dimanche 21 novembre 2010

Extension du domaine de la manipulation


« En nous promettant de nous réaliser par le travail, l’entreprise nous ment ?

Je préfère dire qu’elle nous manipule. Elle produit en effet un discours qui réclame un investissement total du salarié, une adhésion globale à la culture d’entreprise. En échange, elle promet à ses salariés le bonheur. Ces derniers se donnent à fond, mais le bonheur ne sera pas au rendez-vous. Comment pourrait-il en être autrement ? Si mon épanouissement est lié aux succès de mon entreprise, il est forcément fragile, car soumis aux aléas du marché (la crise actuelle en est un bel exemple). En associant bonheur et performance du groupe, l’entreprise cherche à faire oublier que son seul but, et c’est logique, demeure celui de faire du profit, de dégager des bénéfices, de rémunérer ses actionnaires, etc. »

Source : http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/l-entreprise-ment/989/0/311881

Extension de la manipulation, de l'entreprise à la vie privée

http://www.youtube.com/watch?v=0nZgaBSjVV4

Introduction

Du modèle "paternaliste" à un modèle "individualiste".
Un tryptique de valeurs prometteuses : authenticité, volontarisme, autonomie.

Kierkegaard affirmait que le "vertige de la liberté" suscite l'angoisse.

Qu'est-ce que réussir sa vie et comment s'y prendre ?
Jacques Berque écrivait : "la question qui va se poser à nos sociétés ne porte plus sur le fameux que faire ? mais sur un qui être ? bien plus radical".

Les nouveaux prophètes, ils se présentent comme les artisans d'un "savoir-faire" et plus encore d'un "savoir être". Ils exploitent l'air du temps.

Les héros classiques étaient des individus capables de renvoyer tout à la fois à l'épopée et à l'éthique; des êtres mortels n'ayant pas peur de s'exposer au regard et au jugement des autres.
Aujourd'hui le leader est présenté comme un individu capable de donner du sens, de la cohérence et de la sécurité dans un monde complexe qui en manque tant, un homme susceptible de fédérer autour de lui les gens les plus efficaces afin de construire un espace "énergétique" ...
Le héros classique était désireux d'acquérir de la gloire, mais il était aussi prêt à se sacrifier au service de sa cause.
Le nouveau héros, nous explique les manuels de management, est toujours prêt à prendre des risques. Mais est-il pour autant prêt au sacrifice de soi ? Le problème, c'est qu'il ne semble pas avoir beaucoup de scrupules lorsqu'il est question de sacrifier les autres.

Christopher Lasch avait déjà aperçu la naissance de ce genre de dirigeant, qui se caractérise par "l'art de faire les poches aux autres" et par sa capacité "à ne pas se laisser troubler par des subtilités morales".
C'est Jeff Skilling, le héros d'Enron, affrmant que la seule chose qui intéresse les gens est l'argent et dont le livre de chevet est "La vertu d'égoïsme" (1964) d'Ayn Rand.

Les jansénistes avaient procédé à la démolition du héros. Le "moi" est haïssable avait écrit Pascal. La Rochefoucauld renchérira dans ses Maximes : "il y a trois espèces d'hommes : les orgueilleux, les vaniteux et les autres. Je n'ai jamais rencontré les autres".

Selon Mandeville, médecin Hollandais, puisque l'homme est mauvais, que ses vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés, qu'il n'est au fond guidé que par ses passions, alors pourquoi ne pas laisser faire les passions ? L'ivrognerie et la débauche ne font-elles pas marcher le commerce des liqueurs ? C'est de ce pessimisme puritain qu'est sortie triomphante la nouvelle morale capitaliste. "Les vices privés font la richesse publique" écrira avec fierté Mandeville qui va inspirer la future école anglaise d'Adam Smith et de ses disciples. Désormais, dans ce monde cynique, sans vertu et sans héros, le travail va devenir central.

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