mercredi 21 novembre 2012

Comptes d’Apotheker chez Hewlett-Packard

Le scandale du rachat de l’éditeur de logiciels britannique, Autonomy, par le groupe informatique américain Hewlett-Packard (HP) concentre à lui seul toutes les failles d’un système qui réclame une remise à plat urgente et drastique. Auditeurs, banques d’affaires, management, conseil d’administration, tous dans un bel ensemble ont donné leur bénédiction à une opération, qui a amené HP à provisionner plus de 8,8 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) de pertes comptables pour un rachat qui lui avait coûté 11 milliards. Rappelons qu’Autonomy réalisait à l’époque 1 milliard de chiffre d’affaires. Cherchez l’erreur. Ce scandale, c’est d’abord l’histoire d’un groupe autrefois prestigieux et innovant et qui, confronté au déclin de ses activités traditionnelles, les PC et les imprimantes, s’est lancé dans une politique d’acquisitions périlleuses : 38 milliards dépensés en cinq ans! Un peu comme le loup dans les dessins animés de Tex Avery, l’entreprise a continué à foncer, alors qu’elle était déjà au-dessus du vide. Car les acquisitions payées rubis sur l’ongle ne datent pas d’Autnomy. Avant, il y a eu EDS, Palm, Compaq. Standard & Poor’s a fait l’addition de toutes les dépréciations que HP a dû assumer après ces rachats et arrive au montant faramineux de 26 milliards de dollars. HP en vaut 23 en Bourse aujourd’hui !
Ce scandale, c’est aussi une nouvelle pierre dans le jardin du cabinet Deloitte, chargé d'étudier les comptes de l’éditeur de logiciels britannique et qui n’a rien vu venir. Mike Lynch, le PDG d’Autonomy était-il aussi brillant prestidigitateur que cela ? Certains cabinets d’audit auraient peut-être besoin d’un bon audit.
Ce scandale, c’est encore celui de banquiers d’affaires, qui malgré les nuits blanches passées sur le dossier et les litres de café ingurgités, ont continué à convaincre le management qu’il faisait une affaire, qui faisait surtout la leur.
Ce scandale, c’est enfin celui d’un conseil d’administration, qui a regardé passer les trains pour ensuite se tromper d'aiguillage. C’est lui qui est venu chercher Leo Apotheker, l’ex-patron de SAP pour qu’il invente un avenir à HP. C’est ce qu’il a tenté de faire en voulant se séparer de l’activité PC, pour se concentrer sur les services et des logiciels. D’où le rachat d'Autonomy.
Mais n’est pas IBM qui veut. On avait demandé à M. Apotheker de faire la révolution, onze mois plus tard, celle-ci à peine esquissée, on le décapitait. Pas très cohérent. Sa remplaçante, Meg Whitman, l’ex-PDG d’eBay, savait-elle où elle mettait les pieds? En tout cas, il a fallu attendre une dénonciation anonyme pour découvrir le scandale. Meg Whitman va demander des comptes et pas seulement ceux d’Apotheker.

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