Les difficultés sur le marché de l’emploi conduisent les cadres à être proactifs quand ils envisagent une mobilité. 50.000 d’entre eux font appel chaque année aux services personnalisés de l’Apec, cinq fois plus qu’en 2010.
Alors
que l’économie détruit toujours des emplois, les effectifs des cadres
vont progresser en 2013. Cette année, ils subissent moins les
contre-coups de la crise que les autres salariés. Cela ne veut pas dire
que celle-ci ne les impacte pas. Le succès des prestations que développe
l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) à destination des
personnels d’encadrement en activité est révélateur d’une évolution de
leur comportement concernant leur gestion de carrière.
En
2010, seuls 9.401 cadres en emploi avaient utilisé les services
personnalisés de l’Apec. Le chiffre a plus que doublé en 2011, à 24.028
et cette année, l’association prévoit qu’il atteindra 50.000. Dans le
même temps, le profil des utilisateurs s’est modifié avec une montée en
puissance des moins de 35 ans. En 2011, seuls 28% des cadres en
activité, clients de l’association, étaient dans cette tranche d’âge.
Ils en ont représenté 38% l’an dernier. Cette évolution s’est
accompagnée d’une diminution du poids des plus de 45 ans dans les actifs
utilisateurs des services gratuits de l’Apec : 34% étaient dans ce cas
en 2011, 30% l’an dernier et 29% en 2013.
Sécurisation des parcours professionnels
« Les cadres sont de plus en plus nombreux à anticiper des évolutions dans leur carrière », souligne Jean-Marie Marx, directeur général de l’Apec ( lire son interview
), qui voit dans la progression des prestations de son association
d’évaluation du potentiel du marché ou de construction du projet
professionnel le signe de la construction par les cadres eux-mêmes, en
dehors de l’entreprise, d’une forme de sécurisation des parcours
professionnels.
Le fait que dans 90% des
cas, les cadres prennent contact avec l’Apec de leur seul initiative
montre qu’ils sont de plus en plus proactifs, soucieux dans un
environnement mouvant de ne pas se lancer à l’aveugle en prenant des
risques excessifs. Et peut-être aussi de moins en moins confiants dans
la capacité de leur employeur de se préoccuper voire de leur assurer un
avenir.
La mobilité ne ralentit pas malgré la crise
Cette
analyse est renforcée par le fait qu’on ne note pas de fort
ralentissement de leur mobilité malgré la crise. C’est ainsi qu’en 2012,
selon les dernières statistiques de l’Apec, 16% des cadres ont connu
une mobilité : 9% ont changé de poste dans leur entreprise et 7% ont
changé d’employeur, dans deux cas sur trois par choix. Parmi les cadres
ayant recouru aux services gratuits de l’Apec en 2012, le taux de
mobilité, pour l’essentiel externe, est de 40%. En clair, changer de job
est plus que jamais un exercice délicat, les cadres en ont parfaitement
conscience et font tout pour réduire les risques.
La
flambée de l’activité de l’Apec a une autre explication liée à
l’évolution de l’association, qui a dû faire sa révolution. Le
développement de l’Apec, créée en 1966 par les partenaires sociaux et
financée par une cotisation spécifique sur les salaires des cadres, a
été longtemps axé sur le champ concurrentiel, avec le développement
d’activités lucratives. Mais leur cohabitation avec une cotisation
obligatoire a provoqué les foudres de la Commission européenne.
Mise
sous pression, l’Apec a négocié avec l’Etat un nouveau mandat de
service public et entamé en 2010 un recentrage de ses activités vers les
services gratuits aux salariés en poste, en sus des jeunes diplômés. Le
pari n’était pas gagné d’avance. Les résultats qu’affiche l’opérateur
montre que le tournant stratégique a été pris.
L. de C.
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