mercredi 3 juillet 2013

Discours d'investiture de Pierre Gattaz, Président du MEDEF



Chères Amies, Chers Amis,

Le moment, vous l’imaginez bien, est pour moi d’une intensité toute particulière.

Vous venez de me confier la défense de vos entreprises.

Vous venez de me donner une grande preuve de confiance.
Je mesure parfaitement l’ampleur de la tâche qui m’attend, qui nous attend.

Cette décision collective démontre que le monde de l’entreprise en France est une force nationale, une force unie, une force avec laquelle l’Etat doit compter et une force sur laquelle la France peut compter.

Assemblée Générale du Medef

Mercredi 3 juillet 2013
Paris - Palais des Congrès

Discours de Pierre Gattaz, Président élu du MEDEF


Chères Amies, Chers Amis,

Le moment, vous l’imaginez bien, est pour moi d’une intensité toute particulière.

Vous venez de me confier la défense de vos entreprises.

Vous venez de me donner une grande preuve de confiance.
Je mesure parfaitement l’ampleur de la tâche qui m’attend, qui nous attend.

Cette décision collective démontre que le monde de l’entreprise en France est une force nationale, une force unie, une force avec laquelle l’Etat doit compter et une force sur laquelle la France peut compter.

Je veux naturellement remercier Jean-Claude Volot, Thibaut Lanxade, Patrick Bernasconi, et Geoffroy Roux de Bézieux, qui s’étaient engagés, comme moi, dans cette campagne. Je sais qu’ils étaient animés du même sens du service, du même attachement à l’esprit d’entreprise, de la même inquiétude, aussi, devant la situation économique de la France.

En acceptant de se rallier à ma candidature, ils ont fait preuve d’un esprit de responsabilité et d’un sens de l’intérêt général.

Tout au long de cette campagne, nous avons montré que l’esprit de concurrence et de compétition qui nous animait, comme elle anime tout entrepreneur, ne pouvait en aucun cas se confondre avec des affrontements destructeurs.

Je tiens aussi à féliciter Hervé Lambel pour sa ténacité et sa détermination : il en faut pour être candidat, pour porter ses projets et ses valeurs pendant de longs mois.

Enfin, je tiens à adresser mes plus sincères remerciements à Laurence Parisot, à son Conseil Exécutif et aux équipes du MEDEF.

Chère Laurence, tu as tenu la barre dans la tempête économique qui balaie notre pays depuis 2008. A aucun moment, tu n’as lâché prise. Tu as défendu les entreprises tout en impulsant une nouvelle dynamique et de nouveaux sujets au sein de notre Mouvement.

Je vous propose donc d’applaudir chaleureusement Laurence et de vous lever en son honneur : son énergie et son dévouement le méritent.

Merci à toi, Laurence.

Le MEDEF, il faut le rappeler, est, avant tout une organisation au service d’une cause nationale : celle des entreprises !

Qu’elles soient industrielles, de service, du commerce ou de la construction, installées en Ile-de-France, en région ou en Outre-mer, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes… toutes ces entreprises se retrouvent dans notre Mouvement, toutes ces entreprises ont leur rôle à jouer.

Le MEDEF, Mouvement des Entreprises de France, quel bel acronyme, est l’entité qui doit porter la voix de ces entreprises magnifiques et de ces entrepreneurs admirables.

J’ai coutume de dire que l’entreprise est la cellule humaine la plus importante et la plus belle après la famille. C’est un lieu de développement personnel, d’intégration sociale, de dignité humaine par le travail individuel et collectif. Mais l’entreprise est aussi, je le crois profondément, ce qui permettra à l’avenir de résoudre la très grand majorité des défis auxquels nous sommes confrontés.

Car l’entreprise porte en elle l’esprit d’initiative, la créativité, l’adaptation permanente, le travail en équipe, la volonté de bâtir un monde meilleur.

Encore faut-il la laisser vivre, la laisser s’épanouir et desserrer ses liens.

Or aujourd’hui, l’entreprise est en danger dans notre pays.

En disant cela, je ne fais pas de politique, je ne dis pas que c’est la faute du Gouvernement actuel, ou du précédent.

Car la crise que notre pays traverse n’est pas une crise conjoncturelle, elle n’est pas passagère. C’est une crise profonde qui nous place dans une situation d’urgence inédite et qui appelle nécessairement des réponses fortes, claires et durables !

Ce constat, nous le faisons tous.

Ces dernières semaines, je me suis beaucoup déplacé dans les territoires, dans les fédérations. Partout, le sentiment des milliers d’entrepreneurs que j’ai rencontrés est le même :

-    notre pays ne comprend pas ses entreprises et ses entrepreneurs,
-    notre pays ne les aime pas suffisamment,
-    notre pays les contraint au lieu de les aider,
-    notre pays les taxe au lieu de les alléger,
-    notre pays les accable trop souvent au lieu de les encourager…

« Et alors ? » diront certains.

Et bien, je ne citerai qu’un chiffre : depuis le début de l’année, on dénombre 1000 chômeurs de plus par jour. 1000 personnes qui perdent leur emploi par jour ! C’est affolant et inadmissible!

Les erreurs que nos politiques ont commises depuis 30 ans, se traduisent directement par ce simple chiffre. Il nous explose aujourd’hui à la figure.

Face à cette crise, jamais notre pays n’a autant eu besoin de ses entreprises, car ce sont elles qui pourront faire gagner la France en l’aidant à s’adapter et à se réformer!

Il faut constamment rappeler à la France et aux Français, que ce qui crée de l’emploi et de la richesse dans notre pays, ce sont les entreprises. Les politiques de l’emploi devraient donc d’abord être des politiques en faveur des entreprises.

Ne nous y trompons pas : le financement d’emplois « aidés » par des subventions est une impasse économique. Les emplois ainsi créés ne sont pas pérennes car ils ne génèrent pas de richesse pour le pays et alourdissent au final les charges. Ces emplois aidés sont payés par nos impôts, et non pas par des clients.

Depuis 20 ans, chaque matin, je me pose trois questions simples: comment générer de la croissance pour mon entreprise ? comment la rendre plus compétitive ? Et comment développer de l’emploi en France ?

Ces trois questions, je me les poserai tous les matins pour mon pays dans le cadre de ma mission au Medef : Comment générer de la croissance en France ? Comment rendre nos entreprises plus compétitives ? Et comment développer des emplois en France ?

Je veux que le MEDEF s’approprie ces trois questions, et qu’elles servent de ligne directrice à notre action pour les 5 ans qui viennent, car je sais qu’elles sont partagées par vous tous, chefs d’entreprise et que ce sont les trois questions fondamentales pour notre pays : croissance, compétitivité et emploi !

Quand l’entreprise et l’esprit d’entreprendre sont en danger, c’est tout notre avenir commun qui est compromis.

Oui, la situation est grave. Il faudra faire des efforts. Cela exigera de notre part une exemplarité, une vérité et la prise en compte de l’humain dans nos approches, car nos discours de patrons sont parfois trop secs, trop financiers, trop désincarnés.

Les études d’opinion sont très claires : nos compatriotes, veulent croire en nous, chefs d'entreprise, pour trouver des solutions au problème du chômage.

Face à cet espoir, nous avons un devoir de réussite, une obligation de résultat pour notre pays, pour nos enfants.

Mais il faut agir sans tarder.

Je l’ai dit : nos entreprises sont asphyxiées, elles sont ligotées et elles sont terrorisées :

-    Elles sont asphyxiées par une fiscalité et des charges sociales beaucoup trop élevées.

Le rapport Gallois a souligné que nous avions 12 points de marge de différence entre la France et la moyenne européenne. Une marge de 28% pour les entreprises françaises contre 40 % pour la moyenne européenne et 41% pour les entreprises allemandes. Cela signifie que nos entreprises payent 100 milliards d’euros de plus en charges et impôts que leurs homologues européennes ou allemandes. 100 milliards d’euros !

On recense jusqu’à 147 taxes qui pèsent sur nos entreprises. Et entre 2006 et 2012, ces taxes sont passées en moyenne de 8,5% à 12,5% de la Valeur Ajoutée des entreprises : soit 4 points grignotés en 6 ans…

-    Nos entreprises sont ligotées par un environnement législatif et réglementaire qui se complexifie tous les jours.
Nous avons 85 codes, dont 3 qui font plus de 3000 pages. Notre Code du travail compte 3200 pages et augmente de 50 à 100 pages par an.
Comment voulez-vous qu’un chef d’entreprise ou même un salarié s’y retrouve ?

-    Enfin, nos entreprises sont terrorisées par un code du travail trop complexe qui génère la peur d’embaucher. Trop de codes, trop de lois bavardes et contraignantes, trop de règlements inutiles et tatillons, trop de complexité.

Vous me permettrez d’emprunter à notre ami Xavier Fontanet une formule qui me semble parfaitement résumer notre situation : « la France est un jardin envahi par les ronces – la réglementation –, et par les cailloux – les charges et les prélèvements. »

Nous sommes devenus tous verts, tous consommateurs, tous chômeurs.

Tout cela ne peut plus durer, ne doit plus durer.

Nous le disons tous, sur le terrain et dans nos Fédérations.

Je veux aujourd’hui proposer solennellement un « pacte de confiance » au Gouvernement, un engagement réciproque entre les entreprises, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics.

C’est de la responsabilité du gouvernement de bâtir un environnement économique, législatif et réglementaire qui soit favorable à nos entreprises par la baisse de nos charges et par l’allègement des contraintes administratives qui pèsent sur nos entreprises.

C’est de sa responsabilité.

Il reviendra aux partenaires sociaux d’assumer, comme nous, leur responsabilité face à la crise en privilégiant toujours le dialogue de terrain sur le conflit social. Nous devons imaginer ensemble les contours d’un contrat économique et social rénové et plus adapté aux défis et aux changements que nous impose la mondialisation.

Nous, entrepreneurs de notre côté, nous nous engageons à construire un avenir pour notre pays, une France qui gagne à l’horizon 2020 avec des entreprises compétitives créatrices d’emplois et des jeunes accueillis et intégrés dans nos entreprises. Des entreprises innovantes, conquérantes à l’international, qui chassent en meute et font rayonner l’image et le savoir-faire français.

Un pacte qui nous redonnerait espoir et enthousiasme, car alors le terreau France, débarrassé de ses cailloux et de ses ronces, laisserait vivre et grandir nos entreprises.

Ce pacte doit prendre en compte la situation d’urgence qui est la nôtre, mais entend aussi s’inscrire dans l’avenir, dans le cadre d’un dialogue économique et social.

Je suis convaincu qu’avec ce « Pacte de confiance », nous parviendrons à faire baisser le chômage en dessous de 7%.

L’urgence est là.

Il faut enclencher dès cette année trois actions indispensables :

-    En premier lieu, un transfert sur 5 ans de 50 milliards d’euros de cotisations sociales qui pèsent sur le travail vers des mécanismes de type TVA et CSG.

-    Ensuite, une baisse sur 5 ans des prélèvements obligatoires de l’ordre de 50 milliards d’euros, en impôts divers et taxes qui pèsent sur nos marges. Et là-dessus, mon message est clair : nous n’accepterons plus de hausse des prélèvements obligatoires, ni de hausse de taxes ou d’impôts qui pèsent sur nos activités.
On nous dira « c’est impossible » !
Mais 100 milliards d’économie sur 5 ans, c’est moins de 2% d’économie par an sur un budget global de 1200 milliards. C’est ce que nous, entreprises, savons réaliser sans drame lorsque le contexte économique nous impose des réformes.

-    En troisième lieu, une démarche de simplification du code du travail, non pas pour diminuer les droits des salariés, simplement pour le rendre opérant et compréhensible pour tous. Je dis toujours que nous avons trois millions de TPE, si chacune de ces TPE embauche une personne, nous réglons le problème du chômage. Par exemple, nous avons su imaginer le Chèque Emploi Service Universel (CESU) pour les particuliers qui souhaitent embaucher quelqu’un. Pourquoi ne pas faire de même pour les TPE ?

Simplifions ! Simplifions !

Dès demain, sous la coordination de Jean-François Pilliard et de Geoffroy Roux de Bézieux, nous allons tous commencer à travailler pour faire des propositions concrètes et opérationnelles au Gouvernement.

Ces trois mesures d’urgence que sont la fiscalité, la compétitivité et la simplification, seront regroupées dans un premier chantier que nous appellerons « Etats Généraux de l’Entreprise », qui sera présenté et discuté lors de l’Université d’été du MEDEF en août prochain, afin que ces mesures d’urgence servent de doctrine pour notre Mouvement.

Naturellement, ce « Pacte » ne s'adresse pas qu'aux politiques mais aussi aux partenaires sociaux.

Oui, je crois à la réforme par la négociation sociale. Et le succès de l'Accord National Interprofessionnel de janvier dernier nous démontre que les partenaires sociaux sont capables de faire bouger les lignes. Je crois aussi que, pour se réformer, la France a d’abord besoin de négociations sociales au plus près du terrain, c'est-à-dire dans les branches et les entreprises elles-mêmes.

Priorité au terrain !

Je m'engagerai personnellement dans la conférence sociale ouverte par le gouvernement. Je mettrai toute mon énergie pour faire émerger une vraie réforme des retraites fondée sur l'allongement de la durée du travail. J’appelle aussi de mes vœux une réforme de l'assurance chômage et de la formation professionnelle dont notre marché du travail a tant besoin.

Au-delà, je souhaite que l’on avance avec les partenaires sociaux sur l’employabilité de nos équipes. Comment développer la capacité de rebond de nos collaborateurs et diminuer leur peur, légitime, du chômage ? Nous avons besoin de plus de flexibilité pour faire face aux aléas des marchés, mais nous avons un engagement moral vis-à-vis de nos salariés : celui de les former, de les accompagner, et de les aider si besoin à rebondir…

Pour être utile à notre pays, le dialogue social doit reposer sur un discours de vérité.

Il faut le dire et le redire : sans marges ni compétitivité, nos entreprises ne peuvent pas créer d'emplois et encore moins créer les richesses nécessaires à la solidarité.

On me pose souvent la question : comment allez-vous convaincre le Gouvernement ? Comment allez-vous faire accepter vos propositions ?

Ma réponse est simple : ce n’est pas moi qui vais le faire.

C’est vous. C’est nous tous.

Car nous sommes 800 000 chefs d’entreprises adhérents du MEDEF et avec la CGPME et l’UPA plus de 3 millions. Avec nos salariés, nous parlons pour 20 millions de Français.

Nous sommes en situation de survie et nous ne pourrons changer notre pays que si nous nous mobilisons sur le terrain. Que si, tous, à notre niveau, nous allons rencontrer nos élus, nos salariés, les citoyens et que nous expliquons nos propositions, les enjeux, les attentes. Et pour faire comprendre à tous les français les règles de base de l’économie et de la mondialisation.

Oui, je veux mobiliser les chefs d’entreprise, je veux qu’ils fassent entendre leurs voix, je veux que nous soyons combatifs pour la croissance et l’emploi dans notre pays.

Nous sommes une armée d’ambassadeurs de l’économie et de l’entreprise.

Notre capacité à mobiliser sur le terrain, au plus près des élus, est indispensable. Cela passera nécessairement par une réforme de notre mouvement, par de nouveaux moyens affectés au réseau. Cette réforme est clé, et elle sera portée par Patrick Bernasconi.

Ce deuxième chantier que nous appellerons les « Assises Territoriales du MEDEF » sera lancé lors de l’Université d’été. Il portera ses fruits dans les mois suivants.

Mais cette mobilisation et le traitement de ces urgences ne suffiront pas à changer durablement la situation dans notre pays.

Pour cela, je l’ai indiqué, il faut nous redonner un cap collectif, une ambition, une vision commune, un objectif qui permette de donner un sens aux efforts et aux réformes. C’est ce que nous faisons dans nos entreprises. Il faut le faire pour la France, qui flotte depuis 30 ans comme un bouchon sur l’océan, sans cap, sans objectif, au gré des vents et des courants.

Ce sera la seconde partie du « pacte de confiance » que je propose au Gouvernement.

Ce projet que j’ai appelé France 2020, sera mon troisième chantier lancé cette année. Ensemble, nous allons définir une vision collective, l’ambition d’une France qui gagne dans une Europe forte.

Certes, la France connaît des difficultés. Mais elle reste la cinquième puissance économique mondiale. Elle possède des atouts fabuleux, que ce soit dans l’industrie, le tourisme, les services, la construction, le commerce, la banque… Nous pouvons gagner, répondre à deux grands défis majeurs : inventer le futur et équiper la moitié de l’humanité correspondant aux pays émergents qui ont besoin de tout.

Il nous faudra de l’audace et de l’enthousiasme pour construire cette France qui gagne et qui retrouve le sourire, pour que nos jeunes reviennent dans notre pays et que nous retrouvions tous la fierté d’être français.

Je veux que, d’ici un an, nous puissions présenter à notre pays, une vision consolidée d’un futur possible à l’horizon 2020, une ambition collective, qui pourrait être portée par nous, par vous, où chacun pourra se reconnaître, se projeter et agir.

Ce projet France 2020 portera cette vision du futur et décrira aussi l’environnement législatif, social et réglementaire dont nous avons absolument besoin pour réaliser cette ambition.

Par ce pacte de confiance, il s’agit de répondre à quatre défis, que nous, entrepreneurs seront à même de relever si le terreau France est favorable.

Le premier défi à relever pour nous entrepreneurs français est la construction du futur. Cela traitera de l’énergie, du tourisme, de la santé, du développement durable, de la sécurité des biens et personnes, du numérique, des matériaux, des technologies, des procédés, de la gestion de l’information, … et bien d’autres sujets qui sont autant d’opportunités, de marchés et d’emplois.

Mais je veux aussi que le MEDEF réfléchisse et propose dans ce cadre les grands aménagements et équipements structurants qui nous feront défaut en termes d'aménagement du territoire : les canaux, les liaisons autoroutières, les lignes à grande vitesse, les réseaux haut débits numériques et les réseaux électriques intelligents...

Ces travaux nous pourrons les réaliser en faisant appel au secteur privé via les délégations de service public ou des Partenariats Publics-Privés.

Cette vision du futur, nous devons la décliner à court terme de manière très opérationnelle en accompagnant nos PME et ETI à l’international et à l’export. Car la mondialisation est notre deuxième grand défi à relever et le MEDEF doit agir sur ces sujets de manière plus concrète.

Il ne s’agira évidemment pas de dupliquer ce qui existe déjà, mais d’accompagner, de servir de lien, d’impulser, de simplifier. Ce sera le rôle de Jean-Claude Volot dans mon équipe.

C’est un point fondamental pour notre pays : nous ne pouvons accepter sur le long terme une balance commerciale déficitaire de l’ordre de 70 milliards d’euros par an alors que les Allemands ont un excédent de 180 milliards.

De même, notre Mouvement a un rôle déterminant à jouer dans la construction d’une Europe économique et sociale. C’est notre 3ème défi : construire l’Europe. Il y a quelques jours, j’ai rencontré mon homologue Allemand à Berlin, Ulrich Grillo, président du BDI. J’aurai plaisir à l’accueillir dès vendredi au siège du MEDEF.

Nos analyses sont convergentes et nous allons renforcer notre coopération. Notre avenir est dans l’Europe, une Europe mieux en phase avec les préoccupations économiques, dont la logique d’action prenne résolument en compte la compétitivité. Une Europe mieux intégrée économiquement et socialement pour éviter les effets de « dumping social » que l’on peut constater, une Europe qui ne serve plus de bouc émissaire mais soit réellement porteuse d’espoir pour nos concitoyens.

Oui, notre avenir est dans l’Europe et je crois que le MEDEF doit contribuer à rendre crédible et compréhensible cette vision.

Je compte ainsi agir, d’abord avec nos partenaires allemands, mais aussi avec tous les patronats des autres pays membres. Cela passera aussi nécessairement par une simplification, une réforme de notre mécanique européenne, une acceptation d’une meilleure intégration.

Il nous faut lancer ce débat, nous organiser et avancer. Sans jamais oublier que c’est au niveau européen que se joue une partie du devenir de nos entreprises.

Le MEDEF que nous voulons tous, est aussi un MEDEF d’enthousiasme et d’audace. L’audace créatrice sera le quatrième défi à relever : pour que la France redevienne une terre de créateurs d’entreprises, d’entrepreneurs, de développeurs et de bâtisseurs dans la durée.

Etre entrepreneur, c’est être capable d’oser, c’est affronter le risque, les incertitudes, non pas comme un casse-cou inconscient, mais comme un découvreur, un bâtisseur, un visionnaire.

Je dis toujours que les chefs d’entreprise sont des héros.

Mesdames et Messieurs, vous êtes des héros.

Pas seulement parce que vous construisez l’avenir, parce que vous vous battez pour vos salariés, pour vos équipes, mais parce que vous avez osé tenter ! Vous avez pris des risques et vous avez créé des emplois en France.

Et de cela, le pays devrait vous être profondément reconnaissant.

Alors, je veux que le MEDEF porte haut et fort cette audace créatrice qui fait tant défaut à notre pays. Non pas que nous en soyons incapables, mais toute notre société nous pousse au renoncement facile qui est le début du déclin.

Comment arriver à oser dans un pays qui a inscrit le principe de précaution dans sa constitution ? Comment arriver à oser dans un pays qui pénalise l’échec sans en valoriser les leçons que l’on peut en tirer ?

Les Américains ont l’habitude de dire : « ceux qui n’ont jamais échoué, n’ont jamais essayé » ou encore « nos cicatrices et parfois nos échecs, sont nos trophées ».

Les Chinois ont aussi une vision à partager : en mandarin, un l’idéogramme « crise » intègre les 2 mots « danger » et « opportunité ».

Ils ont raison. A nous demain de faire partager cette idée à tous les Français. Thibault Lanxade sera chargé de ce grand projet.

Je veux enfin agir dans une logique de rassemblement et de rapprochement des mondes.

-    Rassemblement des patrons en travaillant plus étroitement avec la CGPME, l’UPA, et l’AFEP. Nous avons beaucoup en commun et nous serons plus fort ensemble pour faire entendre notre voix.

-    Rapprochement des mondes en travaillant avec la sphère publique et non pas contre elle.

Oui, nous allons travailler sur les possibilités de réforme de la sphère publique. Oui, nous allons faire des propositions pour diminuer son poids, car je crois que certaines fonctions peuvent être rendues par des entreprises privées avec beaucoup plus d’efficacité.

N’oublions jamais que le poids des dépenses publiques en France représente 57% du PIB contre 45% en Allemagne et une moyenne européenne de 50%. Et n’oublions jamais que les dépenses d’aujourd’hui font les impôts de demain et le chômage d’après-demain.

Il faut refondre en profondeur l’action publique, ses modes d’action, son organisation.

Oui, il faut améliorer le service aux usagers, en le simplifiant, en ayant recours au numérique et à des méthodes de management d’excellence opérationnelle…

En un mot, en rendant le métier de fonctionnaire plus intéressant.

On me dit souvent : « comment voulez-vous diminuer les dépenses dans la fonction publique sans toucher à la qualité du service » ? Ma réponse est simple, c’est ce qu’on fait dans les entreprises :    « Poser la question aux gens qui voient les gaspillages : aux infirmières dans les hôpitaux, aux employés de bureau dans les administrations, aux agents territoriaux dans les collectivités… ».

Ils en savent beaucoup, ils savent où trouver des économies  et souhaiteraient pouvoir proposer des solutions. Cela s’appelle le management participatif, l’excellence opérationnelle ou le lean management. Et ces méthodes de management modernes sont largement utilisées dans toutes les entreprises du secteur privé.

Pourquoi ne pas nous inspirer également des réformes conduites dans des pays si proches de nous comme le Canada qui a réussi à baisser ses dépenses publiques de 10% en trois ans ?
Les Français sont prêts au changement, ils sont même demandeurs.

Je veux aussi que le MEDEF continue de faire mieux connaître l’entreprise à tous les Français, à la valoriser, à expliquer. C’est un lieu d’intégration, de développement, de formation, d’épanouissement humain.

Aujourd’hui, l’entreprise est toujours incomprise dans notre pays. Les exemples foisonnent, mais je ne citerai que le dernier qui m’a beaucoup marqué. Ma plus jeune fille vient de passer son Bac  (et l’aura je l’espère). Son sujet de Sciences Economiques et Sociales était « Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale… ».

Comme si, dans notre pays, la cohésion devait nécessairement passer par le conflit contre l’entrepreneur ! Comment au XXIe siècle peut-on encore avoir une vision de ce type, aussi caricaturale, aussi dogmatique, aussi éloignée de la réalité ?

Pour moi, c’est l’aveu d’un échec collectif. Là aussi, il nous faut reprendre notre action en la matière, de manière résolue, ouvrir nos entreprises aux jeunes, aux enseignants, montrer, expliquer, être tenace dans l’action, exemplaire dans la démarche. Il faut que les français comprennent l’économie.

Redonner le goût de l’effort, l’envie de bâtir dans la durée et avec ténacité. Beaucoup reste à faire et nous, chefs d’entreprise, avons une responsabilité historique en la matière.

Le programme est ambitieux, mais extrêmement motivant.

La crise profonde qu’affronte notre pays depuis 5 ans nous place dans une situation d’urgence qui nécessite courage, détermination et vision.

Ce sont nos entreprises qui innovent, qui imaginent puis concrétisent ce qui fera la vie de toutes et de tous pour demain.

Ce sont nos entreprises qui portent fièrement les couleurs de la France dans le monde et qui inventent le futur.

A tous, nous demandons du courage :

-    Au Gouvernement, pour mener les réformes indispensables.
-    A nos salariés, pour les comprendre et les accepter.
-    Aux chefs d’entreprises, pour les mettre en œuvre et retrouver confiance et dynamisme afin de créer croissance et emplois pour notre pays.

Le MEDEF a un rôle clé en la matière. L’objectif pour moi est que notre Mouvement soit utile à ses adhérents, aux entreprises, et donc à notre pays.

Le MEDEF doit faire gagner toutes les entreprises de France. Il doit faire aimer les entreprises aux Français, réconcilier économie et social, et refaire de la France un pays attractif, dynamique et prospère.

Monsieur le Président de la République, Faites le pari de l’entreprise ;
Faites confiance aux entreprises et aux entrepreneurs.
Et la France se redressera et gagnera.

Grâce à vous et avec nous tous, nous ferons gagner nos entreprises, nous ferons gagner la France.

Je vous remercie.

Pierre Gattaz programme couv
Devant plus de 300 chefs d’entreprises réunis à la Maison de la Mutualité le 15 avril 2013, Pierre Gattaz a présenté son programme. Plaidant pour un MEDEF utile de Conquête, de Conviction et de Rassemblement, il a indiqué vouloir « libérer l’entreprise » pour redonner un avenir à la France dans un discours de vérité. Il propose notamment d’inscrire une « Charte de l’Entreprise » dans la Constitution française, et rappelle l’urgence d’un triple choc à court terme : de confiance, de fiscalité et de compétitivité.
Télécharger le programme de Pierre Gattaz
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Pour tout renseignement: communication@pierre-gattaz.fr

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