Des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology et de l’université Harvard ont développé un nouveau matériau de synthèse qui serait encore plus performant que le graphène et ouvrirait la porte à toute une famille de nouveaux matériaux.
L’informatique
et l’électronique de demain, ce seront des écrans souples, des
processeurs mille fois plus puissants, des batteries que l’on recharge
en quelques secondes… Des applications incroyables qui reposent sur de
nouveaux matériaux pour remplacer ce bon vieux silicium. Et le graphène,
jusqu’ici en bonne position pour devenir le graal des technologies
émergentes, vient peut-être de se trouver un nouveau concurrent de
poids.
© JACS
Diagramme de la structure moléculaire du nouveau matériau développé par le MIT et l'université d'Harvard.
Ce sont des
scientifiques de l’université d’Harvard (Massachussetts) et du MIT qui
ont trouvé ce nouveau matériau, bidimensionnel comme le graphène. Il
repose sur la combinaison de nickel et d’un mélange organique appelé
HITP, d’où son nom : Ni3(HITP)2. Il présente plusieurs avantages par rapport au graphène, dont l’utilisation et surtout la fabrication est très contraignante.
Tout d’abord, il est plus facile à
produire. Ses composants s’assemblent eux-mêmes par strates parfaitement
alignées qui prennent la forme d’un flocon. Cette « souplesse » devrait
également permettre de plus facilement le contraindre pour des
applications différentes.
Ensuite, ce nouveau matériau possède une
« bande interdite » utilisable. Pour schématiser, la bande d’énergie
interdite est une partie du matériau qui ne conduit pas le courant
électrique et se situe entre la bande de valence, non conductrice, et
celle de conduction, qui permet le passage du courant. Cette capacité à
éviter la déperdition électrique, à isoler le passage de courant est
essentielle à la fabrication de composants électroniques ou à celle de
cellules solaires.
Or, si le graphène est un extrêmement
bon conducteur électrique et thermique et s’avère très résistant, il
manque d’une bande interdite, qui oblige ses utilisateurs à des
contorsions visant à changer sa structure, notamment en attachant
d’autres molécules, pour certains usages. Ces ajouts aboutissent en
définitive à détériorer les performances du graphène.
Le premier d'une grande famille ?
Les chercheurs ont jusqu’à présent réaliser des tests de conductivités électriques avec des amas de Ni3(HITP)2.
Les excellents résultats obtenus sont très encourageants car la version
bidimensionnelle devrait autoriser des performances bien meilleures.
Mircea Dincă, professeur assistant au MIT, déclarait : « nous avons
toutes les raisons de croire que les propriétés des particules sont
moins que celles d’une feuille. Mais elles n’en demeurent pas moins
impressionnantes ».
Mais le meilleur reste peut-être à
venir. Il se pourrait bien que ce nouveau matériau ne soit que le
premier d’une grande famille d’éléments fabriqués à partir de différents
métaux et composants organiques. « Nous avons désormais un arsenal
entier de synthèses organiques et inorganiques », expliquait Mircea
Dincă. Des matériaux qui pourront être travaillés afin « d’ajuster leur propriété, avec une précision atomique et des possibilités de modifications virtuellement infinies ».
Ces travaux pourraient être appliqués
aux composants électroniques, comme les super condensateurs, ou les
cellules photovoltaïques. L’approche des chercheurs bostoniens est en
tout cas saluée par le milieu scientifique qui loue « l’approche novatrice et surprenante » et la qualité d’un travail « extraordinaire ».
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