19
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent;
20
mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
21
Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.
22
L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon état, tout ton corps sera éclairé;
23
mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres!
24
Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.
25
C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement?
26
Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux?
27
Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?
28
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent;
29
cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.
30
Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?
31
Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus?
32
Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
33
Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
34
Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.
1 Un grand danger — De mauvais exemples :
À ses disciples groupés
autour de lui sur la montagne, le Seigneur déclare : «Nul ne peut servir
deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera
à l’un et méprisera l’autre : vous ne pouvez servir Dieu et Mammon». Il
parle de Mammon comme d’une puissance inique, capable de prendre possession du
coeur de l’homme, de le plier à sa loi et de devenir son idole. L’homme prétend
se servir de l’argent, il se trompe lourdement. C’est Mammon ou plutôt Satan
qui, caché derrière l’idole, asservit l’homme.
Les terribles effets d’un tel
esclavage ne sont que trop visibles dans ce monde, dominé, depuis la chute, par
l’Ennemi. Tout se vend ou s’achète, y compris des âmes d’hommes (Amos
8:6 ; Ézéchiel 27:13 ; Apoc. 18:13). Le Prince de ce monde séduit par
des biens périssables, de l’argent ou de l’or, ceux qui habitent sur la terre
et les entraîne vers la perdition. Étrangers à la vie de Dieu, ce sont des
proies faciles. Dans leur folie, ils s’agitent beaucoup pour satisfaire des
convoitises toujours renaissantes, assouvir leur soif de puissance ou se forger
des assurances pour l’avenir : «Les biens du riche sont sa ville forte et,
comme une haute muraille, dans son imagination» (Prov. 18:11). Pourtant le
coeur reste vide, insatisfait, Dieu seul pourrait le remplir. «Celui qui aime
l’argent n’est pas rassasié par l’argent, et celui qui aime les richesses ne
l’est pas par le revenu» (Eccl. 5:10).
1.1 Le riche qui échafaudait des plans d’avenir
L’homme dont parle le
Seigneur dans l’évangile de Luc (12:16-21) était de ceux que le monde respecte
et admire : ses champs avaient beaucoup rapporté ! Quel mal y a-t-il,
dira-t-on, à être un bon agriculteur ou un habile négociant ? Et pourtant
observons les progrès du mal dans ce coeur égoïste et avare. Car il s’agissait
bien d’avarice, si aisément nommée prévoyance, et d’égoïsme, cette recherche
exclusive et de notre plaisir et de notre intérêt. Face à l’abondance de ses
biens, cet homme comblé raisonne en lui-même — car «le rassasiement du riche ne
le laisse pas dormir» (Eccl. 5:12) — et le «moi» seul est au centre des
plans qu’il échafaude : «J’abattrai mes greniers et j’en bâtirai de plus
grands, et j’y assemblerai tous mes produits et mes biens ; et je dirai à
mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens assemblés pour beaucoup
d’années ; repose-toi, mange, bois, fais grande chère» (Luc 12:18, 19).
N’avons-nous jamais raisonné comme lui, cherchant à organiser notre vie d’une
manière plus confortable, plus attrayante ?
Beaucoup d’années, voilà tout
ce que cet homme est capable d’envisager. Il rejette cette réalité pressante,
l’ÉTERNITÉ, dans laquelle il lui faudra pourtant entrer. Il oublie que l’argent
est sans valeur pour racheter une âme (Ps. 49:6, 7) ; seul le sang de
Christ peut racheter un pécheur (1 Pier. 1:18, 19). Au jour de la colère de
Dieu, les richesses ne profitent de rien (Prov. 11:4).
Cet homme avait voulu oublier
Dieu, mais Dieu soudain l’arrête : «Insensé ! cette nuit même ton âme
te sera redemandée ; et ces choses que tu as préparées, à qui
seront-elles ?» Il avait cherché à amasser des trésors pour lui-même, mais
il n’était pas riche quant à Dieu (Luc 12:21). En un instant les illusions dont
sa vie était tissée sont dissipées ; il a tout perdu. La vanité de ce que
le monde adore, ouvertement ou secrètement, se mesure à la lumière de
l’éternité.
1.2 Balaam ou l’amour de l’argent sous couvert de religion
L’amour de l’argent se
dissimule parfois sous un manteau religieux. C’était le cas pour Balaam, le
devin (Jos. 13:22). Il se prétendait en relation avec Dieu, ne craignant pas
d’affirmer : «quand Balak me donnerait plein sa maison d’argent et d’or, je
ne pourrais transgresser le commandement de l’Éternel, mon Dieu, pour faire une
chose petite ou grande» (Nomb. 22:18). En fait ce n’était qu’une manière
déguisée de fixer son prix ; il aurait bien voulu maudire Israël, car «il
aimait le salaire d’iniquité». Mais Dieu vient à sa rencontre et le contraint à
bénir ce peuple qu’il avait choisi (Nomb. 23:8 ; Deut. 7:7, 8). Les yeux
de Balaam sont ouverts, mais la cupidité l’entraîne vers sa perte. Pour une
récompense, il enseigne à Balak comment jeter une pierre d’achoppement devant
les fils d’Israël, afin qu’ils mangent des choses sacrifiées aux idoles et
commettent la fornication (Apoc. 2:14). Ce mal est dénoncé tout au long de
l’Écriture. Michée déclare : «Ses chefs jugent pour des présents, et ses
sacrificateurs enseignent pour un salaire, et ses prophètes devinent pour de
l’argent et s’appuient sur l’Éternel» (3:11). L’apôtre Paul met aussi en garde
contre ces «hommes corrompus dans leur entendement et privés de la vérité, qui
estiment que la piété est une source de gain» (1 Tim. 6:5). Ils feront venir
sur eux une prompte destruction (2 Pier. 2:1-3).
1.3 Guéhazi : un amour de longue date pour l’argent
Chez Guéhazi, indigne
serviteur d’Élisée, la cupidité n’avait, sans doute, pas eu l’occasion pendant
longtemps de se manifester : l’activité du prophète s’exerçait surtout en
faveur des pauvres du troupeau. Mais, à la vue des riches présents apportés par
Naaman, la convoitise latente surgit. Peu importe à Guéhazi si sa conduite met
en péril l’oeuvre de Dieu chez Naaman. Pour justifier, s’il le pouvait, son
forfait, il ose se réclamer, lui aussi, de l’Éternel. Après tout, les biens
dont il veut s’emparer n’appartiennent-ils pas à un étranger, à un
Syrien ? (2 Rois 5:20).
Retenons les paroles
d’Élisée, elles sont toujours de saison. «Est-ce le temps de prendre de
l’argent, et de prendre des vêtements, et des oliviers et des vignes, et du
menu et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes ?» (2 Rois
5:26, 27). La fraude n’a pas permis à Guéhazi d’échapper au jugement. La lèpre
de Naaman, la conséquence du péché, s’est attachée à lui et à sa semence pour
toujours.
1.4 Judas : enchaîné par son idole
L’exemple de Judas est plus
solennel encore. Il y avait probablement peu de chose dans la bourse qui lui
était confiée. Mais il aimait secrètement l’argent et ce terrible maître
l’entraînait irrésistiblement. Quand, six jours avant la Pâque, Marie vient
oindre les pieds de Jésus avec une livre de nard de grand prix, Judas aussitôt
interroge : «Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers
et donné aux pauvres ?» (Jean 12:5). Il suppute en connaisseur la valeur
de ce don, mais il est incapable de comprendre le rafraîchissement que cet acte
d’amour apportait au coeur du Seigneur, et les autres disciples, à qui les motifs
de Judas paraissent valables, s’indignent à leur tour : «À quoi bon cette
perte ?» (Matt. 26:8). Mais la Parole met à nu les motifs réels de cet
homme : «Il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce
qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait»
(Jean 12:6). Il n’est pas besoin de beaucoup posséder pour être un idolâtre, il
suffit de convoiter. Cette terrible passion, plus que toute autre, ouvre la
porte à Satan. Dans un instant, Judas livrera le Seigneur pour une somme bien
moindre. Puis, saisi de remords, le «fils de perdition» ira se pendre.
1.5 Le jeune homme riche
La même idole dominait le
coeur de ce jeune homme accouru vers le Seigneur (Marc 10:17-26). Les
apparences étaient aimables, il était respectueux de la loi, il avait une bonne
moralité ; mais Christ apporte partout la lumière. Il montre le véritable
état de ce coeur. Cet homme, hélas, va préférer ses aises, ses richesses, au
salut de son âme et au Seigneur lui-même.
2 Les vraies richesses du croyant, son trésor
2.1 Dans le Nouveau Testament
Si telle est la terrible
condition de ceux que Satan tient enchaînés, comment doivent se comporter les
enfants de Dieu appelés à vivre dans une atmosphère aussi délétère, tout
imprégnée de l’influence de l’argent ? Ils sont encore dans le monde, mais
ils ne sont plus du monde. Ils ont été achetés à prix, ils appartiennent à
Christ, mort et ressuscité pour eux (1 Cor. 6:20). Leurs bénédictions ne sont
plus terrestres et donc fugitives (Prov. 23:4, 5). Elles sont liées à un Christ
glorifié, assis dans les lieux célestes, ce sont d’inépuisables trésors,
conservés pour l’éternité (Éphés. 1:18 ; 1 Pier. 1:4). Le Seigneur Jésus
met les siens en garde : «Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où
la teigne et la rouille gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ;
mais amassez-vous des trésors dans le ciel... car là où est ton trésor, là sera
aussi ton coeur» (Matt. 6:19-21). Allons-nous donc chercher à acquérir ici-bas
un trésor quelconque, au risque de voir notre coeur s’y laisser prendre ?
Et si des biens nous ont été confiés pour un temps, comment convient-il d’en
user ?
2.2 Dans l’Ancien Testament
Il est vrai que dans l’Ancien
Testament les biens terrestres étaient un signe de la faveur de Dieu. Au point
que le fidèle Asaph était plongé dans une grande perplexité devant la
prospérité des méchants. Pour comprendre, il lui faudra entrer dans le
sanctuaire (Ps. 73:17).
Mais si Dieu accordait aux
siens de telles bénédictions temporelles, il poursuivait toujours un but spirituel.
Israël, en quittant l’Égypte, avait dépouillé ses habitants (Ex. 3:21,
22 ; 12:35, 36). C’est ainsi que ceux dont l’esprit était libéral, que
leur coeur y portait, furent en mesure d’apporter les matériaux nécessaires à
la construction du tabernacle (Ex. 35:20-29). Leur bétail aussi pouvait être
offert en sacrifice sur l’autel d’airain (Ex. 10:25, 26) ; plus tard, dans
le pays de la promesse, Dieu se proposait d’ouvrir son bon trésor en leur
faveur (Deut. 28:1-14). Mais chacun dès lors était responsable de Lui offrir de
l’abondance de son grenier et de ce qui coulait de son pressoir (Ex. 22:29).
Cette prospérité matérielle
n’était pourtant pas sans danger, même si elle venait récompenser la piété (2
Chron. 32:27-29). Même un roi fidèle, comme Ézéchias, s’éleva en faisant
admirer ses trésors, et la fin de son règne s’en trouva ternie (És. 39:3-7).
2.3 Abraham et le roi de Sodome
Bien différente avait été
l’attitude d’Abraham, l’ami de Dieu. Il vit par la foi, comme un étranger dans
ce pays que Dieu lui a pourtant donné en héritage. Il se sait observé par les
habitants et comprend qu’il doit se séparer de Lot, pour éviter de donner le
spectacle, déshonorant pour la gloire de Dieu, de disputes entre frères. Mais
il ne fait pas valoir ses droits et s’en remet à Dieu. Il laisse délibérément
son neveu choisir ce qui attire son coeur, la meilleure portion, le pays le
plus riche (Gen. 13:10, 11). Aussi Dieu veille sur lui. Melchisédec vient le
fortifier à la veille d’une épreuve plus dangereuse encore. Le roi de Sodome,
figure frappante du Prince de ce monde, lui propose un séduisant marché :
«Donne-moi les personnes (littéralement : les âmes) et prends les biens
pour toi» (Gen. 14:21). Combien sont tombés dans ce terrible piège ! Mais
Abraham répond : «J’ai levé ma main [= j’ai juré] vers l’Éternel, le Dieu
Très haut, possesseur des cieux et de la terre : si depuis un fil jusqu’à
une courroie de sandale, oui, si de tout ce qui est à toi, je prends quoi que
ce soit» (Gen. 14:22, 23). Sa véritable richesse, Abraham l’a compris, c’est
Dieu lui-même (Job 22:24, 25). Et si un chrétien a une appréciation claire de
sa position, il suivra assurément le même sentier.
3 La piété avec le contentement
Il sait qu’aujourd’hui les
richesses matérielles NE SONT PLUS la récompense divine, accordée à ceux qui
font le bien. Au contraire, elles mettent sérieusement à l’épreuve ceux qui les
possèdent, car il est difficile de ne pas se confier, tant soit peu, en elles.
Allons-nous garder notre caractère d’étranger dans ce monde qui a rejeté Christ,
résister aux séductions de l’Ennemi qui emploie les mêmes moyens qu’avec les
incrédules ? Là où le Seigneur, notre Seigneur, n’avait pas un lieu pour
reposer sa tête, pourrions-nous chercher à vivre dans les délices de la
terre ? Cet or et cet argent rouillés dont parle Jacques (5:3-5), ont-ils
encore de l’attrait pour nos coeurs ? Combien de temps passons-nous à
poursuivre la satisfaction de besoins artificiels que l’Ennemi a réussi à nous
présenter comme indispensables ? «Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège,
et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux... c’est une racine de toutes
sortes de maux que l’amour de l’argent : ce que quelques-uns ayant
ambitionné, ils se sont égarés de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de
beaucoup de douleurs» (1 Tim. 6:9, 10). L’apôtre nous met en garde, mais il
nous indique aussi le remède : «La piété avec le contentement est un grand
gain» (1 Tim. 6:6 ; Héb. 13:5). Le chrétien a des biens meilleurs et
permanents, ses besoins sur la terre devraient être vite satisfaits :
«Ayant la nourriture et de quoi nous couvrir, nous serons satisfaits» (1 Tim.
6:8). Bien des carrières chrétiennes auront été, sinon ruinées, du moins très
appauvries par l’amour de l’argent et l’amitié du monde (Jacq. 4:4). L’action
sanctifiante de la Parole est étouffée par la tromperie des richesses (Matt.
13:22) et le croyant reste sans fruit pour Dieu. Quelqu’un appelé frère peut
devenir un avare, ou même en venir à enseigner ce qui ne convient pas, pour un
gain honteux (1 Cor. 5:11 ; Tite 1:11).
Seule une communion constante
avec le Seigneur pourra nous garder de si terribles dangers. Si au lieu de
chercher nos propres intérêts, nous avons vraiment les siens en vue, il
pourvoira à tous nos besoins (Matt. 6:25, 30-32 ; Phil. 4:19). Tout ce qui
paraît nous appartenir, nos capacités, notre temps, nos richesses même, est Sa
propriété. Le chrétien est donc un économe [= intendant, gérant], il gère les
biens de son Maître. Il devrait toujours avoir devant lui le tribunal de Christ
et s’appliquer avec ardeur à lui être agréable (2 Cor. 5:9, 10). S’il est
fidèle dans les petites choses, qui sans cesse mettent à l’épreuve la réalité
du coeur, son Seigneur pourra lui confier les vraies richesses, les trésors du
sanctuaire (Luc 16:10-12).
4 Christ le modèle — Les Macédoniens
Notre modèle, c’est Christ,
dans son dévouement complet au Père et son immense amour vis-à-vis de sa
créature coupable. «Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ,
comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa
pauvreté vous fussiez enrichis» (2 Cor. 8:9). De la gloire éternelle, il a
daigné s’anéantir. Il a été ici-bas le Pauvre (Ps. 40:17 ; 41:1) pour que
nous puissions partager avec lui ses richesses insondables.
La contemplation de ce
merveilleux travail de la grâce de Dieu en Christ sera la source et le motif de
notre libéralité. Il en était ainsi pour ces Macédoniens qui s’étaient «donnés
premièrement au Seigneur». C’est la première chose qu’il convient de faire, car
Il s’est acquis tous les droits sur nous à la croix (2 Cor. 8:5 ; 1 Cor.
6:19, 20). Puis, dépassant les espérances de l’apôtre, ils s’étaient donnés aux
saints, par la volonté de Dieu (2 Cor. 8:5). Leurs circonstances étaient
pourtant des plus difficiles. À vue humaine, tout se liguait pour les empêcher
d’être libéraux. Une profonde pauvreté matérielle s’accompagnait d’une grande
épreuve de tribulation (comme à Smyrne : Apoc. 2:8-10). Mais une si grande
joie se liait chez eux au privilège de donner (voir aussi 1 Chron. 29:9),
qu’ils avaient demandé avec de grandes instances la grâce et la communion de ce
service envers les saints. Cette grâce leur avait été accordée et, le moment
venu, ils avaient agi avec diligence, selon leur pouvoir et au-delà de leur
pouvoir ! (2 Cor. 8:3, 4). Pendant l’année de la sécheresse, ils ne
cessaient de porter du fruit (Jér. 17:8). Les épreuves, les privations
produisent-elles de tels effets de la grâce dans nos vies ?
5 Un coeur large
Ne donnons pas à regret ou par
contrainte (Deut. 15:18 ; Philémon 14). Dieu aime celui qui donne
joyeusement. Ce doit être un fruit spontané de la grâce arrivant à maturité
dans un coeur bien disposé. Si nous éprouvons du regret à donner, c’est que
nous sommes encore sous la puissance de Mammon. Beaucoup de croyants se
plaignent de manquer de joie, de fraîcheur spirituelle. N’est-ce pas parfois
par manque de libéralité ? Sous divers prétextes, le coeur et la main
restent fermés, nous montrons notre égoïsme foncier (Deut. 15:7-10). Demandons
à Dieu un coeur large, comme celui de cette veuve dont parlent Marc 12:41-44 et
Luc 21:1-4. Il y avait là plusieurs riches qui jetaient beaucoup et avec
ostentation dans le trésor du temple. Cette pauvre femme aurait pu
penser : J’ai si peu, qu’est-ce à côté de tout cet argent ?... Mais
non, elle a tout donné. Ce n’étaient que deux pites qui font un quadrant... Le
Seigneur regardait comment la foule jetait au trésor. Il agit toujours ainsi,
rien ne Lui échappe et c’est le «comment» qui lui importe. Pour les hommes,
cette veuve agissait d’une manière imprévoyante, incompréhensible. Mais Celui
qui sonde les coeurs et les reins donne son estimation, la seule qui vaille,
mesurée avec le sicle du sanctuaire (Lév. 27:25). «En vérité, je vous dis que
cette pauvre veuve a plus jeté au trésor que tous ceux qui y ont mis ; car
tous y ont mis de leur superflu, mais celle-ci y a mis de son indigence, tout
ce qu’elle avait, toute sa subsistance». Elle était riche en foi (Jacq. 2:5),
elle se confiait entièrement en Dieu, il était tout pour elle.
Où en sommes-nous à cet
égard ? Ce n’est pas l’importance de nos dons, mais le sacrifice qu’ils
impliquent qui a du prix pour le Seigneur. Soyons attentifs à ne pas le
frustrer (Mal. 3:8-10). Il sait ce que nous gardons pour nous-mêmes ; que
de fois peut-être Lui avons-nous offert un sacrifice qui ne coûtait rien (2
Sam. 24:24 ; Mal. 1:7, 8) ?
Marie de Béthanie aussi était
de ceux qui donnent avec joie. Elle était fortement critiquée, nous l’avons vu,
par son entourage, mais quelle joie pour le Seigneur de dire : «Ce qui
était en son pouvoir, elle l’a fait» (Marc 14:8) ! Quel
encouragement ! Notre adoration, nos dons, notre service recevront de Lui
leur véritable appréciation (1 Cor. 4:3-5) et cette pensée suffit au chrétien
dévoué (Héb. 13:15, 16). Quelle grâce, s’il peut être dit : «Le Seigneur
en a besoin», Lui, le Créateur de toutes choses ! Montrerions-nous moins
de promptitude que cette personne dont Jésus pouvait dire : «et aussitôt
il les enverra» ? (Matt. 21:1-3). La Parole de Dieu nous donne de tels
exemples pour nous stimuler. Les saints à Corinthe étaient beaucoup plus
favorisés que ceux de Macédoine. Mais leur libéralité serait-elle à la mesure
de leur aisance ? Trop souvent, dans la prospérité, les coeurs se dessèchent
trop occupés des choses de la terre. L’apôtre, dirigé par le Seigneur, sent le
besoin de mettre à l’épreuve la sincérité de l’amour des Corinthiens :
Vous avez été prompts à vouloir, leur dit-il, eh bien, maintenant, achevez
aussi de faire (2 Cor. 8:11). Nos bonnes intentions ne peuvent suffire. Il
convenait devant Dieu que leur abondance supplée aux besoins des pauvres en
Judée, de sorte qu’il y ait égalité. Il convient aussi que celui qui enseigne
participe à nos biens temporels. L’ouvrier est digne de son salaire (1 Cor.
9:14 ; 1 Tim. 5:18 ; Gal. 6:6).
«Celui qui sème chichement
moissonnera aussi chichement, et celui qui sème libéralement moissonnera aussi
libéralement» (2 Cor. 9:6 ; Prov. 11:25). Accumuler les biens que Dieu met
à notre disposition, c’est les détourner du but pour lequel il les place entre
nos mains. «Ceux qui sont riches» (1 Tim. 6:17-19) sont responsables d’en user
selon Dieu, sans s’enorgueillir (Jér. 9:23). Ce n’est pas dans l’argent ou dans
les plaisirs de ce monde que l’on peut «saisir ce qui est vraiment la vie»,
mais dans la connaissance de Dieu et à son service.
6 Des administrateurs fidèles
Pour être un administrateur
fidèle (1 Cor. 4:2), demandons à Dieu du discernement, un esprit de prière.
Agir au gré de nos préférences, ce ne serait pas servir le Seigneur. Ceux
auxquels l’assemblée confie une responsabilité particulière dans
l’administration des dons, ne veilleraient-ils pas avec le plus grand soin à ce
qui est honnête devant Dieu, mais aussi devant les hommes ? Dans cette abondance
qu’il administrait, avec ses compagnons de service, l’apôtre s’y appliquait (2
Cor. 8:18-24). N’oublions pas que Dieu est puissant pour faire abonder toute
grâce envers celui qui donne avec générosité. Il le bénit (Prov. 28:27) et
augmente les fruits de sa justice. Il s’agit de la justice pratique, d’une
marche fidèle qui est «par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu» (2
Cor. 9:10 ; Phil. 1:11). Ceux qui sont au bénéfice de cette libéralité en
discernent la vraie source et glorifient Dieu (Matt. 5:16 ; 2 Cor. 9:13).
Ainsi «l’administration de cette charge, non seulement comble les besoins des
saints, mais aussi abonde par beaucoup d’actions de grâces rendues à Dieu» (2
Cor. 9:12). Paul peut se réjouir d’un tel effet de la grâce et c’est notre part
aussi. Ses pensées s’élèvent tout naturellement vers le Dispensateur de tout
don parfait. Il s’écrie dans un élan joyeux du coeur : «Grâces à Dieu pour
son don inexprimable !» Ainsi le plus simple don du plus simple croyant,
s’il est offert en Son nom, est un parfum d’agréable odeur, un sacrifice
acceptable pour Dieu, et produit la louange dans le coeur de ceux qui en sont
les objets ou les témoins. Ne vaut-il pas la peine pour chacun de cultiver avec
soin cette «grâce» de donner ?
Faisons toutes choses dans le
sentiment de la présence de Dieu et à la lumière de l’éternité. Quand le
Seigneur était ici-bas, ses pieds étaient sur la terre, mais, en esprit, il
était toujours dans le ciel. Il avait constamment devant lui les intérêts et la
gloire de son Père. Soyons ses imitateurs. Ne nous laissons détourner ni par
l’amour de l’argent ni par aucune autre convoitise. Nous disons volontiers que
notre bourgeoisie est dans les cieux (Phil. 3:20). Comment alors nous
laisserions-nous troubler du trouble de ceux qui ont leur part sur la terre,
comment serions-nous absorbés à poursuivre les mêmes buts ? Soyons fidèles
dans ce qui est très petit. Ne désirons-nous pas que notre Sauveur et Seigneur
nous dise tout à l’heure : «Entre dans la joie de ton Maître» (Matt.
25:21) ?
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