vendredi 11 mars 2011

La vague frappe la centrale de Fukushima Dai-ichi

Cet article a été initialement publié sur L'Express.fr, le vendredi 11 mars 2011. Depuis, trois mois ont passé et les nouvelles en provenance du site nucléaire de Fukushima ne cessent d'être mauvaises. La radioactivité présente sur le site est en fait deux fois supérieure à ce qui avait été annoncé précédemment et le gouvernement a confirmé la fusion des trois réacteurs et le percement des cuves par le corium. Le scénario inédit d'une sortie du corium hors de l'enceinte de confinement se précise, laissant les scientifiques indécis sur les conséquences que cela pourrait avoir: contamination des sols, des nappes phréatiques ou encore explosions de vapeur en contact avec l'eau sont envisageables. Le cauchemar nucléaire se poursuit pour les dizaines de milliers de réfugiés dans la région.

Certains sismologues engagés dans le mouvement antinucléaire alertent depuis plusieurs années l'opinion publique sur la présence de failles sismiques sous certaines centrales nucléaire. Et ils s'inquiètent de la possibilité d'un genpatsu-shinsai, une catastrophe nucléaire qui serait provoquée par un tremblement de terre.

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A la centrale d'Onagawa, disposant de trois réacteurs et située au plus près de l'épicentre, un début d'incendie a été constaté. Mais le danger pourrait surtout venir des deux centrales de la préfecture de Fukushima formant un complexe de dix réacteurs. Trois réacteurs de Fukushima-1 (Fukushima Daiichi) ont connu un arrêt d'urgence avec de très graves disfonctionnements notamment lors du refroidissement de deux des réacteurs, selon l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle (NISA). Les générateurs diesel ne se seraient pas mis en marche entraînant une baisse des eaux de refroidissement. La Compagnie d'électricité de Tokyo (Tepco) a fait venir en urgence, avec l'aide des forces d'autodéfense, neuf autres générateurs de secours. La population a été évacuée dans un rayon de trois kilomètres autour de cette centrale et le gouverneur de Fukushima, Satô Yûhei, a recommandé aux personnes habitants dans un rayon de dix kilomètres de ne pas sortir de chez eux. Pour l'heure, les compagnies d'électricité qui gèrent le parc nucléaire n'ont déclaré aucune fuite radioactive. Mais le gouvernement n'exclut pas cette possibilité. Des répliques prévues dans cette région pourraient être catastrophiques comme le montre certains précédents.

Troisième producteur mondial d'énergie nucléaire

Avec 55 réacteurs nucléaires, le Japon est le troisième producteur au monde d'énergie nucléaire, après les Etats-Unis et la France. A l'instar de la France, l'Archipel a fait le choix du nucléaire très tôt, en raison d'un manque de ressources énergétiques. Le nucléaire représente ainsi plus de 30% de l'électricité au Japon. En 1954, la contamination d'un bateau de pêche japonais par un essai nucléaire américain, au large de l'atoll de Bikini, souleva une vague de protestation et donna naissance au mouvement antinucléaire. Dans les années 1980, avec la catastrophe de Tchernobyl, qui a eu un fort retentissement au Japon, un mouvement spécifiquement opposé au nucléaire civil s'organisa autour de groupes comme le Citizen's Nuclear Information Center (CNIC) ou Green Action. En 1991, le gouvernement décida d'arrêter de produire des sondages d'opinion sur le nucléaire: l'opposition au nucléaire avoisinait les 90%.

Depuis, le rapport qu'entretient la population japonaise avec son industrie nucléaire ne s'est guère amélioré. Il faut dire qu'une longue série d'incidents a eu lieu dans les centrale nucléaires nippones depuis le début des années 1990, à Monju, Tôkai et Mihama, causant parfois la mort de travailleurs. En 2007, le tremblement de terre de Chuetsu-oki avait endommagé partiellement l'immense centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, dans la préfecture de Niigata. Pour la première fois de son histoire, le Japon voyait une de ses centrales gravement touchée. Un incendie avait eut lieu dans un transformateur et plusieurs centaines de fûts radioactifs s'étaient renversés. Enfin, et malgré les dénégations de Tepco, 1200 litres d'eau radioactive s'était déversée dans la mer. Selon un sondage du Japan Atomic International Forum de 2008, seul 27% des hommes et 9% des femmes interrogés pensent que "l'énergie nucléaire est nécessaire."

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