La couverture de Paris-Match l’affirme : « je serais un président différent » y
clame un Sarkozy qui fait dans le sobre désormais, avec un costume que
ne renierait pas un témoin de Jéhovah venu sonner à la porte de tous les
français. Un président qui, à la veille d’être candidat en 2007 avait
paradé dans une Gare du Nord saccagée par quelques individus dont
l’origine avait fort peu à voir avec des jeunes de banlieue. En réalité,
il n’a changé en rien et pratique toujours de même, en manipulant
l’opinion française comme il l’a toujours fait depuis l’affaire qui
l’avait lancé : celle de Human Bomb (*). Véritable showman de la vie
politique, magicien de la manipulation, Sarkozy ne fonctionne qu’à
l’esbrouffe. Mais il commet aussi des erreurs, également, comme on va le
voir bientôt pour l’afffaire de la Gare du Nord, et il vient d’en
commettre une énorme dans le Paris-Match de la semaine, à vouloir trop
imposer sa seule façon de voir dans cette affaire montée de toutes
pièces. Retour sur une affirmation sidérante…
La thèse sarkozienne contenue dans l’hebdomadaire est celle-ci : « Merah était un délinquant de droit commun, violent, sans aucun scrupule, maislors
de ses voyages au Pakistan, en Afghanistan et au Tadjikistan, il ne
s’était jamais fait remarquer pour des activités terroristes. Lorsqu’il
a été interpellé par les services américains, c’était pour un délit
routier (c’est comme ça qu’on le connaît). Il n’était absolument pas
répertorié comme un terroriste. On ne peut pas faire de la seule visite en Afghanistan un délit. Là-bas, il n’a jamais été dans un camp d’entraînement. Même
pas dans une université religieuse. A son retour, il s’est nourri
d’Internet, se passant en boucle des images montrant des décapitations. A notre connaissance, il n’y avait pas de réseau autour de lui.« Ça semble nouveau, comme théorie, par rapport à ce qu’on a pu entendre jusqu’ici.
Entraîné, ou pas ?
Voulant
à tout prix faire passer l’image d’un jeune comme les a déjà décrit le
pouvoir, à savoir gavé d’Internet, et sans lien aucun avec un quelconque
réseau (surtout celui de 2007 à Toulouse, car cela reviendrait à
reconnaître que la famille Merah mise en cause à ce moment était déjà
passée au travers du filet policier !) qui l’aurait rendu violent avec
des images de décapitation comme ceux qu’à proposé le MEMRI, dirigé par
l’ancien patron du Mossad, pendant des années, Sarkozy en arrive à la
conclusion à laquelle était déjà arrivée de nombreux experts qui
doutaient des capacités « militaires » du jeune toulousain. Merah
n’avait pas pu s’entraîner au maniement des armes lors de ces deux
séjours au Pakistan. Selon Sarkozy, il ne se serait donc même pas rendu
dans un camp d’entraînement ! Le voici redevenu simple touriste, donc,
par la grâce présidentielle. ! Voilà qui est nouveau ! Et que penser
alors de l’affirmation de Claude Guéant sur TF1 le mardi précédent
l’assaut, à 20H30 : « Il n’a jamais exprimé de regrets, jamais. C’est quelqu’un qui apparaît comme particulièrement dur (…) Il a expliqué la façon dont il avait reçu des instructions d’Al-Qaïda pendant son séjour au Pakistan. Il a été formé là-bas », a dit Claude Guéant sur TF1. « Il lui a même été proposé de provoquer un attentat-suicide, ce qu’il a refusé, mais il accepté une mission générale pour commettre un attentat en France », a-t-il ajouté. D’un côté un « il a été formé là-bas », et de l’autre un »là-bas, il n’a jamais été dans un camp d’entraînement » ? Ils
pourraient au moins accorder leur violons, au plus haut de l’Etat ! Et
que penser de la « mission suicide » ? La veille de l’assaut, Guéant
n’était-il pas en train de nous écrire l’histoire à l’avance ?
Voyageur sans passeport à jour
Lors de son premier voyage, pourtant, il avait été arrêté en Afghanistan, cela au moins, Sarkozy compris, le reconnaît. »En
novembre 2010, il a subi, à Kandahar, en Afghanistan, un banal contrôle
d’identité par la police afghane. Toutefois, les policiers afghans ne
l’ont pas détenu, car il n’avait rien fait d’illégal : son visa afghan
était en règle, ce qui veut dire qu’il est entré légalement dans le
pays. Malgré tout, les policiers afghans ont signalé Mohamed Merah à la
police française, qui surveille de près les djihadistes européens »nous
dit Le Point, au même moment que la version de Sarkozy, une version qui
semble oublier qu’à ce moment-là Merah ne disposait pas d’un passeport
français en règle, car périmé, mais d’un passeport algérien (cela, pas une des sources françaises ne l’a dit, car cela cache obligatoirement une compromission quelque part).
« Les mêmes sources précisent qu’un seul passeport français a été
délivré à Mohamed Merah. Né le 10 octobre 1988 à Toulouse, il n’a fait
qu’une seule demande au niveau de la mairie de la ville. Son passeport
français lui a été délivré le 22 avril 1998 (il avait donc 09 ans, 5
mois et 12 jours) à Toulouse et il ne l’a jamais renouvelé. Le document
français étant valide pour 10 ans, Mohamed Merah ne pouvait donc plus
voyager à l’étranger avec son passeport français depuis le 22 avril
2008. »Le jour de sa mort, soit le 22 mars dernier, Mohamed Merah
n’avait pas de passeport français…valide. Il avait expiré près de quatre
ans avant. Par contre, son passeport algérien était encore valide. Le
20 juillet 2005 il avait obtenu ce document officiel algérien au niveau
du consulat de Toulouse. Il lui a été renouvelé le 20 mars 2010,
toujours dans le même consulat », écrit Liberté (journal algérien créé en 1992 en réaction contre les intégristes).
« On » l’a donc visiblement aidé, en France, à se rendre là-bas. Et
visiblement aussi, Emmanuel Derville, du Point, oublie de préciser que
ce sont les américains qui le réexpédient à Kaboul, en lui notifiant
l’interdiction de prendre désormais un avion US. Revenu par Kaboul, via
les américains, il rentre en France le 5 décembre 2010 seulement. Il est
suffisamment répéré, pourtant, pour que l’armée française ait rédigé
une fiche de surveillance sur lui : « la DPSD, le service de sécurité de l’armée française, signale l’incident à la DCRI. » Catégorisé
comme potentiellement dangereux, ne serait que pour avoir spécifié
vouloir se rendre dans les zones où les jeunes recrues européennes, en
forte majorité allemandes, s’entraînent. On en possède des exemples
typiques dont Eric Breininger.
Pas vu au Pakistan ?
Même pas aller s’entraîner au Pakistan ? Bakchich dit aujourd’hui de même : « Dans les baraques à café du Waziristan (ici le leader du Tehrik-e-Taliban, Hakimullah Mehsud, photographié à Sararogh le 4 octobre 2009, il est présumé mort en janvier 2010) et
dans les apparts pleins de livres de quelques savants à Paris, on ne
croit pas à la fable de Merah au Waziristân. Alors pourquoi ce
mensonge ? Parce que Mohamed, dans les relations de confiance qu’il a
développé avec la DCRI, le Renseignement Intérieur de notre jolie
République, a fait croire aux fonctionnaires qu’il était allé là-bas, ce
que les braves policiers ont noté sur leur fiche. En affirmant ces
gros mensonges, Merah prenait de la valeur comme informateur aux yeux de
nos magnifiques contre-espions ». Mentir donc, et ne pas même
s’être rendu dans les zones tribales ? Mentir pour passer pour un
informateur « sérieux » ? Et cela aurait marché devant les meilleurs
limiers antiterroristes de France ? Même au bistrot du coin, il n’aurait
pas été cru ! Passe encore pour une fois, pourquoi pas, se dit-on, mais
pas à deux reprises, car le scénario va se reproduire avec un second
séjour, écourté cette fois par cause de maladie contractée. En tout cas,
pour le second voyage, durant lequel c’est la DCRI qui l’appelle, il
n’aurait pas eu davantage le temps de le faire, cette visite de camp.
Ayant contracté une hépatite A (le Le 3 novembre 2011, rentré du voyage,
il appelle la DCRI (depuis l’hôpital Purpan, à Toulouse, où il se fait
soigner pour ça), et c’est l’ambassade de France qui, de nouveau, le
fait rentrer en France précipitamment. Revenir pour mentir une seconde
fois à « Audrey », et être pourtant une nouvelle fois cru ? On sombre
dans le grotesque là ! La légéreté du traitement du cas Merah par la
DCRI censée protéger la France devient sidérante !!!
Marié ou pas ?
Une
légéreté à tous les niveaux. Merah, a précisé un Squarcini fort en
verve quand il s’agît de vendre à la presse un produit fini et emballé,
serait venu la deuxième fois au Pakistan dans un autre but que
l’entraînement militaire : « Le 13 octobre 2011″, l’officier chargé
du suivi du dossier reçoit effectivement un appel du Pakistan. Mohamed
Merah explique qu’il doit se marier sur place, et promet de se présenter
au commissariat dès son retour. La vérification de sa téléphonie prouve
qu’il se trouve bien dans la zone pakistano-afghane. Il y séjournera au total deux mois ». Ce
que Sarkozy nie complètement aujourd’hui, ses propres moyens
logistiques de surveillance pointus, les super capteurs de la
DCRI, examinés hier dans le livre des trois journalistes déjà cité,
l’infirment totalement. Squarcini, aidé par ses « grandes oreilles » n’a
donc pas su géolocaliser un scooter émettant de lui-même pendant 10
jours, mais aurait su situer un jeune délinquant toulousain au beau
milieu du Pakistan : belle prouesse technologique, non ? Et belle
faillite d’un système coûteux ! Et belle contradiction avec les propos
de son chef suprême ! On y parlait aussi « mariage » paraît-il. Un
« mariage » mis en brèche par l’avocat français du jeune délinquant, qui
évoque une « copine » de Merah plutôt « délurée, libérée, pas du tout le genre de fille à vouloir rester faire le ménage à la maison », à mille lieues des mariages religieux du secteur. Un avocat qui livre un autre sujet de réflexion : « il
savait d’ailleurs très bien, en la rencontrant, qu’elle n’était pas
vierge. Ça compte, ça, d’habitude, pour un religieux, non ? ». Un éducateur sportif du club de foot de Castelmaurou, interrogé, avait bien confirmé le mariage récent Je n’étais pas au courant de ses voyages en Afghanistan et je n’ai vu aucun signe d’extrémisme chez lui, a-t-il par ailleurs indiqué.
Il ne venait plus à l’entraînement depuis près d’un mois et demi. La
dernière fois que je l’ai vu il m’a dit qu’il avait des problèmes et
qu’il s’était marié ». Quels « problèmes »avait -il voulu évoquer ? Une
« copine » qui serait devenue son épouse, mariée « religieusement »
seulement, et divorcée la veille de la mort de Mohamed Merah, d’après ce
qu’on a pu apprendre, ce qui aurait tendance à appuyer sur la thèse du
suicide en bout de course.. et d’une préparation à une mise en scène
finale. Pour l’instant, l’annonce rocambolesque du divorce de dernière
minute n’est venu que de la police… et ne sert qu’à étayer la thèse de
l’opération « suicide » à la Mumbaï. Une version des faits signée Claude
Guéant, quis’y reprendra à deux fois pour nous raconter la fin du tueur de Toulouse. Dans la première version, Merah s’était tué en tombant ; »il a été retrouvé mort au sol » avait-il annoncé, avant de faire demi-tour, de revenir rectifier pour dire que »Les snipers qui étaient en face ont tenté de le neutraliser bien sûr »... le premier mensonge était un peu trop gros, certainement.
Fillon s’en mêle, ou plutôt s’emmêle
C’est bien un mensonge Sarkozien qui a cours, doublé de son pendant
gouvernemental : l’aveu du premier ministre, qui contredit complètement
la thèse du jeune nourrri seulement d’Internet et travaillant
isolément. »A cette date, les services de renseignements savent
déjà que le jeune homme visionne des vidéos de décapitation sur
Internet : une mère de famille a même alerté la justice, indignée qu’on
ait imposé ces visions d’horreur à son jeune fils » nous dit
l’Express. Le visionnage a bien eu lieu avant ses deux départs, et avait
même été l’objet de plainte, contrairement à ce que raconte le
Président, qui veut en faire un loup solitaire récent, par tous les
moyens, y compris le mensonge. Car pour son propre premier ministre
François Fillon, c’est tout autre chose : « Mohamed Merah, auteur de
sept meurtres à Toulouse et à Montauban, a bien été placé sur écoutes
téléphoniques à l’initiative des services de renseignements, mais cette
mesure a été levée fin 2011 faute de résultats » a affirmé depuis
le premier ministre, qui s’implique le moins possible, visiblement, dans
cette campagne qu’il estime perdue d’avance. « Le chef du gouvernement, chargé d’autoriser ou non ces écoutes dites « administratives » – non judiciaires -, a expliqué sur France Inter que ces écoutes, menées, selon d’autres sources, entre mars et novembre 2011″…on
aurait fait écouter pendant 9 mois un individu qui ne se serait pas
rendu dans les zones d’entraînement ? Et qui n’aurait représenté aucune
dangerosité ? Etrange réaction : l’autorisation d’écoute ne peut être
accordée que par le deuxième personnage de l’Etat, et à mon humble avis,
elle ne se fait pas pour une petite frappe de banlieue ayant piqué un
sac à main, même avec violences (ce qui a été le cas de Merah et ce qui
lui a valu avec d’autres méfaits 18 mois de prison, dont 9 effectuées).
Résultat on non positif, l’aveu de Fillon fait de Mohamed Merah
quelqu’un de dangereux pour l’Etat français en février 2011… catégorie
« S », pour sûreté de l’Etat ! Et non simple voleur de sac à main ! On a
donc un cas de figure assez extraordinaire, avec un premier ministre
qui accorde une écoute téléphonique, à un ministre de l’intérieur qui
vient expliquer le retard de la découverte de l’auteur des meurtres par
une fort étonnnante phrase « Pour arrêter quelqu’un, encore faut-il savoir où il vit ! » (déclaré sur « France 2, le 21 mars, vers
22’) !!! Depuis quand les juges ne connaissent-il pas l’adresse de ceux
dont ils demandent la surveillance ??? L’adresse étant au N° 17, rue du
sergent Vigné, appt 2, et tout le monde la connaissait ! Mieux encore,
ou pire encore, comme le note « Montpellier journal » : « il utilisait un téléphone au nom de sa mère plutôt qu’une carte SIM plus anonyme ». Autrement
dit, plus voyant et repérable que lui, tu meurs ! Là, c’est lui qui est
mort. Comme sont mortes 7 personnes, dont le respect de la mémoire
exige la vérité sur cette affaire. Une vérité qui est encore loin
d’apparaître.
Squarcini dit le contraire de Sarkozy
Le problème, c’est que le premier ministre comme le Président disent
alors l’inverse de ce qu’a affirmé au Monde le responsable de la DCRI : « selon
les déclarations de Bernard Squarcini au Monde, il faut attendre le 21
mars 2012 et le siège de son appartement par les forces de l’ordre, pour
que l’on obtienne un autre éclairage sur ce voyage : « Il a déclaré au
Raid qu’il avait bénéficié d’un entraînement particulier au Waziristan
[une région montagneuse des zones tribales] par une seule personne. Et
pas dans les centres de formation, où il aurait pu se faire repérer
puisqu’il parlait français ». Un responsable doté d’un sacré
arrièré de carrière policière qui se serait fait enfumer par un gamin de
banlieue d’une vingtaine d’années, avouez que ça devient grave, là sur
les compétences et les capacités véritables de ce même responsable ! A
la lecture du Monde, Nicolas Sarkozy aurait dû convoquer Squarcini pour
des explications, voire réclamer sa démission pour incompétence
notoire ! Le coup de la formation « personnalisée », à cet endroit du
monde, il faut être idiot pour y croire ! Ou alors les Talibans ont
tellement d’argent qu’ils peuvent se payer des formateurs extérieurs
spécialisés… parlant français ! A ce rythme, Merah serait rentré du
Pakistan avec un Bac Pro, ou un BTS de carrosserie ! Haut la main : il
aurait aussi dû savoir comment enlever la puce de géolocalisation de son
scooter, qui plus est ! Le b.a.-ba de l’apprentissage terroriste,
consistant avant tout à ne pas se faire repérer ! Une puce comme celle
que posent les policiers français sur les voitures, à l’instar du FBI
(voir ici et là)...
Un
homme, le N°3 de la DGSE au moment des attentats du 11 septembre, Alain
Chouet partage cette opinion ; Et rappelle que ce ne serait pas le seul
dans le cas : »les terroristes de Londres, Madrid, Bali ou
Casablanca n’avaient jamais fait de voyage en zone sensible ni subi
aucun entraînement ou formation. Pas plus que Merah d’ailleurs qui a dû
écourter ses deux séjours sur zone pour des raisons diverses sans
recevoir aucune formation particulière. Quant à apprendre à tirer à la
Kalach ou au 11,43, ça se fait sans problème et sans avoir à voyager
avec visa dans certaines de nos banlieues. Il suffit d’y mettre le prix.
C’est peut être de ça dont il faudrait aussi s’occuper ». Y mettre
le prix ? A savoir bénéficier d’un « instructeur » aussi « particulier
» qu’avait pu décrire Merah à Squarcini ??? Oui, mais lequel, sinon un
utilisateur régulier de ce genre d’armes, ou un membre d’une
organisation maniant ce genre de pistolet ou de fusil-mitrailleur,
puisque Merah disposait des deux. Oui, mais lequel, s’il n’a pas quitté
le territoire pour le trouver ? Ne reste que quelques solutions : un
policier, un militaire un passionné de tir… ou un groupe terroriste !
« Il suffit d’y mettre le prix » dit Chouet : très bien, encore faut-il
avoir de l’argent (**). Ou savoir négocier quelque chose.
Guéant contredit aussi Sarkozy
La
faille du mensonge policier est là, car tout ce qu’on a appris sur les
tribulations de Merah ne proviennent que du filtrage gouvernemental.
Avec aux commandes de la manœuvre, un Claude Guéant omniprésent venu
« vendre » sur place et aux premières loges un membre d’Al-Qaida, bien
sûr et bien… convenu. « Pendant le siège du Raid, Mohamed Merah se
raconte. Selon Claude Guéant, il explique aux policiers « la façon dont
il a reçu des instructions d’Al-Qaïda pendant son séjour au Pakistan, il
lui avait même été proposé de provoquer un attentat suicide qu’il a
refusé, mais il a accepté une mission générale pour commettre un
attentat en France », affirme le ministre ». Encore un peu, et Merah aurait été reçu par Ben Laden en personne, nous dit à demi-mot Claude Guéant ! Le
problème, aujourd’hui, c’est qu’un Président vient de réduire à néant
cette thèse, puisque selon lui, l’auteur de la tuerie n’aurait jamais
été en contact avec les kamikazes du Waziristan, l’école de
« formation » au « suicide » de type Mumbaï (les auteurs de l’attentat
n’ayant que fort peu de chances de s’en sortir vivants !). Ne s’étant
pas entraîné, n’ayant pas reçu d’indications sur le maniement d’armes,
Mohamed Merah ne pouvait se réclamer de personnes qu’il n’avait jamais
vues. D’où la conclusion qui s’impose : le lien entre Al-Qaida et Merah,
c’est bien le pouvoir en place qui nous l’impose, via des déclarations
mensongères !
Le story-telling de l’assaut final :
« Attentat suicide » a donc dit Claude Guéant. « Ordonné » en
quelque sorte « par Al-Qaida ». On comprend mieux l’étonnante
sollicitude de 33 heures pour arriver… à ce résultat, après des
déclarations premières de reddition. Psychologiquement, les services de
police ont échoué en effet : Merah aurait souhaité se rendre, puis
serait revenu sur sa décision, une décision que la méthode utlisée pour
le rendre nerveux à du influencer : de balancer des grenades
régulièrement à un forcené n’est pas vraiment preuve d’envie de discuter
avec, il me semble. On ne parle pas de paix en créant un champ de
guerre autour de celui qui serait près à dresser le drapeau blanc, ou en
détruisant une à une ses fenêtres. Un aboutissement en forme
d’entonnoir ainsi décrit par Nicolas Sarkozy :
« Dès les événements de Toulouse, avec Claude Guéant, nous avions
ordonné que trente-cinq hommes du Raid descendent sur place. Lorsque,
dans la nuit de mardi à mercredi, nous avons décidé de l’opération, j’ai
demandé que l’on prenne son temps que l’on fasse le maximum - pour
l’attraper vivant et que, surtout, il n’y ait pas de carnage. Il y avait
eu - déjà bien assez de morts. On lui a fait passer un téléphone avec
lequel il ne pouvait joindre que la police. Dès le début, nous nous
sommes rendu compte qu’il parlait beaucoup, racontait son parcours, ne
manifestait aucun regret. Il nous a dit que, le mercredi matin, il avait
l’intention de tuer un autre militaire. Quand on a parlé de sa
reddition, nous avons exigé qu’il sorte torse nu, par crainte des
explosifs. Il a demandé alors que cela se passe de nuit, à 22h45.
Finalement, il ne sortira pas. J’ai recommandé la plus grande prudence.
Pendant des heures, il a fait le mort. On a employé différentes
méthodes, que je ne peux dévoiler, pour voir s’il était toujours vivant.
Le problème est qu’on ignorait aussi s’il possédait des explosifs ou
des grenades : je ne voulais à aucun prix que s’alourdisse le bilan
humain. Vers 11 heures, le jeudi, nous avons décidé avec Claude Guéant,
en plein accord avec le Premier ministre et le procureur de Paris, qu’il
fallait agir. La consigne était : on le prend vivant, sauf s’il y avait
atteinte à la vie d’un policier. Cela, je ne pouvais l’accepter. »
« Des méthodes que je ne peux dévoiler »
Et cette fois encore, à force de débiter des versions différentes,
pour ne pas avoir assez verrouillé suffisamment leur communication, le
mensonge réapparaît. Nicolas Sarkozy vient de nous dire qu’ »on a employé différentes méthodes, que je ne peux dévoiler, pour voir s’il était toujours vivant. ».
L’assaut décidé selon ses vœux et celui de Claude Guéant l’avait donc
été en toute connaissance de cause. Ils savaient tous deux qu’il n’était
pas mort (ou savaient qu’il l’était déjà, dans le cadre d’un suicide ou
d’un tir réussi vers les 2 heures du matin). Ils l’ont toujours su,
notamment grâce aux caméras thermiques dont dispose la police (en photo
l’Argus SC utilisée par le Raid).
Si on avait fait évacuer le bâtiment et « coupé électricité et gaz »
(*), ce n’était pas par souci humanitaire pour les habitants. C’était
aussi pour rendre plus lisible la seule source de chaleur que contenait
alors l’immeuble : le corps de Mohamed Merah. Or que retrouve-t-on dans
les minutes de l’assaut, qui ont distillé la seule parole policière
filtrant le talkie-walkie fournit à Merah et lui faisant dire ce que la
police de Claude Guéant voulait qu’il dise ? A moins d’une autre
solution encore (*)
« Alors que l’assaut final semble se préparer devant l’immeuble de Toulouse est où toujours retranché Mohamed Merah depuis
maintenant près de 30 heures, des doutes subsistent quant à son état de
santé. Mohamed Merah est-il toujours en vie ? Ne se serait-il pas
suicidé pendant la nuit ? C’est la question que nous pouvons nous poser
ce matin. En effet, cette nuit, deux détonations dont l’origine reste
inconnues ont été entendues en provenance de l’appartement de Mohamed
Merah à Toulouse, a indiqué Claude Guéant le ministre de l’intérieur. De
plus, depuis minuit, Mohamed Merah n’a pas parlé aux forces du Raid,
qui négocient pourtant depuis hier matin avec le suspect numéro un des
fusillades de Toulouse et Montauban ». Des journalistes en direct sur BFM évoquent même la possibilité… d’un endormissement !
Ou comment pousser à l’affrontement
Un questionnement légitime, à la suite des déclarations deClaude Guéant en personne : »D’après
Claude Guéant, le suspect – qui a assuré à plusieurs reprises mercredi
qu’il se rendrait – est entré dans la nuit dans une « logique de
rupture ». Le tueur présumé a mis fin aux négociations et a déclaré
qu’il « voulait mourir les armes à la main ». Interrogé sur RTL ce jeudi
matin, le ministre de l’Intérieur a même indiqué « espérer qu’il est
encore vivant ». « C’est assez étrange qu’il n’ait jamais réagi » aux
détonations provoquées par les engins du Raid, a affirmé Claude Guéant,
qui souligne que le suspect n’a donné aucun signe de vie depuis 22h45. »D’autant
plus étrange quand on voit les dégâts provoqués par les grenades
lancées, présentées comme « flashantes » ou « assourdissantes »
seulement . L’assaut ayant été précédé par le lancement de trois
grenades à 10H31 exactement. Cet
assaut restera entâché de ces déclarations, d’un ministre de
l’intérieur qui, par des moyens techniques, peut savoir si l’individu
est encore vivant ou non, et laisse entendre le fait qu’il pourrait ne
plus l’être, vivant. Le mystère des deux coups de feu entendu vers 2h du
matin restera également entier. Un ministre qui évoque le suicide,
alors qu’un président affirme aujourd’hui qu’il savait qu’il n’en était
rien !!! Un ministre qui annonce que le forcené a choisi la voie du
suicide par combat inégal ? C’est du Clint Eastwood, cette mise en
pratique du « ho ahead, make my day« !
Dans un autre texte censé raconter la « gestion de crise », vue par
Claude Guéant, toujours la même affirmation contradictoire : « Pendant des heures, les
policiers ne détectent plus aucun mouvement. « Nous étions dubitatifs.
Soit il s’était suicidé, car nous avions entendu deux détonations vers
l’intérieur, mais on ne se suicide pas de deux coups. Soit il avait été
blessé par la projection d’un morceau de fenêtre que nous avions faut
sauter. La troisième hypothèse était qu’il s’était réfugié quelque part
dans l’appartement et attendait l’arrivée des policiers pour mettre ses
menaces à exécution », explique Claude Guéant ». Un « quelque part » que Nicolas Sarkozy a infirmé lui-même avec son « différentes méthodes, que je ne peux dévoiler, pour voir s’il était toujours vivant (***) », qui
implique de savoir exactement où il se cachait ! Car sinon, comment
savoir s’il l’était encore, vivant ? Pour cela il faut bien localiser où
il se trouve !!!
Au bilan final, on a un échec complet, commenté très durement par des
spécialistes. Pas ceux venus en direct à la télévision, dont
l’incroyable J-P Ney, invité par BFM TV. Non, des spécialistes…. israéliens. « Qui attend 30 heures quand
il n’y a pas d’otages ? Toute l’opération ressemble à une démonstration
de stupidité », assène Alik Ron, ancien chef de l’unité d’intervention
de la police israélienne et des forces spéciales des parachutistes, cité
par le quotidien Maariv. »Je présume que l’ordre était de le capturer
vivant, mais il y a une limite. On ne le laisse pas pendant 32 heures en
lui donnant un téléphone pour parler au monde entier et le transformer
en chahid (martyr en arabe, NDLR) et en héros », vitupère-t-il. Le Raid,
l’unité d’élite de la police, n’a pas su utiliser les moyens de « ruse
et de dissimulation » et ainsi permis à Mohamed Merah de garder
l’initiative, affirme dans une analyse publiée par le Yediot Aharonot un
ancien officier des forces spéciales, Lior Lotan, qui dirige un centre
de recherche sur le terrorisme. »L’objectif n’était pas compliqué : un
appartement, un fugitif isolé, pas d’explosifs, pas d’otage, dans une
zone qui n’est pas un territoire ennemi ou un champ de bataille mais qui
permet aux forces de sécurité de se déployer à leur guise »,
énumère-t-il, sous le titre « Echec opérationnel ». »Ou bien il y a eu
un problème dans la planification de l’opération, ou ils ont dû passer à
l’action avant d’avoir terminé tous leurs préparatifs », conclut Lior
Lotan dans le plus vendu des quotidiens israéliens ». Un ancien officier
des commandos, Uri Bar-Lev, considère que « ce n’est pas comme cela que
se comporte une unité professionnelle pour combattre le terrorisme »,
dans le Maariv ». Si les israéliens, assez connaisseurs en la
matière de terrorisme, le disent… et appuient sur le fait que les 30
heures d’antenne télévisée fabriquaient obligatoirement un héros chez
les jeunes de banlieue prenant fait et cause pour quelqu’un de leur âge…
en effet, il y a bien eu la pire des manipulations qui puisse exister.
Une autre forme de « Sarrkodead » de 2005, en quelque sorte.
On en est là avec ce décorticage d’interview de Paris-Match, que nous
continuerons demain en reprenant si vous le voulez bien la piste des
voyages à l’étranger du tueur. Pour Sarkozy, il s’agissait de tourisme
ordinaire. C’est bien connu, un sans le sou (Merah était inscrit à
l’ANPE) peut se permettre de visiter une dizaine de pays en avion… et
même le faire à deux reprises, sans bénéficier d’une aide quelconque.
(*) rappel : »le 15 mai 1993,
le Raid est intervenu dans une école maternelle de Neuilly-sur-Seine,
où un homme se faisant appeler « Human bomb » prenait en otage des
enfants. Après près de 48 heures de siège, les policiers avaient fait
boire à l’agresseur un puissant somnifère cessdilué dans un café, à son
insu. Profondément endormi, « Human bomb » n’avait opposé aucune
ccessrésistance, mais avait été abattu de trois balles dans la tête. »Dans
le cas de Toulouse, lorsque les policiers vont rentrer dans
l’appartement, il baigne dans l’eau ; une des grenades lancées à explosé
la conduite d’eau du chauffe-eau ; preuve que l’eau n’avait pas été
coupée (« 18h10 : L’électricité et le gaz auraient été coupés au domicile de Mohammed Merah, ont indiqué les forces de l’ordre à I-Télé » précisait 20 Minutes).
Mohamed Merah, pendant 33 heures de siège, n’avait que comme resource
en eau que ce qui baignait ses pièces. Et personne d’autre que la police
ne l’a vu sauter de son balcon.
On comprend pourquoi on a tenu a faire circuler au plus vite un fake
vidéo, relevé ici tout de suite par un de nos lecteurs spécialisés en
vidéo, enregistré en fait au Canada, filmé le 22 septembre 2011 a Toronto, dès
l’opération française menée, montrant un individu cerné par la police
et visiblement abattu au moment où il sautait de son balcon. Comme s’il
avait fallu à tout prix trouver un exemple de « saut ». Un saut émaillé
selon Claude Guéant de… deux coups de téléphone de sa part : « J’ai
appelé le président, une première fois pour lui dire qu’il s’était jeté
par la fenêtre. Mais à ce moment là, il bougeait encore. Quelques
minutes plus tard, il était mort », ajoute M. Guéant. Il a appelé une
seconde fois le président ». Tout aura été fait pour accréditer la thèse d’un Mohamed Merah encore vivant à l’arrivée du Raid. Comment peut-on « bouger encore » avec
une balle en plein abdomen et surtout une balle en pleine tête,
déclarées toutes deux mortelles par le médecin légiste, cela, Claude
Guéant est bien incapable de l’expliquer aujourd’hui (deux balles, comme
le nombre entendu à 2h du matin). Cela semble pour le moins impossible.
L’image d’un Human Bomb (Érick Schmitt) tué alors que profondément
endormi resurgit alors. Avec le même résultat final. Et le même pour
nous expliquer la version officielle, remise en cause depuis par un bon
nombre de personnes, dont le pompier courageux (une femme, Évelyne
Lambert ) qui avait secoué Human Bomb comme un prunier pour indiquer que
les policiers pouvaient entrer dans la classe sans crainte. Dans
l’opération Nicolas Sarkozy avait sidéré les policiers eux-même, à
s’accaparer l’événement, au risque d’un danger supplémentaire. Sarkozy avait reçu la médaille du RAID à la suite de cette prise d’otage. Et là encore, son action avait conduit à une rupture avec le forcené : « dans l’émission Lundi investigation du 6 juin 2005, Pierre Lyon-Caen revient sur l’affaire : « Il
a le réflexe, qui montre l’animal politique, de faire venir le seul
homme de communication, le pompier chargé de la communication, qui avait
une caméra ». Selon le reportage, l’attitude de Nicolas Sarkozy a conduit le preneur d’otage à rompre les négociations » note Sébastien Rochat, « Super Sarko face à Human Bomb : les réécritures successives de l’épopée » (l’infographie est d‘Idé)
(**) quoiqu’une autre piste s’est entrouverte récement avec une
petite phrase lâchée par un de ses amis, laissant entrevoir que sa
passion pour les voitures rapides l’avait fait devenir au moins une fois
pilote de voiture puissante acheminant la drogue de l’Espagne vers la
France. « Un jour, continue Marco, entre deux cours à l’atelier,
comme il savait que je conduisais plutôt pas mal et que j’aimais bien la
vitesse, il m’a fait venir à l’écart pour me proposer de participer à
un transport de “marchandises” entre l’Espagne et la France. On allait
s’éclater, me disait-il. On foncerait à 300 km/h sur l’autoroute. Ce
serait génial. J’avais refusé et on n’en avait plus jamais reparlé. Avec
le recul, je me suis rendu compte qu’il voulait me faire faire un
“go-fast” (une livraison de drogue par la route à bord de grosses
cylindrées, NDLR). Est-ce que ça voulait dire qu’il avait des liens avec
des vrais voyous de cité ? Aujourd’hui, je me pose la question. » Faudra songer à demander au spécialiste policier du phénomène : Michel Neyret. Aujourd’hui toujours incarcéré
(***) les photos de l’assaut final de Toulouse révèlent une partie du
matériel utilisé, dont la fameuse caméra sur perche, dont le manuel
décrit ici l’usage :
« Camera sous porte. Cette camera se glisse sous la porte avec un
espace de 6,5 mm. Toute la pièce peut être observée avec un décalage
d’angle de 30°. Cette perche est doté d’une monture C qui permet
d’intégrer les cameras CCTV du marché type Watec. Cette plaque est doté
de projecteurs infrarouge pour voir dans une très faible
luminosité. Option : microphone ultrasensible pour l’écoute de la
pièce. L’observation s’effectue sur un moniteur de contrôle portatif ou
sur un mini DVR » . La publicité ici, à droite la photo de
Paris-Match. Une photo du balcon qui montre que le Merah pouvait
difficilement sortir par le balcon… vu le nombre de policiers staionnés
devant prêts à l’accueillir. A noter que le bord du balcon a déjà reçu quatre impacts de balles, dont deux bien visibles, que l’on retrouvera après l’assaut. D’autres peuvent avoir fait partie de l’assaut.
On a déjà tenté, visiblement de tirer sur lui. Un tir de sniper. Ce qui
contredit encore une fois le ‘l’avoir vivant »… les jeunes du quartier
ont déjà rajouté des graffitis autour des deux impacts les plus
visibles.
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