AFP
Il a été témoin et chroniqueur forcé de la folie exterminatriceallemande. Wilhelm Brasse, le "photographe d'Auschwitz" est mort le 23 octobre à l'âge de 95 ans dans la ville où il était né, à Zywiec en Pologne. Ses clichés montrent des humains terrifiés, des victimes d'expériences médicales - et aussi des SS détendus. Les innombrables photos que Wilhelm Brasse a faites des détenus du camp de concentration d'Auschwitz témoignent de la minutie avec laquelle l'Allemagne enregistrait les faits et gestes de sa fureur exterminatrice.
Le Polonais Wilhelm Brasse est arrivé le 31 août 1940 au camp de concentration d'Auschwitz après avoir été arrêté par les Allemands alors qu'il tentait de passer en Hongrie. Comme il parlait allemand et qu'il avait suivi une formation de photographe à Katowice [en Silésie, au sud de la Pologne], les SS l'employèrent comme photographe au service anthropométrique.
Il indiqua avoir photographié de 40 000 à 50 000 détenus entre 1940 et 1943, envahi d'une grande honte face à ces gens morts de peur qu'il devait prendre en photo. Mais s'il avait refusé, il aurait été un homme mort. Brasse devait aussi tirer le portrait des SS. "J'en ai fait plusieurs centaines. Il leur fallait des photos pour la carte d'accès au camp et pour envoyer à leur femme", avait-il expliqué à la Süddeutsche Zeitung en 2010. "Installez-vous confortablement, détendez-vous, pensez à votre mère-patrie", conseillait-il ainsi, par exemple au gradé SS Maximilian Grabner [l'un des bourreaux d'Auschwitz], ce à quoi le nazi aurait souri gentiment. Grabner a été condamné à mort en 1947 [et exécuté par pendaison en 1948] pour le massacre d'au moins 25 000 personnes.
Brasse devait également graver sur la pellicule les expériences médicales du célèbre Josef Mengele et notamment les stérilisations qu'un médecin juif et des détenus effectuaient sur les femmes. "Je savais qu'elles allaient mourir, avait confié Brasse au quotidien The Guardian en 2005. Mais elles, elles ne le savaient pas. Elles étaient si belles et pleines de vie." Le photographe se souvenait avec épouvante des premiers tests du Zyklon-B [un insecticide contenant un gaz toxique] en septembre 1941. Plus de 800 Russes et Polonais furent rassemblés dans le Bloc 11 et sauvagement assassinés pendant que Brasse filmait la scène. La joie sadique avec laquelle les SS se mettaient à l'ouvrage était particulièrement répugnante, avait confié le photographe.
A partir de juillet 1943, l'Office Central de la Sécurité du Reich, qui siégeait à Berlin, renonça à photographier les détenus à cause de la pénurie de matériel photographique, et préféra leur tatouer des chiffres sur l'avant-bras. Seuls les prisonniers allemands furent photographiés jusqu'en 1945.
Peu avant la libération du camp, en janvier 1945, Brasse reçut l'ordre de détruire tout le matériel mais il ne s'exécuta qu'en partie et préserva ainsi des preuves précieuses. Il mettait le feu aux tirages et aux négatifs sous la surveillance de son supérieur, mais éteignait les flammes dès que celui-ci avait quitté la pièce.
Peu avant la libération, Wilhelm Brasse fut déporté à Mauthausen [en Autriche] où il faillit mourir de faim. Le camp fut libéré par les Américains
le 5 mai 1945. Par la suite, Brasse fonda un foyer et connut une vie normale. Il s'essaya à nouveau au portrait photographique, mais en vain: le passé ne le lâchait pas. "Chaque fois que je regardais dans le viseur, je voyais les jeunes filles juives."
40 000 photos sauvées
Wilhelm Brasse était d'origine autrichienne et
polonaise, comme nombre d'habitants de sa région natale, la Silésie, qui
avait appartenu à la dynastie autrichienne des Habsbourg jusqu'en 1917.
Lorque l'Allemagne envahit la Pologne en 1939, Wilhem Brasse refuse de
s'enregistrer sur la "Volksliste“, une liste que les nazis établissaient
pour attribuer la nationalité allemande à des citoyens polonais
germanophones. Il refuse de rejoindre l'armée allemande, et tente de
sortir du pays par la Hongrie pour rejoindre l'armée polonaise.
Après sa libération, Wilhelm Brasse a contribué à l'élaboration du Musée d'Auschwitz qui fut créé en 1947. Il consacra une grande partie de son temps dans les années d'après-guerre à témoigner sur l'Holocauste, notamment dans les écoles en Allemagne.
Grâce aux risques pris par le photographe qui ne détruisit pas toutes les photos comme les nazis le lui ordonnaient, quelque 40 000 clichés ont pu être sauvés.
En 2005, le réalisateur polonais Irek Dobrowolski a consacré à Wilhelm Brasse un documentaire, “Portrecista“ (Le Portraitiste).
Après sa libération, Wilhelm Brasse a contribué à l'élaboration du Musée d'Auschwitz qui fut créé en 1947. Il consacra une grande partie de son temps dans les années d'après-guerre à témoigner sur l'Holocauste, notamment dans les écoles en Allemagne.
Grâce aux risques pris par le photographe qui ne détruisit pas toutes les photos comme les nazis le lui ordonnaient, quelque 40 000 clichés ont pu être sauvés.
En 2005, le réalisateur polonais Irek Dobrowolski a consacré à Wilhelm Brasse un documentaire, “Portrecista“ (Le Portraitiste).
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