Par Kevin Barrett et HSN, le 12 juillet 2013
De récentes études de la part de psychologues et sociologues aux USA et au Royaume-Uni suggèrent qu’à l’inverse des stéréotypes des médias mainstream, ceux qui sont étiquetés « conspirationnistes » apparaissent plus sains que ceux qui acceptent les versions officielles des événements.
L’étude la plus récente a été publiée le
8 juillet par les psychologues Michael J. Wood et Karen M. Douglas de
l’Université de Kent (Royaume-Uni). Intitulée « What about Building 7? A social psychological study of online discussion of 9/11 conspiracy theories » (Et
pour le Bâtiment 7? Une étude socio-psychologique de discussions en
ligne sur les théories de la conspiration autour des attentats du 11 septembre 2001, ndt), l’étude faisait la comparaison entre les commentaires « conspirationnistes » (pro-théorie de la conspiration) et « conventionnalistes » (anti-conspiration) sur des sites web d’information.
Les auteurs ont été surpris de découvrir
qu’il est maintenant plus conventionnel de laisser des commentaires
soi-disant conspirationnistes que conventionnalistes: « Sur les 2174
commentaires recueillis, 1459 furent définis comme conspirationnistes et
715 comme conventionnalistes. » En d’autres termes, parmi les gens qui
commentent les articles d’information, ceux qui ne croient pas aux
explications gouvernementales d’événements tels que le 11 septembre ou
l’assassinat de JFK
dépassent en nombre ceux qui y croient par un facteur de plus de deux
contre un. Ceci veut dire que ce sont les commentateurs pro-théorie de
la conspiration qui expriment ce qui est reconnu comme la sagesse
populaire conventionnelle, tandis que les commentateurs
anti-conspiration deviennent une minorité isolée.
Peut-être parce que leurs opinions
soi-disant mainstream ne représentent plus la majorité, les
commentateurs anti-conspiration ont souvent témoigné de la colère et de
l’hostilité: « L’étude… a démontré que les gens qui favorisaient la
version officielle du 11 septembre étaient en général plus hostiles
quand ils essayaient de convaincre leurs opposants. »
De plus, il s’est avéré que les gens
anti-conspiration étaient non seulement plus hostiles, mais
fanatiquement attachés à leurs propres théories de la conspiration.
Selon eux, leur propre théorie pour le 11 septembre – une théorie de la
conspiration affirmant que 19 Arabes, aucun d’entre eux ne sachant
piloter un avion efficacement, ont perpétré le crime du siècle sous la
direction d’un mec sous dialyse dans une caverne en Afghanistan – était
indiscutablement vraie. Les soi-disants conspirationnistes, par contre,
ne prétendaient pas avoir de théorie expliquant complètement les
événements du 11 septembre: « Pour ceux qui pensent que le 11 septembre
était une conspiration du gouvernement, l’attention ne se porte pas sur
la promotion d’une théorie en particulier, mais sur le démontage de la
version officielle. »
Bref, cette nouvelle étude par Wood et
Douglas suggère que le stéréotype négatif du conspirationniste – un
fanatique hostile scotché à la vérité de sa propre théorie personnelle
marginale – décrit avec précision les gens qui défendent la version
officielle du 11 septembre, pas ceux qui la contestent.
De plus, l’étude a démontré que les
soi-disants conspirationnistes discutent du contexte historique (tel que
voir l’assassinat de JFK comme précurseur du 11 septembre) plus que les
conventionnalistes. Elle a également découvert que les soi-disants
conspirationnistes n’aiment pas se faire appeler ainsi, ou « théoriciens
de la conspiration ».
Ces deux découvertes sont amplifiées par le nouveau livre « Conspiracy Theory in America » (La Théorie de la Conspiration aux USA, ndt)
écrit par le politologue Lance DeHaven-Smith, publié plus tôt cette
année par University of Texas Press. Le Professeur DeHaven-Smith
explique pourquoi les gens n’aiment pas se faire traiter de
« conspirationnistes »: le terme fut inventé et fait circuler par la CIA
pour critiquer et railler les gens qui demandaient des comptes sur
l’assassinat de J.F. Kennedy! « La campagne de la CIA pour rendre
populaire le terme « théorie de la conspiration » et l’adhésion à de
telles théories la cible de railleries et d’hostilité doit, hélas,
recevoir le crédit d’avoir été l’une des initiatives de propagande les
plus réussies de tous les temps. »
En d’autres mots, les gens qui se
servent des termes « théorie de la conspiration » et
« conspirationniste » comme insulte le font comme résultante d’une
conspiration réelle, largement documentée et incontestée par la CIA pour
étouffer l’enquête sur l’assassinat de JFK. Cette campagne, au fait,
était totalement illégale, et les agents de la CIA impliqués sont des
criminels; la CIA n’a pas le droit de mener des opérations domestiques,
mais enfreint régulièrement la loi pour ce faire dans des opérations
domestiques allant de la propagande aux assassinats.
DeHaven-Smith explique aussi pourquoi
ceux qui doutent des explications officielles de « crimes importants »
sont enthousiastes pour discuter du contexte historique. Il souligne
qu’un grand nombre d’affirmations de conspirations se sont avérées être
fondées, et qu’il semble y avoir des liens forts entre beaucoup de
« crimes de l’état contre la démocratie » encore irrésolus. Un exemple
évident est le lien entre les assassinats de John F. Kennedy et son
frère Robert F. Kennedy, qui ont toutes deux pavé le chemin de
présidences qui ont continué la guerre du Vietnam. Selon DeHaven-Smith,
nous devrions toujours discuter des « assassinats Kennedy » au pluriel,
parce que les deux meurtres semblent être des aspects du même crime plus
large.
La psychologue Laurie Manwell de
l’Université de Guelph est d’accord pour dire que l’étiquette « théorie
de la conspiration » conçue par la CIA dérange les fonctions cognitives.
Elle souligne, dans un article publié dans American Behavioral Scientist
(2010) que les gens qui sont anti-conspiration ne peuvent pas penser
clairement à propos de tels crimes apparents contre la démocratie que le
11 septembre à cause de leur incapacité à gérer des informations en
conflit avec une croyance pré-établie.
Dans le même numéro de ABS, le
Professeur de l’Université de Buffalo Steven Hoffman ajoute que les gens
anti-conspiration sont typiquement la proie d’une « forte tendance à la
confirmation » – c’est-à-dire, ils recherchent des informations qui
confirment leurs croyances pré-établies, tout en se servant de
mécanismes irrationnels (tel le label « théorie de la conspiration »)
pour éviter des informations conflictuelles.
L’irrationalité extrême de ceux qui
s’attaquent aux « théories de la conspiration » a été aptement exposée
par les Professeurs en communication Gina Husting et Martin Orr de Boise
State University. Dans un article de 2007, lu par la communauté
scientifique et intitulé « Dangerous Machinery: ‘Conspiracy Theorist’ as a Transpersonal Strategy of Exclusion » (Machinerie Dangereuse: ‘Conspirationniste’ comme Stratégie Transpersonnelle d’Exclusion, ndt), ils ont écrit:
« Si je vous appelle
conspirationniste, cela importe peu que vous ayez réellement affirmé
qu’une conspiration existe ou que vous ayez simplement soulevé un sujet
que je préfèrerais éviter… En vous étiquetant ainsi, je vous exclus
stratégiquement de la sphère où la parole, le débat et les conflits
publics prennent place. »
Mais maintenant, grâce à l’Internet, les
gens qui doutent des histoires officielles ne sont plus exclus de la
conversation publique; la campagne de la CIA vieille de 44 ans pour
étouffer le débat en utilisant la raillerie « conspirationniste » est
usée jusqu’à la corde. Dans les études académiques, comme dans les
commentaires des articles d’informations, les voix pro-théorie de la
conspiration sont désormais plus nombreuses – et plus rationnelles – que
celles qui sont anti-conspiration.
Pas étonnant que les gens anti-conspiration ressemblent de plus en plus à des cinglés hostiles et paranoïaques.
Traduction :
http://globalepresse.com/2013/07/12/nouvelle-etude-les-conspirationnistes-sont-sains-les-suiveurs-des-gouvernements-sont-fous-hostiles/
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