«
La zone morte. En gardant son secret, une femme se coupe de tous ceux
qui lui apporteraient amour, secours et protection. Elle porte seule son
fardeau de chagrin, de peur, quelquefois pour un groupe entier, que ce
soit sa famille ou sa culture. En outre, comme dit Jung, garder des
secrets nous coupe de l’inconscient. Là où il y a secret honteux, il y a
toujours une zone morte dans la psyché de la femme, un lieu qui ne
ressent pas les événements de la vie émotionnelle ou de celle
des autres, ou bien n’y réagit pas correctement. La zone morte est
extrêmement protégée. On trouve là une infinité de murs et de portes,
chacune fermée avec une vingtaine de verrous, et les homunculi, les
petites créatures des rêves féminins, sont toujours en train de
construire d’autres portes, d’autres barrages, d’autres systèmes de
sécurité, de peur que le secret ne s’échappe. Pourtant, on ne peut
tromper la Femme sauvage. Elle est parfaitement au courant de sombres
paquets qui gisent dans l’esprit de la femme, enveloppés de mètres et de
cordes. La lumière, la grâce n’atteignent pas ces endroits tant ils
sont couverts et recouverts. Bien sûr, dans la mesure où la psyché joue
un rôle compensatoire, le secret filtrera de toute manière à
l’extérieur, sinon sous forme de mots, du moins sous forme d’accès
soudains de mélancolie, de rages mystérieuses et intermittentes, de
toutes sortes de tics et de maux physiques, de conversations qui cessent
brutalement, sans explication, de réactionsbizarres à des films ou même
à des publicités à la télévision. Le secret filtrera donc toujours et
la plupart du temps ce sera d’une façon impossible à gérer de front. »
— Clarissa Pinkola Estes, Femmes qui courent avec les loups (chap. 13)
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