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Le sort tragique des chrétiens d'Irak et de tout le Moyen-Orient n'émeut pas grand monde. Pourtant, leur existence même est menacée.
Pour lever toute ambiguïté et éviter que le gibier ne s'échappe, des "N" ont été tracés sur les maisons des chrétiens. "N" pour nazaréen, "N" comme Jésus de Nazareth. Cette épuration religieuse n'est pas un cas isolé. Les deux tiers des chrétiens d'Irak - plus d'un million - ont fui le pays. La majorité d'entre eux sont catholiques romains de rite chaldéen. Le renversement du régime dictatorial, mais laïque de Saddam Hussein et le chaos engendré par l'irresponsable intervention américaine ont signé leur arrêt de mort.
Les chrétiens syriens derrière Assad
En Syrie, la plupart des chrétiens sont orthodoxes. Ils se raccrochent désespérément à Bachar el-Assad et à la Russie protectrice historique des Églises orthodoxes d'Orient. Les événements d'Irak et les exactions des combattants djihadistes en Syrie même ne risquent pas de les faire changer d'avis.En Égypte, l'Église copte, fondée par saint Marc selon la tradition, est sur la défensive. Les chrétiens ont payé un lourd tribut à la montée de l'islamisme : massacres, lieux de culte incendiés, intimidation en tout genre. Ils ont vu la prise du pouvoir par le maréchal al-Sissi comme une divine surprise. En Turquie, un ministre d'Erdogan envisage de transformer la basilique Sainte-Sophie (un musée depuis 1934) en mosquée.
En Palestine, le nombre de chrétiens se réduit comme peau de chagrin, même si Mahmoud Abbas, le président (musulman) de l'Autorité palestinienne, ne manque jamais de s'afficher, comme son prédécesseur Yasser Arafat, à la messe de minuit de Bethléem. Même le Hamas ménage officiellement les chrétiens. Il n'empêche : la pression "sociétale" et politique de l'islam pousse les chrétiens à l'exil. Même phénomène en Israël, où il n'est pas facile d'être doublement minoritaire : arabe dans un pays juif et chrétien dans une communauté majoritairement musulmane.
Le calvaire des chrétiens de Mossoul ne suscite bizarrement aucune grande vague d'indignation en France. Dans la torpeur estivale, quelques déclarations éparses en forme de condoléances résignées. Mais pas de grande mobilisation des professionnels de la pétition et des intermittents de la manifestation. Même l'Église catholique paraît bien timorée à l'exception de quelques institutions très actives (telle l'Oeuvre d'Orient) : une petite intention de prière à la messe du dimanche et l'on passe à autre chose. Mossoul n'est pas Gaza.
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