Déclaration de Jérôme CAHUZAC
Par lettre du 26 mars 2013, j’ai demandé à
Messieurs les juges d’instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke
de bien vouloir me recevoir afin que, délivré des obligations de ma
fonction, je puisse enfin donner les explications qui s’imposent au
regard de la détention à l’étranger d’un compte bancaire dont je suis le
bénéficiaire depuis une vingtaine d’années.
J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600.000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris.
A Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé. A mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus.
J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords.
Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence.
J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600.000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris.
A Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé. A mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus.
J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords.
Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence.
Devant les juges, l'ex-ministre du Budget a admis avoir eu un compte à l'étranger doté d'environ 600.000 euros, contrairement à ce qu'il a toujours soutenu.
Jérome Cahuzac à déclaré "Je n'ai pas, et je n'ai jamais eu un compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant" à l'assemblée nationale (12.2012).
«J'ai été pris dans une spirale du mensonge et m'y suis fourvoyé», explique-t-il dans un communiqué.
Mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, il risque cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.
Pris en flagrant délit de mensonge. Après avoir nié pendant plusieurs mois détenir un compte à l'étranger, Jérôme Cahuzac est passé aux aveux. Devant les juges Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke,
qui l'entendaient mardi après-midi à sa demande au pôle financier de
Paris, l'ex-ministre du Budget a reconnu avoir eu un compte à l'étranger
depuis une «vingtaine d'années». Sur son blog, il explique avoir ordonné que les 600.000 euros encore présents sur ce compte soient rapatriés sur son compte à Paris.
Selon Le Canard Enchaîné, des transferts pour un million d'euros auraient été réalisés vers des comptes suisses dans les années 1990. Un compte à la banque UBS aurait été dans un premier temps fermé et son contenu transféré vers un compte hébergé par un autre établissement autre suisse, Reyl & Cie. Ce dernier aurait été clos en 2009 et son contenu viré sur un compte à Singapour, toujours tenu par Reyl & Cie.
Dans la foulée de ses aveux, l'ancien ministre a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, un délit qui consiste à réinjecter dans l'économie le fruit d'une évasion fiscale, puni de cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Les avocats de Jérôme Cahuzac, Mes Jean Veil et Jean-Alain Michel, évaluent le montant du blanchiment à environ 30.000 euros.
Jusqu'alors, la ligne de défense de Jérôme Cahuzac avait toujours été de nier en bloc. «Je n'ai pas, je n'ai jamais eu, de compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant», jurait-il sans trembler devant les députés en décembre dernier. Il évoquait alors des «accusations délirantes» lancées par Mediapart et promettait de traîner en justice tous ceux qui les propageraient. Le jour de sa démission, il y a deux semaines, il expliquait encore que son retrait du gouvernement «ne changeait rien ni à [s]on innocence ni au caractère calomniateur des accusations lancées contre [lui]».
Parallèlement, son entourage niait reconnaître la voix du socialiste sur la bande diffusée Mediapart, sur laquelle un homme évoquait son compte en Suisse. Mais trois témoins entendus par les enquêteurs lors de l'enquête préliminaire ouverte début janvier ont assuré avoir identifié la fameuse voix, ce qui a motivé la décision du parquet d'ouvrir une information judiciaire le 19 mars dernier.
Déchu du gouvernement, poursuivi par la justice, Jérôme Cahuzac a délaissé l'arrogance qui lui servait jusqu'alors de bouclier et confesse désormais ses erreurs. «Penser que je pourrais éviter d'affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J'affronterai désormais cette réalité en toute transparence», assure-t-il. Avant de s'excuser auprès de ses proches, qu'il a «tant déçus», et qui l'ont toujours défendu.
Restent des questions: d'où provenaient les fonds déposés sur les différents comptes successifs ouverts par Jérôme Cahuzac à l'étranger? Comment ont-ils été utilisés? Un témoin auditionné pendant l'enquête préliminaire a indiqué que les sommes versées sur le compte suisse venaient de laboratoires pharmaceutiques, pour lesquels Jérôme Cahuzac travaillait en tant que consultant dans les années 90.
Son avocat, Me Jean Veil, assure de son côté que l'essentiel des sommes étaient issues de son activité de chirurgien. Les réponses pourraient venir de la justice genevoise, saisie d'une demande d'entraide judiciaire venue de Paris. Jérôme Cahuzac s'est engagé à n'engager aucun recours contre les investigations qui seront menées en Suisse.
» Quels sont les éléments de Mediapart, à l'origine de l'affaire?
Dans son enquête publiée le 4 décembre, le site d'investigation prétend que Jérôme Cahuzac a détenu un compte «non déclaré» à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève, clôturé en 2010 et dont les avoirs ont ensuite été déplacés à Singapour. Deux jours plus tard, suite aux premières dénégations du ministre, Mediapart met en ligne un enregistrement sonore, qui daterait de 2000. Dans cette bande, issue, selon le site Internet, d'un répondeur téléphonique, un homme présenté comme étant Jérôme Cahuzac évoque son compte en Suisse. «Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas. L'UBS, c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques», dit l'homme à un interlocuteur non identifié sur la bande.
» D'où vient l'enregistrement?
Mediapart n'a jamais levé le voile sur l'identité de la source qui lui a transmis l'enregistrement. Mais, fin décembre, le site d'information publie le nom du détenteur d'origine de la bande. Il s'agit de Michel Gonelle, un ancien élu RPR, qui a perdu en 2001 la mairie de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) au profit de Jérôme Cahuzac, alors député. Selon Mediapart, après avoir appelé Michel Gonelle, Jérôme Cahuzac l'aurait rappelé quelques minutes plus tard, sans s'en rendre compte. Il était en pleine conversation avec son gestionnaire de fortune. Leur discussion aurait alors été enregistrée par le répondeur téléphonique du maire de Villeneuve-sur-Lot. Michel Gonelle laisse entendre que la bande a été donnée à Mediapart par un autre opposant local du ministre, l'ex-juge Jean-Louis Bruguière, à qui il avait transmis une copie de l'enregistrement. Lequel affirme pour sa part avoir «détruit» cet enregistrement sans l'avoir écouté.
» La voix sur la bande est-elle celle de Jérôme Cahuzac?
«Oui!» jure Michel Gonelle, qui s'est même manifesté auprès de l'Élysée pour confirmer l'authenticité du document. Dans le doute, le procureur de Paris, François Molins, a pris l'initiative d'ouvrir le 7 décembre une enquête préliminaire et de requérir une expertise sur la bande. Selon le communiqué du parquet de Paris publié mardi, l'enquête a conclu qu'elle n'avait «subi aucune altération ou modification». Trois témoins ont dit reconnaître la voix de l'ancien ministre, et un autre a reconnu «des intonations de la voix», précise le parquet. La police technique scientifique qui a comparé la voix de la bande avec celle de Jérôme Cahuzac conclut: «Sur une échelle de -2 à +4, la puissance de l'indice, c'est-à-dire de notre comparaison phonétique et automatique se situe à +2. Autrement dit le résultat de notre analyse renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu.»
» Qu'est-ce que le blanchiment de fraude fiscale?
Les juges d'instruction Le Loire et Van Ruymbeke, en charge de l'information judiciaire ouverte mardi, ont mis en examen l'ancien ministre pour des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale, et non pas directement sur la fraude elle-même. Une manœuvre habile, car les poursuites pour fraude fiscale sont soumises à un avis de la commission des infractions fiscales, placée sous l'autorité du ministère du Budget. Un conflit d'intérêt patent dans le cadre de l'affaire Cahuzac.
Le blanchiment de fraude fiscale est un délit qui consiste à réinjecter dans l'économie le fruit d'une évasion fiscale, par exemple en achetant un appartement avec l'argent placé sur un compte en Suisse. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, les juges devront d'abord vérifier l'existence du fameux compte et la provenance des fonds. Selon le parquet, un des témoins entendus par les enquêteurs affirme que les sommes versées «proviendraient de laboratoires pharmaceutiques», une industrie pour laquelle Jérôme Cahuzac a été consultant dans les années 1990. Les enquêteurs chercheront ensuite à déterminer comment cet argent - s'il existe - a été utilisé. Si le délit de blanchiment de fraude fiscale est constitué, le ministre démissionnaire risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
» La Suisse va-t-elle collaborer à l'enquête?
Le 31 janvier, les autorités suisses ont transmis des informations aux services fiscaux français indiquant, selon des proches du ministre cités par le JDD et Le Nouvel Observateur, que Jérôme Cahuzac n'a pas été titulaire d'un compte bancaire à l'UBS depuis 2006. Le document n'a cependant pas été rendu public et Mediapart, tout comme une source judiciaire française citée par l'agence Reuters, conteste l'interprétation qui en est faite par Bercy.
Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte mardi, la justice genevoise a reçu une demande d'entraide judiciaire venue de Paris. Les autorités suisses doivent désormais décider si elles y donnent suite ou pas. Aucun délai pour donner une réponse n'est imposé par la loi. Attachée au secret bancaire, la Suisse n'est pas réputée pour sa collaboration en matière fiscale. «Elle traîne des pieds. Sur 300 demandes, seulement 40 à 50 réponses sont jugées satisfaisantes par Paris», expliquait fin 2012 François d'Aubert, président du groupe d'évaluation du Forum fiscal mondial, à l'Agefi. Mais, face à la forte médiatisation de l'affaire Cahuzac, les autorités helvètes pourraient être forcées de collaborer, surtout si la justice française a recours à une commission rogatoire internationale.
Mardi, Mediapart avait assuré que le ministre, qui a fait de la lutte contre l'évasion fiscale un de ses chevaux de bataille, que "ce compte a été formellement clos par Jérôme Cahuzac début 2010, quelques jours avant qu'il ne devienne président de la commission des finances de l'Assemblée nationale", lors d'un "discret déplacement à Genève". Le site évoque à cet égard le mémoire d'un agent du fisc du Sud-Ouest, Rémy Garnier, adressé en 2008 à sa hiérarchie, dans lequel il évoquait "un compte bancaire à numéro en Suisse" ouvert, selon lui, par Jérôme Cahuzac.
Des accusations vivement démenties par le ministre et son avocat, qui ont affirmé que Mediapart s'était principalement basé sur "un rapport, un document envoyé par un inspecteur des impôts du Lot-et-Garonne", a expliqué le ministre. Le document "dit que je possède une villa à Marrakech" et une résidence à La Baule et met "en cause les modalités du plan de financement de l'appartement que j'ai acquis en 1994", a poursuivi M. Cahuzac. L'avocat de Jérôme Cahuzac avait annoncé qu'il porterait plainte ce mercredi contre Mediapart pour diffamation.
Selon Le Canard Enchaîné, des transferts pour un million d'euros auraient été réalisés vers des comptes suisses dans les années 1990. Un compte à la banque UBS aurait été dans un premier temps fermé et son contenu transféré vers un compte hébergé par un autre établissement autre suisse, Reyl & Cie. Ce dernier aurait été clos en 2009 et son contenu viré sur un compte à Singapour, toujours tenu par Reyl & Cie.
Dans la foulée de ses aveux, l'ancien ministre a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, un délit qui consiste à réinjecter dans l'économie le fruit d'une évasion fiscale, puni de cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Les avocats de Jérôme Cahuzac, Mes Jean Veil et Jean-Alain Michel, évaluent le montant du blanchiment à environ 30.000 euros.
Jusqu'alors, la ligne de défense de Jérôme Cahuzac avait toujours été de nier en bloc. «Je n'ai pas, je n'ai jamais eu, de compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant», jurait-il sans trembler devant les députés en décembre dernier. Il évoquait alors des «accusations délirantes» lancées par Mediapart et promettait de traîner en justice tous ceux qui les propageraient. Le jour de sa démission, il y a deux semaines, il expliquait encore que son retrait du gouvernement «ne changeait rien ni à [s]on innocence ni au caractère calomniateur des accusations lancées contre [lui]».
Parallèlement, son entourage niait reconnaître la voix du socialiste sur la bande diffusée Mediapart, sur laquelle un homme évoquait son compte en Suisse. Mais trois témoins entendus par les enquêteurs lors de l'enquête préliminaire ouverte début janvier ont assuré avoir identifié la fameuse voix, ce qui a motivé la décision du parquet d'ouvrir une information judiciaire le 19 mars dernier.
«J'ai été pris dans une spirale du mensonge»
Comment le socialiste a-t-il pu à ce point s'enfermer dans le déni? «J'ai été pris dans une spirale du mensonge et m'y suis fourvoyé», explique-t-il sur son blog. L'ancien ministre, valeur sûre du gouvernement Ayrault, raconte avoir «mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel [il a] manqué et le souci de remplir les missions qui [lui] ont été confiées». «Le remords» a fini par le «dévaster» et le pousser à tout avouer, confesse-t-il.Déchu du gouvernement, poursuivi par la justice, Jérôme Cahuzac a délaissé l'arrogance qui lui servait jusqu'alors de bouclier et confesse désormais ses erreurs. «Penser que je pourrais éviter d'affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J'affronterai désormais cette réalité en toute transparence», assure-t-il. Avant de s'excuser auprès de ses proches, qu'il a «tant déçus», et qui l'ont toujours défendu.
Restent des questions: d'où provenaient les fonds déposés sur les différents comptes successifs ouverts par Jérôme Cahuzac à l'étranger? Comment ont-ils été utilisés? Un témoin auditionné pendant l'enquête préliminaire a indiqué que les sommes versées sur le compte suisse venaient de laboratoires pharmaceutiques, pour lesquels Jérôme Cahuzac travaillait en tant que consultant dans les années 90.
Son avocat, Me Jean Veil, assure de son côté que l'essentiel des sommes étaient issues de son activité de chirurgien. Les réponses pourraient venir de la justice genevoise, saisie d'une demande d'entraide judiciaire venue de Paris. Jérôme Cahuzac s'est engagé à n'engager aucun recours contre les investigations qui seront menées en Suisse.
La voix de Jérôme Cahuzac a-t-elle
été identifiée sur la bande publiée par Mediapart ? La Suisse va-t-elle
participer à la procédure ? Le Figaro fait le point sur l'affaire.
Dans son enquête publiée le 4 décembre, le site d'investigation prétend que Jérôme Cahuzac a détenu un compte «non déclaré» à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève, clôturé en 2010 et dont les avoirs ont ensuite été déplacés à Singapour. Deux jours plus tard, suite aux premières dénégations du ministre, Mediapart met en ligne un enregistrement sonore, qui daterait de 2000. Dans cette bande, issue, selon le site Internet, d'un répondeur téléphonique, un homme présenté comme étant Jérôme Cahuzac évoque son compte en Suisse. «Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas. L'UBS, c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques», dit l'homme à un interlocuteur non identifié sur la bande.
» D'où vient l'enregistrement?
Mediapart n'a jamais levé le voile sur l'identité de la source qui lui a transmis l'enregistrement. Mais, fin décembre, le site d'information publie le nom du détenteur d'origine de la bande. Il s'agit de Michel Gonelle, un ancien élu RPR, qui a perdu en 2001 la mairie de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) au profit de Jérôme Cahuzac, alors député. Selon Mediapart, après avoir appelé Michel Gonelle, Jérôme Cahuzac l'aurait rappelé quelques minutes plus tard, sans s'en rendre compte. Il était en pleine conversation avec son gestionnaire de fortune. Leur discussion aurait alors été enregistrée par le répondeur téléphonique du maire de Villeneuve-sur-Lot. Michel Gonelle laisse entendre que la bande a été donnée à Mediapart par un autre opposant local du ministre, l'ex-juge Jean-Louis Bruguière, à qui il avait transmis une copie de l'enregistrement. Lequel affirme pour sa part avoir «détruit» cet enregistrement sans l'avoir écouté.
» La voix sur la bande est-elle celle de Jérôme Cahuzac?
«Oui!» jure Michel Gonelle, qui s'est même manifesté auprès de l'Élysée pour confirmer l'authenticité du document. Dans le doute, le procureur de Paris, François Molins, a pris l'initiative d'ouvrir le 7 décembre une enquête préliminaire et de requérir une expertise sur la bande. Selon le communiqué du parquet de Paris publié mardi, l'enquête a conclu qu'elle n'avait «subi aucune altération ou modification». Trois témoins ont dit reconnaître la voix de l'ancien ministre, et un autre a reconnu «des intonations de la voix», précise le parquet. La police technique scientifique qui a comparé la voix de la bande avec celle de Jérôme Cahuzac conclut: «Sur une échelle de -2 à +4, la puissance de l'indice, c'est-à-dire de notre comparaison phonétique et automatique se situe à +2. Autrement dit le résultat de notre analyse renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu.»
» Qu'est-ce que le blanchiment de fraude fiscale?
Les juges d'instruction Le Loire et Van Ruymbeke, en charge de l'information judiciaire ouverte mardi, ont mis en examen l'ancien ministre pour des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale, et non pas directement sur la fraude elle-même. Une manœuvre habile, car les poursuites pour fraude fiscale sont soumises à un avis de la commission des infractions fiscales, placée sous l'autorité du ministère du Budget. Un conflit d'intérêt patent dans le cadre de l'affaire Cahuzac.
Le blanchiment de fraude fiscale est un délit qui consiste à réinjecter dans l'économie le fruit d'une évasion fiscale, par exemple en achetant un appartement avec l'argent placé sur un compte en Suisse. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, les juges devront d'abord vérifier l'existence du fameux compte et la provenance des fonds. Selon le parquet, un des témoins entendus par les enquêteurs affirme que les sommes versées «proviendraient de laboratoires pharmaceutiques», une industrie pour laquelle Jérôme Cahuzac a été consultant dans les années 1990. Les enquêteurs chercheront ensuite à déterminer comment cet argent - s'il existe - a été utilisé. Si le délit de blanchiment de fraude fiscale est constitué, le ministre démissionnaire risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
» La Suisse va-t-elle collaborer à l'enquête?
Le 31 janvier, les autorités suisses ont transmis des informations aux services fiscaux français indiquant, selon des proches du ministre cités par le JDD et Le Nouvel Observateur, que Jérôme Cahuzac n'a pas été titulaire d'un compte bancaire à l'UBS depuis 2006. Le document n'a cependant pas été rendu public et Mediapart, tout comme une source judiciaire française citée par l'agence Reuters, conteste l'interprétation qui en est faite par Bercy.
Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte mardi, la justice genevoise a reçu une demande d'entraide judiciaire venue de Paris. Les autorités suisses doivent désormais décider si elles y donnent suite ou pas. Aucun délai pour donner une réponse n'est imposé par la loi. Attachée au secret bancaire, la Suisse n'est pas réputée pour sa collaboration en matière fiscale. «Elle traîne des pieds. Sur 300 demandes, seulement 40 à 50 réponses sont jugées satisfaisantes par Paris», expliquait fin 2012 François d'Aubert, président du groupe d'évaluation du Forum fiscal mondial, à l'Agefi. Mais, face à la forte médiatisation de l'affaire Cahuzac, les autorités helvètes pourraient être forcées de collaborer, surtout si la justice française a recours à une commission rogatoire internationale.
Soutenu par le premier ministre qui lui a renouvelé sa "confiance", Jérôme Cahuzac juge "délirantes" les informations de Mediapart selon lesquelles il aurait détenu un compte bancaire en Suisse. Le ministre délégué au budget a démenti l'existence de ce compte qu'il aurait eu auprès de la banque UBS, et a mis en cause les sources avancées par le site d'information. Ce dernier a mis en ligne (article payant), mercredi soir, plusieurs documents, dont des extraits audio de conversations attribuées à M. Cahuzac.
Dans ces extraits, une voix peu audible mais ressemblant à celle du ministre explique détenir un compte en Suisse à l'UBS, et s'interroge sur la manière dont il pourrait fermer ce compte sans devoir se rendre dans la Confédération. "Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques", explique la voix.Mardi, Mediapart avait assuré que le ministre, qui a fait de la lutte contre l'évasion fiscale un de ses chevaux de bataille, que "ce compte a été formellement clos par Jérôme Cahuzac début 2010, quelques jours avant qu'il ne devienne président de la commission des finances de l'Assemblée nationale", lors d'un "discret déplacement à Genève". Le site évoque à cet égard le mémoire d'un agent du fisc du Sud-Ouest, Rémy Garnier, adressé en 2008 à sa hiérarchie, dans lequel il évoquait "un compte bancaire à numéro en Suisse" ouvert, selon lui, par Jérôme Cahuzac.
Des accusations vivement démenties par le ministre et son avocat, qui ont affirmé que Mediapart s'était principalement basé sur "un rapport, un document envoyé par un inspecteur des impôts du Lot-et-Garonne", a expliqué le ministre. Le document "dit que je possède une villa à Marrakech" et une résidence à La Baule et met "en cause les modalités du plan de financement de l'appartement que j'ai acquis en 1994", a poursuivi M. Cahuzac. L'avocat de Jérôme Cahuzac avait annoncé qu'il porterait plainte ce mercredi contre Mediapart pour diffamation.
PLAN DE FINANCEMENT
"Pour étayer [ses] accusations, [Mediapart se fonde ] sur un rapport d'un agent dont je viens de vous donner quelques éléments qui montrent que ces accusations sont, excusez-moi l'expression, délirantes", a insisté l'élu socialiste de Lot-et-Garonne. Il a par ailleurs ajouté que l'agent en question attaque dans le même document ses collègues et supérieurs hiérarchiques, accusés "d'incompétence" - des éléments que ne conteste pas Mediapart, mais le site explique que ces documents ont été "le point de départ" de son enquête, et non "sa conclusion" . Il se fonde "sur un deuxième élément : j'aurais payé mon appartement sur des modalités douteuses. Ces modalités ne sont pas douteuses".
Ce mercredi après-midi, M. Cahuzac a publié un plan de financement de l'appartement sur son blog, en promettant de publier également "dans les prochaines heures" l'acte d'achat intégral après l'avoir anonymisé. Un extrait de l'acte notarié mis en ligne par Mediapart ce mercredi soir indique que seul un tiers des sommes versées provenaient d'un prêt bancaire - ce qui n'est pas incompatible avec le plan de financement publié par M. Cahuzac, plus détaillé, selon lequel une part importante des sommes engagées provenaient de la vente de biens immobiliers.
"SOLIDARITÉ" DU GOUVERNEMENT
A l'issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a assuré que le président de la République et le gouvernement avaient affiché leur "solidarité" avec le ministre du budget, "qui traverse un épisode particulièrement désagréable". "Jérôme Cahuzac se défend parfaitement en présentant la vérité des faits, a ajouté Mme Vallaud-Belkacem. (...) Il a fourni des éléments suffisamment objectifs pour faire tomber les allégations de Mediapart."
Accusation de fraude fiscale : Jérôme Cahuzac... par lemondefr
Pour Mediapart, c'est une bonne journée, non ?
Toute une partie de la presse, après avoir refusé de prendre au sérieux les informations de Mediapart, va maintenant accabler Jérôme Cahuzac. Mais je vous le dis : ce ne sera pas le cas de Mediapart. On essaie tout simplement de comprendre. Nos informations ont maintenant été validées par le principal intéressé, il s'agit maintenant de comprendre. Pourquoi a-t-il menti, à quoi servaient ces comptes, et d'où venait cet argent ? Ce sont les seules questions qui nous intéressent.
Toute une partie de la presse, après avoir refusé de prendre au sérieux les informations de Mediapart, va maintenant accabler Jérôme Cahuzac. Mais je vous le dis : ce ne sera pas le cas de Mediapart. On essaie tout simplement de comprendre. Nos informations ont maintenant été validées par le principal intéressé, il s'agit maintenant de comprendre. Pourquoi a-t-il menti, à quoi servaient ces comptes, et d'où venait cet argent ? Ce sont les seules questions qui nous intéressent.
Ses aveux ont surpris tout le monde...
Cela doit interpeller d'abord ceux qui ont cru ses mensonges. Il est quand même stupéfiant d'avoir une République où il suffit de jurer les yeux dans les yeux face à des faits documentés faits par une enquête loyale et sérieuse de journalistes, pour nier des faits posés sur la table. Cela pose le problème de notre culture démocratique, qu'il s’agisse de nos politiques ou d'une partie de notre système médiatique.
Cela doit interpeller d'abord ceux qui ont cru ses mensonges. Il est quand même stupéfiant d'avoir une République où il suffit de jurer les yeux dans les yeux face à des faits documentés faits par une enquête loyale et sérieuse de journalistes, pour nier des faits posés sur la table. Cela pose le problème de notre culture démocratique, qu'il s’agisse de nos politiques ou d'une partie de notre système médiatique.
Pourquoi a-t-il menti si longtemps selon vous ?
A un moment, il s'est retrouvé face à la vérité des faits. Mais je persiste à penser qu'il ne se serait pas enfermé dans on mensonge sans le concours du système politique et médiatique. S'ils avaient posé les bonnes questions depuis les révélations de Mediapart, Jérôme Cahuzac ne se serait pas ainsi enfermé dans son mensonge.
A un moment, il s'est retrouvé face à la vérité des faits. Mais je persiste à penser qu'il ne se serait pas enfermé dans on mensonge sans le concours du système politique et médiatique. S'ils avaient posé les bonnes questions depuis les révélations de Mediapart, Jérôme Cahuzac ne se serait pas ainsi enfermé dans son mensonge.
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