Willard Boyle est décédé le 7 mai dernier. Vous le connaissez? Il est le co-récipiendaire du prix Nobel de physique en 2009. Il y a deux ans, j’avais prêté attention à son nom parce que c’est un Canadien de Nouvelle-Écosse, qu’il est allé à la même école que mon fils à Montréal et qu’il avait quand même 85 ans quand il a gagné son prix. C’est aussi lui qui, avec son collègue George E. Smith, a révolutionné le monde de la photographie. En 1969, Willard S. Boyle et George E. Smith ont inventé le premier système pour capter numériquement des images, avec un capteur CCD (Charge-Coupled Device). Cette technologie est désormais utilisée par tous les appareils photo, caméras numériques, en astronomie et en médecine. On a baptisé ces deux messieurs, « les maîtres de la lumière ».
Vous vous imaginez? Grâce à cette invention plus besoin d’aller chez le photographe pour faire développer son film! Tout dernièrement, mon fiston avait un projet à l’école et il lui fallait un appareil photo. J’ai voulu lui refiler ma vieille caméra compact « argentique » (non numérique). Quand il a appris qu’il lui faudrait attendre de développer les photos pour voir le résultat de ses prises de vue, il avait même du mal à concevoir l’idée, lui qui est né à l’ère des iPod. Je me suis résignée à lui prêter mon compact numérique, mais ça m’a donné l’idée de ce billet et l’envie de parler de trois thèmes :
- La curiosité
- La reconnaissance du succès
- La vieillesse
La curiosité.
On dit que la curiosité est un vilain défaut. Mais je crois bien que s’il faut avoir un défaut, c’est celui-là qu’il faut avoir! Willard Boyle raconte comment sa mère l’a aidé à développer sa curiosité en utilisant l’approche socratique c’est-à-dire en lui posant des questions plutôt que de lui donner des réponses alors qu’il n’était qu’enfant. Le fait est intéressant à relever pour un coach, car l’approche coaching repose beaucoup sur l’art de poser des questions qui font réfléchir, qui font avancer, qui étonnent et qui ouvrent la voie à la découverte de solutions. Les coachs se font même reprocher de poser des questions sans avoir les réponses. Et c’est là une des différences d’opération avec les consultants. Selon la perspective coaching, le client a en lui bien des éléments de réponses à ses questions; et le coach l’aide à replacer les éléments en un tout cohérent. La curiosité découle en partie de la capacité de se poser des questions. À 86 ans et jamais à court de projets, Boyle comptait filmer les nids de fourmis cet été par simple curiosité et pour continuer à découvrir les mystères de sa caméra. Quand je vois les idées d’entreprises qui émergent comme Groupon, Tumblr ou OpenFile, je suis persuadée que la curiosité est pour beaucoup à l’origine de ces succès.
La reconnaissance du succès
Livia Rev, vous connaissez? Je viens (ou plutôt Alexey Ziskin, mon conjoint, qui a produit un de ses disques sous l’étiquette Palexa http://www.cduniverse.com/productinfo.asp?pid=6770188&style=classical) de recevoir une invitation pour fêter son 95e anniversaire. Enfant prodige, pianiste hongroise établie à Paris, mère de deux enfants, elle a joué avec les chefs d’orchestre les plus prestigieux Cluytens, Susskind, Jochum, Sir Thomas Beacham tout en se consacrant infatigablement à l’enseignement. Je ne connais malheureusement pas Madame Rev personnellement mais je rêverais de lui demander comment elle a concilié son travail et sa famille, si les choix qu’elle a faits lui ont coûté, ou si elle avait des regrets d’avoir refusé une carrière météorique ? Pour avoir entendu parler d’elle par des proches, je soupçonne qu’elle aime plus que tout s’adonner à sa passion qui est de transmettre son savoir et de jouer. C’est elle qui s’écriait, à 90 ans, avec une joie d’enfant qu’elle apprenait les sonates de Schubert et que c’était une véritable découverte.
Ce que je note chez Boyle et chez Rev, c’est que la passion pour leur métier et leur art transcende le besoin de reconnaissance. C’est ce qu’on appelle la motivation intrinsèque si importante à développer pour faire une carrière saine dans le monde des affaires.
Pour le bonheur d’écouter: http://www.forte-piano-pianissimo.com/liviarev.html
Pour en apprendre plus sur Livia Rev: http://www.livia-rev.com/fr/biographie
La vieillesse
La vie de ces deux octogénaires m’inspire parce qu’ils ont mené une vie relativement discrète où la reconnaissance de leurs succès par le grand public n’était pas l’étalon avec lequel ils ont mesuré leur valeur.
Sans être encore octogénaire, mon père va donner dans quelques jours une conférence sur son sujet, le 17ème siècle, à Bonn même si l’an dernier à la même heure, il se remettait péniblement d’un AVC qui a failli lui coûter la vie.
Qu’est-ce qui garde ces gens aussi alertes? Une passion et une curiosité insatiable.
Qu’est-ce qui garde ces gens heureux en dépit des maux de la vieillesse ? D’après Octos dynamos, un documentaire diffusé ce soir sur TV5 « ils sont passionnés, ils ont le sens de l’humour, ils sont optimistes, et une vigueur intellectuelle extraordinaire » http://www.tv5.ca/emissions/emission/octos-dynamos-100281523.html
( il est vrai qu’on parle ici de vedettes, de personnages connus qui ont eu droit toute leur vie aux honneurs mais je pense que ces qualités s’appliquent tout aussi bien à des gens qui n’ont pas été sous les projecteurs)
Récemment, je parlais aussi de gens d’affaires encore actifs qui ont franchi le cap des 80 ans : http://smartcoaching.ca/coups-de-coeur/jamais-vieux-dans-sa-tete/
Ainsi, de l’artiste à l’entrepreneur, jeune ou vieux, reconnu mondialement ou localement, le dénominateur commun semble bien être une curiosité inassouvie comme l’ont les enfants.
Je vous laisse sur le prélude en do dièse mineur, Op. 45 de Chopin (et, par simple curiosité, lisez le commentaire laissé par un auditeur!) http://www.youtube.com/watch?v=5k4jaiEsjxw&feature=player_embedded
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