Les deux SSII seraient en négociation pour former le numéro trois du service informatique en France, derrière Capgemini et IBM. Un rapprochement qui offrirait de fortes complémentarités en termes de couverture géographique et de métiers.
Coup
de théâtre dans le monde du service informatique. La semaine a démarré
en trombe avec une dépêche AFP annonçant, selon une « source informée
sous couvert d'anonymat » que Steria et Sopra réfléchiraient à un
rapprochement « entre égaux ». Donnant corps à cette annonce, la
cotation des deux entreprises a été suspendue à la Bourse de Paris dans
l'attente de la publication d'un communiqué commun.
Un tel mariage donnerait naissance au
troisième acteur du marché des services informatiques en France,
derrière IBM et Capgimini et devant Atos avec un chiffre d’affaires
cumulé de 3,1 milliards d’euros dont 1,45 milliards d’euros dans
l’Hexagone. Le nouvel ensemble pourrait même devenir le cinquième acteur
européen selon un classement établi par Pierre Audoin Consultants.
Les discussions seraient en cours depuis
plusieurs semaines selon la même source de l’AFP. Les conseils
d'administration des deux groupes ne se sont pas encore prononcés sur
l'opération, mais ils pourraient se réunir dans leurs heures qui
viennent.
Si Steria est plus grosse que Sopra en
termes de chiffre d'affaires - 1,75 milliard d’euros contre 1,35
milliard - sa rentabilité a été fortement affectée l'an dernier par une
série de facteurs exceptionnels dont la suspension de l’écotaxe - et son
bénéfice net est tombé à 8,9 millions d'euros. En revanche, Sopra a
accru son bénéfice net de 28% en 2013, pour le porter à 71,4 millions.
Actuellement, la valorisation boursière de Steria - 522 millions de
d’euros - est quasiment deux fois moindre.
Allier la gestion des infrastructures de Steria à l’expertise applicative de Sopra
Sur le papier, la fusion fait sens. Ce rapprochement avait d’ailleurs été évoqué fin 2010
quand des dissensions entre les actionnaires de référence de Sopra
poussaient cette dernière vers une SSII de taille similaire. Pour Michel
Azencot, associé à la Financière Cambon, « le nouvel ensemble présenterait peu de recoupements en termes de couverture géographique et de métiers. »
Steria qui emploie quelque 20 000
collaborateurs dans 16 pays, dont seulement quelque 6 400 en France a,
pour elle, son rayonnement à l’international. Le rachat de Xansa en 2007,
qui possède une forte population d’ingénieurs en Inde, lui a offert une
position marquée dans la gestion des processus métiers (BPO). Pour
autant, Steria, qui a été fondée en 1969, est également présente dans
plusieurs pays européens, en particulier au Royaume-Uni qui représente
40% de son chiffre d'affaires et les deux tiers de sa marge
opérationnelle. Un ancrage anglais que lui confèrent de gros contrats
passés avec l’administration britannique.
Créé un an plus tôt, Sopra qui emploie
plus de 16 000 salariés est avant tout un acteur européen. Spécialisée
dans les services applicatifs, la société a développé une activité
d’éditons de logiciels reconnue, notamment dans le secteur bancaire.
L’an dernier, Sopra a aussi mis main basse sur l’éditeur de solutions de
ressources humaines HR Access. « Les
deux acteurs peuvent atteindre le graal du service s’il arrivent à
intégrer la gestion des infrastructures de l’un, l’expertise applicative
de l’autre, en le proposant sous forme de BPO », analyse Vincent Gelineau, directeur à Pierre Audoin Consultants.
Expert du monde des SSII, Claude Gourlaouen estime également que les deux sociétés peuvent s’additionner sans problème. « 1+1
fait rarement 2, plutôt 1,5. Là, on peut arriver à 2,1. Culturellement,
elles sont proches toutes les deux, favorisant notamment le mode
forfait à l’assistance technique. » Les doublons éventuels
porteraient non sur le personnel productif mais sur le management, les
fonctions supports et les ressources commerciales. Claude Gourlaouen
espère aussi que ce rapprochement s’il se concrétise réveille Capgemini
et Atos, « les deux belles endormies » en décroissance sur le marché français.
Sur le plan juridique, le mariage ne
devrait pas non plus poser de problème. Sopra est contrôlée par un pacte
d’actionnaires, détenant 49,3 % des parts dans lequel on retrouve les
deux fondateurs Pierre Pasquier et François Odin. Steria est, elle,
gérée par une société commandite par actions (SCA) dont les salariés
actionnaires détiennent 22,72 % des parts.
Si en vue de sa valorisation boursière,
Sopra devrait prendre le leardership capitalistique du nouvel ensemble,
la direction opérationnelle pourrait revenir à François Enaud, actuel
PDG de Steria, assisté de Pascal Leroy, dauphin désigné de Pierre Pasquier. Ce dernier, 79 ans en août, pourrait alors prendre une retraite bien méritée
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