types désignent les préoccupations qui se sont crées durant l’enfance. Ils représentent les stratégies auxquelles l’enfant avait recours lorsqu’il s’efforçait de satisfaire ses besoins personnels par l’intermédiaire d’autres personnes.

Séduction/agression dans la relation de couple

Dans la séduction, le Deux, sachant que le fait d’être désiré constitue un signe d’approbation, cherche à attirer l’autre à lui.

Dans l’agression, il surmonte par un affrontement tous les obstacles à un relation et oblige ainsi l’autre à entrer en contact avec lui.

“Je peux me focaliser sur n’importe quel inconnu dans une foule et savoir s’il est disponible. C’est comme si mon corps désirait s’ajuster avec lui et, s’il y parvient, j’en ai la perception physique. Quand je sens le contact bien établi, je vais vers lui en sachant déjà que je lui plais.”

Ambition dans la vie sociale

Etre ambitieux implique de s’associer avec des gens puissants, ce qui est une source de protection et une assurance d’avoir un statut social dans le groupe.

“On m’a récemment demandé de faire partie de l’équipe de psychiatrie d’un hôpital général. Je me suis regardé partir en reconnaissance dans les réunions de service : qui s’assied à côté de qui ? Qui est traité avec respect par les supérieurs ? Il fallait que je connaisse ceux dont la popularité grimpait pour m’en faire des amis.”

“Moi d’abord” (privilège) dans le domaine de l’auto-préservation

Illustration : “Sortez-vous de mon chemin !’ est pour moi une phrase clé. Je suis furieux d’être dans une file d’attente à la banque ou au milieu d’une foule à attendre que la cafétéria ouvre. Il n’en restera pas assez pour moi quand les autres auront pris ce qu’ils veulent. Le déshonneur d’être laissé de côté me rend tellement furieux que je m’arrange pour me glisser en tête de file.”

Ce qui aide les Deux à évoluer

Les Deux entament souvent une thérapie ou la pratique de la méditation avec le désir de retrouver leur véritable moi. Cela veut dire pour eux apprendre à faire la différence enter leurs vrais désirs et les systèmes qu’ils ont mis au point pour se conformer aux désirs d’autrui ou s’y opposer. Ils consultent pour des problèmes relationnels ou des maladies telles que migraines ou asthmes, qui peuvent avoir pour origine la conversion psychosomatique de besoins refoulés. Ils ont besoin d’apprendre à reconnaître le moment où leur attention glisse de leurs sentiments véritables vers la soumission aux sentiments d’autrui.

Le Deux peut avancer :

- En détectant son besoin de manipuler

- En accordant à autrui une véritable valeur. En remarquant ses va-et-vient entre une inflation orgueilleuse de son importance et une humilité exagérée.

- En s’appercevant que la flatterie indique la montée de l’angoisse. En remarquant les moments où il est tenté de déléguer son pouvoir à autrui.

- En s’efforçant de dépasser sa réaction émotionnelle immédiate. Celle-ci n’est parfois qu’un écran superficiel masquant ses véritables sentiments.

- En remarquant combien il peut être intéressant d’obtenir une attention totale pendant une heure entière de thérapie. En désirant parler de lui.

- En détectant son envie de se montrer impuissant, de ne pas laisser la thérapie devenir dérangeante et de ne pas faire remonter des éléments susceptibles de ternir son orgueil ou sa bonne image de lui-même.

- En voyant le conflit des priorités existant entre ses “multiples moi” et la nécesité de se présenter à autrui de manière cohérente, sans changer de personnalité pour plaire.

- En laissant s’exprimer sa colère, qui constitue un indicateur de ses sentiments authentiques et un moyen de déterrer les conflits sous-jacents aux symptômes psychosomatiques de conversion.

- En n’attirant pas les autres par la flatterie et en reconnaissant que son besoin de revanche est dû à une blessure d’amour propre.

Ce dont les Deux devraient être conscients

- Il est très utile au Deux de prendre conscience que les problèmes suivant peuvent surgir durant la période où il change :

- Le désir de jouer à être quelqu’un d’autre, en fastasmant différentes façons d’être aimé.

- La confusion entre ses nombreux moi : “lequel est mon véritable moi ?”

- Le choix du moindre mal dans les relations. L’envie d’être avec “le meilleur”, mais, par peur du rejet, la décision de rester avec “celui qui a le plus envie de moi”.

- La peur de ne pas avoir de véritable moi, de manquer d’originalité ou d’imiter les autres. Durant les méditations, la peur d’avoir un trou vide dans le ventre.

- L’inquiétude de ne pouvoir vivre sans la protection d’autrui.

- La crainte d’avoir acheté des relations, d’avoir dupé les autres en les amenant à devenir des amis.

- La croyance selon laquelle obtenir de l’approbation équivaut à obtenir de l’amour.

- La croyance selon laquelle, si on est indépendant, on risque de ne plus jamais être aimé.

- Des crises d’hystérie lorsque son habitude de rechercher l’approbation se heurte à ses véritables besoins qui émergent. L’impression que les autres tentent de limiter sa liberté.

- Le combat pour sa liberté. Le refus de prendre des engagements qui paraissent limiter l’expression de ses multiples moi. L’exigence d’une liberté illimité.

- Une inexpérience des relations affectives. Ses véritables pulsions et ses émotions vraies ne lui sont pas familières. Le besoin de temps pour reconnaître les sentiments authentiques non influencés par le regard d’autrui et pour rester en contact avec eux. La nécessité de faire la différence entre les goûts et les dégoûts qui ne font que passer, et un niveau d’engagement profond.

Helen Palmer