En France, selon la Fédération française bancaire, la banque, c'est 370.000 salariés, dont 70% c'est à dire 260.000, travaillent dans ce que l'on appelle le réseau, les agences. Et sur ces 260.000, plus de la moitié (52%) sont des commerciaux (pour le client on les appelle des "conseillers"). Ces 135.200 conseillers sont ceux qui ont pour job de nous convaincre d'acheter les produits bancaires. Le but c'est de faire avaler au client le maximum de "produits"; c'est une forme de "conseil" un peu particulier...Et la vie quotidienne du conseiller n'est pas toujours très drôle (voirICI un témoignage). Que savent-ils vraiment conseiller?
Philippe Herlin, dans son ouvrage " La fin des banques", d'où je tire ces chiffres, trouve que ça fait beaucoup de monde; d'autant que les métiers de management et de support (marketing, ressources humaines, juridique, comptabilité) représentent encore 21% des effectifs, et le traitement des opérations (informatique, traitement des opérations bancaires) 27% des effectifs, soit 70.000 personnes.
Ces réseaux vont-ils durer encore longtemps? Philippe Herlin fait la prévision de la fermeture de la dernière agence bancaire pour...2025.
Juste pour comparer, Paypal, avec 200 millions de comptes, n'emploie que 13.000 salariés. Paypal n'a pas ces "conseillers" ni agences; et pour les opérations, même si ils ne traitent pas les chèques ni le cash, sont loin d'avoir les 70.000 personnes pour traiter les opérations.
Aujourd'hui, les consommateurs entrent en contact avec leur banque via le numérique (et surtout le mobile) dans 86% des cas. C'est pourquoi les acteurs de l'internet vont être de plus en plus en première ligne pour la relation client ( Orange avec Orange Money, et plus, Apple, Amazon, Paypal,...). De quoi mettre la banque de côté. La réponse de ces banques consistant à créer des banques en ligne n'est pas une vraie réponse, car le modèle ne change pas vraiment : les commerçants continuent à payer des frais de l'ordre de 2 à 3% sur les achats par carte bancaire. Alors que les acteurs du web proposent des modèles où les frais sont dix fois moins chers. Et pas besoin de "conseillers" si les produits sont compétitifs et convaincants.
Les banques, dans leur déni (il y en a cinq), imaginent que l'on va faire de l' "omnicanal", où le client fera des allez-retour entre le web et ce "conseiller" au sourire tellement sympa,...Mais pour quel "conseil" que l'on ne trouvera pas ailleurs? Qui vient dans les agences?
C'est la même histoire que les hôtels, les taxis, AirBnb,Über, etc...
Une étape décisive sera la montée en puissance du paiement par mobile et smartphone, et donc la disparition de la carte bancaire, précisément l'outil qui a permis aux banques, avec les frais qu'elles prélèvent sur les commerçants, de s'approprier pas mal de revenus. Philippe Herlin estime que ces cartes bancaires rapportent 2,7 milliards d'euros aux banques (alors que les chèques, eux, coûtent 2,4 milliards d'euros). Pour le commerçant, c'est jusqu'à 3 à 5% de son chiffre d'affaires (commission sur la transaction, location du lecteur de carte, ligne téléphonique dédiée, commission interbancaire lorsque la banque du client est différente de celle du client, intégration à un logiciel de facturation de comptabilité, etc...).
Avec les nouvelles technologies et les nouveaux acteurs, c'est précisément ces cartes bancaires en plastique, gérées par les banques traditionnelles, qui sont menacées. Et l'on voit bien le danger : les cartes bancaires une fois désintermédiées, et donc les profits qui vont avec, il restera aux banques le traitement des chèques et la fourniture d'argent liquide dans les distributeurs, deux postes qui coûtent et ne rapportent rien aux banques. Il y a 56.000 distributeurs de billets en France, qui coûtent aux banques 2,6 milliards d'euros aux banques tous les ans.
C'est pourquoi on peut penser, comme Philippe Herlin, que les banques seront la sidérurgie de la prochaine décennie. Avec du souci pour les 135.000 "conseillers" qui, pour le moment, servent à faire des blagounettes sur le service client dans les publicités des banques.
Quand assisterons-nous à leur réveil? 135.000 personnes qui se réveillent en même temps; ça promet de belles batailles de polochons !
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