Pour Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République et président du conseil économique, social et environnemental (Cese), l'autorité ne peut plus se fonder uniquement sur la justification d'un titre mais sur la dimension morale du dirigeant.
Propos recueillis par Claire Padych pour LEntreprise.com, publié le 25/03/2011
Quel est le patron idéal de demain ?
Pour envisager l'avenir, il faut d'abord regarder les patrons d'aujourd'hui. Il n'y a pas de sens à l'action sans une vision à moyen et long terme. Or, la France est l'un des rares pays du monde à avoir une voracité du court terme. De plus, les relations dans les entreprises ont changé : l'autorité, pour être acceptée, ne peut se fonder sur la justification d'un titre, mais repose sur la dimension morale de celui ou de celle qui l'exerce. L'année 2011 doit être celle de l'éthique, de la transparence pour toutes celles et tous ceux qui exercent le pouvoir. Connaissez-vous la différence entre un homme intelligent et un homme sage? L'homme intelligent sait sortir d'un problème... que l'homme sage a su éviter !
Quelles sont les attentes des salariés dans l'entreprise ?
Aujourd'hui, ils recherchent avant tout un épanouissement personnel, au détriment du collectif. Les sphères personnelle et professionnelle ne sont plus séparées, les tensions et les frustrations de l'une rejaillissent sur l'autre : au Canada, vous ne parlez pas de problèmes personnels pendant les heures de travail. En revanche, à partir de 18 heures, vous ne parlez plus de travail ! Il est donc nécessaire de repenser l'entreprise avec ses acteurs qui ont une attente qualitative de la vie. Le malaise de la société française trahit un besoin urgent de bâtir de nouvelles espérances à la hauteur des efforts fournis.
Que doivent faire les employeurs avec cette nouvelle donne ?
Il faut créer une empathie du patron par rapport à la dynamique créée. Les salariés qui posent le plus de problèmes ne sont pas ceux que l'on ne juge pas bons car ils peuvent toujours s'améliorer : ce sont ceux qui sont hyper-performants mais qui n'adhèrent pas aux valeurs de l'entreprise. Il faut que les employeurs travaillent sérieusement autour de ces valeurs afin que les salariés adhérent et s'impliquent dans le projet. La différence fondamentale entre la France et l'Allemagne est que dans les rapports sociaux de la première le conflit est le mot d'ordre alors que dans la seconde, c'est le dialogue. Là est toute la différence. Il faut absolument sortir des logiques d'affrontement, remettre le patron du côté des salariés et pas seulement du côté des actionnaires !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.