http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Sankara
Bien qu’une
dizaine de livres en français lui aient été consacrés, Thomas Sankara
reste méconnu du grand public. Il fait pourtant partie des rares
révolutionnaires intègres du XXème siècle et, à ce titre, mérite d’être
connu et reconnu. Cet homme a donné son nom au Burkina Faso, soit « le
pays des hommes intègres ». Durant les quatre ans où il fut Président,
de 1983 à 1987, Sankara mit en place une politique sociale unique en
Afrique qui augmenta significativement le niveau de vie de ses
concitoyens.
Le 29 septembre 1987 Sankara prononça un discours historique sur la dette,
qui fait étrangement écho à ce que pourrait prononcer un dirigeant
grec, espagnol ou portugais aujourd’hui. Lors de ce discours dans lequel
il exhorte les pays africains à former un front uni contre la dette,
Sankara affirme que :
« La dette sous sa
forme actuelle contrôlée et dominée par l’impérialisme orchestre une
reconquête savamment organisée pour que l’Afrique, sa croissance, son
développement, obéissent à des paliers et des normes qui nous sont
étrangères de sorte que chacun d’entre nous devienne esclave financier, c’est-à-dire esclave tout court. »
Puis, il précise le principe du front uni qu’il appelle de ses vœux : « De cette
façon nous pourrions dire aux autres qu’en refusant de payer la dette
nous ne rentrons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, mais
dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste les masses populaires en Europe ne sont pas opposées
aux masses populaires en Afrique, mais ceux qui veulent exploiter
l’Afrique ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe, nous avons un
ennemi commun. »
Nous devons reconnaître le caractère visionnaire de Sankara, ce dernier expliquant enfin que « si le Burkana Faso seul refuse de rembourser la dette je ne serai pas là à la prochaine réunion »
L’homme
avait vu juste ; il fut assassiné deux semaines plus tard lors d’un
coup d’Etat portant au pouvoir Blaise Campaoré. Ce denier mit
immédiatement en place une politique dite de « rectification de la
révolution » entendons une table rase de ce qu’avait bâti Sankara
pendant 4 ans. Depuis le Burkina est redevenu un maillon docile de ce
que l’on nomme le réseau Françafrique. François-Xavier Verschave définit
ce réseau[1] :
« La Françafrique désigne une
nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et
en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur
l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’aide
publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire
l’initiative hors du cercle des initiés. Le système, autodégradant, se
recycle dans la criminalisation. »
L’un des
personnages centraux de la Françafrique se nomme Pierre Messmer. Nous le
mettons en avant car il a co-fondé, l’Observatoire Européen pour la
Démocratie et le Développement (OEDD). Cet organisme est le seul à avoir
envoyé des observateurs lors de la dernière élection au Burkina Faso en
2010. Campaoré y fut réélu avec 80% des suffrages au 1er tour. Les
observateurs de l’OEDD déclarèrent que ces élections s’étaient « tenues selon les règles de l’art ».
Effectivement
pour qui connaît les méthodes de la Françafrique, une élection au 1er
tour avec 80% des suffrages est une élection respectant les règles de l’art….et comprend surtout qu’un Homme comme Thomas Sankara ait une durée de vie limitée en tant que chef d’État.
[1] François-Xavier Verschave, Françafrique : Le plus long scandale de la République
source
http://journal-audible.org/thomas-sankara/
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