samedi 17 août 2013

Trappes : radiographie d'une émeute

Qui est de bonne Foi et qui est de Mauvaise Foi dans ce rapport de Forces (de police et religieuse) ?

Les uns ....


Trappes, police, nikab, émeute, les médias vous... par openeyeman

Ou les autres ....
Des policiers de la BAC patrouillent dans les rues de Trappes, le 20 juillet 2013.

Il y a un mois, dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet, une brutale poussée de violence a tenu éveillé le quartier défavorisé des Merisiers, à Trappes (Yvelines). A l'origine, un contrôle d'identité qui tourne mal, la veille. Celui de Cassandra, une jeune femme de 21 ans portant le voile intégral. "On n'est pas à Kaboul !", lui aurait lâché un policier. Son mari, Mickael, 20 ans, s'est interposé. Il est soupçonné d'avoir tenté d'étrangler un des fonctionnaires et a été placé en garde à vue.

Comme dans d'autres cités, aux Merisiers, les relations entre jeunes et forces de l'ordre sont loin d'être au beau fixe. Mais, de l'avis des habitants, de la police et des élus, un élément inédit a cette fois participé à l'engrenage qui a conduit aux deux nuits de heurts: une solidarité religieuse, ingrédient absent des violences urbaines qui ont marqué ces dernières années.

Lors de la vague d'émeutes en banlieue de 2005, partie de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les violences avaient été déclenchées par la mort de deux adolescents alors qu'ils tentaient d'échapper à un contrôle par les forces de l'ordre.
Les violences de la fin juillet dans la cité des Merisiers, à Trappes, se sont produites sur fond de solidarité religieuse.
Huit ans plus tard, à Trappes, la situation est différente. Le quartier des Merisiers n'est pas le plus difficile des Yvelines. Grâce à une zone d'activité à proximité, le taux de chômage y est de 17 % quand il atteint 25 % dans la commune voisine de Chanteloup-les-Vignes. La rénovation urbaine – qui a coûté 350 millions d'euros – est globalement réussie. De jolis immeubles résidentiels et des rues arborées ont remplacé la plupart des barres.

"IL SE DISAIT QU'IL Y AVAIT EU UNE BAVURE"

C'est donc bien suite au contrôle de Cassandra que les événements s'emballent, ce 19 juillet. Notamment parce que beaucoup de jeunes issus de familles maghrébines et subsahariennes s'estiment victimes d'un phénomène qui, à leurs yeux, grandit : l'islamophobie.

Le mot circule d'autant plus vite que Cassandra est une forte tête. Convertie à l'islam depuis ses 15 ans, elle a été relâchée la veille par la police, car elle allaite son bébé. Furieuse de la façon dont le contrôle d'identité a dérapé et des accusations portées contre son mari, elle a alerté les responsables de la mosquée.

Dès le jeudi soir, "il se disait qu'il y avait eu une bavure de la police contre une femme voilée", raconte Samba Doucouré, un habitant. "Or, quand j'entends qu'un semblable a eu des ennuis à cause de son appartenance religieuse, ça ne me laisse pas indifférent", justifie ce grand gaillard d'une trentaine d'années, connu dans tout Trappes pour être chargé de l'accueil au service logement de la mairie.

Déjà le 14 juillet, dans la même ville, une femme voilée du même âge que Cassandra a été prise à partie par deux hommes, qui l'ont menacée d'un couteau. Quelques semaines plus tôt, à Argenteuil (Val-d'Oise), une affaire a aussi beaucoup agité la blogosphère musulmane : un contrôle d'une femme portant le niqab a opposé une dizaine de personnes à des policiers.

LA PRATIQUE RIGORISTE DE L'ISLAM "CRÉE UNE COHÉSION"

A Trappes, le contexte est aussi particulier. L'association qui tient la mosquée et regroupe le plus de fidèles est l'Union des musulmans (UMT). Selon un rapport de police rédigé deux semaines après les faits, son président, Bechir Lassoued, "se rattache à une pratique de l'islam salafiste" – une interprétation littérale et ultraorthodoxe, qui en France reste très majoritairement opposée au djihad armé. Cette pratique rigoriste a particulièrement progressé chez les jeunes de Trappes, depuis dix ans, et "elle crée une cohésion", selon un responsable de l'association Médianes, impliquée dans la prévention de la délinquance.

Samba Doucouré est un de ces jeunes pratiquants. Après la prière à la mosquée, ce vendredi 19 juillet, où l'histoire de Cassandra a circulé à toute vitesse, il fait partie du premier groupe d'une vingtaine de personnes qui se rend au commissariat pour en savoir plus sur le sort de Mickael, le mari de Cassandra. Selon lui, il est accompagné de "mamans", dont celle de Cassandra qui veut déposer plainte. "Sortez. Si vous refusez, ça va très mal se passer", est la seule réponse qu'ils obtiennent au commissariat.

Une source du ministère de l'intérieur fait un récit différent. On dit s'être plutôt retrouvé face à un groupe de personnes toutes fichées pour leur "salafisme déclaré" et dont "la moitié" était connue des services de police pour des délits divers. Ce qui, selon cette source, "a refroidi les agents". Le groupe aurait alors menacé en sortant : "La communauté va réagir..."

La tension ne se relâchera plus. Des renforts de police sont appelés. Vers 17 heures, le président de l'UMT et un autre responsable de la mosquée se rendent au commissariat pour calmer le jeu. Mais eux aussi sont éconduits. Des SMS appelant à un nouveau rassemblement à 20 h 30 commencent à circuler.

Comme d'autres habitants, M. Doucouré en a reçu plusieurs. Selon le ministère de l'intérieur, l'un des initiateurs de ces SMS est un "agitateur connu comme le loup blanc et salafiste déclaré". D'autres témoins assurent que certains responsables de la mosquée ont relayé ces SMS.

UN DÉRAPAGE PRESQUE INÉVITABLE

Il n'y a toutefois aucun appel direct à la violence. "Mais le ton est virulent", estime-t-on au ministère. Quelque 150 personnes se retrouvent le soir, devant le commissariat. Parmi elles, des habitants de Trappes mais aussi des personnes venues d'autres communes d'Ile-de-France, très impliquées dans la "cause identitaire" musulmane selon l'intérieur.

Alors que la tension est à son comble et que la foule fait face à une rangée de policiers en tenue antiémeute, un officier demande à parler avec les manifestants, selon des témoins. Trois hommes s'approchent. Mais à cet instant, un policier à cran insulte des jeunes vêtus du kamis, la tenue traditionnelle. Un mortier de feu d'artifice fuse alors, atterrissant aux pieds des forces de l'ordre.

Pour beaucoup d'habitants des Merisiers, les heurts de cette nuit-là sont le fruit d'un dérapage presque inévitable. De nombreux jeunes cherchent "toujours un prétexte" pour s'en prendre à la police. A contrario, selon le rapport de la police, juste avant les hostilités, "des armes de poing ont été exhibées" et ces émeutes "n'avaient rien de spontané".

Depuis le 13 août, une nouvelle affaire émeut la communauté musulmane de Trappes : une adolescente voilée a déposé plainte pour une agression dont elle aurait été victime en raison de son appartenance religieuse. Cette fois-ci, M. Lassoued a pu s'entretenir dès le lendemain avec le commissaire. Quinze enquêteurs ont été chargés de faire la lumière sur ce dossier avant la prière de ce vendredi 16 août.

Une "marche de femmes" devait avoir lieu ce vendredi à 15 heures au départ de la mosquée. L'une de ses revendications : l'abrogation de la loi qui interdit le port du voile intégral dans l'espace public.

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