Article initialement posté chez OkeaNews
Aujourd’hui, traduction [libre et sans doute criticable] d’un article de Nick Malkoutzis sur les 10 mythes de la Grèce et de la crise. L’idée générale de cet article est de remettre en cause – en chiffres et analyses – ces mythes qui ont permis à toute l’Europe de pointer le doigt sur le mauvais élève -supposé- de la classe européenne. Manœuvre qui s’est avérée utile pour déplacer l’origine du problème des dettes souveraines et imposer des cures d’austérité sans précédent en Grèce. L’autre objet est de tenter également de changer l’image de la Grèce et des grecs, qui ont subit tant d’attaques qu’il est devenu aujourd’hui nécessaire de retrouver un équilibre entre le vrai et le faux.
1. La Grèce n’aurait jamais dû rejoindre l’Euro – elle a falsifié ses comptes
Les gens font souvent une erreur d’amalgame entre ces deux sujets alors qu’une distinction claire existe. Il existe un argument valable : la Grèce, et d’autres pays, n’auraient pas du rejoindre la zone euro si rapidement.
Les problèmes structurels que la Grèce n’a jamais corrigé, comme la décrépitude des administrations publiques et la faible productivité, signifie qu’elle était dans une situation désavantageuse dès le départ et qu’elle aurait à subir des transformations importantes – ce qui n’a jamais été tenté par les classes politiques – pour proposer une base solide dans la zone euro. Au lieu de cela, au cours de la dernière décennie, la Grèce n’a produit qu’un euro de sa propre richesse pour trois euros importés.
Toutefois, cette question est totalement éloignée de celle des statistiques officielles. Il est devenu plus facile pour les commentateurs et les journalistes d’écrire que la Grèce a menti pour rejoindre l’euro. Cette idée fausse est largement issue de la décision du gouvernement de la Nouvelle Démocratie, venu au pouvoir en Mars 2004, de mener un audit des finances publiques qui a conduit à la révision à la hausse du déficit budgétaire de la Grèce, au-dessus des 3% de la limite du produit intérieur brut pour les membres de la zone euro. Toutefois, l’augmentation du déficit était largement issue du changement de la façon, par l’administration conservatrice, dont les dépenses militaires avait été enregistrée. Plutôt que d’enregistrer les dépenses lorsque des acquisitions sont livrées, l’administration les avait attribué à la date de commande. Cela explique la faiblesse dans la manière dont la zone euro utilise ces statistiques. En n’arrivant pas à s’entendre sur un système global uniforme, elle a permis aux statistiques d’être ouvertes à la manipulation politique dans plusieurs États membres, et pas seulement en Grèce. C’est une question que la Commission européenne n’a abordé qu’au cours des derniers mois. Comme Dimitris Kontogiannis l’a révélé récemment dans Kathimerini Edition, l’UE utilise maintenant la date de livraison pour enregistrer les achats, ce qui signifie que le déficit de la Grèce quand elle a rejoint l’Union monétaire européenne en 1999 aurait bien atteint l’objectif des 3%.
Selon la base de données de la Commission, les déficits de plusieurs autres pays, dont la France et l’Espagne, ont été de plus de 3%. Certains diront que cela n’est plus pertinent aujourd’hui et dans un sens, ils ont raison. Mais le fait de ressasser régulièrement ce mythe a contribué à cette impression parmi les commentateurs, ainsi que parmi l’Européen moyen, que la Grèce a eu à répondre d’un péché originel, même si cette infraction n’a jamais été commise. Établir la vérité doit être la première étape pour rétablir la confiance.
2. La Grèce a gaspillé les subventions Européennes
Il est vrai que la Grèce n’a pas fait le meilleur usage possible des fonds européens qu’elle a reçu depuis son adhésion à l’UE. Cet argent aurait dû aider à revigorer l’économie grecque, la rendre compétitive et créer des emplois. Au lieu de cela, trop d’argent a été gaspillé dans des aides inutiles, comme les subventions agricoles – bien que la Grèce n’ai pas été la seule à le faire.
Toutefois, cela ne veut pas dire que l’argent a été complètement perdu, ni que les paquets d’aides structurelles aient été aussi importants que certaines personnes aiment à le croire. Au cours de ses 30 années en tant que membre de l’UE , la Grèce a reçu l’équivalent de 78 milliards d’euros en financement de l’Union. Au-delà, la Banque européenne d’investissement a également contribué à financer des projets clés, tels que la construction de l’aéroport international et le métro d’Athènes. Ces projets ne sont que deux des exemples de la contribution de l’argent de l’UE dans l’amélioration des infrastructures grecques depuis les années 1980. Bien que ces infrastructures soient loin d’être suffisantes, il ne faut pas oublier qu’en raison de sa géographie, la Grèce a à construire et à maintenir une infrastructure exceptionnellement étendue – tels que les ports et les aéroports des îles – pour un petit pays.
Aussi, il est bon de rappeler qu’avant l’avènement de l’euro, les fonds structurels ont été une façon pour la Grèce d’importer des devises étrangères, qu’elle a ensuite utilisé pour acheter des marchandises importées – principalement d’Europe. De même, il faut noter que de nombreuses entreprises impliquées dans ces projets d’infrastructure majeurs en Grèce au cours de la dernière décennie étaient européens. En d’autres termes, une grande partie de l’argent qui a été fourni à la Grèce a terminé sa course dans des poches européennes.
3. Les Grecs sont des cigales et se sont très fortement endettés
Au milieu du brouillard de la crise, les gens confondent souvent la dette publique et la dette privée. Dans le cas de la Grèce, accuser les citoyens d’avoir été irresponsables avec leur argent au cours des dernières années est peut-être l’une des accusations les plus injustes. Même s’il est vrai que les crédits « bon marché » qui sont devenus disponibles au cours de la dernière décennie ont alimenté le boom de la consommation, il a infligé des dégâts plutôt sur l’économie grecque. La hausse de la demande pour les produits importés a étranglé la production locale et a provoqué une fuite trop importante de monnaie hors du pays. Cependant, cela n’a pas mené les grecs en tant qu’individus à devoir des sommes incroyables à d’autres.
En fait, la Grèce a l’un des plus bas ratios d’endettement des ménages par revenu disponible dans l’Union européenne. En 2009, il s’établissait à 40%. Comparez cela, par exemple, à 122% au Royaume-Uni, 130% en Espagne et un 240% aux Pays-Bas et il est évident de voir que ceux qui se sont indignés des habitudes des Grecs de dépenser sans compter se sont quelque peu égarés.
4. Les Grecs ne travaillent pas assez / Les Grecs sont paresseux
Les commentaires des deux dernières années présentent l’éthique des Grecs au travail, ou plutôt de son absence, comme une exception culturelle ou génétique. L’argument est souvent basé sur la théorie que les Grecs travaillent trop peu, sont toujours prompts à s’offrir une sieste et prennent de longues vacances. Cela est généralement illustré par une anecdote à propos d’un propriétaire de taverne sur une île ou un fonctionnaire passant son temps à fumer.
C’est à peu près aussi juste que baser son jugement sur la culture britannique ou néerlandaise au sujet du comportement de leurs adolescents à Malia ou Hersonissos (ou des jeunes viv(ai)ent des vacances de débauche(sexe, drogues et alcool) sur les plages mais aussi en pleine rue). Il n’y a aucune raison de présenter de tels stéréotypes puisqu’il y a largement assez de preuves statistiques pour donner une image claire de la façon dont les Grecs travaillent (dur). Les chiffres d’Eurostat montrent régulièrement que les Grecs sont ceux qui travaillent le plus d’heures par semaine dans la zone euro. Les derniers chiffres montrent que les Grecs ont travaillé une moyenne 40,9 heures par semaine en 2010. La moyenne de l’Eurozone était de 36,6.Même les fonctionnaires, en général privilégiés, travaillent actuellement 40 heures par semaine, depuis que leurs journées de travail ont été prolongés de 30 minutes l’été dernier. Les chiffres compilés par l’OCDE montrent également que la productivité grecques a égalé et dans certains cas dépassé les autres pays de la zone euro, y compris l’Allemagne, durant la dernière décennie.
Cependant, les nombres ne peuvent pas illustrer combien de temps un patron d’entreprise grec ou un salarié doivent investir dans le traitement de la paperasse en raison de l’administration publique mystérieuse du pays, en comparaison à un pair de la zone Euro qui ne subit pas une telle ponction sur ses ressources. Le problème de la Grèce n’est pas la paresse mais la difficulté de trouver le moyen d’être plus efficace pendant les heures de travail.
5. La retraite à 50 ans
Jusqu’à l’année dernière, les Grecs pouvaient espérer une pension complète s’ils avaient complété 35 années de travail. Cependant, pour prendre leur retraite à 50 ans, ils auraient eu à travailler 37 ans. Il y a eu quelques exceptions à cela dans les secteurs publics et militaires. Des règles similaires à la retraite anticipée existent dans d’autres pays européens. Néanmoins, l’âge moyen de la retraite en Grèce n’est pas 50 ans.Selon les chiffres compilés par Eurostat, l’année dernière il était de 61,4. En Allemagne, il était de 62 ans.
De plus, les lois de pension grecques ont été révisées en début d’année dernière afin que les Grecs, dès l’année prochaine, prennent leur retraite à 65 ans et fassent gagner des cotisations de retraite (qui sont basés sur la moyenne des salaires qu’ils gagnaient au long de leur carrière et non sur leur dernier salaire). Ces règles sont plus strictes que celles des autres pays européens, tels que la Grande-Bretagne, où les fonctionnaires ont fait grève la semaine dernière pour protester contre un projet très similaire à celui de la Grèce.
6. L’évasion fiscale est très répandue en Grèce
La Grèce a un problème considérable concernant la collecte des impôts, mais il est inexact de suggérer qu’un pourcentage non négligeable de la population est impliquée dans la fraude. Selon le ministère des Finances, quelques 900.000 personnes doivent à l’Etat une estimation 41,1 milliards d’euros en impôts impayés. Toutefois, 5% des fraudeurs doivent 85 % du montant impayé. Cela représente 14 700 individus, entreprises ou organisations qui doivent 37 milliards d »euro, selon le ministère.Chacune d’eux doit plus de 150.000 euros.
La fraude fiscale grave en Grèce est l’affaire d’un nombre relativement restreint de personnes et d’entreprises qui ont tiré profit d’un secteur public indifférent. Cela ne veut pas dire que la fraude à plus petite échelle par les entreprises – la Fondation d’assurance sociale (IKA) estime que 10% des entreprises ne paient pas de cotisations de sécurité sociale – n’est pas un problème. Mais quand environ la moitié de la population active est employée dans des emplois où leurs revenus sont imposés à la source, assurant ainsi qu’ils ne peuvent pas éviter de payer leurs cotisations, il est injuste de mettre tout le monde dans le même panier.
Un dernier facteur à prendre en compte concernant l’évasion fiscale en Grèce est la structure de son économie : contrairement à la plupart des pays de la zone euro, plus de la moitié des Grecs sont soit indépendants, soit travaillent dans des petites entreprises de moins de neuf personnes. En Allemagne, par exemple, ce chiffre est inférieur à 20%. Ceci est important car où que que vous alliez dans le monde , il y a une corrélation directe entre ce type d’emploi et l’économie souterraine, car il devient plus difficile pour les autorités de vérifier les nombreux dossiers fiscaux. Ungraphique de données de l’OCDE montre qu’il y a une augmentation constante du montant des revenus non déclarés et des bénéfices, directement fonction du nombre d’indépendants et de petites entreprises du pays.
Ces derniers mois, la Grèce a pris des mesures lentes mais positives pour la résolution du problème de l’évasion fiscale. Les autorités utilisent désormais un système informatique qui leur permet de recouper les données et extirper les tricheurs.
7. La Grèce a trop de fonctionnaires
L’expression clé ici est «trop» car personne ne peut vraiment définir ce que c’est.Suite à une demande du gouvernement, des universitaires ont mené une étude sur le secteur public grec dans les années 1990 dans le but de fournir une évaluation des besoins du pays en nombre de fonctionnaires. Leurs résultats n’ont jamais été publiés ou adoptés. L’impression est resté, cependant, que la Grèce emploie trop de fonctionnaires et dépense trop sur les services publics.
En termes de fonctionnaires, le processus visant à en réduire le nombre a commencé.Il a été lent mais certains des 150 000 travailleurs contractuels et des retraités ont quitté le secteur public et plus de 30.000 fonctionnaires seront placés dans un mode de travail de réserve au cours des mois à venir. Sans aucun doute, plus de fontionnaires vont perdre leurs emplois du secteur public dans les années à venir puisque dans l’état économique actuel de la Grèce, le pays ne peut certainement pas payer leurs salaires.
Toutefois, lorsque l’on compare le dépenses publiques grecques à celles des autres pays de l’Union européenne, les résultats ne sont pas aussi extravagants que ce qui a pu être dit.. L’indice de liberté économique 2011 compilées par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal indique que les dépenses publiques de la Grèce est de 46,8% du PIB. C’est élevé, mais encore en dessous des pays comme le Royaume-Uni, l’Autriche, le Danemark et la France, où cet indice atteint 52,8%.
De plus, ces chiffres ne montrent pas ce que les contribuables obtiennent en retour des sommes dépensées dans le secteur public. C’est là que le vrai problème réside : les Grecs ont très peu de services en comparaison à l’argent dépensé. Trop d’argent a été gaspillé pour des faveurs politiques – par donation d’emplois pépères dans le secteur public ou par des marchés publics juteux – plutôt que d’être investi dans des domaines comme l’éducation, ses infrastructures et dans des incitations pour les entreprises qui fournissent de la croissance, des emplois et une base solide pour l’avenir.
Le double coup dur dans cette affaire, c’est que ce gaspillage de l’argent public signifie que les grecs ne bénéficient pas des avantages d’un système de sécurité sociale qui devraient être normalement identiques à ceux dont le pays dépense de lourdes sommes. Les dépenses sociales en Grèce sont de plusieurs points inférieurs à celui de pays comme l’Allemagne et l’Italie. Une des conséquences est que le nombre croissant de Grecs perdant leurs emplois ont moins que ce que les citoyens des autres pays de la zone euro peuvent attendre.Dans la plupart des cas, ils obtiendront une allocation de chômage mensuelle de 500 euros pour un an et ensuite seront livrés à eux-mêmes.
8. La Grèce n’a pas réussi à mettre en place le mémorandum
La Grèce n’a pas réussi à atteindre les objectifs convenus avec l’UE et le FMI quand elle a signé les 110 milliards d’euros de contrat de prêt en mai 2010. Sans aucun doute, une partie de cet échec est du à la lenteur du gouvernement et au hold-up dans le système judiciaire et plus largement dans l’administration publique. La libéralisation des professions fermées et la réduction des effectifs du secteur public ne sont que deux exemples.
L’état d’abandon de l’administration publique, cependant, devrait être clair pour tous.Si les fonctionnaires d’un pays sont en grande partie non formés et non surveillés, si les principaux ministères manquent de connaissances, si le système juridique est paralysé et ses ministères sont en guerre les uns avec les autres à cause des allégeances aux partis politiques plutôt que vers les grecs eux-mêmes, alors il ne peut y avoir aucun espoir de réalisation de changements significatifs, comme l’indique unnouveau rapport de l’OCDE et la Task Force de l’UE qui a commencé son travail en Grèce vise à fournir une expertise qui aidera à améliorer cette situation. C‘est pourquoi il aurait mieux valu mettre l’accent sur une aide permettant de changer ce système plutôt que se borner a vouloir remettre les finances publiques sur la bonne voie.
Par ailleurs, les objectifs donnés à la Grèce étaient basées sur des prévisions d’une évolution de l’économie dans les mois suivants. Ces prévisions, ainsi que la compréhension de la troïka de la façon dont la crise allait se développer, se sont révélées être fondamentalement mauvaises. La Grèce, par exemple, a manqué son objectif de déficit pour cette année d’environ 1% du PIB, mais alors que son économie aurait du se contracter de 3,8%, le recul annoncé sera d’environ 5,5%. Cela souligne aussi le fait que le programme d’austérité drastique appliqué en Grèce – jamais vu en Europe depuis plusieurs décennies – ne semble pas avoir eut l’effet escompté. En fait, il semble qu’il ai même aggravé la récession en Grèce.
Néanmoins, pour avoir conclu un accord, la Grèce et son gouvernement doivent assumer la plus grande partie de la non réussite de ce plan. Cela ne dispense pas de l’UE et le FMI – en particulier ce dernier qui a l’expérience de l’application de ces programmes dans d’autres pays – de leurs responsabilités. Le programme élaboré pour la Grèce n’a tout simplement pas été adapté à ce pays. Au cours des deux dernières années, il a toujours été dit que la Grèce est un cas unique, et pourtant le programme UE-FMI semble être largement un méli-mélo de mesures qui ont été appliquées dans d’autres pays et qui ne tiennent pas compte des particularités du pays. Si la Grèce était un cas unique, il semble qu’il aurait fallu un programme unique.
9. L’argent du contribuable Européen est gaspillé dans le plan de sauvetage Grec
Le language associé au package Grec de 110 milliards (renflouement, aide, assistance financière, par exemple) donne souvent l’impression que des liasses de billets en euro sont arrivés à Athènes depuis les autres pays de la zone euro, dans des cartons estampillés d’une croix rouge, et que cet argent ne sera jamais remboursé. Les partenaires de la Grèce, la zone euro, ont prêté cet argent, ce n’est pas un don.
L’accord conclu cette année indique que cet argent est prêté à un taux raisonnable de 3,5% avec une maturité du prêt étendu à 10 ans. Basé sur un calcul rudimentaires pour un taux de 3,5%, la France et l’Allemagne ont chacun obtenu environ 300 millions d’euros d’intérêt au cours des 12 derniers mois. Environ 300 millions d’euros supplémentaires qui coule dans les caisses publiques de la France ou de l’Allemagne ne peut pas faire une énorme différence pour l’un ou l’autre de ces deux pays, mais ces sommes sont considérables pour la Grèce. Le total des intérêts pour la première année de prêts s’élève à environ 1,3 milliards d’euros.
Par ailleurs, il est estimé que seulement un cinquième de l’argent que la Grèce reçoit couvre les engagements de dépenses publiques (les salaires et les retraites). Certains analystes ont calculé que 60% de l’argent du plan de sauvetage quitte la Grèce sous la forme de remboursements de prêts.
En d’autres termes, ceux qui contribuent à ces renflouements font du profit sur leur investissement et la majorité de cet argent retourne dans les banques européennes qui ont dans le passé acheté des obligations grecques.
10. Un retour à la drachme serait la meilleure solution à la crise
Un certain nombre d’économistes et de commentateurs ont souligné la sortie grecque de l’euro comme étant le moyen le plus efficace de lutter contre la crise. Certains d’entre eux ont mis en avant un argument convaincant sur la façon dont la Grèce pourrait regagner de la compétitivité, si elle est libérée du carcan de l’euro. Certes, il est maintenant évident que la drachme était surévaluée lorsque la Grèce a rejoint la monnaie unique et que cela a endommagé la compétitivité du pays. Toutefois, la Grèce ne s’est pas aidée en oubliant de réformer son administration publique et de faire pression pour obtenir une économie plus dynamique les années précédant et suivant son adoption de l’euro.
Le danger que la plupart des analystes étrangers ne parviennent pas à identifier dans l’éventualité d’un retour à la drachme en Grèce c’est que l’impulsion politique pour mener à bien ces réformes risque également de disparaître. La sortie de la zone euro serait le baiser de la vie pour le système politique actuel discrédité et ses complices. En charge de la création et de la politique monétaire une fois encore, les hommes d’hier vont trouver un moyen de s’accrocher au pouvoir et de diriger le pays selon leurs conceptions personnelles, plutôt que dans l’intérêt de son peuple.
Au-delà de ce point, il y a de sérieuses conséquences économiques à quitter la zone euro – comme un effondrement potentiel du secteur bancaire et du marché du logement, la dépréciation substantielle de la drachme et de nouvelles difficultés dans l’importation de fournitures vitales. C’est parfois facile pour les observateurs étrangers de dédramatiser tant qu’ils n’ont pas à considérer quel effet tout cela aura sur leur vie de tous les jours. Les Grecs, cependant, ne doivent avoir aucun doute que – la théorie économique mise de côté – un retour à la drachme sera moche.
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