Les épargnants connaissent-ils le financement de l'économie sociale et solidaire? Nicolas Hazard, président du Comptoir de l'Innovation, répond en exclusivité sur L'Express.fr.
Le Comptoir de l'Innovation rend public ce
mercredi une étude menée par OpinionWay sur le financement de l'économie
sociale et solidaire. Pourriez-vous nous expliquer le contexte et les
objectifs de cette étude?
Le Comptoir de l'Innovation, entreprise
créée en 2010, s'est fixé pour mission de financer, accompagner et
promouvoir les entreprises sociales en France et dans le monde. Nous
avons donc à coeur de promouvoir la finance solidaire auprès des acteurs
professionnels comme des particuliers. L'étude "Banque et solidarité",
dont une première édition avait été publiée en 2012, a pour objectif
d'évaluer le développement et l'évolution du secteur en France, en
mesurant la connaissance et l'intérêt des épargnants.
Pourquoi a-t-on besoin de financer les entreprises sociales?
La finance solidaire est la réponse aux problématiques de financement de l'entrepreneuriat social.
En cela, elle va bien plus loin que le simple investissement
responsable. Les entreprises dites sociales sont des entreprises
rentables et qui ont un impact positif sur la société (social ou
environnemental), à travers leur offre ou leur organisation. Les
entreprises sociales éprouvent certaines difficultés à accéder au marché
traditionnel des capitaux. L'investissement dans une telle entreprise
recherche un double objectif de rentabilité financière et sociale,
respectant ainsi la nature particulière de l'entreprise sociale.
Où en est-on en France du financement des entreprises sociales?
Le
marché de la finance solidaire est en plein essor. Au niveau mondial,
le financement des entreprises sociales représente déjà 100 milliards de
dollars, appelés à devenir 500 milliards en 2020.
La France est parmi les pays leaders de cette nouvelle finance avec un
encours d'épargne solidaire supérieur à 3,5 milliards d'euros, soit
douze fois plus qu'il y a dix ans. En 2011, 897 millions d'euros ont été investis dans des entreprises présentant un impact social ou environnemental, soit une croissance moyenne de 30% tous les ans. En dix ans, ce sont 82.700 entreprises soutenues, 33.500 personnes logées, 3600 KWh d'énergies renouvelables installées et 1000 projets de solidarité internationale soutenus, selon le Baromètre Finansol 2012-2013.
Les Français sont-ils bien informés de l'existence de cette "nouvelle finance" à dimension sociale et environnementale?
L'étude
OpinionWay/Le Comptoir de l'Innovation démontre que 56% des Français
n'ont jamais entendu parler de produits d'épargne solidaire. Certaines
institutions financières comme la Nef en France ou Triodos aux Pays-Bas
sont des pionnières du financement des entreprises sociales tandis que
d'autres s'y mettent progressivement. Il y a donc un véritable travail à
faire afin que les banques présentent ces nouveaux produits comme des
produits financiers à part entière. C'est aussi l'objectif de la soirée Impact² qui se tient ce mercredi 3 avril que d'éduquer les acteurs de la finance classique. Par ailleurs, depuis 2001, la loi impose que les entreprises proposent à leurs salariés au moins un plan d'épargne salariale solidaire. Les épargnants ont donc aussi un rôle à jouer indépendamment de leur banque.
Les Français sont-ils intéressés par cette nouvelle option?
75%
des Français pensent qu'une entreprise peut répondre à un problème
social et/ou environnemental tout en restant rentable. Il y a donc
aujourd'hui une véritable demande pour des produits bancaires qui
permettraient d'investir dans des entreprises sociales: 66% des Français
seraient intéressés par ce type de produit contre 60% en 2011. Cette
envie se vérifie et s'accentue dans le Grand Paris. Ceci résulte en partie d'une quête de sens de la part des épargnants qui veulent de plus en plus que leurs économies soient investies dans l'économie locale et dans des entreprises ayant un impact positif sur la société. Les banques ont donc aujourd'hui un impératif à proposer ces nouveaux produits car la demande, elle, est bel et bien présente.
Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1016 personnes, interrogées en ligne, au mois de mars 2013.
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