vendredi 18 mai 2012

Théorie des intelligences multiples

La théorie des intelligences multiples suggère qu'il existe plusieurs types d'intelligence chez l'enfant d'âge scolaire et aussi, par extension, chez l'Homme. Cette théorie fut pour la première fois proposée par Howard Gardner en 1983.




L'origine de la théorie

Lorsque Howard Gardner publia son livre Frames of Mind: the Theory of Multiple Intelligence en 1983, il introduisit une nouvelle façon de comprendre l'intelligence des enfants en échec scolaire aux États-Unis. Une traduction française de ce livre a été publiée en 1997 sous le titre Les formes de l'intelligence (Odile Jacob). Il y présentait sept catégories d'intelligence. Beaucoup de discussions eurent lieu, et ont encore lieu, sur ces intelligences. Avec le temps, une autre intelligence fit son entrée : l'intelligence naturaliste.

Intelligences multiples et polymathes

Selon certains auteurs, l'existence de polymathes invalide cette théorie1. En effet, les formes d'intelligence sont pour Gardner exclusives : un individu est soit porté vers les sciences, soit vers les arts[réf. nécessaire]. Or, les polymathes réunissent couramment et simultanément quatre ou cinq formes d'intelligence.

L'intelligence sociale

Avec ses rapports L'état social de la France, Jean-François Chantaraud développe une autre forme d'intelligence : l'intelligence sociale est la capacité à réfléchir ensemble pour définir ensemble la notion existentielle de l'être ensemble, support à l'agir ensemble pour réussir ensemble dans la durée.

Les diverses catégories d'intelligence pour Howard Gardner

 

L’intelligence logico-mathématique

Les personnes qui ont une intelligence logico-mathématique développée possèdent la capacité de calculer, de mesurer, de faire preuve de logique et de résoudre des problèmes mathématiques et scientifiques. Ils analysent les causes et les conséquences d'un phénomène ou d'une action et sont capables d'expliquer le pourquoi des choses. Ils ont aussi tendance à catégoriser et à ordonner les objets. Ils aiment les chiffres, l'analyse et le raisonnement.
Il existe une dimension non verbale et abstraite dans cette intelligence car des solutions peuvent être anticipées avant d'être démontrées.
Plusieurs moyens existent pour tester et développer ce type d'intelligence, généralement qualifiée de quotient intellectuel2 :
mots croisés, casse-tête, puzzles, jeux de stratégie (exemple : Monopoly, échecs), jeux de cartes demandant une logique précise, jeux de déduction (exemple : Cluedo), etc.

L’intelligence spatiale

L’intelligence spatiale permet à la personne d’utiliser des capacités intellectuelles spécifiques pour avoir mentalement une représentation spatiale du monde. Les Amérindiens voyagent en forêt à l’aide de leur représentation mentale du terrain. Ils visualisent des points de repère : cours d’eau, lacs, types de végétation, montagnes… et s’en servent pour progresser ; des navigateurs autochtones font de même et naviguent sans instrument dans certaines îles du Pacifique.
Toute activité qui demande de résoudre des problèmes et de créer dans le domaine visuo-spatial exige l’utilisation de ce type de capacités intellectuelles. Les géographes, les peintres, les dessinateurs de mode, les architectes, les dessinateurs industriels, les pilotes d'avions, pilotes d'engins mécaniques(Moto, F1, railly, karting), les photographes, les caméramans, les adeptes de courses d'orientations, chirurgiens, dentistes, radiologues mettent à profit ce potentiel intellectuel. L’architecte Le Corbusier en est un bon exemple.[réf. nécessaire]

L'intelligence interpersonnelle

L’intelligence interpersonnelle (ou sociale) permet à l’individu d’agir et de réagir avec les autres de façon correcte et adaptée. Elle l’amène à constater les différences et nuances de tempérament, de caractère, de motifs d’action entre les personnes. Elle permet l’empathie, la coopération, la tolérance. Elle permet de détecter les intentions de quelqu’un sans qu’elles soient avouées. Cette intelligence permet de résoudre des problèmes liés à nos relations avec les autres ; elle nous permet de comprendre et de générer des solutions valables pour les aider. Les personnalités charismatiques ont toutes une intelligence interpersonnelle très élevé.
Dans les sociétés primitives, l’organisation sociale était importante, la chasse nécessitait la collaboration et la participation du clan. Les groupes gravitaient autour d’un chef qui en assurait la solidarité et la cohésion. Actuellement, cette aptitude à comprendre les autres de façon correcte est propre aux professions de politicien, commerçant, enseignant, manager d'équipe et guide spirituel3.

L’intelligence corporelle-kinesthésique

L’intelligence kinesthésique est la capacité d’utiliser son corps pour exprimer une idée ou un sentiment ou réaliser une activité physique. Elle est particulièrement utilisée par les professions de danseur, d'athlète, de chirurgien et d'artisan3. L'ancien joueur de hockey Mario Lemieux en était un bon exemple; on disait de lui qu’il faisait des feintes et des passes intelligentes[réf. nécessaire]. Il existe donc un potentiel intellectuel, qui permet par exemple, au joueur de basket-ball de calculer la hauteur, la force et l’effet du lancer au panier. Le cerveau anticipe le point d’arrivée du ballon et met en branle une série de mouvements pour résoudre le problème. Les possibilités de création et d’expression de ses émotions par le corps montrent la présence d’un potentiel intellectuel à ce niveau.

L'intelligence verbo-linguistique

C’est l’aptitude à penser avec des mots et à employer le langage pour exprimer ou saisir des idées complexes. C’est la forme d’intelligence la plus commune. On la retrouve chez les écrivains et les poètes, les traducteurs et les interprètes.
L'intelligence verbo-linguistique (ou verbale) consiste à utiliser le langage pour comprendre les autres et pour exprimer ce que l'on pense. Tout comme l'intelligence logico-mathématique, on la mesure dans les tests de QI. Elle permet l'utilisation de la langue maternelle, mais aussi d'autres langues. C'est aussi l'intelligence des sons, car les mots sont des ensembles de sons. Les personnes auditives ont ainsi beaucoup plus de facilité à entendre des mots que de voir et de retenir des images. Tous les individus qui manipulent le langage à l'écrit ou à l'oral utilisent l'intelligence linguistique : orateurs, avocats, poètes, écrivains, mais aussi les personnes qui ont à lire et à parler dans leur domaine respectif pour résoudre des problèmes, créer et comprendre. Statistiquement, les femmes ont une meilleur aptitude à cette forme d'intelligence que les hommes. Ces derniers ayant un corps calleux présentant moins de connexions entre les deux hémisphères, leur cerveau étant plus spécialisé, plus « monotâche ». Victor Hugo maîtrisait à merveille ce type d'intelligence.

L’intelligence intra-personnelle

L'intelligence intrapersonnelle permet de se former une représentation de soi précise et fidèle et de l'utiliser efficacement dans la vie4. Elle sollicite plus le champ des représentations et des images que celui du langage. Il s'agit de la capacité à décrypter ses propres émotions, à rester ouvert à ses besoins et à ses désirs. C'est l'intelligence de l'introspection, de la psychologie analytique. Elle permet d'anticiper sur ses comportements en fonction de la bonne connaissance de soi. Il est possible mais pas systématique, qu'une personne ayant une grande intelligence intrapersonnelle, soit qualifiée par son entourage de personne égocentrique.

L’intelligence musicale-rythmique

L’intelligence musicale constitue l’aptitude à penser en rythme et en mélodies, de reconnaitre des modèles musicaux, de les interpréter et d'en créer5.

L’intelligence existentielle

L'intelligence existentielle, ou intelligence spirituelle, chez Howard Gardner, se définit par l’aptitude à se questionner sur le sens et l’origine des choses (Winston Churchill6). C’est la capacité à penser nos origines et notre destinée. Cette intelligence spirituelle, existentielle ou morale est encore définie comme l’aptitude à se situer par rapport aux limites cosmiques (l'infiniment grand et l'infiniment petit) ou à édicter des règles ou des comportements en rapport aux domaines de la vie.
Il est à noter que Howard Gardner ne définit celle-ci que comme la "huitième et demi", et non comme une intelligence à part entière7.

Intelligences multiples et créativités multiples

Sur un continuum intelligence pure (intelligence cristallisée) — intelligence créative (intelligence fluide)— créativité intelligente (créativité appliquée) — créativité pure (créativité artistique), il est très difficile de faire la différence entre intelligence et créativité.
Le paradigme de créativités multiples distinguant les formes concrètes de créativité des adultes rend actuellement mieux compte des différentes formes de talents ou d'intelligence que la théorie des intelligences multiples de Gardner présentés en 1983.
Les créativités multiples prennent aussi mieux en compte le phénomène des très nombreux polymathes, aux multiples intelligences, que ne le fait la théorie des intelligences multiples explicatives des rares monomathes.

Propositions alternatives

Howard Gardner n'est pas le seul à avoir présenté une théorie sur la multiplicité des intelligences. Dans le cas des adultes, Peter Koestenbaum a présenté la sienne. Tony Buzan dans Your Head First ajoute l'intelligence sexuelle. Daniel Goleman présente une autre liste en mettant l'accent sur l'intelligence émotionnelle.

Notes et références

  1. voir Paul Jorion,Polymathe diplômé ou non-diplômé ?,sur le site blog de Paul Jorion [archive]
  2. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69.
  3. a et b Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69.
  4. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69.
  5. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69.
  6. Christophe Deville, l'Intelligence Existentielle en Martinique, UAG, Schoelcher, 2009, p. 54
  7. Voir le livre: "À l'école des Intelligences multiples", Bruno Hourst, Hachette éducation, 2006

Bibliographie

  • Les intelligences multiples : La théorie qui bouleverse nos idées reçues. Howard Gardner. Retz, juin 2008. ISBN 978-2-7256-2787-8
  • À l'école des intelligences multiples. Bruno Hourst. Hachette Éducation, juillet 2006. ISBN 978-2-01-170898-4
  • Management et intelligences multiples : La théorie de Gardner appliquée à l'entreprise. Bruno Hourst, Denis Plan. Dunod, octobre 2008. ISBN 978-2-10-052158-6
  • L'Intelligence Collective en action. Vincent Lenhardt. Village mondial, février 2009. ISBN 978-2-74-406366-4

Articles connexes

Voir aussi


Le Dr. Howard Gardner, co-directeur du Projet Zéro et professeur en éducation à l’Université Harvard, fait depuis de nombreuses années de la recherche sur le développement des capacités cognitives de l’être humain. Il est en rupture avec la théorie commune traditionnelle qui repose sur deux croyances fondamentales : la capacité de connaissance est déterminée et l’intelligence des individus peut être décrite adéquatement en la quantifiant (QI).
Dans son étude sur les capacités des êtres humains, Gardner a établi des critères qui permettent d’identifier si un talent correspond à une forme d’intelligence. Chaque type d’intelligence doit posséder un trait de développement, être observable chez certaines populations comme les prodiges ou les «idiots savants», fournir une évidence de localisation dans le cerveau et pouvoir être symbolisé dans un système.
Alors que la plupart des gens possèdent le spectre entier des intelligences, chaque individu démontre des traits distinctifs personnels sur le plan cognitif. Nous possédons une quantité variable de chacune des huit intelligences. Nous les combinons et les utilisons de diverses façons qui nous sont très personnelles. Réduire les programmes de formation en éducation à la prépondérance des intelligences linguistiques et mathématiques minimise l’importance des autres formes d’acquisition du savoir. C’est ainsi que de nombreux étudiants qui n’arrivent pas à démontrer les intelligences académiques traditionnelles développent une faible estime d’eux-mêmes et leurs richesses peuvent ainsi demeurer inexploitées et perdues pour eux-mêmes et pour la société.
Non seulement les recherches de Gardner nous révèlent une gamme plus étendue des intelligences humaines que ce que nous croyions précédemment, mais elles ont aussi généré une définition pratique et rafraîchissante du concept d’intelligence. Au lieu de voir «l’intelligence humaine» en terme de score à un test standardisé, Gardner la définit ainsi :
  • la capacité de résoudre les problèmes que chacun rencontre dans la vraie vie;
  • la capacité de générer de nouveaux problèmes et de les résoudre;
  • la capacité de réaliser quelque chose ou d’offrir un service qui en vaut la peine dans la culture de celui qui le fait.

La définition de Gardner de l’intelligence humaine fait ressortir la nature multiculturelle de sa théorie. Voici les huit formes de l’intelligence qu’il propose (pour le moment)…

1. L’intelligence logico-mathématique

On la reconnaît par : une force dans les habiletés en résolution de problèmes et en mathématiques. Celui ou celle qui la possède pose les questions «pourquoi» et «comment», veut raisonner sur les choses, veut savoir «ce qui arrivera ensuite» et pense de façon «séquentielle». 
Pistes pour en favoriser l’expression : travailler à l’ordinateur, programmer, classer des objets, pratiquer les sciences et la lecture, aimer les discussions et l'exploration, résoudre des mystères, jouer avec des mots, déchiffrer des codes, visiter des musées, résoudre des énigmes, proposer des problèmes qui nécessitent la réflexion et des activités de calcul.
Hubert Reeves est un bon exemple de ce type d’intelligence.

2. L’intelligence spatiale

On la reconnaît par : une puissante imagination. Celui ou celle qui la possède aime : concevoir, dessiner, lire des graphiques, élaborer des affiches, faire des casse-têtes représentant des images ainsi que des labyrinthes, organiser l’espace, les objets et les surfaces. Il/elle a besoin d’images pour comprendre. 
Pistes pour en favoriser l’expression : pratiquer l’art et les sports, créer des diagrammes d’organisation d’idées, monter des vidéos et des films, construire des cartes et des chartes, faire du théâtre, pratiquer la planche à voile, la sculpture, le patin à roulettes, la danse, la bicyclette, la conduite et la peinture.
Leonard de Vinci est un bon exemple de ce type d’intelligence.

3. L’intelligence interpersonnelle

On la reconnaît par : de grandes habiletés dans les relations interpersonnelles. Celui ou celle qui la possède aime parler et influencer, est habituellement le/la leader d'un groupe ou l'organisateur/organisatrice, communique bien, est habile en résolution de conflits, a une bonne écoute, est habile à négocier et est persuasif/persuasive. 
Pistes pour en favoriser l’expression : se faire des amis facilement, préférer les situations gagnant/gagnant, mener les discussions, pratiquer l’enseignement par les pairs et la collaboration, diriger les projets, conseiller les amis, comprendre les préoccupations des autres, manifester de l’empathie.
René Lévesque est un bon exemple de ce type d’intelligence.

4. L’intelligence corporelle-kinesthésique

On la reconnaît par : le désir de bouger, la tendance à être en mouvement constant ou à s'impliquée activement pour être bien. Celui ou celle qui la possède a besoin de se lever, de bouger, de toucher et de prendre les choses dans ses mains. 
Pistes pour en favoriser l’expression : s’étirer, faire des jeux de rôles et des jeux dramatiques, faire de l’exercice, du théâtre, faire de l’artisanat, planifier des événements extérieurs, danser, jouer et faire du sport.
Margie Gillis est un bon exemple de ce type d’intelligence.

5. L’intelligence verbo-linguistique

On la reconnaît par : l’amour du langage et de la parole. Celui ou celle qui la possède parle constamment, a une bonne mémoire des dates et des noms, aime raconter des histoires, aime écouter des histoires, aime la diversité des voix et se rappelle des histoires drôles. 
Pistes pour en favoriser l’expression : faire des présentations, aimer argumenter et persuader, faire des discours, jouer des rôles, dialoguer, écrire, faire des comptes-rendus, amorcer la conversation, écouter des enregistrements, lire des livres où il y a des dialogues.
Gilles Vigneault est un bon exemple de ce type d’intelligence.

6. L’intelligence intrapersonnelle

On la reconnaît par : l’amour de la solitude. Celui ou celle qui la possède aime réfléchir, a une bonne compréhension de ses forces et de ses faiblesses, est habile dans la définition d’objectifs et se sent bien lorsqu’il/elle est seul(e). 
Pistes pour en favoriser l’expression : écrire un journal, relaxer, apprendre sur soi-même, pratiquer des exercices de concentration, réfléchir, méditer, se réserver des temps de solitude.
Gandhi est un bon exemple de ce type d’intelligence.

7. L’intelligence musicale-rythmique

On la reconnaît par : le plaisir de faire de la musique, des sons ou des rythmes. Celui ou celle qui la possède aime fredonner, battre le rythme et parfois chanter. 
Pistes pour en favoriser l’expression : garder le rythme, assister à des concerts, utiliser une musique de fond lors de la pratique de d'autres activités, chanter, faire de la musique, écrire des chansons, se donner des slogans d’équipe, utiliser et jouer d’instruments de musique.
Paul McCartney est un bon exemple de ce type d’intelligence.

8. L’intelligence naturaliste

On la reconnaît par : l’habileté à organiser, sélectionner, regrouper, lister. 
Pistes pour en favoriser l’expression : concevoir des systèmes, structurer des idées, poser des questions, mettre les choses en ordre, regrouper les gens (selon les styles d’apprentissage, les intelligences multiples), jardiner, concevoir des décorations intérieures, faire de la recherche scientifique, enseigner, administrer, enquêter, entraîner, faire un travail d’enquête, explorer et faire des remue-méninges.
Charles Darwin est un bon exemple de ce type d’intelligence.

La théorie des Intelligences multiples d'Howard Gardner

La notion d' « Intelligences multiples » a été proposée par un professeur de l'Université de Harvard, Howard Gardner, en 1983 dans son livre Frames of Minds : the Theory of Multiple Intelligence.
Il suggère que chaque individu dispose de plusieurs types d'intelligences, pour lesquelles il a naturellement une plus ou moins grande compétence. Sa théorie a été reprise par de nombreux chercheurs et on distingue aujourd'hui huit principales formes d'intelligences :
  • L'intelligence corporelle / kinesthésique
    C'est la capacité à utiliser son corps d'une manière fine et élaborée, à s'exprimer à travers le mouvement, à être habile avec les objets. 
  • L'intelligence interpersonnelle
    C'est la capacité d'entrer en relation avec les autres. 
  • L'intelligence intrapersonnelle
    C'est la capacité à avoir une bonne connaissance de soi-même. 
  • L'intelligence logique-mathématique
    C'est la capacité à raisonner, à compter et à calculer, à tenir une raisonnement logique. C'est cette forme d'intelligence qui est évaluée dans les tests dits de « Quotient intellectuel ». 
  • L'intelligence musicale / rythmique
    C'est la capacité à percevoir les structures rythmiques, sonores et musicales. 
  • L'intelligence naturaliste
    C'est la capacité à observer la nature sous toutes ses formes, la capacité à reconnaître et classifier des formes et des structures dans la nature. 
  • L'intelligence verbale-linguistique
    C'est la capacité à percevoir les structures linguistiques sous toutes leurs formes. 
  • L'intelligence visuelle / spatiale C'est la capacité à créer des images mentales et à percevoir le monde visible avec précision dans ses trois dimensions.
L'utilisation de la théorie des Intelligences multiples ne vise pas, bien sûr, à classifier les individus selon un seul type d'intelligence et à les enfermer dans des catégories et exclusives. Il s'agit au contraire de s'appuyer sur des capacités naturellement plus développées pour développer les autres. De plus, la ou les formes d'intelligences privilégiées par un individu peut varier avec le temps.
L'apport de la théorie d'Howard Gardner aux pratiques pédagogiques a été introduit en France par Bruno Hourst, enseignant et chercheur en pédagogie.
Face à l'hétérogénéité des élèves, souvent présentée comme un frein aux apprentissages, le prisme des Intelligences Multiples peut apporter un éclairage nouveau et enrichir les pratiques de différenciation. Il ne s'agit pas de suivre un modèle et on peut donc adapter la théorie des Intelligences Multiples à toute situation d'apprentissage et à tout contexte de classe.

L'expérimentation à l'école maternelle des Hauldres

En 2007, sous l'impulsion de la directrice Mme Véronique Garas (également coordinatrice à l'IUFM de Seine-et-Marne, une expérimentation portant sur les possibilités de différenciation pédagogique offertes par la théorie des Intelligences Multiples a débuté dans l'école maternelle d'application Les Hauldres, de Moissy-Cramayel.
Cette expérimentation, centrée sur les mathématiques, a été accompagnée par deux professeurs de l'IUFM de Créteil Université Paris 12, M. Jean-Charles Pettier (philosophie et psychopédagogie) et Mme Claudine Chevalier (mathématiques). Elle s'inscrit dans le cadre de l'article 34 de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école de 2005, en étroite relation avec la MAPIE (Mission Académique Pédagogie Innovation Expérimentation).
Extrait du projet d'école 2007 - 2010 :
Axe 1 : « favoriser la réussite de tous les élèves dans les apprentissages en mathématiques, par le biais des Intelligences multiples » ; « faire réussir mieux et davantage d'élèves en différenciant selon la théorie d'Howard Gardner sur les Intelligences Multiples ».

Mise en œuvre

Avant toute introduction de séquences s'appuyant sur la théorie des intelligences multiples, il faut d'abord observer les élèves et tenter de découvrir leurs intelligences fortes. C'est le rôle de la « salle des intelligences » qui est utilisée pour la première fois dans le courant du mois d'octobre, quand les enseignants connaissent déjà un peu leurs élèves. Ils vont pouvoir ainsi conforter leur vision de chacun des élèves mais aussi parfois « découvrir » des talents cachés...
Dans cette salle, l'équipe enseignante a installé six espaces ludiques, correspondant aux six intelligences « palpables » pour les enfants. L'observation des intelligences interpersonnelle et intrapersonnelle sera faite directement par l'enseignant, lors des déplacements des élèves et des interactions qui peuvent se produire dans la salle.
On fait l'hypothèse que les élèves se dirigeront prioritairement vers les espaces correspondant à leurs intelligences fortes. L'enseignant pendant ce temps, complète un « tableau d'observables » et veille à ce que les enfants passent dans plusieurs ateliers.
Les élèves viennent dans cette salle par demi-groupes, pour une durée qui varie selon l'âge des enfants (1/4 d'heure en petite section, ½ heure en grande section) pendant trois séances.
Exemples d'ateliers proposés dans la salle des intelligences :
  • L'intelligence corporelle / kinesthésique : pâte à modeler, espaliers...
  • L'intelligence logique-mathématique : engrenages, mémos, dominos, jeux de dés...
  • L'intelligence musicale / rythmique : écouteurs et supports musicaux, instruments...
  • L'intelligence naturaliste : phasmes et escargots à observer, Loto des odeurs...
  • L'intelligence verbale-linguistique : coin bibliothèque, écoute de contes, modèles d'écriture...
  • L'intelligence visuelle / spatiale : modèles à colorier, jeux de construction...
NB : La mise en place des ateliers est facilitée par la collaboration active des personnels de la médiathèque-ludothèque de la ville.
Le tableau des observables, une fois complet, donnera une vue d'ensemble des intelligences dominantes de chaque enfant. Dès lors, des groupes pourront être constitués, soit démarrant l'apprentissage par leur intelligence forte, soit par leur intelligence à développer.

L'exemple d'une séquence en grande section

Pour les 27 élèves de cette classe de grande section, la compétence visée est : « Distinguer le nombre de côtés pour comparer et classer selon la forme des figures planes polygonales » (programmes 2008).
Pour acquérir cette compétence, l'utilisation conjointe des intelligences logique-mathématique, naturaliste, visuelle/spatiale et verbale-linguistique est indispensable.
Mais certains enfants dont les intelligences les plus performantes sont du domaine corporelle / kinesthésique, rythmique, inter ou intra personnelle, appréhenderont d'autant plus facilement la compétence à acquérir qu'elle leur sera présentée par ce biais.
L'enseignante a installé dans la classe plusieurs ateliers, correspondants aux différentes intelligences et les élèves s'y rendent par groupe (déterminés à l'avance à partir des observations préalables). Certains ateliers présentent des niveaux de complexité variés afin de permettre aux plus performants d'aller plus loin.
Exemples d'ateliers :
  • « Les formes cachées » (dominante corporelle / kinesthésique)
    Consigne : « Cherche dans le sac, sans la regarder, la forme qui correspond à l'empreinte de pâte à sel. »
    Variable
    : nombre de formes dans le sac (3 à 5) et nombre de côtés des formes (3 à 8)
    Critère de réussite
    : autovalidation par le placement du solide sur l'empreinte.
  • « La maison des formes » (dominante naturaliste et logique-mathématique)
    Consigne : « Chacun de vous a des formes dans une barquette. Chaque forme a sa maison. Vous devez vous mettre d'accord pour constituer les maisons des formes. »
    Variable
    : nombre de maisons disponibles (3 à 8)
    Critère de réussite : verbalisation du critère de classement lors de la mise en commun
Les élèves passeront successivement dans plusieurs ateliers avant de se réunir pour utiliser la dominante verbale-linguistique en explicitant les stratégies mises en œuvre et mettre en commun un vocabulaire pertinent (ici : « le nombre de côtés »).

Un exemple d'expérimentation en école élémentaire

C'est à l'école Pasteur de Melun qu'Élodie Meddeb, professeure des écoles, a expérimenté la théorie des intelligences multiples dans sa classe de CE2. Elle a choisi de faire cette expérimentation en histoire, car elle constatait une faible motivation des élèves pour cette matière.
La première étape de diagnostic des intelligences dominantes s'est déroulée sous la forme de deux séances en lien avec l'éducation civique, pendant lesquelles les élèves ont découvert et nommé les huit formes d'intelligence. Ils ont ainsi pris confiance et compris que chacun d'entre eux possédait de multiples capacités qu'il convenait d'exploiter au mieux.
Mise en pratique d'une séance « Intelligences Multiples » en CE2 sur le thème des Grandes Découvertes
Organisation de 3 à 5 ateliers d'activités par séance. Chaque élève dispose d'une « feuille de route » qui doit lui permettre de noter les activités qu'il a effectuées et d'indiquer des commentaires sur chacune d'elles.
  • Deux ateliers sont « incontournables » :
    • « Frise chronologique des grands voyageurs » (intelligence logique-mathématique)
    • « Qu'appelle-t-on les grandes découvertes ? » (intelligence verbale-linguistique)
Les autres ateliers proposent des activités d'exploration mettant en œuvre les autres intelligences et permettent à l'élève d'entrer dans la séquence par une activité dans laquelle il se sent en confiance :
  • « De la carte au tableau : Les échanges commerciaux au XVe siècle » (Intelligence visuelle / spatiale)
  • « Évolution du monde » (Intelligence naturaliste)
  • « Jeux de rythmes » (Intelligence musicale)
  • « Je construis ma boussole et je m'oriente » (Intelligence kinesthésique)
En fin de séance, un débat synthèse est organisé sur l'ensemble de la séquence sur le thème :
« Pourquoi la nouvelle période historique des Temps modernes débute-t-elle par les Grandes découvertes ? ». Il permet de mettre en action, chez tous les élèves, l'intelligence interpersonnelle.
« (...) le sens de l'effort n'est pas le même pour les élèves au travers de cette approche : elle fait ressortir le positif de chacun, gomme la notion d'échec, suscite l'interrogation et fait évoluer chacun à son rythme sur le chemin des savoirs. La notion de différenciation prend ici tout son sens... » (E. Meddeb).

Quels sont les apports des intelligences multiples ?

Pour les élèves

Ils apprécient cette démarche et se montrent très motivés. Elle leur permet d'exprimer tout leur potentiel, souvent bien au-delà des attentes des enseignants.
Ils prennent ainsi confiance en eux. Les élèves les plus en difficulté prennent conscience qu'ils peuvent tout aussi bien réussir que leurs camarades et acquérir les compétences et les savoirs attendus en utilisant d'autres chemins d'accès. Le risque d'enkystement des difficultés est réduit.
Quel que soit le niveau des élèves ils trouvent tous, dans la démarche des Intelligences Multiples une source de progrès. Pour ceux qui sont les plus avancés dans les apprentissages, la possibilité qui leur est offerte d'approfondir un sujet leur évite l'ennui.
L'autonomie est renforcée par l'habitude que prennent les élèves de gérer leur participation aux divers ateliers.

Pour les enseignants

« La mise en place de cette démarche d'apprentissage change, c'est certain, des pratiques de classe conventionnelles et oblige l'enseignant à se poser bien plus de questions... » (E. Meddeb)
Utiliser la démarche des Intelligences Multiples, c'est faire le choix d'un changement de posture pédagogique. En début de séquence, il est organisateur, accompagnateur. En fin de séquence, il apporte des connaissances, synthétise l'ensemble des acquis et structure les savoirs à acquérir.
Le rôle de l'enseignant est évidemment primordial dans la mise en place des séquences. Il doit prendre soin de développer toutes les formes d'intelligence et éviter de renforcer seulement celles qui sont dominantes et que les élèves utilisent spontanément par facilité.

Évolution prévue du projet

Les équipes expérimentatrices souhaitent donner davantage d'ampleur à leur démarche, notamment en constituant un réseau d'établissements, en associant les psychologues scolaires et en élargissant encore l'expérimentation au niveau élémentaire, avec l'aide des autorités académiques et rectorales.


Bibliographie succincte

Ouvrages :
  • Gardner Howard. Les formes de l'intelligence. Éditions Odile Jacob, 1997. 476 p.
  • Gardner Howard. Les intelligences multiples. Pour changer l'école : la prise en compte des différentes formes d'intelligence. Retz, 1996. 236 p.
  • Gardner Howard. L'intelligence et l'école. La pensée de l'enfant et les visées de l'enseignement. Retz, 1996.
  • Hourst Bruno. Au bon plaisir d'apprendre. InterEdition, 2008. 299 p. (Collection Épanouissement Personnel)
  • Hourst Bruno. À l'école des intelligences multiples. Hachette Éducation, 2006. 285 p.
  • Hourst Bruno, Garas Véronique, et l'équipe de l'IUFM de Créteil-UPEC. Guide pour enseigner autrement, avec les intelligences multiples, au cycle 3. Editions RETZ, 2009
Revues :
  • Garas Véronique, Chevalier Claudine, Meddeb Élodie. Les Intelligences Multiples : une autre différenciation pédagogique. Les cahiers innover & réussir 2010, n°15, p. 48.
Quelques éléments de sitographie :

un nouveau regard sur la manière d’apprendre

« L’école de demain sera centrée sur l’enfant membre de la communauté.
C’est de ses besoins essentiels, en fonction des besoins de la société à laquelle il appartient, que découleront les techniques - manuelles et intellectuelles - à dominer, la matière à enseigner, le système de l’acquisition, les modalités de l’éducation ».
Célestin Freinet
Intelligences multiples
Howard Gardner a défini huit intelligences :

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