Une caractéristique des entreprises actuelles est
leur aversion du risque se traduisant notamment dans une affectation des
budgets R&D dans l’amélioration de leurs gammes existantes plutôt
que dans l’innovation de nouveaux produits. Pourtant, parallèlement à ce
raisonnement, nous constatons que les organisations dont la réussite
est remarquable ont toutes le même profil : start-ups proposant des
solutions innovantes. Le succès
d’aujourd’hui, et encore plus celui de demain, est donc intimement lié à
une prise de risque initiale et à la capacité à innover et à proposer
des produits différents. Être proactif plutôt que réactif sera le
nouveau credo de nos industries.
Ce changement de paradigme ne peut se construire sur
les modèles managériaux existants orientés vers la productivité
(Taylorisme), sur la qualité (LEAN Management) ou encore sur
l’adaptation (Management agile). Il implique non seulement de
déstructurer les organisations hiérarchiques pyramidales traditionnelles
pour leur substituer des réseaux collaboratifs mais aussi de développer
une nouvelle vision du manager, passant de décideur à médiateur dont le
rôle n’est plus de donner des ordres mais bien de faciliter les
différentes interactions entre les groupes, les individus et leur
environnement, de développer la créativité, de promouvoir le partage et
l’expérimentation tout en favorisant l’épanouissement et l’engagement
individuel et collectif.
C’est tout l’enjeu de la philosophie harmocratique constituée des sept principes suivants :
✔Expérimenter la confiance
De nombreuses crises que connaissent actuellement nos
entreprises sont une réponse à la perte de confiance des
collaborateurs. De nos jours, la transparence peut paraître optionnelle
alors qu’elle est en passe de devenir une condition sine qua non à la
croissance. Cette confiance doit se co-construire en adéquation avec les
objectifs à court, moyen et long terme selon trois niveaux :
-
du médiateur envers les collaborateurs,
-
des collaborateurs envers le médiateur,
-
des collaborateurs entre eux.
Cette expérimentation implique une cohérence entre
les actes et les paroles, une éthique personnelle et collective
compatible, une capacité d’accepter les critiques et de se détacher
provisoirement de ses sentiments et un développement de la culture
positive de l’erreur. L’idée sous-jacente étant que des collaborateurs
confiants sont plus dynamiques, plus ouverts et surtout plus engagés
dans les démarches de développement de l’organisation. Nous pouvons
également souligner que cette confiance sera primordiale dans le
management futur de toutes les entreprises.
✔Auto-valoriser les équipes
Cette piste propose d’organiser les équipes de façon à
apporter de la valeur non seulement à la raison d’être de l’entreprise
mais aussi à chaque raison d’être individuelle. Ce point implique la
construction d’une image identitaire commune forte tenant compte des
attentes et des aspirations de chaque individu. Dans ce cadre, le
médiateur est non seulement un support pour l’équipe mais lui assure
également une protection contre les tensions liés à l’environnement. Ce
changement de rôle du manager traditionnel demande à ce dernier
d’accepter de perdre le « pouvoir ».
Construire des équipes auto-organisées est nécessaire
mais il faut également valoriser la raison d’être de celle-ci ainsi que
chacun des rôles impliqués. Chaque collaborateur doit comprendre son
apport de valeur pour lui-même, pour son équipe et pour l’organisation.
L’auto-valorisation est le résultat de la somme des satisfactions
individuelles et de leurs interactions au sein du réseau collaboratif.
Cette pratique permet alors de former des équipes
auto-organisées autosatisfaites soulignant un collectivisme fort libéré
de toutes tensions. Les équipiers sont alors plus épanouis, plus
productifs et plus créatifs.
✔Développer les appétences collaborativesBeaucoup d’organisations travaillent sur des facteurs de motivation exogènes, tels que les primes, pour stimuler leurs équipes. Cette technique, héritée du Taylorisme, est devenue aujourd’hui contre productive car elle incite les collaborateurs à mentir (phénomène de la carotte et du bâton) et à se concentrer sur la forme plutôt que sur le fond.
Aussi, l’intérêt des collaborateurs dans leur rôle et dans l’organisation peut être développé afin de créer un climat de bien-être et de plaisir au travail. Cette démarche demande de connaître les facteurs de motivation intrasèque de chaque membre. L’idée sous-jacente étant qu’un collaborateur heureux et épanoui dans son travail sera plus enclain à s’impliquer dans l’organisation.
✔Libérer les pensées parasites
Nos pensées peuvent devenir parasites, être omniprésentes, nous empêcher de dormir ou de nous concentrer, nous enfermer dans une spirale de mal-être et nous rendre vulnérables à l’anxiété ou à la dépression.
Dans notre contexte, les pensées parasites de
l’équipe disparaissent naturellement. Cependant les interactions
environnement/organisation/équipe sont fortes. C’est pourquoi il est
important que le médiateur protège son équipe contre les facteurs
extérieurs de contamination. Son rôle est de les identifier, les
contrôler et les modifier.
La protection de l’équipe est indispensable à son bien-être et à sa production de valeurs.
✔Faciliter la créativité
La force première des entreprises à succès est leur capacité à innover en permanence. Il est donc important de conserver la créativité naturelle de la génération Z. Cette facilitation implique le développement d’un environnement propice que nous pouvons atteindre par le jeu. Cette démarche méthodique, organisée et ouverte à tous permet de développer non seulement la créativité individuelle mais aussi de construire une créativité collective qui, à l’instar de l’intelligence collective, ne correspond pas à la somme des créativités individuelles mais bien à un niveau supérieur.
✔Construire une organisation intuitive
Depuis quelques années, dans certaines entreprises, le manager traditionnel s’efface devant un manager plus sensible, intuitif et à l’écoute des hommes et des événements. Le pari du médiateur harmocratique est de laisser parler son intuition, retrouver son équilibre et sa force intérieure pour créer une organisation à son image. L’entreprise dispose de sa propre raison d’être, de sa propre culture et de sa propre pensée. Dans un environnement complexe, en perpétuel changement et en demande constante d’anticipation, l’entreprise organique doit également retrouver et développer son intuition, retrouver son équilibre intérieur.
✔Promouvoir l’harmonisation continue
L’harmonie est acquise par les points précédents. Reste alors à maintenir continuellement cette harmonie. L’avantage de ce point est de dépasser la simple pensée de l’amélioration continue pour la combiner à un phénomène d’ adaptation et d’innovation permanent.
Ainsi, le changement devient le quotidien de l’organisation. La notion de changement disparaît tout comme la réticence des collaborateurs ouvrant des possibilités inimaginables pour l’entreprise.
Je développerai chacun de ces principes individuellement dans mes prochains billets.
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