Un ouvrage
didactique de Fabrice Mattatia revient sur les différents volets de la
loi informatique et libertés et passe au crible une centaine de
jurisprudences.
Qu’il
s’agisse d’un internaute désireux de faire respecter le droit à ses
données personnelles ou d’une entreprise sur le web souhaitant
exploitant ces mêmes données, ces deux profils doivent se référer à un
cadre juridique existant. C’est justement pour décortiquer ce cadre
plutôt complexe que Fabrice Mattatia vient de faire paraitre un ouvrage
relativement pratique.
Cet ingénieur polytechnicien,
docteur en droit et ancien conseiller de Nathalie Kosciusko-Morizet en
économie numérique, passe au peigne fin les différentes lois concernées.
Si la plus connue est celle de 1978, relative à la protection des
données personnelles, les autres textes concernent la criminalité
informatique (loi Godfrain),
les pratiques des fournisseurs d'accès internet (code des postes et des
communications électroniques) ou les obligations des hébergeurs (loi
pour la confiance sur l’économie numérique).
Des sanctions sévères, rarement appliquées
Mais surtout, et
c’est là l’originalité du livre (qui découle d’une thèse de droit sur la
Cnil soutenue fin 2010), la publication passe en revue une centaine de
jurisprudences. Précisément celles liées au non-respect des obligations,
mais aussi des interdictions liées aux traitements effectués sur ces
données personnelles : collecte frauduleuse ou illicite, traitement
malgré opposition, dépassement de la limitation de conservation, etc.
« Si la loi est finalement très
sévère dans ses textes, en pratique quasiment aucun tribunal n’a jamais
fait appliquer les peines encourues. Personne par exemple n’a été condamné - comme c’est prévu dans la loi - à cinq ans de prisons et à 300 000 euros pour ne pas avoir déclaré un site web qui manipule des données personnelles »,
explique Fabrice Mattatia. En revanche, des sanctions sont bien
appliquées par la Cnil. La plus élevée s’élevant à de 100 000 euros.
Elle a été infligée à Google pour l’affaire de ses voitures Google
Street.
Une loi toujours pertinente, mais à revoir
Dans son ouvrage, Fabrice Mattatia constate également que la loi de 1978 reste globalement adaptée au contexte actuel. « Elle
visait à se prémunir d’une surveillance trop étroite des autorités
policières. Aujourd’hui, elle permet d’encadrer correctement le suivi
comportemental et le traçage des internautes sur le web et les réseaux
sociaux. »
Pour autant, précise-t-il, cette loi, et
la directive de 1995 qui en découle, exigeraient quelques
réaménagements (que devrait apporter le futur règlement européen).
Parmi eux, le principe de territorialité : les traitements réalisés par
une entreprise non européenne dont les serveurs sont hors d’Europe
(Google, par exemple) échappent à la loi… Le règlement prévoit alors
d’appliquer ses contrôles à tous les traitements impliquant des données
appartenant à des Européens (où qu’ils soient effectués).
Enfin la loi actuelle n’est pas taillée pour le cloud. Avec elle ,en effet, la société qui traite les données personnelles a l’entière responsabilité de ces données. « Or
si elle confie ces traitements à une offre sur le cloud, elle ne
maîtrisera pas, par exemple, le niveau de sécurité ou de protection de
ces données. A terme, il faudra pouvoir déléguer cette responsabilité
entre le commanditaire des traitements et son prestataire. »
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