jeudi 12 juin 2014

Les cinq commandements du cadre digital

jeudi 12 juin 2014

Quelles compétences et qualités devra particulièrement  développer le cadre digital de demain ? Quels défis devra-t-il relever ? Le point avec Pierre Cannet, fondateur du cabinet de recrutement Blue-Search.

AUTEUR
Pierre Cannet est fondateur et PDG de Blue-Search Conseil et délégué général du Club des directeurs des ressources humaines (DRH) du Net. Depuis bientôt 15 ans, il conseille les startups, les pure players... 
 
C'est entendu, le digital est entré dans nos vies, il innerve les organisations des entreprises et concerne de plus en plus de salariés.  


Les cadres dédiés au digital, qui ont fait leur apparition il y a environ quinze ans dans les organigrammes des entreprises (dans la vente par correspondance, dans le tourisme, dans l'informatique) sont de plus en plus nombreux, et trouvent des débouchés dans tous les secteurs de l'économie (retail, grande consommation, luxe, industrie, administration, conseil).

L'acclimatation de ces "nouvelles tribus" a été parfois difficile : les cadres digitaux dont beaucoup appartiennent à cette "génération Y", à la fois passionnée et insaisissable, se sont heurtés à des conservatismes et à des résistances de la part des structures et équipes en place.

En 2014, l'évangélisation est pour l'essentiel réalisée, mais les travaux d'Hercule ne sont pas pour autant terminés. Les prochains chantiers sont considérables ; il s'agit ni plus ni moins de passer de la parole aux actes. Le nouvel évangile que devra réciter le cadre du digital sera composé de cinq commandements quasiment indissociables.

1. Mes équipes, je saurai manager
Les cadres du digital savent-ils manager ? Ils n'ont que rarement été recrutés pour cela. On les a plutôt embauchés pour bousculer les habitudes et apporter une expertise.
Mais les enjeux sont tels que le responsable devient "encadrant" et que demain ses équipes seront plus importantes encore et sans doute hétéroclites. Un DRH d'une grande entreprise du retail me confiait avoir l'intention de faire grossir ses équipes e-commerce mais il ajoutait : "Je ne le ferai pas par mobilité interne mais en recrutements externes". Au manager de savoir encadrer des équipes hétéroclites à la fois composées de jeunes geeks et de seniors de la distribution ou de la grande consommation.

2. Avec mes homologues, je prendrai un café
Les organisations digitales sous forme de filiales sont de plus en plus rares. La plupart des groupes rapatrient le digital dans leur maison mère. Souvent, la fusion des équipes "old" et "nouvelle économie" ne se fait pas sans mal. Cette tendance va se poursuivre et l'un des enjeux du cadre digital sera de savoir travailler avec ses homologues des autres directions. Lorsqu'en tant que directeur de cabinet de recrutement, on me briefe pour une mission digitale insérée dans une grande entreprise, mon client insiste souvent sur la recherche d'un cadre emphatique, convaincant mais aussi diplomate.
L'ère des geeks autistes est révolue, demain le cadre du digital sera connivent et communiquant.

3. Mon esprit de chasseur de tendances et de nouvelles technologies, je conserverai
On ne recrute pas un cadre digital pour reproduire, conserver et gérer. On l'embauche pour innover, faire bouger, sinon révolutionner, du moins réformer. Si l'ère des conquistadors s'est achevée, le cadre du digital doit garder sa capacité à sentir les tendances, mettre le client au centre du terrain et bouleverser les habitudes.

4. Au multicanal je penserai
Il n'y aura pas demain de digital sans commerce : e-commerce, m-commerce, objets connectés... Y compris dans les groupes de grande consommation qui lanceront leurs propres boutiques de commerce en ligne. De ce fait, le cadre digital sera multicanal ou ne sera pas.

5. Du business je ferai
On louait le cadre digital pour ses paroles, son imagination, sa fantaisie et son côté disruptif. On le jugera à ses actes, à ses performances, à sa capacité à apporter des clients, du chiffre d'affaires... Et de la marge. Les décisions des groupes sont et seront radicales si elles perçoivent que l'acquisition de compétences ou de sociétés dégradent leurs comptes...
Parce qu'il est aujourd'hui un jeune adulte majeur, le cadre digital a, à la fois, de grands devoirs et de plus grandes responsabilités. Les groupes et les ETI (entreprises de taille moyenne) abandonnent tous (les uns après les autres) le modèle du digital clivé et éloigné du coeur de l'entreprise.
Au cadre du digital de savoir porter son action au centre de l'entreprise, pour passer de la transformation déclamée à la conduite du changement réel.

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