mercredi 29 octobre 2014

Dossier: Aux origines du pouvoir

« Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. » Ce qui n’était, chez Étienne de La Boétie, qu’une intuition est devenue, pour les archéologues du XXe siècle, une conviction : l’existence de riches et de pauvres, de gouvernants et de gouvernés n’est pas un fait de nature. Pendant des dizaines de milliers d’années, les sociétés humaines ont pratiqué l’égalité et refusé toute gouvernance autre que celles de l’âge et du sexe. Certains peuples, aujourd’hui encore, ont conservé cet état de choses. Pourquoi et comment la préhistoire puis l’histoire ont-elles permis qu’ailleurs émergent des personnages plus riches et puissants que les autres ? Pendant un demi-siècle, on a pensé que la roue du progrès, portant dans ses valises l’agriculture et la propriété, suffisait à justifier cela. Aujourd’hui, d’autres facteurs sont invoqués. Les uns mobilisent les contraintes de la démographie et de l’environnement. Les autres, les dynamiques propres des sociétés, où ont pu jouer l’intérêt économique et la dépendance, la force brute, les croyances et les idéologies. Ou bien tout cela à la fois… Pas loin de trente mille ans séparent les premiers signes d’inégalités parmi nos lointains ancêtres des cités-États du Proche-Orient. C’est en comparant les vestiges de cette histoire avec la large palette des sociétés plus ou moins égalitaires encore observables qu’archéologues et anthropologues peuvent espérer débrouiller cette question.

SOMMAIRE DU DOSSIER

Le cerveau des fraudeurs fiscaux

Une zone cérébrale qui pourrait jouer un rôle dans l'apparition de comportements malhonnêtes et frauduleux vient d'être identifiée.

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crane en 3D avec des symboles dollar

L'auteur

Sébastien Bohler est journaliste à Cerveau & Psycho.

Du même auteur

 
Pourquoi payons-nous nos impôts ? Certains personnages s’en dispensant au plus haut de l’État, pourquoi n’en ferions-nous pas autant ? Tout simplement, parce qu’il semblerait que nous soyons – quasiment tous – câblés pour être honnêtes. Une équipe de chercheurs américains vient de découvrir que les comportements honnêtes sont en partie contrôlés par une zone cérébrale située à l’avant de la tempe, et nommée cortex préfrontal ventromédian. Si cette zone est endommagée ou détruite, des comportements de triche, de fraude et de mensonge se développent.

Des lésions pas très claires

L’équipe de l’Université de Virginie a examiné une trentaine de personnes chez qui cette partie du cerveau était lésée à cause de chocs ou de ruptures de vaisseaux sanguins. Ils ont testé leur comportement dans des jeux où il s’agit de vendre des produits dont certains présentent des défauts ou des vices de fabrication. Les vendeurs sont mis en présence d’acheteurs potentiels et l’on observe s’ils précisent ou non que le produit n’est pas parfait. On constate que la majorité des sujets ne peuvent s’empêcher de dire la vérité, mais que les patients atteints de cette lésion cérébrale ne disent rien du défaut du produit.
Voilà donc une partie bien précise du cerveau sans laquelle nous ne pouvons être honnêtes ! Cette structure cérébrale est impliquée dans le contrôle des désirs pulsionnels. Ce résultat suggère donc que l’honnêteté est avant tout une qualité d’inhibition : inhibition de désirs personnels pour respecter la règle sociale ou morale.

Cerveaux sans foi ni loi

Pourquoi certains personnages puissants s’en affranchissent-ils ? Nombre d’entre eux présentent des niveaux élevés de narcissisme, et l’une des caractéristiques du narcissisme est la conviction que les règles ne s’appliquent qu’aux autres. Ce qui fait voler en éclats l’action inhibitrice du cortex préfrontal ventromédian. Le pouvoir qu’ils détiennent peut aussi réduire la peur des sanctions, qui est un autre facteur qui encourage l’inhibition. Respect des règles et peur d’être pris constituent deux stades du développement moral dits conventionnel et préconventionnel. Il en reste un troisième, le stade postconventionnel. Il s’appuie sur des convictions morales larges comme l’empathie ou le souci du bien. Pour résister aux vicissitudes du pouvoir, ce stade postconventionnel doit être particulièrement efficace...

Pour en savoir plus

L. Zhu et al., Damage to dorsolateral prefrontal cortex affects tradeoffs between honesty and self-interest, Nature Neuroscience, août 2014.
Ch. André et S. Bohler, Politique et psychiatrie : halte à la « neurodéresponsabilisation » ! Cerveau&Psycho N°66, à paraître.

Actualités L'Essentiel Cerveau et Psycho n°18
mai-juillet 2014
La

Made in Monde & Making in America

Made in Monde: voici ce que nous pourrions lire sur les poupées du futur. Elles auront été dessinées aux États-Unis; leurs cheveux, confectionnés au Japon; leurs vêtements, conçus en France; le mini-ordinateur qui leur donnera la parole, programmé en Inde; leur corps en vynil, moulé à Taiwan à partir d'éthylène dérivé du pétrole saoudien; et le tout, assemblé en Chine. Cette nouvelle géographie, nous la redoutons. Nous lui associons la course aux bas salaires, les délocalisations, le chômage... On nous explique par ailleurs que la mondialisation ne nous laissera pas le choix, qu'il faudra nous aligner sur un modèle unique, sous peine de disparaître. Rien n'est plus contestable. C'est ce que démontre ici Suzanne Berger. Au terme d'un périple de cinq années en Amérique, en Europe et en Asie, et d'enquêtes conduites auprès de 500 entreprises, ses conclusions bousculent les représentations les mieux installées: la seule course aux bas salaires est une stratégie perdante; les délocalisations peuvent conduire au succès, mais d'autres succès empruntent des chemins plus classiques et tout aussi innovants; les frontières s'estompent, mais les héritages nationaux continuent de jouer... Oui, l'économie se mondialise. Non, elle ne nous vole pas notre liberté. 





http://www.libreafrique.org/Martin-Revue-Berger-Mondialisation

http://www.libe.ma/L-ouvrage-Made-in-Monde-de-Suzanne-Berger-se-rappelle-a-notre-bon-souvenir-Comment-fonctionne-la-mondialisation_a20381.html


Comment (re)produire aux États-Unis : leçons pour la France



Par  - Publié le
Thibaut de Jaegher
© Pascal Guittet - L'Usine Nouvelle
    L’auteur de Made in Monde, Suzanne Berger, vient de publier un ouvrage majeur dans le combat que mènent les pays occidentaux pour réindustrialiser leur territoire. Dans "Making in America", elle démontre, en s’appuyant sur le vécu des entreprises, comment il est possible de reconstruire un tissu industriel. Une leçon venue d’Amérique qui vaut pour la France.
Imaginez que la plus grande école technologique de France se saisisse du sujet de l’industrie. Imaginez qu’elle confie au plus emblématique de ses professeurs, de renommée mondiale, une mission pour comprendre ce qui fait qu’une usine ou une entreprise prospère dans notre pays. Imaginez que cette personnalité regroupe autour d’elle des scientifiques de toutes origines : biologie, sciences politiques, sciences sociales, engineering, aéronautique, économie ou entrepreneuriat. Imaginez ensuite que cette "task-force" mène pendant un an un travail de fonds sur le terrain en interrogeant près de 250 industriels pour comprendre les facteurs clés de succès de leurs entreprises, ceux qui font qu’ils résistent encore et toujours à la concurrence internationale. Imaginez tout cela et vous vous plongerez avec plaisir dans la lecture de "Making in America", le dernier ouvrage de Suzanne Berger, professeur au Massachussets Institute of Technology.
255 cas d'entreprises

Bien sûr, il n’y ait pas question de la France mais des États-Unis. Bien sûr, c’est un ouvrage écrit à l’américaine, comprendre : qui martèle ses messages clés à chaque page. Il n’empêche ! Sa lecture se révèle utile, son analyse pertinente et ses conclusions valables aussi pour la question industrielle française. Resituons l’intention. Le MIT a une "tradition" en matière de recherche sur le "manufacturing". Dans les années 1980, c’est de cette université technologique qu’est sorti le concept de Lean Manufacturing (en analysant les forces du modèle Toyota). Il est donc normal, à l’heure où Barack Obama ne cesse de promouvoir le retour de l’industrie, qu’elle contribue à cette ambition en créant la "MIT Task force on production and innovation". Autour de Suzanne Berger, une vingtaine de spécialistes, tous issus du MIT, se sont focalisés sur un sujet : comment reconstruire un tissu industriel capable de soutenir durablement une économie de l’innovation. Pour y répondre, la task-force a interviewé 255 entreprises afin de comprendre comment ils réussissaient à maintenir une importante partie de leurs activités aux États-Unis. Entretien après entretien, ils ont questionné ces dirigeants : "quand vous avez une nouvelle idée, comment l’amenez-vous jusqu’au marché ?".
Les leçons de ce travail, mené pendant deux ans essentiellement aux États-Unis, en Chine et en Allemagne, montrent clairement le rôle clé des usines dans la mise sur le marché des produits. Plus exactement il prouve que le lien fort entre R&D et production est le facteur clé de succès pour espérer maintenir durablement l’outil industriel sur un territoire. Et cela qu’elle que soit la catégorie d’entreprises "auditées" : start-up, ETI, grandes entreprises, américaines ou non. Au passage, Suzanne Berger brise le cou à une idée reçue : quand une usine ferme, ce que l’on perd, ce n’est pas tant des compétences acquises que des compétences futures. Autrement dit, ce qui disparaît avec un site de production, c’est un savoir en devenir qui ne peut se créer qu’au pied des lignes de production dans une interaction forte avec les labos.
NE PLUS PENSER CLUSTER
Au-delà de cette règle d’or, que L’Usine Nouvelle constate chaque année avec les lauréats de son trophée des meilleures usines, l’équipe du MIT propose aussi de rompre avec l’idée de cluster. La spécialisation d’un tissu industriel donné sur un champ de compétences a fait ses preuves dans plusieurs endroits du globe mais il ne correspond pas aux besoins de nombreux territoires. Ce que prône la task-force, c’est de mettre en place des écosystèmes industriels regroupant :
  • des entreprises exerçant des métiers très différents dans des secteurs très différents
  • des plateformes de technologies génériques, utiles à tous et accessibles pour tous
  • un organisme de coordination, privé (un donneur d’ordre local) ou public (une agence de développement ou une université) chargé de faire circuler l’information, d’animer l’écosystème
C’est finalement la bonne nouvelle de cet ouvrage. Pour réindustrialiser un territoire, il ne faut pas se perdre dans de grands desseins, envisager de réforme fiscale ou sociale (même si elles ont un intérêt). Non, le sujet de la relance de la production, aux États-Unis comme en France, est à la fois beaucoup plus simple et complexe à la fois : il se joue au niveau de chaque territoire par la mise en commun de compétences locales (notamment des entreprises et des universités) et par la structuration d’un réseau aux multiples compétences. "Même dans un monde de Big data et de messagerie instantanée, les gains provenant de co-implantation n’ont pas disparu", affirme Suzanne Berger dans son introduction. Si l’on pousse un peu plus loin le raisonnement, on peut même affirmer que la proximité est en passe de devenir un avantage compétitif majeur.
Thibaut De Jaegher


Suzanne Berger, née en 1939, est une historienne et politologue américaine. Professeur de sciences politiques au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge (États-Unis), elle est spécialiste de la France et de la mondialisation. Elle y notamment consacré plusieurs ouvrages ainsi qu'aux délocalisations. Elle est en particulier célèbre pour Notre Première Mondialisation: Leçons d’un échec oublié, livre paru en 2003, et Made in monde, paru en 2006.
Elle montre en particulier dans Made in monde, en s'appuyant sur l'analyse approfondie de cinq cent entreprises à travers le monde, combien les stratégies des entreprises sont diverses et comment, contrairement aux idées reçues antimondialistes, les délocalisations ne sont qu'une part extrêmement mineure des stratégies mises en place avec la mondialisation.
Elle est membre de l'académie américaine des arts et des sciences et a été cooptée comme administrateur indépendant de BNP Paribas en 2007[1].

Citations

  • « Ni l'Europe, ni les Etats-Unis n’ont à redouter un mouvement massif de délocalisations »[2]
  • « Le problème de l’emploi est bien réel en France et dans d’autres pays développés, mais il ne vient pas tant des délocalisations que du manque de créations d’emplois. »[2]
  • « Même dans des industries slow-tech comme le textile/prêt-à-porter, le coût du travail n’est qu’un facteur parmi d’autres du coût total lié à une délocalisation : transport, matériaux, capital, mais aussi incertitude quant à l’infrastructure sur place, corruption des autorités publiques, arbitraire politique, etc. sont autant de questions à se poser avant de délocaliser. Pour les entreprises que nous avons étudiées, tous ces facteurs jouent un rôle beaucoup plus important que le seul coût du travail. »[2]

Œuvres

  • 1972, Peasants Against Politics: Rural Organization in Brittany, 1911-1967. Cambridge, Massachusetts: Harvard University Press
    • Traduit en français avec le chapitre supplémentaire: Les Paysans contre la politique, en 1975, Paris: Seuil
  • The French Political System. New York: Random House, 1974. Also in S. Beer and A. Ulam (dir.), Patterns of Government. New York: Random House, 1972.
  • The Utilization of the Social Sciences in Policy Making in the United States(direction et préface). Paris: OCDE, 1980.
  • Dualism and Discontinuity in Industrial Societies (co-écrit avec Michael Piore). New York: Cambridge University Press, 1980. Traduction italienne: Dualismo economico e politica nelle società industriali. Bologna: Il Mulino, 1982.
  • Organizing Interests in Western Europe (editor, with introductory chapter and one other chapter). New York: Cambridge University Press, 1981. Traduction italienne: L’organizzazione degli interessi nell’Europa occidentale. Bologna: Il Mulino, 1983. Traduction espagnole : La organización de los grupos de interés en Europa Occidental. Madrid: Ministerio de Trabajo y Seguiridad Social, 1988.
  • Religion and Politics in Western Europe (direction et préface). London: Frank Cass, 1982.
  • Made in America: Regaining the Productive Edge, (co-auteur). Cambridge, MA, MIT Press, 1989. National Diversity and Global Capitalism (with Ronald Dore), editor, with chapter. Ithaca: Cornell University Press, 1996. Published in Italian as Differenze nazionali e capitalismo globale (Bologna: Il Mulino, 1998) with new introduction.
  • Made By Hong Kong (avec Richard Lester), Hong Kong: Oxford University Press, 1997.
  • Notre Première Mondialisation: Leçons d’un échec oublié, Paris: Seuil, 2003, ISBN 2020579219
  • Global Taiwan (direction avec Richard K. Lester), M.E. Sharpe, 2005
  • How We Compete: What Companies Around the World Are Doing to Make It in the Global Economy. New York: Doubleday,2005.
    • Version française avec une nouvelle préface : Made in Monde (Paris, Seuil, 2006), ISBN 2020852969. Traductions japonaise et espagnole en cours

mardi 28 octobre 2014

Demain, tous immortels ?

Rémi Sussan

   (Profil auteur)
Mis à jour le 22/05/2014

 

Pourra-t-on un jour supprimer la mort ? Les transhumanistes y croient. 
Ils travaillent à mettre au point différentes techniques pour abolir 
le vieillissement, prémunir contre les maladies et accidents, 
ou encore conserver nos données en vue d’une future résurrection.
« Certains préfèrent assurer leur immortalité par leur descendance, d’autres par leurs œuvres. Je préfère assurer la mienne en ne mourant pas », a écrit Woody Allen. 

Si l’abolition de notre condition mortelle est un vieux rêve, ce siècle voit pour la première fois des chercheurs, penseurs, simples quidams du monde entier espérer très sérieusement passer le cap du quatrième millénaire. De fait, de nombreuses technologies, telles la génétique, les cellules souches, la biologie synthétique ou la nanotechnologie nous permettent d’envisager un tel projet de manière rationnelle. Google vient même de lancer une filiale, Calico, qui se propose de lutter contre les maladies liées au vieillissement. Pour Laurent Alexandre, cofondateur de Doctissimo et auteur de La Mort de la mort (2011), « le premier être humain qui vivra mille ans est peut-être déjà né ».


Techniques contre 
le vieillissement


Soyons clairs : il n’existe aujourd’hui aucun moyen de supprimer le vieillissement et nous procurer une durée de vie, sinon infinie, du moins « indéfinie ». Ce résultat ne pourra être assuré que par des technologies encore à venir. Mais cette échéance se rapproche peut-être. Né aux États-Unis, mais se répandant doucement sur la surface du globe, le courant transhumaniste a fait de l’immortalité l’un de ses principaux objectifs (mais pas le seul). 

L’un des leaders les plus populaires du mouvement, Ray Kurzweil, envisage un programme en trois étapes. La première se résume à vivre le plus longtemps possible en adoptant une sévère discipline de vie basée sur nos connaissances et nos technologies actuelles, même si elles sont imparfaites par des moyens artisanaux. Le temps d’atteindre la seconde étape : l’avènement de nouvelles thérapies géniques capables d’éliminer le vieillissement. À terme, la troisième étape consisterait à remplacer nos organes par des équivalents cybernétiques afin de nous protéger de causes de mortalité extérieures, comme les accidents. 

Pour passer la première étape, R. Kurzweil conseille de faire de l’exercice, se livrer à la relaxation et la méditation pour éliminer notre stress, et surtout s’en tenir à un régime alimentaire très strict. 

De fait, l’alimentation fait partie des chevaux de bataille des champions de la lutte contre le vieillissement. Par exemple, nombreux sont ceux qui pratiquent la restriction calorique – qui revient à se nourrir très en deçà des seuils caloriques conseillés. Un tel régime, plutôt difficile à suivre, a porté ses fruits chez des animaux, comme les souris, en doublant la durée de vie des rongeurs soumis à l’expérience (chez les primates, et donc a fortiori chez les humains, les résultats sont beaucoup plus ambigus). D’autres, à l’instar du chercheur Michael Rose (qui a réussi en laboratoire, par un processus de sélection des œufs, à quadrupler la durée de vie d’une population de mouches), s’intéressent plutôt au régime « paléo », qui consiste à éliminer les céréales et les laitages de son assiette. 

Pour l’un des plus fameux évangélistes de la longévité accrue, Aubrey de Grey, le recours à ces régimes et compléments alimentaires sont largement inefficaces. Le corps est un système chaotique, non linéaire, et il est difficile de peser exactement les conséquences de nos actions et de nous assurer qu’elles auront des suites positives à long terme. Il conseille, pour sa part, une approche héritée de l’ingénierie, et non de la biologie (A. de Grey est informaticien de formation, pas médecin). À ses yeux, on ne peut prévenir les causes du vieillissement, mais on connaît les signes de son action, au nombre de sept selon lui, parmi lesquelles l’apparition de cellules cancéreuses, la mutation des mitochondries ou la formation d’amas dans les cellules. Et l’on pourrait bientôt remédier à ces symptômes séparément ; reste à appliquer les traitements ensemble. La solution qu’il préconise consiste à créer des espèces de « cures de jouvence » capables d’annuler les effets du vieillissement. Autrement dit, on continuerait de vieillir, mais en rajeunissant à intervalles réguliers. 


L’uploading, immortalité garantie ?


Ne pas vieillir, c’est bien mais peut on aller plus loin ? Pour certains transhumanistes, la clé se situerait au-delà des transformations corporelles ou même cybernétiques. Il s’agirait de télécharger le contenu de notre cerveau au sein d’un ordinateur. À noter que cette idée, apparemment délirante, est partagée par des chercheurs reconnus comme Marvin Minsky, l’un des pères de l’intelligence artificielle, ou Hans Moravec, professeur de robotique à Carnegie Mellon 

La théorie est la suivante : notre esprit est une production émergente de l’interaction entre les neurones. Si nous pouvons cartographier ces interactions, et les reproduire sur un autre support, nous aurons effectué une « copie de sauvegarde » de notre personnalité. Reste alors à placer cette copie dans un nouveau corps, artificiel ou même virtuel, pour ressusciter l’individu ainsi préservé. 

Accomplir un tel enregistrement et a fortiori une telle simulation est encore hors de portée, et de loin, de la science. Mais il va sans dire que les adeptes de l’uploading suivent avec un grand intérêt les deux grands projets actuellement en cours sur le cerveau, la Brain Initiative américaine et le Human Brain Project, qui se poursuit à l’université de Lausanne. Si le groupe américain entreprend une recherche tous azimuts en neurosciences, les Européens se concentrent, eux, sur la création d’une simulation informatique du cerveau humain. Ce qui constituerait bien évidemment une étape fondamentale vers la réalisation de l’uploading. 


Reconstruction de la personnalité


Concédant que l’uploading ne pourra être réalisé avant fort longtemps, d’aucuns envisagent une technique plus artisanale, la « reconstruction de la personnalité ». Parmi les défenseurs de ce point de vue, on trouve William Bainbridge, qui est connu pour avoir créé, en compagnie de Mihail Rocco, l’acronyme NBIC (pour bio-informatique-cognition), dans un rapport soumis à la National Science Foundation en 2001. 

L’idée de la reconstruction de la personnalité est la suivante. On commence par réunir le maximum de données concernant un individu. À l’heure actuelle, il est possible d’enregistrer une vaste proportion de notre vie de manière numérique, et d’ici quelques années, il ne sera pas inenvisageable de posséder des enregistrements vidéo de notre existence entière. On pourra ainsi élaborer une intelligence artificielle dotée d’une personnalité ressemblant à celle que l’on souhaite restituer. La méthodologie consisterait à soumettre le sujet à une série de questionnaires et de tests, et bien sûr d’analyser son comportement grâce aux enregistrements disponibles. On grefferait ensuite cet ensemble de « souvenirs » sur la personnalité artificielle ainsi obtenue, et cela donnerait, selon W. Bainbridge et ses amis, une intelligence artificielle reproduisant à peu près la personnalité d’origine et constituant ainsi une espèce de « résurrection ». 

Le problème des transhumanistes est qu’ils avancent en ordre dispersé. Nous n’avons pas affaire à des groupes activistes clairs, mais plutôt à des nébuleuses idéologiques mal définies et divisées entre elles. Ainsi, d’aucuns pensent qu’une intelligence artificielle va naître et nous sauver tous, tandis que d’autres ricanent à cette idée. Les uns ne jurent que sur la cryonique (encadré ci-contre), les autres y voient une superstition pseudoscientifique. Beaucoup sont athées, mais on trouve des déistes (comme l’astrophysicien Frank Tipler), des bouddhistes, des néopaïens, et il existe même une association transhumaniste mormone. Au plan politique, on rencontre des libertariens anarcho-capitalistes forcenés, mais autant appartiennent à la gauche, voire à l’extrême-gauche. Même sur des sujets aussi techniques que la propriété intellectuelle, les clivages persistent entre artisans de « l’open source » ou du logiciel libre et ceux qui, au contraire, professent que la science n’avance pas sans brevets. 

De l’autre côté, la critique n’est guère plus homogène. On peut adresser au transhumanisme des objections politiques, économiques, métaphysiques ou religieuses. Un écologiste convaincu et un catholique pratiquant se retrouveront pour critiquer l’omniprésence de la technologie et l’idée d’une longévité fortement accrue. Ils ne s’opposeront pas moins sur la plupart des autres sujets. 


Les forces en présence


Pour essayer de mettre de l’ordre, James Hughes (qui dirigea un temps la World Transhumanist Association avant de s’éloigner de ce mouvement ; il s’occupe aujourd’hui du think tank IEET, Institute for Ethics and Technology) a créé un modèle : celui des trois axes politiques. Traditionnellement, l’analyse politique ne tient compte que de deux axes, l ‘économique et le sociétal. L’axe économique va de l’hyperlibéral ou libertarien au communiste. L’axe sociétal va de l’extrême tolérance au conservatisme exacerbé. Ainsi, la plupart des membres de la droite traditionnelle sont libéraux au plan économique mais conservateurs sur les questions de morale. La configuration de la gauche est inverse. À cela s’ajoutent des groupes plus marginaux qui se situent différemment, par exemple les libertariens (libéraux économiques, moralement tolérants) ou les communistes traditionnels à la Jeannette Vermerch (dirigistes économiquement, conservateurs moralement). 

J. Hughes propose de rajouter une troisième dimension, l’axe « biopolitique ». Ce dernier permet de cartographier les positions qui vont du « bioluddisme » (totale opposition aux transformations biologiques) au transhumanisme jusqu’au-boutiste (reconfiguration complète de la nature humaine voire de la biologie dans son ensemble). Selon lui, cette troisième dimension révèle des proximités et des oppositions d’un nouveau style. Cela permet de comprendre, par exemple, qu’un Benoît XVI rejoint un laïc comme Jürgen Habermas dans sa critique de la mise en cause de la nature humaine. Ou qu’un Francis Fukuyama, plutôt libéral économiquement, se retrouve proche des écologistes profonds dans ses positions sur la « fin de l’homme ».

Les religions, pourrait-on penser, sont globalement opposées à cette extension indéfinie de la vie. De fait, une grande partie de la pensée du précédent pape, Benoît XVI, se basait sur une argumentation antitranshumaniste. Les technologies de manipulation du vivant, expliquait-il, abolissent les limites de la nature humaine et mettent en cause notre identité. Du reste, au printemps 2013, les partisans de la « manif pour tous » reprenaient souvent cette thématique, affirmant ainsi que la perte de la « filiation » annonçait le commencement d’une perte progressive de notre humanité. 


« La mort est absurde »

Mais on ne saurait être si catégorique pour les autres religions. L’islam ne s’est guère prononcé sur le sujet. Quant au judaïsme, il n’a pas non plus de position officielle là-dessus. Dans son livre The Long Tomorrow, M. Rose raconte sa surprise à l’écoute du discours d’un rabbin sur l’extension de la vie : « Le judaïsme identifie Dieu et la vie, a expliqué ce dernier. La mort n’a aucun caractère de rédemption. La mort est absurde. La mort est mon ennemi. » Et de terminer son intervention en exprimant son soutien aux recherches sur l’extension de la durée de vie. Côté bouddhiste, peu de réactions sur le sujet de la part des « orientaux », mais on notera une forte connexion entre philosophie bouddhique et transhumanisme chez certains adeptes occidentaux. J. Hughes, déjà mentionné, et Michael LaTorra, deux activistes proches du transhumanisme, sont tous deux des bouddhistes pratiquants adeptes de la méditation, et ils ne sont pas les seuls.

Ceci dit, les interrogations économiques sont sans doute les plus inquiétantes. Cette immortalité sera-t-elle réservée aux riches ? Il est probable que si demain apparaissent des remèdes contre le vieillissement, on les trouvera plus facilement à Los Angeles, Tokyo ou Paris, qu’à Lagos ou dans la campagne indienne. Et quid de la surpopulation et de l’épuisement des ressources ? Ces questions ne peuvent manquer de se poser. Certes, plus un pays est développé et plus ses habitants vivent longtemps, moins sa population tend à s’élever. Mais on ne parle plus là d’une longévité accrue de quelques trimestres, voire quelques années, mais de 150, 200 ou 300 ans ! Rien ne dit que cette statistique tiendra encore le coup, surtout si on est capable de faire des bébés tous les 30 ou 40 ans. On pourrait ainsi avoir 5 ou 6 « enfants uniques »…

De surcroît, « surpopulation » ne doit pas s’entendre au sens littéral. Aujourd’hui, 20 % de la population mondiale utilise 80 % des ressources terrestres. Si l’on choisit comme critère une vie assez confortable, à l’européenne, nous sommes déjà en surpopulation. 

Une abolition du vieillissement, si jamais elle arrive un jour, ne pourra pas fonctionner de manière viable sans que l’on s’assure, d’une manière ou d’une autre, un accès relativement égalitaire au partage des ressources. Peut-être aussi faudra-t-il partir en quête de nouvelles richesses et de nouveaux espaces. Il est intéressant de noter que les premiers mouvements « transhumanistes », nés dans les années 1970, se sont formés autour de groupes comme la « L5 Society » qui envisageait la colonisation civile de l’espace, moins sous la forme d’une installation sur les planètes du système solaire que par la mise en place de « cités spatiales » dans la haute orbite terrestre. À cette époque, la question de la longévité était inextricablement liée à celle de l’espace. Cette connexion a disparu avec les années et c’est peut-être une erreur… Bizarrement, il semble désormais beaucoup plus facile d’abolir notre condition mortelle que de réaliser une base sur la lune. Les actuelles avancées dans le secteur de l’espace privé, avec des entreprises comme Virgin Galactic ou SpaceX, relanceront-elles les espoirs dans ce domaine ?

La vie éternelle, quête éternelle

Historiquement, l’alchimie reste le mouvement le plus remarquable
à s’intéresser à l’abolition de la mortalité. Celle-ci se divise en trois branches qui présentent de fortes similitudes : l’occidentale, la chinoise et l’indienne. 

• L’alchimie occidentale se fixe surtout sur la pierre philosophale et la transmutation des éléments. L’un de ses buts est la fabrication d’un élixir de longue vie, dérivé de la Pierre, qui permette de conserver éternellement sa jeunesse. Du reste, les légendes abondent d’alchimistes ayant atteint l’immortalité comme Nicolas Flamel (un mythe qui constitue d’ailleurs la trame du premier volume des aventures de Harry Potter). 

• L’alchimie indienne est très proche dans ses buts de son équivalent occidental, se concentrant tant sur la transmutation des métaux que sur les applications médicales et la recherche de la longévité.

• Ce sont les Chinois qui ont le plus insisté sur la quête de l’immortalité physique. Ils divisent l’alchimie en deux branches. La première est externe, et cherche la mise au point d’un élixir de longue vie à l’aide de procédés chimiques. À noter que de nombreux alchimistes chinois ingéraient à cette fin des dérivés du cinabre (mercure). Ce qui n’est peut-être pas la voie royale vers l’immortalité, puisqu’il s’agit d’un poison mortel… L’autre méthode est l’alchimie interne, qui transpose les procédés alchimiques sur le plan de l’imagination : le corps devient le laboratoire de l’alchimiste, qui effectue ses opérations à l’aide de visualisations, de techniques respiratoires et de méditation. Déjà moins dangereux. S’il est douteux que cette technique ait permis à quiconque d’accéder à l’immortalité, les principes alchimiques ont fortement influencé des pratiques comme celle du qigong, qui ont au moins le mérite de réduire notre stress et de nous maintenir en forme jusqu’à un âge avancé !
Rémi Sussan

La cryogénie va t-elle ressusciter les morts ?

Même les plus optimistes doutent que l’immortalité soit accessible dans les toutes prochaines années. Et si c’est le cas, elle ne concernera probablement pas notre génération. Quel espoir nous reste-t-il ? Depuis les années 1960, certains défendent l’idée de la « cryonique » (en anglais cryonics). Il suffirait, selon eux, de conserver le corps dans une solution glacée, à base d’azote liquide, juste après la mort. Cela permettrait de maintenir celui-ci en stase, sans dégradation, et notamment le cerveau. Avec l’espoir que, dans un avenir proche ou lointain, la science le ressuscitera. Du reste, le prix d’une congélation du corps entier étant assez élevé, les groupes cryoniques proposent également une option de « neurosuspension » : la congélation de la tête seule. Par la suite, si les précieuses connections cérébrales sont préservées, peut-être pourra-t-on se livrer à l’uploading.

Après tout, pourquoi pas ? Pendant longtemps, le signal de la mort a été l’arrêt cardiaque. Aujourd’hui, on « ressuscite » des patients quotidiennement. En réalité, la définition de la mort a changé : elle se signale aujourd’hui par un électro-encéphalogramme plat. Peut-être un jour la mort sera-t-elle signalée par la destruction des connexions synaptiques. 

Ne comptons pas sur les cryonistes pour ressusciter les morts. Ce n’est pas leur propos. Leur seul objectif est de les conserver dans le meilleur état possible en vue d’une éventuelle résurrection. Sur ce plan, cette technologie fonctionne-t-elle ? 

En fait elle se heurte à plusieurs problèmes. Le premier est celui du temps de congélation. Si on souhaite que le cerveau reste le plus intact possible, il faut le « congeler » très vite. Or, une telle opération prend du temps, et les premières lésions cérébrales ne tardent pas à apparaître. 

Second obstacle, l’action même de congélation détruit les cellules nerveuses ! Les cristaux de glace leur sont en effet extrêmement nuisibles. 

Les adeptes de la cryonie sont conscients de ces écueils. Pour essayer de les minimiser, ils envoient de l’oxygène régulièrement dans le cerveau pendant la cryogénisation, afin de prévenir les lésions, et ils emploient des produits chimiques, des cryoprotectants, pour limiter l’action dévastatrice de la glace. Mais il s’agit avant tout de bricolage, et il semble bien qu’avec les technologies actuelles, les cerveaux ainsi conservés se trouvent endommagés.
Rémi Sussan

Rémi Sussan

Journaliste spécialiste des NBIC (nanotechnologies, biochimie, informatique et cognition), il a récemment publié 
Frontière grise. Nouveaux savoirs, nouvelles croyances et stupidités sur le cerveau, François Bourin, 2013.

À LIRE AUSSI

scrupule

Du latin scrupulus qui signifie « petite pierre pointue » et au sens figuré « sentiment d'inquiétude, embarras, souci ».
Les légionnaires romains portaient des sandales. Lorsqu’une petite pierre entrait entre le cuir et la peau elle gênait la progression du soldat. D’où, aujourd’hui, ce sens du scrupule qui taraude l’esprit l’empêchant d’avancer.



scrupule /skʁy.pyl/ masculin
  1. Doute ou hésitation que l'on éprouve à la peur de mal faire ou d'être importun.
    • Tous les crimes que la loi punit dans la vie privée, les peuples les commettent sans scrupule les uns sur les autres. On se vole, on se pille, se trahit, s’extermine en grand, sous couleur de patriotisme et de raison d’état ! (Chevalier Léopold de Sacher-Masoch; Le Legs de Caïn (Contes Galiciens), traduction anonyme de 1874)
    • Libre à d’autres de rire d’une lenteur apparente, d’une hésitation qui est scrupule, d’une méthode qu'on croit inhabile. (Pierre Audibert, Les Comédies de la Guerre, 1928, p.86)
    • […], il lui représenta donc charitablement qu’il aurait grand tort de ne pas profiter de l’occasion qui lui était offerte pour faire marcher un salaud de richard qui jetait sans scrupules le déshonneur et la misère dans les familles pauvres, mais honorables. (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  2. (Vieilli) Grande exactitude à observer la règle, à remplir ses devoirs.
    • Nous irons en Palestine, où est Conrad, marquis de Montferrat, mon ami, ami aussi dépourvu que moi de ces scrupules extravagants qui entravent l’indépendance de notre raison. (Walter Scott, Ivanhoé, Traduction de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • L’Académie, depuis le XIXe siècle, est très timide, pour une raison bien simple : c’est que depuis le XIXe siècle l’orthographe est devenue une superstition ; on écrit d’après le Dictionnaire de l’Académie avec scrupule. (Émile Faguet, Simplification simple de l’orthographe, 1905)
    • Mme de Courlidon s’appliquait extrêmement à penser communiste, à vivre communiste et même, tel était son scrupule, à rêver communiste quand le subconscient se mêlait de la chose ; toutefois elle éprouvait encore, par bouffées, des sentiments individuels. (Maurice Bedel, La nouvelle Arcadie, 1934)
  3. (Vieilli) Grande délicatesse en matière de procédés ou de mœurs.
    • Dans les pays de protectorat, plus que partout ailleurs, il est rare que les représentants de l’État suzerain, après un séjour prolongé au milieu de la race subjuguée, ne s’affranchissent pas des scrupules de l’honnêteté vulgaire. (Félicien Pascal, L’assassinat de Morès ; un crime d’État, Imprimerie Hardy & Bernard, Paris, 1902, p.35)
  4. (Vieilli) Grande sévérité d’un auteur, d’un artiste dans la correction d’un ouvrage.
    • Il corrige, il retouche ses ouvrages avec beaucoup de scrupule.
  5. (Vieilli) (Rare) Reste de difficulté ; nuage qui reste dans l’esprit après l’éclaircissement d’une question ou d’une affaire.
  6. (Anciennes mesures) Petit poids de 24 grains. [2]
  7. (Anciennes mesures) (Rare) Fort petite partie de la minute. [2]


lundi 20 octobre 2014

L'art du Traqueur

Les 4 accords Toltèque sont en réalité une des technique menant à "l'art du Traqueur", permettant de nettoyer et de maitriser l'Attention et l'Intentions, respectivement le véhicule et le pilote de la perception de l'univers, "l'aigle" chez les Toltèques.

L'art du Traqueur qui prépare le "tonal" au "nagual" est l'un des deux arts Toltèque primordiaux. Le second, "l'art du Rêveur", est le contact avec son corps de Rêve ainsi que le maniement de celui-ci.
Afin de pratiquer le Rêve, nous devons disposer de suffisamment d'énergie, notamment par l'application de la Traque, car sans celle-la, nous gaspillons tout notre potentiel à tort et à travers sans comprendre davantage qui nous sommes, et surtout sans se donner l'opportunité de redevenir un être souverain, libre.

L'homme est double, comme toutes particules de l'univers, il n'a plus qu'à vouloir en prendre conscience pour s'en souvenir.

... Para mi benefactor, y todo los que lo quieren ...

Miguelito.

dimanche 19 octobre 2014

Avun - Notre Père


Man


Muda Muri and Mura

 

La méthode 3M est une démarche de lutte contre le gaspillage qui d’une part identifie trois formes de gaspillage et d’autre part, propose pour chacune d’elle des voies pour les éliminer. 3M tire son origine de la première lettre des trois mots qui la composent : Muda, Mura et Muri.
 
Cette méthode japonaise vise à augmenter la productivité par une élimination progressive des gaspillages. 3M part du principe que dans toute organisation, les pertes et les immobilisations superflues sont des bénéfices potentiels ; les éliminer constitue un gain. Pour plus d’éclaircissement sur la notion de gaspillage, lire l’article sur : La gestion des flux logistiques. Ci-après, une présentation détaillée des 3M
 
 
 
A- Muda – Le Gâchis délibéré
 
Accepter délibérément une marge d’erreur, un taux de panne, un niveau de non qualité est en d’autre termes « générer des MUDAS ». On entend par Muda, tout gaspillage délibéré, que l’on voit et se refuse d’éradiquer. Ce sont les pertes vécus au quotidien et que l’on se doit de traquer et éliminer sans relâche.
 
Exemple : en gestion de la production, accepter un niveau de non qualité de 2% est une forme de gachis délibéré (Muda). Exclure les Mudas, c’est fonctionner avec un taux de tolérance égale à zéro. Zéro défaut, Zero panne, Zero opération superflue.
 
Caractéristiques de MUDA
 
  • « Perte », tout ce qui est inutilisable, irrécupérable ou sans valeur ajoutée ;
  • Dans la fabrication : « Rebus », Produits ayants des défauts et que l’on accepte délibérément ;
  • Activité qui « consomme des ressources » et qui finalement s’avère « inutile et superflue» mais que l’on maintien quand même ;
  • Investissement perdu
 
Exemples de MUDA
 
  • Activités de manutention et transport (convoyage superflu) ;
  • Traitements inadéquats dans la fabrication (Usinages des pièces défectueuses, inutiles) ;
  • Mouvements inutiles, dont on peut se passer ;
  • Défauts de fabrication (non qualité).
 
 
 
B- Mura – Irrégularité
 
L’article sur la fonction des stocks publié dan ce site permet d’avoir une vision sur les différentes raison qui justifie la constitution et le dimensionnement des stocks dans une entreprise.  L’irrégularité des flux, des délais, des cycles d’activité est l’une des raisons qui conduit généralement à constituer des réserves de stocks ou stocks tampons afin de lisser les variations de la demande.
 
Lorsque l’on accepte de mettre en place ces stocks tampon, on génère des Muras. Les Muras sont donc une forme de gaspillage provoquée par une irrégularité du flux d’activité. La démarche préconisée pour les éviter est de réduire graduellement la taille des stocks tampons, détecter les causes des irrégularités et les éliminer.
 
Le but de cette approche est de maintenir en permanence un flux régulier et standard du process, dénué de filles d’attente, de goulots d’étranglement, des temps d’attentes au niveau des postes de travail sur la chaîne de fabrication.
 
 
Caractéristiques de MURA
 
  • Forme de gaspillage « subie » ;
  • Dont la source, la raison ou la cause est ailleurs ;
  • Se caractérise parfois par des interruptions répétées dans un flux de travail ;
  • Pour y remédier, il faut démasquer la cause réelle, s’attaquer à la vraie source du problème.
 
 
Exemple de MURA
 
Vous remarquez augmentation inhabituelle de consommation d’huile par un moteur ; or le nombre d’heures de marche journalier n’a pas changé. Si vous décidez d’augmenter le stock d’huile pour prévenir le risque de rupture, vous créez des Muras. Recherchez plutôt s’il existe des fuites et les réparer.
 
 
 
C- Muri – Excès 
 

Les erreurs de prévision, l’affectation inappropriée des données de planification sur fiches articles (Mini, maxi, valeur d’arrondi, délai de livraison…), le manque de contrôle dans le processus d’achat, les erreurs de commandes sont quelques unes des raisons qui poussent à gonfler inutilement les stocks. Ces excès de quantités constituent des MURIS. Pour y remédier, il faut réviser les standards, les procédures.
 
Les Muris constituent un gaspillage de trésorerie (immobilisations, surcharges et pertes financières) ; gaspillage d'espace (occupation des aires de stockage par du matériel qui ne sera peut-être pas utilisé, risque d'obsolescence si le matériel en excès n’est pas consommé à temps). L’abondance de ressource finie toujours par devenir nuisible.





























  
 
Caractéristiques de MURI
 
  • Forme de gaspillage « non subie » ;
  • Causé par le respect de politiques ou standards inadaptés ;
 
Exemples de MURI
 
  • Matériels et matières achetés en excès, en avance, suite à des prévisions mal évaluées, à une politique d'achat ou des tailles de lots inadaptées,
  • Equipement acheté mais presque jamais utilisé ;
  • Main d'oeuvre excessive, mal employée, sous occupée ;
  • Opérations inutiles découlant de modes opératoires inappropriés.



http://christian.hohmann.free.fr/index.php/lean-entreprise/les-basiques-du-lean/57-les-gaspillages

 


samedi 18 octobre 2014

Secouez votre fatigue !

Secouez votre fatigue !Rien de plus normal que de se sentir fatigué après une journée de travail ou une épreuve sportive.
Mais si vous vous couchez épuisé, vous levez exténué et manquez totalement d'énergie, il est grand temps de faire le point sur votre mode de vie et de prendre les mesures qui s'imposent.

Retrouvez pêche et vitalité !

Les aliments riches en sucres lents constituent votre principal carburant, nécessaire au bon fonctionnement du cerveau, des muscles et des cellules nerveuses.
Ne négligez pas non plus les poissons gras et les huiles végétales, principales sources d'oméga-3, de précieux acides gras qui dopent les fonctions intellectuelles.
Misez sur la vitamine C (un seul kiwi suffit à couvrir vos besoins quotidiens), les vitamines B, qui sont par excellence les vitamines anti-fatigue, tant physique que psychique, et le magnésium qui, non seulement lutte contre le stress mais, de plus, régule l'humeur.

Fatigue : chassez les toxines

Stress, excès de table, sédentarité : les toxines qui s'accumulent affaiblissent l'organisme.
  • Pour les chasser, mangez à volonté du bouillon de légumes, privilégiez des fruits tels que l'ananas, le raisin ou des légumes comme le chou, l'asperge ou l'artichaut (excellent dépurateur biliaire). 
  • Si vous préférez les tisanes, misez sur le romarin, le pissenlit ou la menthe poivrée. 
  • Pour accélérer l'élimination, buvez des jus de fruits (pamplemousse, pomme) et de légumes (fenouil, poireaux, oignons). Enfin, sachez que l'eau minérale - un litre et demi par jour - est la meilleure arme contre les toxines

Soyez à l'écoute de votre corps

La pratique régulière d'exercices physiques (gymnastique, natation, danse, peu importe) permet de remplacer le surmenage nerveux par l'effort physique.
Par ailleurs, si vous avez des trous de mémoire, des difficultés de concentration, que vous êtes à cran et irritable, il est temps de vous reposer. N'hésitez pas à solliciter de l'aide et sachez déléguer. Enfin, renoncez à la cigarette : le tabac consomme de la vitamine C et entraîne une mauvaise oxygénation cellulaire, à l'origine de la fatigue.

vendredi 17 octobre 2014

L’espérance de vie se lirait sur les visages

Le site internet Face My Age serait capable de calculer l'âge perçu d'un visage et d'évaluer son espérance de vie. Explications.

Face My Age exploite un stock de plus de 220.000 images de visages envoyées par des particuliers. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Face My Age exploite un stock de plus de 220.000 images de visages envoyées par des particuliers. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
En juillet dernier, Mick Jagger a eu 71 ans. Mais selon le site Internet Face My Age, il en paraîtrait plutôt 81...

Il resterait 4.518 jours à vivre à Mick Jagger

Utilisant un algorithme conçu par Jay Olshansky, biodémographe à l’université de l’Illinois à Chicago (États-Unis), et Karl Ricanek, spécialiste en biométrie et reconnaissance faciale à l’université de Wilmington en Caroline du Nord (États-Unis), ce site calcule l’"âge perçu" d’un visage et, in fine, l’espérance de vie !
À en croire le site, à qui nous avons soumis une photo de la star, le leader des Rolling Stones aurait ainsi 42,2 % de chance de passer les 85 ans et il lui resterait 4.518 jours à vivre...

© Face My Age
Face My Age exploite un stock de plus de 220.000 images de visages envoyées par des particuliers. Il suffit d’indiquer quelques informations de base (âge, sexe, éducation, fumeur ou pas, chirurgie esthétique ou pas, usage de drogue...) et l’algorithme scrute 250 points (yeux, front, nez, joues, bouche, menton...) repérant la moindre ride. Le tout est comparé à des profils similaires de la base de données. Et le verdict tombe.
L’algorithme n’est qu’un prototype. "À terme, les internautes verront à quoi ils ressembleront dans 20 ou 40 ans", ajoute Karl Ricanek. Les deux chercheurs espèrent inciter les gens à modifier leur hygiène de vie, "sans pour autant faire du diagnostic médical".
Ils travaillent aussi à un logiciel pour les assureurs. On imagine sans peine son utilité pour relever les primes des clients les moins vigoureux... 

Quand Nadine Morano s’énerve gare de l’Est

17.10.2014 par Sébastien Bohler, dans Non classé

Hier, à la gare de l'Est, l'eurodéputée et ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, sort de son TGV lorsqu'elle aperçoit une femme voilée portant un niqab, tenue qui masque tout le corps et le visage à l'exception des yeux. Le scandale n'attend pas : elle demande à la femme d'enlever son voile, puis ameute des policiers pour la faire obtempérer. Ceux-ci ne donnent pas suite à sa requête, la jugeant particulièrement agressive et ne la reconnaissant pas.
Les réseaux sociaux se sont emparés de l'affaire, comme d'habitude, et on ne résiste pas au plaisir de vous montrer ce qu'il en est ressorti:
batman morano
On aura reconnu une des scènes du premier opus de Batman où le Joker tente de retirer son masque au héros. En vain.

Batman a encore gagné!

Bis repetita, sur les quais de la gare de l'Est Batman est une fois de plus ressorti vainqueur de son combat contre le joker. Car la police n'a pas bougé. Ironie du sort, ils n'ont pas reconnu celle dont le visage était pourtant découvert : Nadine Morano. Elle leur a pourtant demandé s'ils ne regardaient jamais la télé. Dans quel monde on vit. Mais passons. Que nous apprend réellement cette affaire?
Comme le rappelle le journal Le Parisien, la loi française votée fin 2010 et validée début juillet par la Cour européenne des droits de l'Homme stipule que «nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage», sous peine de 150 euros d'amende et/ou d'un stage de citoyenneté. L'Europe a donc décidé que le visage de l'Homme est irréductiblement lié à son existence en public.

L'humanité ou la fête des visages

L'histoire millénaire de notre espèce va dans le même sens. Des chercheurs californiens viennent de découvrir que l'espèce humaine a évolué de façon à produire des visages très distincts et reconnaissables, et que cela a permis le développement de sociétés plus nombreuses et complexes, où les liens sociaux sont plus développés. Notre essor en tant qu'espèce serait donc lié à la reconnaissance des visages.
nature-visages
Les spécialistes de biologie comparative de l'Université de Californie notent que la diversité des traits humains est bien supérieure à celle que l'on observe dans d'autres espèces animales.

Notre ADN, une "fabrique à visages"

Les chercheurs ont constaté que dans notre ADN, les gènes qui façonnent les traits des visages ont muté à un rythme anormalement élevé au cours des 200 000 dernières années, produisant une diversité exceptionnelle dans le monde vivant, dans la production de faciès aux dimensions extraordinairement variées. Que le génome humain se soit façonné pour produire des visages très disparates est le signe que c'était une nécessité pour complexifier les groupes et augmenter les chances de survie de notre espèce.
main.nez
Les scientifiques ont constaté que les visages humains ont des formes plus variées que les autres parties du corps. On voit à gauche que plus une main est longue, plus est large. Mais ce n'est pas le cas pour les nez. Il n'y a pas de corrélation chez l'être humain entre la longueur et la largeur du nez (nuage de points épars sans corrélation). Cela signifie qu'un programme développemental d'origine génétique découple les dimensions des différents éléments du visage, ce qui augmente les combinaisons de faciès possibles.

De la génétique à Nadine Morano

Dissimuler son visage est donc une façon de contrer cette diversité et de mettre en danger le lien social. Ne pas avoir de visage équivaut à ne plus exister socialement.
La manière d'agir de Morano est cependant de nature à renforcer les tensions, plutôt qu'à les résoudre. Elle le sait bien. Alors, peut-on la soutenir ou non... je ne sais pas. La loi est-elle bonne ou non, compte tenu de la réalité sociale, je ne sais pas. Mais une chose est en revanche certaine : dès lors qu'une loi existe, ne pas l'appliquer est la pire erreur que puisse commettre un état de droit.