lundi 28 novembre 2011

Comment vous parler du son ?

Le son a tellement de facettes que je lui consacre plusieurs articles. Et vous, si je vous dis "son", qu'est-ce que cela vous évoque?

Quelles images, quelles sensations, quels sentiments?
La musique, les CD, les bruits de la nature, les bruits de la vie quotidienne?
Votre voix?

L'article en trois parties qui suit est une invitation à une écoute affinée afin d'apprendre à connaître les qualités du son par l'expérience sensorielle. Nous allons décrire successivement les 3 qualités physiques principales du son, à savoir la hauteur, l'intensité et le timbre, avec l'approche de l'être sensible que nous sommes tous, complétée par celles du physicien, de l'acousticien et du musicien.

Les sons font tellement partie de notre univers qu'ils nous imprègnent de façon consciente et inconsciente dans les domaines les plus variés de notre vie. Notre oreille est stimulée par les sons de façon quasi-permanente. Pour le meilleur et pour le pire.

Le son ne touche pas seulement l'oreille, mais le corps entier et à travers lui, atteint divers niveaux de notre être, physique, émotionnel, mental, spirituel. Selon les personnes ou les circonstances, c'est un aspect ou un autre qui est mis en jeu. Par exemple, s'il survient un fort coup de tonnerre, une personne éprouvera de la peur, et éventuellement la manifestera. Quelqu'un d'autre va rester paisible, comptant le nombre de secondes entre l'éclair et le tonnerre, intéressé par cet aspect informationnel. Le niveau le plus immédiat est peut-être l'émotion que le son ou la musique nous procurent, de plaisir ou de déplaisir, quelquefois d'extase. Un autre phénomène extraordinaire lié au son est la résonance physique qui se produit dans notre corps et comment cette interaction peut harmoniser ou déséquilibrer les circuits énergétiques de notre corps. J'aborderai ces aspects dans d'autres pages (voir Résonances sonores corporelles).

Il y a aussi les sons qu'on émet soi-même. Comment dire l'importance de notre propre voix? A la fois comme instrument de communication, reflet de notre personnalité et de notre richesse, et comme expression de notre désir de chanter. Envie tout à fait naturelle et vivante, présente chez l'enfant dès le plus jeune âge, émergeant de nos élans intimes, à moins que nous ne soyons entravés par des jugements et que nous ayons honte de notre voix.

Le physicien est bien placé pour décrire les caractéristiques du son. Mais détient-il la vérité? L'acousticien a un autre point de vue, qui tient compte de la physiologie et de la psychologie de l'auditeur. Je décrirai également l'approche du musicien, basée sur sa sensibilité et sur un système de notation de la musique occidentale. Mentionnons celle du musicothérapeute, qui s'intéresse à l'aspect équilibrant, nourrissant et guérisseur du son, que j'aborderai dans un autre article. Ce sont toutes des vérités, qui répondent à des interrogations différentes, s'adressent à des plans différents de la personne humaine. Nous nous aiderons de certains appareillages et logiciels du physicien et de l'acousticien destinés à préciser et illustrer certaines notions. Toutefois, nous laisserons de côté les explications scientifiques théoriques. Bien qu'elles soient utiles et passionnantes, elles ne prennent sens que si elles reposent sur du vécu et perçu.

C'est la recherche de ce ressenti sensoriel qui va nous guider dans notre découverte de la hauteur, de l'intensité et du timbre des sons.

Écoutons les voix humaines

Commençons notre exploration du monde sonore en écoutant les voix humaines, sans jugement, juste pour leurs sonorités multiples. Remarquons la différence entre les voix de femmes et les voix d'hommes par exemple. Pour la plupart d'entre nous, c'est notre expérience première, puisque nous avons écouté la voix de notre mère et celle de notre père, même à l'intérieur de l'utérus maternel. Les femmes ont des voix plus aiguës, et les hommes des voix plus graves. La qualité sonore qui nous permet de faire la distinction entre les sons graves et les sons aigus est leur hauteur.

Les hauteurs de sons sont également très perceptibles lorsque nous les prononçons ou les chantons nous-mêmes. Nous pouvons généralement identifier si nous chantons dans le bas de notre voix ou dans le haut. Toutefois, ce n'est pas toujours le cas car il existe des défauts de perception liés à des causes le plus souvent psychologiques, rarement physiques. Une éducation permet de retrouver une perception juste (voir mon article sur l'éducation musicale Willems).

Ondulations

Alors chantons des sons au hasard. Peut-être entonnerez-vous une mélodie. Les mélodies sont composées de notes successives qui sont comme des paliers de sons à différentes hauteurs.

Et si je vous propose de chanter des sons qui montent et descendent de façon continue?

Cela ne vous semble pas naturel? Pourtant dans la nature, le vent nous fournit des mouvements continus du son en hauteur, surtout par jour de tempête, des montées et descentes du son. Nous pouvons l'imiter par la voix (écoutez l'illustration sonore jointe, fig.1).

variations du son en hauteur

Figure 1. Vagues montantes et descendantes


Pour écouter l'extrait sonore - Mode d'emploi
Le mieux est d'utiliser la petite console de contrôle QuickTime qui s'affiche sur la droite de la touche. Elle permet d'écouter le son sans quitter cet article.
Si elle n'apparaît pas, vous pouvez
  • installer le module Quick Time. Cela vous servira non seulement pour cet article, mais pour les autres de cette série. Télécharger le module gratuit à:
    http://www.apple.com/fr/quicktime/download/win.html
  • ou ouvrir une nouvelle page web en cliquant sur le titre de la touche (ici "Illustration sonore")

Peut-être préférez-vous des sons plus mécaniques produits par les machines. Une sirène, une moto qui démarre avec une forte accélération, une débroussailleuse à fil, produisent des sons qui montent et descendent de façon continue.

Avec cette idée des vagues de sons, revenons à la voix humaine. Ne produisons-nous pas habituellement et naturellement des sons montant et descendant? Et oui, et très souvent, mais nous n'y prêtons pas attention. Il s'agit des intonations de nos phrases dans le langage, celles qui différent d'un accent régional à un autre par exemple. Encore plus typiques sont les intonations accompagnant l'expression de nos émotions: "oh", "ah", "ah bon!", "ouah!", ou encore des gémissements, cris, etc.

Les instruments de musiques occidentaux sont conçus plutôt pour produire les notes par palier, autrement dit des notes fixes, cependant nombreux sont ceux qui sont capables d'émettre des sons montant et descendant, comme la famille des violons. Le violoncelle sait très bien imiter la voix humaine.

On peut donner une représentation imagée de ces montées et descentes par des graphiques (fig.1). Les sons hauts sont dits aigus et les sons bas sont dits graves (grave comme gravité terrestre).

Dans mes ateliers d'éveil vocal, les participants se familiarisent avec l'écoute des glissades de sons. Ils les chantent, les simulent avec les mains, les dessinent sur une feuille ou un tableau. Ils en inventent, ils improvisent librement.

Fréquence du son

Depuis toujours, on sait que les sons sont produits par des vibrations. Ainsi, un son peut faire vibrer des objets autour de nous, les vitres de la fenêtre par exemple. Le technicien du son peut observer que les membranes de ses haut-parleurs vibrent lorsqu'elles émettent des sons. Ces vibrations sont lentes pour les sons graves au point qu'on voit la membrane se gonfler vers l'avant et revenir vers l'arrière de façon répétitive. Les allers et retours deviennent d'autant plus rapides que le son est élevé.

Grâce à des expériences extrêmement simples, les physiciens ont pu relier la hauteur du son à sa fréquence de vibration. Ils mesurent la vitesse de vibration par le nombre d'allers et retours que fait la membrane par seconde, qu'il nomme la fréquence. Elle est mesurée en un nombre par seconde, encore appelé des "périodes par seconde" (abréviation ps) ou Hertz (abréviation Hz). Un hertz correspond à 1 vibration par seconde. Un kilohertz (kHz) correspond à 1000 vibrations par seconde et un mégahertz (MHz) à 1 million de vibrations par seconde. L'oreille perçoit les sons sur une échelle de fréquences allant à peu près de 16 hertz (son très grave) à 16 000 hertz (son très aigu). Ces limites d'audibilité ne sont pas strictes et varient en fonction des individus.

hauteur

Figure 2. Échelle de fréquence des sons audibles

Pour nous rendre compte des valeurs des fréquences, écoutons deux sons, l'un grave de 110 Hz, suivi d'un autre aigu, de 3520 Hz, dans cette illustration sonore.


Cependant, il faut faire une distinction entre la hauteur absolue, mesurée par la fréquence, et la perception de la hauteur. Comme le dit E. Leipp, "la sensation de hauteur d'un son de fréquence donnée varie avec la hauteur absolue du son, avec son timbre, avec son intensité, avec le contexte musical."

Reproduire un son

Exercice: Je vous fais entendre un son, celui-ci:
Je vous demande de le chanter avec votre voix.


Puis celui-ci:

Vous pouvez faire la même chose en produisant une note avec un clavier, ou tout autre instrument et le chanter. Si vous n'y arrivez pas, ce n'est pas important. Il ne vous manque que l'entraînement à la justesse de voix, qui passe par la sensation corporelle des sons (voir article Résonances des sons dans le corps).

Diapason: le LA 440

Les musiciens accordent leurs instruments avant de commencer à jouer de manière à ce qu'ils aient tous le même LA. Or ils s'alignent sur un LA produit par un petit appareil nommé un diapason. Est-ce à dire que ce LA est fixé? Effectivement. Toutefois, la hauteur du LA et des autres notes a longtemps été assez approximative sans que cela pose de problème. Pour le musicien, les hauteurs sont plus relatives qu'absolues. Ce qui importe est l'écart juste entre les notes. Ceci est lié à la notion de gammes et de modes (voir article Gammes et modes musicaux)

Vous êtes peut-être habitués aux notes données par le piano pour lequel un DO est un DO. Et lorsqu'un musicien rencontre un musicien, qu'est-ce qu'ils se disent? Accordons-nous. C'est-à-dire vérifions que nous avons bien le DO à la même hauteur. Mais la définition de la hauteur d'un DO ou d'un LA est arbitraire. Et oui! La notion de hauteur déterminée n'existait même pas en Occident avant le XVIe siècle. Puis la hauteur du LA (et des autres notes) a varié dans le temps et dans l'espace, selon les régions et les pays, selon les époques et selon les instruments. Plus encore, elle pouvait varier d'un bâtiment à l'autre d'une même ville. En Europe, des mesures sur les instruments d'époque montrent pour le LA un étalement de plus de 2 tons. Cependant, on a peu à peu attribué une fréquence fixe aux notes. C'est ce qu'on appelle le diapason. Fixer un diapason national ou international est une idée moderne plus ou moins respectée. En France le LA3 a été fixé à 435 hertz en 1859, avant d'être détrôné par le LA international. La correspondance a été fixée arbitrairement par un comité en 1939. Le LA3 est défini à 440 hertz.

Sauts de hauteur sonore et intervalles

Dans les chants, la mélodie se promène par sauts de note en note, contrairement aux chants du vent et de la sirène qui glissent de façon continue. C'est comme si la rampe continue qui permet aux vélos et poussettes de monter la pente, a cédé la place à un escalier composé de marches espacées de façon ordonnée mais pas régulière. Les notes sont comme des paliers, des niveaux de hauteur de son. En musique, l'écart de hauteur entre 2 sons s'appelle un intervalle.

Exercice: Écoutez deux notes successives différentes, qui constituent un intervalle, et amusez-vous à reproduire ces deux notes avec votre voix. Essayez avec celui-ci:

Exercez-vous avec des intervalles variés, en jouant deux touches au hasard sur un clavier par exemple, ou avec un autre instrument. Commencez par les plus simples, avec des touches proches l'une de l'autre.

L'intervalle entre deux touches de piano consécutives s'appelle un demi-ton. Intervalle entre un SI et un DO, par exemple, ou entre une touche noire et la blanche adjacente. Bien évidemment, on peut produire des intervalles qui ne sont ni des demi-tons, ni des tons ou leurs multiples: on peut sauter d'un son à un autre sans s'occuper des notes avec notre voix, ou avec des instruments de musique qui ne produisent pas de notes fixes comme le violon ou certaines flûtes rustiques. Il est possible et tout à fait intéressant d'entendre et de reproduire des intervalles beaucoup plus petits qu'un demi-ton (micro-intervalles).

Octaves

La musique est faites d'intervalles variés et innombrables. C'est la présence de certains intervalles plutôt que d'autres qui donne à une musique sa couleur orientale, chinoise, indienne ou occidentale par exemple. Car l'assemblage des intervalles produit les modes et des gammes (voir l'article Gammes et modes musicaux).

Toutefois, il est un intervalle que l'on retrouve dans toutes les gammes et dans toutes les cultures, un intervalle universel, c'est l'octave. Qu'est-ce que l'octave? La meilleure façon de vous la définir n'est-elle pas de vous le présenter, de vous le faire écouter?

octave

Figure 3. Deux sauts d'octaves successifs

Exercice: chantez le premier intervalle d'octave entendu ci-dessus. Vous pouvez vous aider en imaginant que vous chantez (si vous la connaissez) la chanson suisse "Là-haut sur la montagne". Ce sont les deux premières notes, l'intervalle entre "là" et "haut".

Cet intervalle est universel parce qu'il est naturel, constitutionnel de notre nature. Il est facile de s'en rendre compte en comparant la voix féminine à la voix masculine. Demandons à un homme de chanter une petite mélodie et à sa compagne de chanter la même chose avec lui. Avec sa voix de femme, elle chantera naturellement plus haut que l'homme: exactement une octave plus haut. Et pourtant, tout en sachant que leurs voix sont différentes, ils auront la sensation de chanter la même chose, d'être ensemble, à l'unisson. Deux sons distants d'une octave, c'est le même son à deux niveaux différents.

Numérotation des octaves: LA3 = A4

D'ailleurs, en musique, deux sons distants d'une octave portent le même nom. Si le son grave est un DO, le son à l'octave au-dessus sera aussi un DO. Pour les distinguer, on leur attribue un numéro d'ordre qui augmente de 1 en montant: DO1, DO2, DO3, etc.... De même pour toutes les notes: LA3, LA4... Dans les octaves graves en-dessous du DO1, on trouve DO-1 et DO-2. Traditionnellement, on n'utilise pas le zéro en France, mais les frontières sont perméables et on trouve parfois la notation DO0 et DO-1.

Remarque: Dans les logiciels de production sonore tels que ceux présentés dans la dernière section, le LA informatique, produit avec les formats MIDI, est défini par les standards américains. Il est donc nommé selon la notation anglo-saxonne, et sonne une octave en dessous du LA français (Le LA3 français est équivalent au LA4 MIDI). Cela évite d'avoir des LA-1 et permet d'avoir un langage cohérent avec des musiciens étrangers. Et comme on ne dit pas LA, SI, DO, RÉ, MI, en anglais, mais A, B, C, D, E, le LA3 devient le A4 en anglais!

Dans cet article, je conserve la notation française habituelle.

Fréquences des octaves

Le technicien qui mesure les fréquences de 2 sons distants d'une octave constate que leurs fréquences sont dans un rapport 2. Par exemple, le son grave a une fréquence de 30 hertz et le son aigu de 60 hertz; ou encore 2000 et 4000 hertz. La connaissance de la fréquence des sons fait donc apparaître des chiffres caractéristiques: à l'octave est associé le chiffre 2. L'article Ton et intonation juste rapporte les nombres associés aux autres intervalles dans trois types de gammes majeures. Ainsi pour les LA, on a les mesures suivantes:

Note LA-1 LA1 LA2 LA3 LA4 LA5 LA6
Fréquence en hertz 55 110 220 440 880 1760 3520

On sait donc maintenant que l'exemple sonore de la figure 2 est un LA1 suivi d'un LA6, à 5 octaves d'intervalle.

7 petites notes de musiques

Les musiciens repèrent la hauteur du son par les notes de la gamme. En occident, les gammes de la musique classique et populaire reposent sur 7 notes de base s'inscrivant à l'intérieur d'une octave et répétées aux autres octaves. En français, ce sont les notes:

DO - RÉ - MI - FA - SOL - LA - SI

Tandis que la hauteur des LA est déterminée en fréquence par la convention internationale, les fréquences des autres notes ne peuvent pas être fixées de façon absolue, car elles dépendent de la gamme dans laquelle elles sont employées, et donc de la culture, de la conception que l'on a de la définition des intervalles, de notre jugement sur la justesse de la voix et en définitive de l'interprétation. Des détails sur les intervalles des gammes sont données dans l'article Ton et intonation juste.

En anglais, on désigne ces notes par A (La) - B (Si) - C (Do, etc.) - D - E - F - G. En allemand, le B désigne un Si bémol, tandis que le Si est désigné par la lettre H.

Dans la gamme chromatique tempérée en usage actuellement, l'octave est partagé en 12 demi-tons équidistants:

DO - DO# ou RÉb - - RÉ# ou MIb - MI - FA - FA# ou SOLb - SOL - SOL# ou LAb - LA - LA# ou SIb - SI - DO

Pour indiquer les hauteurs sur une partition, le musicien représente les notes sur une portée générale à 11 lignes, divisée en deux portées à 5 lignes, une en clé de Sol et une en clé de FA (figure 4).

portée de 11 lignes

Figure 4. La portée de 11 lignes, avec le DO au milieu, représente l'échelle des hauteurs de notes par degrés

On peut imaginer cette portée comme une projection graphique de l'échelle sonore: les sons graves sont inscrits dans le bas et les sons aigus dans le haut sur une étendue d'environ 3 octaves, sans parler de ceux qu'on peut ajouter en bas et en haut. Le temps se déroule de gauche à droite.

Enfin, je signale qu'il existe une correspondance entre l'échelle verticale des sons et le corps. Les sons résonnent dans le corps et ces résonances s'étagent des plus graves en bas du corps aux plus aigus dans le haut du corps. Je développe ce sujet dans un autre article (Résonances sonores corporelles).

Mesure des intervalles, cents et savarts

L'oreille est un organe surprenant. Lorsqu'on monte de LA en LA, on a l'impression qu'on ajoute à chaque fois le même intervalle d'une octave. Pour un musicien, l'intervalle d'une octave est égal à 12 demi-tons, soit 6 tons, quelle que soit la hauteur où se situe cette octave. 2 octaves font 12 tons, etc. Or de son côté, le physicien constate la multiplication de la fréquence par 2. En somme l'oreille a la propriété de transformer des multiplications en additions! En mathématique, la fonction qui réalise la même chose s'appelle un logarithme. Cela vous évoque-t-il quelque chose? C'est pourquoi on dit parfois que l'oreille est logarithmique.

Cents

Aussi on a inventé une façon de mesurer un intervalle avec une unité qui s'additionne. L'unité la plus simple est l'octave. Un sous-multiple est le demi-ton tempéré défini comme la douzième partie de l'octave. L'unité utilisée par les acousticiens est le centième de demi-ton appelé cent. Il s'ensuit qu'une octave vaut 1200 cents.

Un intervalle entre 2 sons de fréquences f1 et f2 s'exprime par le rapport f1/f2. Le même intervalle exprimé en cents se calcule en passant en logarithmes par la formule: equation du cent. Les termes 1200 et log2 sont simplement des coefficients d'échelle qui permettent de s'assurer que l'intervalle d'octave, de rapport f1/f2=2, fait bien 1200 cents.

Le savart

Il existe également une unité plus ancienne basée sur les logarithmes. Le physicien Savart a simplement transformé les multiplications de fréquences en additions en appliquant la fonction de logarithme à base 10. Puisque l'octave vaut 2 en rapport de fréquences, la nouvelle mesure d'une octave vaut alors log2 = 0,30103.

Le savart est défini comme le 1/1000 de l'octave, ce qui fait qu'une octave vaut 301 savarts. Tout intervalle entre deux notes de fréquence f1 et f2 vaut 1000 log(f1/f2) savarts.

Le facteur d'échelle (1000) n'est pas tout à fait le même que celui des cents (1200/log2 = 3986), de sorte que 1 savart vaut approximativement 4 centièmes.

Un comma vaut environ 5 savarts.

Perception de l'oreille

Quel est le plus petit saut de hauteur que l'oreille peut apprécier?

Écoutez. Entendez-vous le saut de hauteur entre le LA et la fréquence supérieure?

  • Un demi-ton tempéré
    ou 100 cents
    soit 301/12=25,08 savarts
    En fréquences 21/12=1,0595 (voir article Ton et intonation juste)
    Exemple: le saut entre LA de 440 Hz et LA#: 440x1,0595=466,16.
  • Un quart de ton
    50 cents
    ou 21/24=1,0293
    Exemple: du LA 440 à à la note de fréquence 440x1,0293=452,89
  • Un dixième de ton
    soit 20 cents
    ou 21/60
    Exemple: saut de fréquence de 440 à 440x1,0116=445,11
  • Un vingtième de ton
    10 cents
    ou 21/120
    Exemple: saut de fréquence de 440 à 440x1,00579=442,55

L'oreille perçoit très facilement le demi-ton, mais elle est beaucoup plus performante que ça, bien plus qu'on imagine: il lui est facile de distinguer le 1/10e de ton et même le 1/20e de ton. Une oreille entraînée est capable de discerner le 1/200e de ton dans les fréquences moyennes de sa plage d'audition, soit 1 centième ou une variation de fréquence de 0,05%. Le cent (centième de demi-ton) apparaît comme la plus petite hauteur perceptible.

Amplitudes vocales et instrumentales

Sur la figure 5, j'ai reporté les tessitures des voix humaines, des flûtes à bec (flûtes douces), de la guitare et du piano. On remarque que la voix s'étale sur 2 à 3 octaves, tandis que le piano atteint 7 octaves.

Quant à l'oreille, elle peut percevoir environ de 16 à 16 000 Hz soit jusqu'à 10 octaves. En effet, si l'on double la fréquence 10 fois, cela revient à multiplier par 210=1024, très proche de 1000.

Figure 5. Étendues (tessitures) des voix humaines, des flûtes à bec, de la guitare classique et du piano

Tessitures

En savoir plus

Échanges complémentaires

Si vous avez apprécié cet article, s'il vous a été utile, si vous voulez apportez une précision, un complément, si vous avez détecté une erreur, si vous souhaitez avoir des informations sur ma pratique dans mes ateliers d'éveil vocal et rythmique, je vous invite à m'écrire pour partager votre expérience et votre ressenti. Je serai heureux de recevoir votre courriel.

Mes articles sur le son dans ce site

Si cet article a éveillé votre curiosité et que vous voulez en savoir encore plus, vous pouvez (ou pourrez bientôt) consulter les documents en ligne suivants:

L'encyclopédie Wikipedia, en français

Wikipédia est un projet d'encyclopédie sur Internet, écrit coopérativement par ses lecteurs. Ceux-ci sont invités à participer à l'écriture d'un article ou à en créer un nouveau. Les articles sur la musique sont nombreux et leur qualité est inégale. Certains auteurs se contentent de retransmettre les théories qu'on peut lire dans tous les solfèges. D'autres rapportent des informations beaucoup plus techniques et précises. Ma préférence va à ceux qui témoignent de l'expérience de l'auteur, comme j'ai tenté moi-même de le faire dans l'article présent. Voici des articles intéressants:

Et encore sur Internet

A propos des gammes, D. Beaufils et M. Grente, Sur le site de l'INRP, Institut National de Recherche Pédagogique, Lyon, France.

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