Formé à la sociologie de Parsons et intéressé par la logique et la phénoménologie, il fonde une discipline appelée l'ethnométhodologie qui aura un retentissement considérable durant les années 1960 et 1970 dans le monde anglo-saxon.
L'une des études fondatrices de Garfinkel fut menée auprès d'un groupe de jurés. Le délibéré étant fait à huis clos, la légende dit que Garfinkel aurait placé un micro afin d'avoir accès à leur raisonnement[réf. nécessaire].
Garfinkel étudia également le travail continu réalisé pour accomplir une identité sexuée en enquêtant auprès d'une jeune transsexuelle, Agnes. Sa "performance" de genre bousculait les conceptions naturalistes des rôles sexuels et fournissait des arguments aux tenants des études de genres (Gender studies) et des travaux sur la transsexualité. Garfinkel mit en évidence le travail quotidien et de chaque instant que faisait Agnes pour "passer" en tant que femme. Ce faisant, il montrait que les comportements genrés (masculin/féminin) étaient une construction, un jeu de rôle... Et cela, autant chez les femmes transsexuelles que chez les femmes biologiques.
À travers toutes ses études, le mode naturel d'être au monde est étudié et décortiqué finement afin d'en expliciter tous les ressorts.
En France, ses travaux ont influencé notamment Bruno Latour, Albert Ogien et Louis Quéré.
Hommage sur France Culture
Alain Coulon (né en 1947) est un sociologue français et Professeur des universités en sciences de l'éducation. Depuis le 23 janvier 2004, il a été nommé directeur général du Centre national de documentation pédagogique (CNDP)[1].
Ses travaux s'inspirent de la sociologie qualitative, l'interactionnisme et ethnométhodologie, courant de la sociologie qu'il a d'ailleurs contribué à faire connaître en France (il est l'auteur de deux « Que sais-je ? », l'un sur l'ethnométhodologie et l'autre sur l'École de Chicago).
Alain Coulon a été directeur de l'UFR d'éducation, communication, psychanalyse à l'université de Paris-VIII, de même que fondateur et directeur du Centre de recherche sur l'enseignement supérieur (CRES) et directeur du Centre d'initiation à l'enseignement supérieur (CIES)(Sorbonne)[1]. Pendant quatre ans, il a été président national de l'assemblée des directeurs de CIES[1].
Ses travaux portent notamment sur l'enseignement supérieur, mais aussi sur des questions de santé publique ou d'histoire politique. Il a mené des recherches sur l'importance et l'efficacité des apprentissages documentaires dans le travail intellectuel des étudiants de 1er cycle[1].
Depuis janvier 2004, Coulon est membre de la commission française pour l'Unesco[1].
Alain Coulon : Université vs écoles de journalisme
Luc Boltanski est un sociologue français né en 1940. Directeur d'études à l'EHESS, il est le frère de l'artiste plasticien Christian Boltanski et du linguiste Jean-Élie Boltanski.
Les premières recherches de Luc Boltanski sont menées dans le cadre du Centre de sociologie européenne, dirigé par Raymond Aron puis Pierre Bourdieu. Ses premiers travaux sont orientés par l'influence du cadre théorique bourdieusien. Boltanski est donc dans sa jeunesse inséré dans le « groupe de jeunes que Bourdieu avait réunis autour de lui ».
Au début des années 1970, Boltanski devient maître-assistant à l'École des hautes études en sciences sociales. Il participe à la fondation de la revue Actes de la recherche en sciences sociales. Au milieu des années 1980, Boltanski se désengage des Actes et se désinvestit de l'équipe encadrée par Bourdieu. Cette désunion intellectuelle avec la sociologie bourdieusienne peut se résumer par deux conceptions opposées de la critique sociologique.
Parallèlement à son travail en sciences sociales, Luc Boltanski écrit et publie des ouvrages de poésie et, plus récemment, des pièces de théâtre. Nuits, ouvrage édité à ENS Editions, regroupe les deux pièces La Nuit de Montagnac et La Nuit de Bellelande qui furent créées en mai 2008 au Théâtre Kantor de Lyon dans une mise en scène de Guillaume Pfister.
Même si Luc Boltanski s'est nourri de l’école de Pierre Bourdieu, il se détache de la sociologie du « dévoilement » (issue de la tradition marxiste), qui enquête sur les « vraies » contraintes pesant sur les agents, pour se pencher davantage sur les éléments communicationnels, relationnels et pratiques qui rendent l'accord possible.
Par contre, voir quels sont les éléments qui rapprochent ou divisent les personnes autour d’un même objet, et l'analyse des processus par lesquels celles-ci arrivent in fine à un accord perçu, reconnu et voulu consciemment comme tel, voilà une des caractéristiques de l'approche de Boltanski. Contrairement à la méthode bourdieusienne, qui accorde une place importante à la trajectoire, la méthode boltanskienne ne s'intéresse pas au passé des acteurs, encore moins à leurs habitudes ou à leurs caractéristiques socioculturelles. Au contraire, chaque acteur possède un « libre arbitre » qui lui permet, lors des épreuves (et de ses mises à l'épreuve), de faire valoir ses arguments et ses « justifications ». Celles-ci s'appuient sur une grammaire spécifique, mais non infinie, suivant les situations. Nous pouvons dès lors dire que ces deux sociologies sont opposées quant aux buts à atteindre par leur démonstration.
Dès lors, la sociologie critique telle que pratiquée par Bourdieu (celle qui dénonce les mécanismes sous-jacents et inconscients de l'exploitation) se confronte à une sociologie de la critique (celle qui analyse les conditions et les conséquences de la critique...). Pour Bourdieu, en quelque sorte, toute dénonciation qui n'est pas de l'ordre de l'analyse sociologique, est une dénonciation aveugle et sourde quant à ses véritables motivations : toute tentative de critique « spontanée » est suspecte. Par contre, pour Boltanski, les personnes sont parfaitement à même de comprendre leurs motivations. En effet, si elles sont « sous le voile », elles en ont conscience. Elles le palpent et se le disputent, si l'on peut dire. Ce sont les conditions de ce jeu qui intéressent Boltanski.
Cependant, ces enjeux intellectuels sont bientôt redoublés et prolongés par des enjeux institutionnels lorsque Boltanski fonde avec Laurent Thévenot le Groupe de sociologie politique et morale (GSPM) en 1984.
Boltanski devient alors l'un des principaux représentants de la sociologie pragmatique française, considérant que l'homme fait la « société » et que les acteurs sont compétents pour prendre position, juger, dénoncer, critiquer, en rendre compte... Cette sociologie s'oppose à la sociologie critique (seul le sens savant peut être critique et c'est la société qui fait l'homme) représentée entre autres par Bourdieu. Avec Thévenot, il écrit De la justification (1991), ouvrage qui prolonge « La dénonciation » (Actes de la recherche en sciences sociales, 51, mars 1984, avec Y. Darré et M.-A. Schiltz) puisqu'il montre qu'il existe non pas, comme il l'explique dans l'article « La dénonciation », une seule façon d'être « grand » dans le monde social, à savoir : par un travail de dé-singularisation, mais bien différents moyens de devenir grand (« échelles de grandeur »).
La rencontre de Boltanski avec Ève Chiapello et leur collaboration pour Le Nouvel esprit du capitalisme (1999) a permis au sociologue d'élargir le cercle autour de la sociologie de « l'économie des grandeurs ». En effet, Le nouvel esprit du capitalisme apparaît comme une configuration illustrative, à portée générale et pratique, de la typologie des cités. L'écho qu’a eu ce livre dans les médias, notamment dans le champ des gestionnaires eux-mêmes, tend à prouver l’importance de sa portée.
Il a récemment publié un livre intitulé La condition fœtale (2004) qui a ouvert un débat autour de l'usage de la notion de contradiction dans les sciences sociales et de la possibilité d'articuler structuralisme et phénoménologie dans une approche historique, rejoignant ce que de nombreux collègues développent depuis plusieurs années dans des champs aussi différents que la sociologie des sciences, la sociologie des crises ou celle de la construction des problèmes publics.
Entretien avec Luc Boltanski (1)
Laurent Thévenot (né en 1949) est un économiste et un sociologue français.
Diplômé de École polytechnique (promotion X 1968) et de ENSAE (promotion 1973), il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et il appartient au Groupe de Sociologie Politique et Morale (GSPM) co-fondé en 1984 avec Luc Boltanski. Administrateur de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), il est également membre du comité de rédaction de la revue Annales. Il a été conseiller scientifique au Centre d'études de l'emploi (en 1988).
Avec Luc Boltanski, il a écrit "De la Justification. Les économies de la grandeur" qui distingue et analyse les répertoires d'évaluation les plus légitimes dans la vie publique, qu'il s'agisse des relations de pouvoir, des relations sociales ou de la vie économique.
Il est aussi l'un des chercheurs ayant initié l'approche dite "conventionnaliste" de la coordination des agents économiques, qui est devenue influente au fil des années parmi les spécialistes des sciences économiques en France et au-delà (économie des conventions)
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