dimanche 15 juillet 2012

Musique afghane


La musique afghane est à l'image du pays : un carrefour de civilisations. On y trouve tout autant des musiques et des instruments se rattachant au monde persan qu'au monde indien ou d'Asie centrale ; cette disparité est aussi à l'image de la distribution linguistique : dari, ourdou, pashto.
Depuis les années 1980, l'Afghanistan a souffert de guerres civiles et d'invasions militaires. En outre, des régimes politiques ultra orthodoxes ont condamné la musique et ses accessoires. Durant les années 1990, l'époque post-soviétique et le gouvernement taliban avaient banni la musique et son expression publique1. Bien que les musiciens furent arrêtés et leurs instruments détruits, les musiciens afghans ont continué à perpétuer leurs traditions au sein de l'importante diaspora émigrée au Pakistan.

Musique savante

La musique savante afghane (appelée klasik) est similaire à la musique hindoustanie (de l’Inde du nord) puisqu'elle consiste en l'interprétation des râgas, tarânâs, naghmâs et ghazals. Elle se nomme khandan quand il s'agit de musique vocale, et naghmâ pour la musique instrumentale.
Après une introduction (shakl) soliste, elles conservent l'accompagnement aux tablâs, mais des rythmes différents y sont toutefois joués. La tampura a disparu quant à elle, remplacée par l'harmonium. L'instrument roi ici est le rabâb, ancêtre du sarod indien. Le tambur afghan, ancêtre du sitar, est aussi utilisé en ce sens, mais il est plus rare.
De nombreux musiciens indiens dépendant de la gharâna (école) de Patiala s'installèrent à la cour de Kaboul au XIXe siècle. Au XXe siècle, les Afghans eurent leurs propres musiciens, tels Mohammad Hussain Sarāhang et Rahim Bakhsh.

Musique folklorique

La musique folklorique doit beaucoup à l’Iran. Le tambour zirbaghali (dérivant du zarb), remplace souvent les tablâs. De même la vièle ghaychak ou le luth dotâr sont aussi liés au folklore du Khorassan.
Les chahârbeiti ou farkhar sont des poèmes d'amour chantés avec accompagnement musical au dotâr ou au ghaychak et influencés par le Tadjikistan.
Certaines musiques folkloriques usant du dotâr notamment relèvent de l'influence ouzbèke.
La musique publique étant essentiellement une affaire d'hommes, dans les foyers, les femmes jouent parfois du dayre, un tambour que l'on dit être interdit par le Coran1.

Musique de transe

Il existe de nombreuses confréries soufies dans le pays, pratiquant le dhikr, la récitation coranique non accompagnée, sous forme de chants : na't, mursia, manqasat, nowheh et rowzeh. Les Chishti de Kaboul utilisent quant à eux des instruments dans leur musique de dévotion gaza-yeh ruh.
Il existe près du Balouchistan un rituel guâti destiné à la guérison des malades sous emprise d'un djinn ou ghât. Cette musique d'extase est jouée sur des instruments tels : doneli, sorud, benju, tambura.

Instruments


Kabuli rabâb

Vents :
Cordes :
Percussions :

Les traditions musicales et les instruments afgahns empruntent plusieurs de leurs caractéristiques à l’Inde. Les tambours, tabla, sont de type indien, l’un grand, fait d’un vase de cuivre étamé tendu d’une peau de chèvre, l’autre plus petit, de bois et de peau ; ces tambours ont la peau tendue par des lacets de cuir dans lesquels le musicien glisse des cailloux pour une meilleure tension.
 
 

Le rebâb   est un luth à caisse échancrée et à cordes joué avec un plectre. Il est constitué de cinq à six cordes de mélodie en boyau, et de onze à treize cordes de métal ; le corps et la table d’harmonie sont en bois de mûrier creusés à l’herminette. L’intérieur est garni de coquilles d’œufs, et l’extérieur est orné de nacre ou d’os ; quatre frettes de boyau sont serrées sur le manche. Sa ligne mélodique est régulière et peu ornée. Il peut se jouer en solo ou accompagner un chanteur.
 
 

Un autre luth est le tanbûr  à long manche décoré d’os, il est joué avec un onglet. Il est composé de cinq à huit cordes de métal, de dix à douze sympathiques et de vingt-deux ou vingt-trois frettes sur le manche. La caisse est en bois de mûrier ou quelquefois en courge. Cet instrument peut se jouer en solo pour accompagner un chanteur ou faire partie d’un orchestre.
Le hautbois zurnây est l’instrument joué à l’extérieur ; chaque fois que la musique doit s’entendre de loin, pour les danses, cirques ou processions de mariage. Il est connu en Inde sous le nom de châhnây (flûte royale). En Afghanistan, on le rencontre surtout dans le Sud. Souvent fabriqué au Pakistan, il a sept trous sur le côté supérieur et un sur l’inférieur.
Les traditions  musicales les plus anciennes sont des chants d’homme sans accompagnement, en solo ou en duo. Ce sont principalement des chants d’amour et des improvisations relatant les incidents de la vie d’un village ou d’un voyage.








Dans le Nord, toutefois, le chanteur tadjik s’accompagne le plus souvent pour ces chants d’amour ou de nostalgie du pays natal, d’une vièle tenue verticalement, à deux cordes métalliques frottées par un archet de bois et de crins de cheval, à tension réglée par les doigts de l’instrumentiste. Cet instrument appelé ghajak, autrefois fabriqué avec une caisse de mûrier est maintenant formée d’un bidon métallique ouvert sur le côté.









 
Les instruments de musique des femmes
L’instrument plus spécifique des femmes est un tambour, le dâyra. A peau collée sur une latte de bois courbée en cercle, il est tenu verticalement et frappé avec les doigts. La peau est décorée d’étoiles dans le Nord, de fleurs et d’oiseaux dans le sud. Des disques de métal battent à l’intérieur contre la latte de bois pendant le jeu. Le dâyra accompagne dans l’intimité les danses et les chants des femmes ainsi que les poèmes populaires modernes sur des thèmes amoureux.
Les femmes peuvent aussi dans le Nord, rythmer le chœur d'un mariage d’une paire de cuillers (qâchak) en bois, maniée en castagnettes dans la main.




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