mardi 26 novembre 2013

Les radeaux de feu



Lorsqu'un risque d'inondation les menace, les fourmis de feu s'accrochent les unes aux autres pour former un radeau vivant capable d'affronter les flots. Ce radeau est assez résistant pour surmonter les tourbillons sans sombrer. Emportées par le hasard des courants, elles finissent par accoster et, sauvées, reprennent alors leur marche en avant terrestre. Comment est née cette solution collective ? Certainement pas dans un bureau d'études ! Les fourmis savent-elles nager pour autant, et sont-elles individuellement conscientes de ce qu'elles font ? Non, la solution émerge de l'entremêlement de leurs actions individuelles. Comme les radeaux de feu, les entreprises sont des construits sociaux qui voguent sur les flots de l'incertitude. La puissance collective y est sans commune mesure avec les capacités individuelles, et les solutions naissent involontairement. L'impact des décisions de leurs dirigeants est finalement de peu de poids face à la force de ces émergences aléatoires. D'autant moins qu'à la différence des fourmis, chacun de nous construit sa propre analyse de la situation et prend les initiatives qu'il juge bonnes. Aussi le rôle majeur du dirigeant n'est-il plus tant de décider que de révéler la destination vers laquelle vogue le radeau, de responsabiliser ceux qui s'y trouvent, et de créer le climat de confiance indispensable à l'action collective. Il lui faut aussi accepter de ne pas tout comprendre, apprendre à se fier à ses intuitions et à les faire partager. Cette approche est nouvelle, et savoir ne pas décider ne s'improvise pas ! A travers de nombreux exemples, l'auteur passe en revue les principes et l'éthique utiles à l'art de "diriger par émergence".









Depuis longtemps, l'incertitude régnait, et la crise de 2008 est venue balayer les dernières illusions : chacun mesure aujourd'hui les limites de la prévision économique. Mais comment diriger une entreprise si l'incertitude est reine ? Faut-il renoncer aux projets durables et se contenter de gérer au jour le jour ? Mais comment donner alors un sens à l'action collective, attirer les talents et motiver les investisseurs ? Doit-on, au contraire, renforcer la discipline autour d'un objectif fort et fédérateur, derrière un leader charismatique ? Mais comment dans ce cas résister au gros temps et adapter son cap aux changements conjoncturels ? Pour sortir de cette tenaille, Robert Branche montre qu'une entreprise doit, tel un fleuve, se fixer pour objectif une mer, qui lui servira d'attracteur stable dans les aléas qui l'entourent. L'auteur propose trois pistes novatrices pour réussir dans l'incertitude : • Penser à partir du futur : on ne peut pas, en effet, comprendre vers quoi coule un fleuve en regardant les méandres de son cours. • Choisir sa mer une fois pour toutes : L'Oréal n'en a jamais fini de viser la beauté, ni Google l'information ou Nestlé l'alimentation. • Rechercher la facilité : sans l'appui de la pente naturelle du terrain, il est impossible de progresser dans la bonne direction au milieu des tempêtes, déluges ou sécheresses. Comme un fleuve impassible, l'entreprise tire ainsi parti des accidents du terrain pour gagner en force et résistance au fur et à mesure qu'elle progresse vers sa mer.




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