Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine démissionne et confie l'intérim à la tête de l'Etat au premier ministre, Vladimir Poutine. © Reuters.
De l’argent sale en provenance de l’entreprise américaine Hewlett-Packard a aidé l’autocrate russe Vladimir Poutine à consolider son pouvoir, révèlent dans une enquête au long cours David Crawford et Marcus Bensmann, journalistes pour notre partenaire allemand CORRECT!V. La cour de justice régionale de Leipzig devrait bientôt statuer sur cette vaste affaire de corruption.
La cour de justice régionale de Leipzig devrait bientôt statuer sur une vaste affaire de corruption. Le ministère public accuse l’entreprise américaine Hewlett-Packard (HP) d’avoir payé au moins 7,6 millions d’euros de pots-de-vin à de hauts fonctionnaires russes, afin de protéger sa position dominante sur le marché russe.
En réalité, les documents révèlent un scandale bien plus important. C’est Vladimir Poutine lui-même qui a autorisé cette affaire. Les pots-de-vin d’HP lui ont permis d’acheter la loyauté de toute une bande de procureurs, l’aidant ainsi à prendre le contrôle de tout le système judiciaire russe.
Le scandale peut être résumé en une phrase : l’argent sale de l’entreprise américaine Hewlett-Packard a aidé l’autocrate russe Vladimir Poutine à asseoir son pouvoir.
Les faits
- En novembre 1999, Vladimir Poutine lance une procédure d’achat d’un réseau informatique pour les services du procureur général. Le fabricant américain Hewlett-Packard remporte le contrat, bien que son offre ne soit pas la moins chère. HP exprime sa reconnaissance en payant au moins 7,6 millions d’euros en pots-de-vin.
- L’argent finit dans les poches de fonctionnaires russes, parmi lesquels on trouve des procureurs et des agents des services secrets. Depuis, aucun procureur général russe n’a lancé d’enquête sur Poutine.
- Le contrat n’aurait pas été possible sans l’aide des Allemands : la transaction d’HP était couverte par une garantie d’exportation d’Euler Hermes, qui appartient au groupe allemand Allianz.
Une caisse noire en Saxe
Les histoires les plus importantes commencent parfois de manière tout à fait banale. Celle-ci débute en 2007, dans la petite ville allemande de Delitzsch, en Saxe, où des fonctionnaires du fisc enquêtent sur un revendeur d’ordinateurs du nom de Ralf K., membre de la CDU (parti chrétien démocrate) et représentant à l’assemblée de district de Saxe du Nord.
Il faut peu de temps aux fonctionnaires pour tomber sur des transactions suspectes, d’un montant total de 21 millions d’euros, qui ne collent pas avec les transactions habituelles de la petite entreprise. Les comptes laissent apparaître des contrats de plusieurs millions d’euros en Russie, alors même que l’entreprise n’avait ni le personnel ni la logistique pour assurer ce genre de contrats.
Il y a anguille sous roche. On fait donc appel aux services du procureur général ainsi qu’à l’Unité d’enquête intégrée de Saxe (INES), spécialisée dans les affaires de corruption complexes. La police épluche des piles de documents et découvre toujours plus de connexions et de comptes remontant de plus en plus haut. En peu de temps, cette affaire de fraude fiscale d’un petit entrepreneur de Delitzsch devient une affaire de corruption menant tout droit au sommet de l’État russe.
L’origine de cet argent est rapidement découvert : il provient de Hewlett-Packard, le géant américain de l’informatique. Ralf K. aurait mis en place dès 2004 une caisse noire, en concertation avec HP. Une filiale allemande d’Hewlett-Packard a livré des ordinateurs et logiciels pour environ 11 millions d’euros à Ralf K., puis celui-ci les a revendus à HP pour environ 21 millions d’euros, générant au final, une fois les charges déduites, un profit de 9,3 millions d’euros.
L’accord : au moins 7,6 millions d’euros à payer.
De l’argent sale que Ralf K. répartit ensuite sur divers comptes partout dans le monde.Mais Ralf K. n’est qu’un homme de main, un pion dans un jeu beaucoup plus important. Il ne prend pas ses ordres d’HP, mais du Russe Sergej B. Ils sont amis depuis le début des années 90, quand Sergej B. effectue un stage en Saxe. Par la suite, le Russe et l’Allemand montent tous deux des entreprises aux noms quasiment identiques et font des affaires ensemble à travers tout l’ex-empire soviétique.
Les enquêteurs arrivent également à identifier les récipiendaires de cet argent sale – au premier rang desquels se trouvent de hauts fonctionnaires des services secrets russes et du bureau du procureur général. Le procureur général adjoint Yuri Biryukov, un petit homme dur comme l’acier avec une voix rauque, signe les papiers qui mettent ces pots-de-vin en place, quitte à les falsifier lorsqu’il le faut.
C’est un personnage important de la pyramide du pouvoir de Poutine. Ainsi en 2003, lorsque la compagnie pétrolière Yukos est démantelée et que son patron, l’oligarque Mikhaïl Khodorkovsky, est envoyé en prison, c’est ce même Yuri Biryukov qui signe le mandat d’arrêt.
À partir de 2004, assurent les enquêteurs, les pots-de-vin négociés par Biryukov transitent via des sociétés-écrans vers des employés du bureau du procureur général et des services secrets, que l’on n’appelle plus KGB mais FSB.
Que signifie tout cela ?
Nous sommes restés perplexes sur ce sujet un certain temps.
L’affaire des pots-de-vin d’HP – qui pourrait rapporter à la Saxe des centaines de millions d’euros en dommages et intérêts – n’est-elle qu’un énième scandale de corruption dans un pays traditionnellement corrompu ?
Ou bien se cache-t-il encore autre chose derrière ?
Oui, il y a bien autre chose.
Hewlett-Packard épinglé pour avoir versé des pots-de-vin en Russie
D'après le gendarme boursier américain, la SEC, HP a versé via plusieurs intermédiaires « plus de 2 millions de dollars aux autorités russes pour obtenir un contrat de plusieurs millions de dollars portant sur la fourniture de matériel et logiciels informatiques destinés au bureau du procureur général ».
HP a également reconnu avoir commis des actes similaires en Pologne et au Mexique et a accepté de payer 108 millions de dollars d'amendes pour mettre fin aux enquêtes ouvertes par les autorités américaines sur ces cas de corruption.
En Pologne, la filiale de HP a offert pour 600.000 dollars de cadeaux et d'argent liquide pour obtenir un contrat avec la police locale, tandis qu'au Mexique le groupe a payé plus de 1 M USD à un conseiller lié aux autorités en vue de remporter un appel d'offres pour la livraison de logiciels à une compagnie pétrolière publique.
Selon un communiqué diffusé par le département américain de la Justice, les filiales de HP ont mis en place un réseau complexe de sociétés écrans et de comptes bancaires pour blanchir l'argent, employé des doubles comptes pour suivre les bénéficiaires des pots-de-vin et utilisé des messageries en ligne anonymes et des téléphones mobiles prépayés pour arranger des réunions secrètes où s'échangeaient des sacs d'argent liquide.
Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/news/2014_04_10/Hewlett-Packard-epingle-pour-avoir-verse-des-pots-de-vin-en-Russie-3662/
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