jeudi 3 janvier 2013

Méta-prédictions 2013

Comme depuis quelques années, je vais inau­gu­rer la nou­velle avec des vœux en forme de clin d’œil qui reprennent les pré­dic­tions que je peux gla­ner sur Inter­net, et en ajou­tant les miennes au passage.
Quand je balaye les pré­vi­sions, qu’elles viennent de gens poin­tus, très spé­cia­li­sés, de jour­na­listes ou encore de voyants, j’essaye tou­jours de les seg­men­ter pour faire le tri. Elles sont un révé­la­teur des sys­tèmes de pen­sées, de croyances et des ana­lyses du moment.
Le terme des prévisions
Beau­coup de pré­vi­sions relèvent de cycles longs et n’ont rien à faire sur une année pré­cise. On ne peut pas dire en effet que 2012 ou 2013 serait l’année de la TV connec­tée. Une telle tech­no­lo­gie est adop­tée par le grand public sur un cycle qui s’étale sur une demi-douzaine d’années. Donc, quand on dit que l’année à venir va être l’année de tel ou telle phé­no­mène, où se positionne-t-on dans le “hype cycle” du Gart­ner ? Aux tous débuts de la tech­no­lo­gie sur le mar­ché ? Au pic du hype ? Au contraire, après la tra­ver­sée de la val­lée des larmes ? Pas évident ! En géné­ral, c’est juste avant le “peak of infla­ted expec­ta­tions” que les pré­vi­sions vont bon train. Juste avant que l’on se rende compte que, bien, fina­le­ment, la tech­no­lo­gie en ques­tion a des limites, que les usages ne sont pas for­cé­ment là ou qu’elle n’est pas suf­fi­sam­ment mure et qu’il fau­dra attendre la tra­ver­sée – éven­tuel­le­ment réus­sie – de la val­lée des larmes pour que la tech­no­lo­gie s’installe durablement.
Dans les cycles longs, il y a aussi les scé­na­rios de fin du monde dont les médias nous ont rebattu les oreilles pen­dant 2012. La lon­gueur de ces cycles est incom­men­su­ra­ble­ment plus longue que l’ancienneté de l’homo sapiens qui n’est que de 200000 ans.
Gartner hype cycle and predictions
On peut aussi uti­li­ser une autre manière de seg­men­ter cer­taines pré­vi­sions technologiques :
  • Ce dont j’ai envie : cer­tains pré­vi­sion­nistes vou­draient bien voir Apple sor­tir une télé, alors cela sera cette année ! J’avais pré­dit en 2008 la sor­tie du concert de Londres de Led Zep­pe­lin en DVD et il n’est fina­le­ment sorti qu’en 2012. Un épiphé­no­mène acci­den­tel dans l’habituelle chro­no­lo­gie des médias !
  • Ce qui est fai­sable tech­ni­que­ment : autant pré­voir quelque chose de fai­sable d’un point de vue tech­nique ! Mais cela n’est pas tou­jours le cas comme dans le domaine de la robo­tique. C’est le cas de la voi­ture sans conduc­teur qui va encore faire par­ler d’elle, selon The Daily Beast, notam­ment chez Google. Mais il ne s’agira encore que de démons­tra­tions. Donc pas de quoi pré­dire que 2013 sera une année char­nière de ce point de vue-là.
  • Ce qui pour­rait être fait par telle entre­prise : cela concerne en géné­ral les grands indus­triels d’un sec­teur. On rentre dans l’univers du pos­sible et sou­vent assez facile à pré­voir. Anti­ci­per l’arrivée d’un nou­veau modèle d’iPad ou d’iPhone ne relève pas de la voyance quand on sait qu’Apple en sort entre un et deux par an ! C’est ce que fait Vic­tor Paul Alva­rez dans Yahoo! en évoquant l’arrivée en 2013 de la Xbox 720, de la PS4, d’un Black­Berry 10, d’un iPad 5, de Sur­face Pro (peu de chances de se trom­per puisque le pro­duit est déjà annoncé…) et d’un Ama­zon Phone. Mais dans d’autres cas, c’est moins évident, comme Adnaan Ahmad dans Forbes qui pré­voit qu’Intel va adop­ter l’architecture ARM, ce qui n’est pas demain la veille quand on connait l’ADN x86 d’Intel.
  • Ce qui pour­rait se vendre ou se vendre mieux : cela reste le test ultime de la pré­vi­sion, que les clients en veulent !
Il est tou­jours bon de prendre du recul sur les pré­vi­sions et de se rap­pe­ler les nom­breux échecs sur le mar­ché qui avaient sus­cité au départ énor­mé­ment d’enthousiasme ou tout du moins de sui­visme. C’est ce que fait Vincent Abry dans Les plus grands échecs techno de 2012 qui cite tour à tour  le Nexus Q de Google (heu­reu­se­ment, décrié dès son lan­ce­ment), l’application Color (qui allait révo­lu­tion­ner la photo et les réseaux sociaux) comme Grou­pon ou la géo­lo­ca­li­sa­tion (mise à toutes les sauces pour nous pro­mou­voir les pro­duits du maga­sin que l’on croise ou sim­ple­ment les per­sonnes dont on n’est pas loin).
Star­tups matérielles
Naval Ravi­kant pré­dit dans Ven­ture Beat que les star­tups dans le maté­riel vont faire de plus grands tours de finan­ce­ment. 2012 avait été une année de finan­ce­ment par crowd­fun­ding de socié­tés par KickS­tar­ter telles que Apigy qui conçoit la ser­rure élec­tro­nique Locki­tron pré­sen­tée à LeWeb 2012.
Ce mode de crowd­fun­ding qui s’appuie sur des pré­com­mandes de consom­ma­teurs per­met à la fois de sécu­ri­ser le finan­ce­ment d’amorçage d’un pro­jet, de lui appor­ter un BFR pour la fabri­ca­tion du maté­riel, et de vali­der l’offre sur le mar­ché. Quand le cycle fonc­tionne bien, la star­tup est bien pré­pa­rée à lever des fonds de manière plus tra­di­tion­nelle. C’est en effet un cycle de finan­ce­ment par­ti­cu­liè­re­ment bien adapté au matériel.
Pour appuyer son pro­pos, Naval Ravi­kant liste quelques star­tups hard­ware de la Sili­con Val­ley qui décoiffent, notam­ment dans l’alimentaire :
  • Momen­tum Machines, qui pro­pose un robot de pré­pa­ra­tion auto­ma­ti­sée de ham­bur­gers haut de gamme et per­son­na­li­sés pour les fast-foods. Cela n’a pas l’air d’être fait pour créer de l’emploi ! Par contre, le sys­tème est capable de per­son­na­li­ser la fabri­ca­tion du ham­bur­ger jusqu’au der­nier moment.
Momentum Technologies hamburger robot
  • Nomiku, qui pro­pose un petit sys­tème faci­li­tant la cui­sine sous vide qui devient très à la mode. C’est une bouilloire que l’on plonge dans sa cas­se­role avec ses ali­ments pla­cés dans un sac en plas­tique et qui contrôle la tem­pé­ra­ture de l’eau. Dans la démons­tra­tion sur leur site, ils montrent com­ment cela per­met de cuire un steak à point (medium rare) à l’intérieur, avant de le dorer à la poêle. Mar­ché dif­fi­cile en France pour cet usage : les consom­ma­teurs pré­fèrent la viande rouge ! Mais cela cuit d’autres ali­ments ! La démo est juste à “localiser”.
nomiku
  • Nano­Sa­tisfi, une star­tup finan­cée par Kicks­tar­ter qui conçoit Ardu­Sat, une pla­te­forme open-source de satel­lites d’expérimentation. Il s’agit de cubes de 10 cm de côté com­pre­nant une carte Arduino et 25 cap­teurs. Grâce à cela, cha­cun pourra créer sa propre expé­rience et l’envoyer dans l’espace. Détail man­quant : l’histoire ne dit pas com­ment ce genre de satel­lite serait lancé ni com­ment éviter de créer une pou­belle de micro­sa­tel­lites dans les orbites basses dédiées aux satellites.
ArduSat OpenROVangle1
  • Dans l’autre direc­tion, vers le bas, le Mini­Rov d’Open­ROV est un mini-sous-marin (ci-dessus à droite) en kit. Au moins, il sera moins com­pli­qué à uti­li­ser que le Ardu­Sat. Mais pour l’un comme pour l’autre, il ne s’agit pas véri­ta­ble­ment de mar­ché grand public. Au sens : un pro­duit que l’on pour­rait retrou­ver dans tous les foyers.
Mobiles et Apple à la pelle
Le Gart­ner est tou­jours assez pro­lixe en pré­vi­sions assez géné­rales et où le timing importe peu. On trouve leurs 10 blocs de pré­dic­tions 2013 chez Forbes qui concernent pour l’essentiel les mobiles. On y apprend :
  • Que les mobiles sup­plan­te­ront les desk­tops, un sujet qui a le don de m’agacer car c’est un peu comme si l’on disait que les vélos sup­plan­taient les bureaux. On ne fait pas la même chose avec !
  • Que les tablettes vont entrer dans les entreprises.
  • Que le mobile et le cloud se ren­forcent mutuel­le­ment. Logique.
  • Que les ser­vices en cloud vont prendre le pas en impor­tance sur les devices eux-mêmes. Tout dépend ce que l’on entend par impor­tance. Et il serait bon qu’il y ait un peu de stan­dar­di­sa­tion de ce côté-là.
  • Que le phé­no­mène du BYOD (bring your own device) va se déve­lop­per dans les entre­prises. C’est le cau­che­mar actuel des DSI et va le res­ter en effet.
Par contre, ils s’aventurent dans le hasar­deux quand ils pré­disent une part de mar­ché de 20% aux smart­phones sous Win­dows Phone grâce au mar­ché des entre­prises. Le Gart­ner ainsi que Fred Cavazza pré­voient que les appli­ca­tions mobiles déve­lop­pées en HTML 5 vont gagner du ter­rain face aux appli­ca­tions natives. On peut le sou­hai­ter mais cela pren­dra du temps, même si la ten­dance pour­rait être ali­men­tée par le déve­lop­pe­ment d’applications en res­pon­sive design qui les adapte auto­ma­ti­que­ment à toutes les tailles d’écrans !
Le Gart­ner pré­voit aussi le déve­lop­pe­ment de maga­sins d’applications pour entre­prises. Ce qui sous-entend… pas d’iOS car Apple n’a pas l’air d’être prêt à pro­po­ser cela. Sans trop prendre de risques ni se poser de ques­tions méta­phy­siques, il pré­voit aussi le déve­lop­pe­ment de l’Internet des objets, que le big data va deve­nir stra­té­gique (mais il l’a tou­jours été pour les grandes entre­prises, quelle qu’en soit l’appellation mar­ke­ting…) et que les outils d’analyse de don­nées vont se déve­lop­per (la busi­ness intel­li­gence a plus de 20 ans les enfants…). Ils anti­cipent aussi la géné­ra­li­sa­tion de solu­tions inté­grant maté­riel et logi­ciel sous forme d’appliances, puis de vir­tual appliances où le maté­riel rede­vient une commodité.
Dans Le Monde Infor­ma­tique, on pré­voit le démar­rage de la 4G (ben oui, on en est aux villes pilotes en France, mais aux USA, c’est déjà lar­ge­ment déployé). Mais The Tele­graph est plus cir­cons­pect, citant pêle-mêle le fait que l’iPhone 5 ne sup­porte pas la 4G en Europe alors que les clients d’Apple sont les plus dépen­siers et que les abon­ne­ments 4G sont chers.
Dans CNET, Jim Kers­tet­ter pré­voit à juste titre qu’Apple est en train de se retrou­ver dans la même situa­tion qu’au début des années 1980 lorsqu’il était face à Micro­soft (et Intel) sur les micro-ordinateurs. Sa part de mar­ché mobile va s’amenuiser sous les coups de bou­toir com­bi­nés d’Android et des construc­teurs qui le sup­portent, Sam­sung en pre­mier. Et notam­ment parce que les deux inondent le mar­ché de smart­phones et tablettes moins chers que les pro­duits d’Apple. Un phé­no­mène aussi ali­menté par la baisse de la dif­fé­rence fonc­tion­nelle entre Android et iOS. Ce qui amène cer­tains à pré­dire qu’Apple sor­tira des mobiles sous iOS moins chers, adop­tant la stra­té­gie “under­shot” bien docu­men­tée dans les ouvrages de Clay­ton Chris­ten­sen sur l’innovation. C’est le cas de Adnaan Ahmad dans Forbes qui anti­cipe un mini iPhone 5, en plus d’un Mac­book Air sup­por­tant iOS. Pour mémoire, Apple est un cas à part, des pré­dic­tions le concer­nant étant publiées tout au long de l’année. Les rumeurs concer­nant Apple font vivre tout un pan de la presse en ligne !
Dans l’article de Ven­ture Beat déjà cité, Don Dodge de Google Ven­tures pré­dit que le mar­ché de la géo­lo­ca­li­sa­tion en inté­rieur va être encore plus impor­tant que celui de la géo­lo­ca­li­sa­tion en exté­rieur à base de GPS. Il l’envisage sous un angle très com­mer­cial qui n’est cepen­dant pas sans rap­pe­ler les lubies sur les appli­ca­tions de com­merce géo­lo­ca­li­sées sur mobiles. Il cite tout un tas de star­tups du sec­teur à suivre : WifiS­LAM, Byte­Light, Neuaer, Indoo­rAt­las. Mais il oublie le rôle des stan­dards ! Il aurait tout de même pu citer la In-Location Alliance qui asso­cie Nokia, Sam­sung, Sony Mobile, Qual­comm et Broad­com et vise à stan­dar­di­ser les solu­tions de navi­ga­tion en inté­rieur, basées sur Blue­tooth 4.0 low energy et le Wi-Fi. Les pre­mières appli­ca­tions devraient arri­ver d’ici fin 2013. Mais Google et Apple fai­sant bande à part sur ce sujet, ceci explique cela ! Et Google a déjà com­mencé à inté­grer des plans indoor d’aéroports et de centres com­mer­ciaux dans Google Maps (ci-dessous, celui de Vélizy 2).
Velizy 2 sur Google Maps
Enfin, Tim et Ben Baja­rin dans Time pré­voient que l’industrie du mobile va conti­nuer à se ver­ti­ca­li­ser avec des inves­tis­se­ments d’Apple dans les fabri­cants de com­po­sants (écrans – déjà fait chez Sharp - et semi-conducteurs), que Micro­soft va lan­cer son propre smart­phone, que Google va uti­li­ser ce qui reste de Moto­rola chez eux pour conti­nuer à créer leurs propres solu­tions maté­rielles (en oubliant de remar­quer qu’aucun des smart­phones et tablettes Google Nexus sor­tis en 2012 ne viennent de chez Motorola…).
Curieux que tout ce petit monde ne parle pas beau­coup de NFC. Pour­tant, j’ai l’impression qu’au moins au CES 2013, les pro­duits le sup­por­tant vont pleu­voir. Y com­pris des Smart TV !
Micro­soft à la peine
Tou­jours dans The Tele­graph, Shane Rich­mond cite Juni­per Research qui pense que 2013 sera l’année de Micro­soft. Les avis sont par­ta­gés sur le sort de Win­dows 8 et de la tablette Sur­face : son suc­cès est pour l’instant mitigé et il dépend main­te­nant sur­tout de sa ver­sion Pro qui intègre un pro­ces­seur Core Intel, un cla­vier en relief et sup­porte toutes les appli­ca­tions Win­dows. Seul hic, cette ver­sion est bien chère, aux alen­tours de 1000€. C’est plus cher que la com­bi­nai­son d’un iPad et d’un net­book, même si c’est évidem­ment plus com­pact. Je pense que c’est une com­bi­nai­son qui aura tout son sens pour les “know­ledge wor­kers”. Ceux qui consomment et qui créent du contenu. Et ceux qui écrivent des textes de plus de 140 carac­tères tous les jours. Cette com­bi­nai­son pour­rait cepen­dant au moins per­cer dans les entre­prises, ce que pré­voient Tim et Ben Baja­rin dans Time, qui anti­cipent un hybride asso­ciant les fonc­tions riches d’un lap­top et celles de l’iPad chez Apple.
Microsoft Surface Pro
Après avoir évalué la vali­dité de ses pré­vi­sions pour 2012, Fred Cavazza se lance sur 2013, il pré­voit un retour gagnant pour Micro­soft avec un opti­misme plu­tôt béant, notam­ment lorsqu’il évoque “le suc­cès de Azure”. Par contre, je sous­cris à 100% à son ana­lyse lorsqu’il rela­ti­vise la pen­sée unique des mobiles qui vont rem­pla­cer les PC. L’internaute n’est pas plus mobile qu’avant dans ses modes de vie, mais il uti­lise les mobiles là où il en a besoin et selon ce qu’il a à faire. Là où avant, on n’avait rien. Il pour­rait aussi ajou­ter que les tech­no­lo­gies mobiles suivent un rythme d’adoption décalé de une à deux décen­nies par rap­port aux micro-ordinateurs, ces der­niers ayant déjà des taux de péné­tra­tion très élevés dans les foyers et au tra­vail. Dans cer­tains pays en voie de déve­lop­pe­ment, il y a certes plus de mobiles que de PC, mais ce n’est pas un si bon signe que cela pour eux. Mon rai­son­ne­ment ? Un PC sert plus à des tâches créa­tives tan­dis qu’un mobile sert plus à com­mu­ni­quer et à consom­mer. Et dans une écono­mie saine, on a besoin des deux !
Face­book de même
Face­book va conti­nuer à éner­ver pério­di­que­ment ses uti­li­sa­teurs en modi­fiant ses condi­tions d’usage, tou­jours à la recherche de nou­veaux modèles de moné­ti­sa­tion (tou­jours chez Jim Kers­tet­ter dans CNET). Le pro­blème étant pour eux de trou­ver ce modèle sur mobiles. The Daily Beast pré­voit que ces ater­moie­ments vont cou­ter cher à Face­book, voire à son fon­da­teur Mark Zucker­berg. John Hay­don dans Social Media Exa­mi­ner pré­voit tout un tas d’initiatives dans le social com­merce pour Face­book. Et Ben Picke­ring pré­voit que la publi­cité ciblée sur Face­book va (enfin) por­ter ses fruits. Mais Anita Camp­bell y pro­meut la pré­sence des marques dans Google+. Google quoi ?
Si on s’en tient aux chiffres, le pro­blème de Face­book est simple : la courbe de pro­gres­sion de son revenu annuel par uti­li­sa­teur (ARPU) a une déri­vée seconde néga­tive en attei­gnant $5. Cela indique qu’il leur sera dif­fi­cile de chan­ger à court terme leur modèle. Comme par ailleurs, ils ont un nombre d’utilisateurs qui dépasse le mil­liard, voi­sin de celui des solu­tions de Google, cela donne des signes d’essoufflement de crois­sance à venir pour 2013.
Facebook ARPU 2007 to 2012
Fred Cavazza dénonce de son côté le “le scan­dale du taux d’engagement” dans Face­book et l’amateurisme des marques et des agences de com­mu­ni­ca­tion au sujet des fan pages. Là encore, cela rejoint mes intui­tions. On en fait trop sur Face­book aujourd’hui et la mode est au grand n’importe quoi. Fred pointe sur l’excellent article Face­book is Waste of Time for Adver­ti­sers qui explique en détail pour­quoi la publi­cité sur Face­book ne fonc­tionne pas aussi bien que sur Google. C’est lié à l’usage des deux sys­tèmes. Je l’explique en d’autres termes : le consom­ma­teur indique à Google ce qu’il cherche et Face­book cherche à le devi­ner. L’article de Tek­per­sona pense que Face­book sert au “bran­ding”, que l’on place d’habitude en amont du cycle de vente. Je me demande si ce n’est pas au contraire dans l’aval de ce cycle que Face­book se situe, soit dans la fidé­li­sa­tion. Une page de fan est faite pour cela !
TV et vidéo sans gêne
Kun Gao dans GigaOm pré­voit la glo­ba­li­sa­tion de la dis­tri­bu­tion des conte­nus vidéo pre­mium qui a déjà démarré, même si elle n’a pas encore sérieu­se­ment tou­ché la France, pro­té­gée par de nom­breuses bar­rières (finan­ce­ment de la culture, langue, etc). Il pense que la moné­ti­sa­tion par abon­ne­ment res­tera le modèle domi­nant. En effet, il y a près d’un mil­liard de foyers équi­pés en TV payante sur abon­ne­ment dans le monde (câble, satel­lite, IPTV). La ques­tion est de savoir com­ment le mar­ché va s’équilibrer entre des abon­ne­ments à moins de $10 par mois style Net­flix et ceux des opé­ra­teurs du câble ou du satel­lite qui dépassent allè­gre­ment les $70. Sachant qu’il faut avec tout cela finan­cer les coûts de la pro­duc­tion de conte­nus de qua­lité, qui eux ne baissent pas. Kun Gao pré­voit une plus grande seg­men­ta­tion de la consom­ma­tion de conte­nus pre­miums, avec l’achat de chaines à l’unité (dans The Daily Beast).
La ques­tion mille fois débat­tue est de savoir si et quand Apple sor­tira sa ou ses propres TV. On anti­cipe cela en 2013 dans Fast Com­pany, chez Adnaan Ahmad dans Forbes ou encore dans The Daily Beast et aux calendes grecques ailleurs. Pas sûr qu’Apple le sache lui-même !
lg-unveils-ces-2013-tv-range-3
On va bien entendu par­ler de 4K (ou Ultra HD) au CES 2013 et tous les construc­teurs vont pro­mou­voir des TV à cette réso­lu­tion qui est le qua­druple du Full HD actuel. L’écosystème met­tra quelques années à s’aligner des­sus. Et comme 2013 n’est pas une grande année de com­pé­ti­tions spor­tives, la 4K atten­dra un peu avant d’arriver dans les foyers ! Ces sont les années paires qui comptent !
Et la photo ? C’est un peu mon domaine. Mais les pré­dic­tions sont bien ennuyeuses avec une pluie de nou­veaux modèles de reflex pré­vus par des com­men­ta­teurs tels que Jared Polin.
Autres buz­ze­ries
Les pré­dic­tions sont aussi le jar­din des mar­ron­niers ! En voici quelques exemples :
  • L’impres­sion 3D revient régu­liè­re­ment au menu depuis quelques temps et nous aurons l’occasion de trai­ter du sujet dans le Rap­port du CES 2013. On en fait trop sur le sujet ! On peut certes impri­mer en 3D quelques objets en plas­tique pour créer des jouets ou des coques de smart­phones avec des machines grand public à 1000€. Mais pas de quoi fabri­quer tous les objets de consom­ma­tion cou­rante chez soi ! Dans les années 1970, il y avait les crois­sants à cuire chez soi, que l’on pou­vait trou­ver récem­ment sous la marque Dane­rolles de Danone. Plu­tôt un échec com­mer­cial. C’est trop prise de tête à gérer ! Bien, c’est pareil pour l’impression d’objets 3D. L’industrialisation de la fabri­ca­tion des objets grand public dans des usines va encore per­du­rer quelques décen­nies. Même si cer­tains ouvriers risquent comme chez Fox­conn d’être un jour rem­pla­cés par des robots. La 3D grand public, pour­quoi pas, mais seule­ment sur des mar­chés de niche d’objets simples pen­dant encore de longues années.
Cubify 3D printer
  • la réa­lité aug­men­tée revient aussi. Tim et Ben Baja­rin dans Time en pré­voient un gros déve­lop­pe­ment et citent comme exemples Zap­par (qui ajoute de la réa­lité aug­men­tée sur des T-shirt) et celui d’Aurasma (qui créé des cam­pagnes sur mesure pour des annon­ceurs). Mais cela res­semble encore à des mar­teaux à la recherche de clous. Mais dans les lunettes Google Glass, sait-on ? Il y a aussi des appli­ca­tions inté­res­santes dans le fashion ainsi que dans la coif­fure (cf la star­tup fran­çaise D-WOD dans le domaine).
  • Le concept de liquid data est cité par Alex Howard dans Oreilly. Ca consiste en quoi ? En la capa­cité d’analyser des don­nées d’origines diverses et de les croi­ser. Ca tombe bien, il y a une star­tup du même nom qui pro­pose des outils d’analyses de don­nées mul­ti­sources. Ce concept est aussi mis en oeuvre par le fran­çais Qunb qui avait gagné le concours de star­tup de LeWeb 2012. Dans la même veine, Howard cite le “lean govern­ment” pour lequel il nous fau­dra encore patien­ter quelques années en France avant d’en voir la couleur.
  • La sup­pres­sion de l’email est évoquée chez The Daily Beast selon qui une orga­ni­sa­tion annon­cera le rem­pla­cer par tous les gad­gets de com­mu­ni­ca­tion à la mode (chats, real-time com­mu­ni­ca­tion). Ils ne doivent pas connaitre Thierry Bre­ton qui l’avait déjà annoncé en fan­fare en 2012 pour ATOS, au moment du rachat de Blue­Kiwi (et le mail n’a pas dis­paru pour autant). Ce sont des pré­dic­tions à la noix ! On aura tou­jours besoin d’outils de com­mu­ni­ca­tion asyn­chrones en com­plé­ment d’outils de com­mu­ni­ca­tion syn­chrone. Et la com­mu­ni­ca­tion asyn­chrone dans Face­book est un véri­table cau­che­mar. Sans comp­ter ceux qui confondent la com­mu­ni­ca­tion 1/1 et 1/many en uti­li­sant Twit­ter pour envoyer un mes­sage à quelqu’un en met­tant … tout leur car­net d’adresse en copie !
  • La santé pré­ven­tive et géno­mique per­son­nelle : Alex Howard dans Oreilly cite le déve­lop­pe­ment de la santé pré­ven­tive, un concept d’outre-Atlantique qui n’a pas bonne presse en France, notam­ment au niveau de la géno­mique grand-public (sujet docu­menté dans le sixième volet de ma série sur les tech­no­lo­gies de séquen­çage du génome humain publiée en aout 2012). Ils ne savent peut-être pas que 23andme ne va pas si bien que cela. Ce thème est repris dans The Daily Beast, qui anti­cipe le séquen­çage de l’ADN à domi­cile. Vu l’état de l’art, il se trompe juste d’année car la machine per­sonne qui le fera n’existe même pas dans les labo­ra­toires. On pré­voit juste un séquen­çage à $100 d’ici quelques années mais avec des machines de plu­sieurs dizaines de mil­liers de dol­lars, et sans prendre en compte le cout de trai­te­ment de l’information qui est plu­tôt élevé, avec ou sans cloud. Mal­gré cela, il est assez cer­tain que la géno­mique et la bio­lo­gie molé­cu­laire vont entrai­ner des pro­grès énormes en matière de santé dans les décen­nies à venir.
Pré­vi­sions des voyants
J’aime bien faire le tour de ce côté-là. N’étant pas un grand croyant de pou­voirs sur­na­tu­rels, je vois cette pro­fes­sion comme uti­li­sant tous les signaux dis­po­nibles – faibles ou moins faibles - pour faire ses pré­dic­tions, comme les autres experts. Mais cha­cun dans leur domaine car les voyants ne s’intéressent pas du tout au mar­ché des tech­no­lo­gies. Pour­tant on aime­rait bien savoir si Apple sor­tira sa TV en 2013. Pour­quoi n’utilise-t-on pas l’astrologie pour ce genre de pré­dic­tions ? L’alignement des pla­nètes n’a-t-il pas un rôle à jouer en rela­tion avec les terres rares que contiennent nos objets numériques ?
Une com­pi­la­tion des pré­vi­sions 2013 des voyants est ici. Les voyants s’y foca­lisent sur les grandes catas­trophes natu­relles, sur la poli­tique, l’économie et les people. Ils enfoncent régu­liè­re­ment des portes ouvertes en pré­voyant des événe­ments qui inter­viennent de manière récur­rente (trem­ble­ments de terre, inon­da­tions) tout comme des décès ou des nais­sances (en par­ti­cu­lier chez les couples prin­ciers… dont c’est une des mis­sions fon­da­men­tales). Côté poli­tique, leurs ana­lyses valent à peine celles de Jean-Michel Apa­thie. J’adore ces dis­cus­sions dans les forums où les gens cherchent des conseils pour trou­ver des voyants “sérieux” ! Per­sonne ne leur indique que cela n’existe pas, ou tout du moins qu’un voyant sérieux n’est qu’une forme dégui­sée de psychologue.
Alors, dans les évidences, nous avons Ethan Maure qui pré­voit que l’économie va tou­jours aller mal et que le gou­ver­ne­ment fran­çais n’y pourra pas grand-chose (trop fort !). Verone pré­dit de son côté un chô­mage en hausse et l’arrivée d’un homme à la tête d’un grand minis­tère (pour­quoi pas d’une femme ?). Ethan Maure va un peu loin en pré­voyant que le parti néo-Nazi grec sera porté au pou­voir. Il est vrai qu’étant un régime par­le­men­taire à la pro­por­tion­nelle, tout est pos­sible ! Il anti­cipe une baisse de la crois­sance en Chine, qui la pous­se­rait à se foca­li­ser sur son mar­ché inté­rieur, ce qui est quelque peu contra­dic­toire. Et oui, les voyants ne sont pas des prix Nobel d’économie ! Ce sont plu­tôt des prix Nobel du café du commerce !
Chez Yanis, on n’y va de main morte puisque Jean-Marc Ayrault serait remer­cié dès 2013. C’est aussi la pré­dic­tion de Claude Alexis. Mais les avis divergent ensuite : selon le pre­mier, Fran­çois Hol­lande réus­si­rait tout de même son quin­quen­nat et pour le second, il ne fini­rait pas son man­dat. Yanis pré­voit une grande guerre quelque part (il y en a tou­jours une bonne dizaine en cours…) et un décès dans la famille royale anglaise et tout porte à croire qu’il serait mas­cu­lin. Dans les événe­ments heu­reux, il anti­cipe un suc­cès aux Oscars pour Omar Sy et Marion Cotillard. Un double-wammy pour Marion ? Ce serait bien.
Chez Julie Fri­cot, pré­vi­sion de mani­fes­ta­tions impor­tantes en France, mais aussi des intem­pé­ries, de la pluie et de la neige ! Fichtre ! Elle pré­voit aussi une chute ver­ti­gi­neuse de l’immobilier en France et une crise écono­mique asso­ciée sans pré­cé­dent, le tout de la faute de Fran­çois Hol­lande. Il fau­drait expli­quer à la dame que l’offre de loge­ments est lar­ge­ment insuf­fi­sante en France, ce qui explique les prix rela­ti­ve­ment élevés. Et il n’y a pas de sub­primes chez nous ! Par contre, l’augmentation du chô­mage peut entrai­ner plus de défauts de paie­ment dans les cré­dits immo­bi­liers. Mais sans l’effet domino de la crise des sub­primes américaine.
Un peu plus proche de mon domaine, Claude Alexis pré­voit que la “télé­réa­lité va vivre ses der­niers ins­tants de gloire en rai­son d’un drame qui va se pro­duire dans l’une de ses émis­sions”. Il oublie qu’il y a déjà eu des drames à l’étranger et que cela n’a pas pour autant stoppé le phénomène.
D’une manière géné­rale, les voyants font un mar­ke­ting adapté à leur temps et à l’ambiance média­tique anxio­gène du moment : ils ne véhi­culent pas des masses de bonnes nou­velles ! J’ai du mal en effet à trou­ver des pré­vi­sions de bonnes nou­velles où que ce soit. A part peut-être dans les vœux de Fran­çois Hol­lande du 31 décembre 2012, qui annon­çait, pro­mis, juré, que le chô­mage recu­le­rait en 2013. Bon, pour être hon­nête… que tout serait fait pour qu’il en soit ainsi. Un objec­tif de moyens est tou­jours plus facile à tenir qu’un objec­tif de résultats !
Bonne année 2013 !
Pour ter­mi­ner, voici quelques pré­dic­tions sur 2013 concer­nant ma production :
  • Je visite le CES 2013 la semaine pro­chaine. Vous me retrou­ve­rez chaque jour sur le Billau­Show de Jean-Michel Billaut pour un débrief à chaud.
  • J’animerai ensuite une confé­rence au salon IDIFF (salon des pro­fes­sion­nels de l’audiovisuels) sur mon compte-rendu du CES 2013 le 22 jan­vier au Palais des Congrès de Paris. Elle sera foca­li­sée sur la 4K et les Smart TV.
  • Je publie­rai le Rap­port du CES 2013 le 28 jan­vier sui­vant. Ce sera le hui­tième du genre. D’ici là, si vous ne connais­sez pas la chose, vous pou­vez vous délec­ter avec l’édition 2012.
  • Je pré­pare une 17ième ver­sion du Guide des Star­tups qui parai­tra aux alen­tours de février / mars 2013. Elle est déjà bien avan­cée et s’enrichit de plu­sieurs contri­bu­tions externes et du suivi des évolu­tions dif­fi­ciles à suivre de la fis­ca­lité des entre­pre­neurs et investisseurs.
  • Je ferai tou­jours pas mal de pho­tos d’événements divers. J’en ai cou­vert 65 en 2012 sans comp­ter l’exposition #QFDN qui va conti­nuer à vivre !
En guise de bonne année, il me reste à vous rap­pe­ler que le futur, c’est vous qui le faites. Par vos ren­contres, vos envies, vos créa­tions et aussi vos achats. C’est à vous de jouer 2013 maintenant !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.