mercredi 14 décembre 2011

Laurence Parisot et François Chérèque débattent de la compétitivité

Le leader de la CFDT, François Chérèque, et la patronne du Medef, Laurence Parisot, le 19 juin, à l'issue d'un sommet entre les organisations syndicales et patronnales consacré à la réforme du marché du travail.

Le leader de la CFDT, François Chérèque, et la présidente du Medef, Laurence Parisot, le 19 juin, à l'issue d'un sommet entre les organisations syndicales et patronales, consacré à la réforme du marché du travail.

AFP/JACQUES DEMARTHON

L'exercice relevait du grand écart. En début d'après-midi, François Chérèque manifestait à Paris place de la Concorde, dans le cadre de la (très discrète) journée d'action organisée contre l'austérité par l'intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-FSU-Solidaires. En début de soirée, le secrétaire général de la CFDT participait à un débat très policé au Medef, devant environ 300 chefs d'entreprise et une centaine de syndicalistes sur le thème : "Compétitivité : agir ensemble maintenant".
Pendant plus de deux heures, Laurence Parisot, la présidente du Medef, Frédéric Grivot, vice-président de la CGPME, Jean Lardin, président de l'Union professionnelle artisanale (UPA), Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, Joseph Touvenel, vice-président de la CFTC, et le leader cédétiste ont échangé sur la compétitivité, parlant de "culture de coopération" ou de rupture de "barrages idéologiques".

"Je suis impressionnée par le nombre de points communs que nous avons,
a lancé Mme Parisot. Il ne faut pas que l'Etat se mêler de tout." A cinq mois de la présidentielle, elle a défendu l'autonomie du social face au politique, ce "semeur de zizanie qui arrive" quand "on commence à avancer".

SIX PRIORITÉS

La zizanie était d'autant moins à l'ordre du jour que ce débat faisait suite à une "délibération" commune entre les partenaires sociaux qui a abouti, le 6 juin, après un an de travaux, à une déclaration commune entre la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGPME, le Medef et l'UPA sur la compétitivité. La CGT est restée à l'écart et FO n'a pas signé.

"La compétitivité n'est pas une fin en soi, affirme le texte, mais une condition de la croissance, de l'emploi et de la cohésion sociale. Accroître la compétitivité et l'attractivité du territoire, c'est créer davantage de richesses, améliorer les conditions de travail des salariés, faire progresser le niveau et la qualité de vie des Français."

Les signataires ont mis en avant six priorités : "savoir innover"; "valoriser notre capital humain"; "tirer le meilleur parti de notre situation dans une Europe ouverte"; "dégager tous les moyens nécessaires au financement de la croissance"; "dynamiser et densifier le tissu d'entreprises"; "repenser l'assiette du financement de la protection sociale".

Les six intervenants se sont employés à ne pas faire de la réforme de la protection sociale – qu'"il ne s'agit évidemment pas de remettre en cause", proclame la déclaration – un sujet qui fâche. Mme Parisot s'est défendue de vouloir "baisser les ressources allouées à la protection sociale". Elle a préconisé une baisse des cotisations patronales et salariales, compensée par une augmentation de la TVA et de la CSG.

M. Chérèque s'est déclaré ouvert à une réforme qui ferait financer les allocations familiales par l'impôt au lieu des cotisations patronales. Mais il a récusé une "TVA sociale qui serait anti-redistributive et pas juste". M. Lardin n'a pas caché son hostilité à une hausse de la TVA qui ne peut que "renchérir le contenu de nos prestations et le coût de la main-d'œuvre".

Après une courtoise passe d'armes sur le partage de la valeur ajoutée, Mme Parisot et M. Chérèque se sont retrouvés sur l'Allemagne. "Il ne faut pas être complexé", a dit la première. Le second a mis en cause la comparaison des coûts salariaux avec "un pays qui n'a pas de smic et où la grande pauvreté augmente".

Michel Noblecourt

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