jeudi 23 août 2012

Start-ups : la fin de la Silicon Valley ?

C'est le fondateur de Yammer, le réseau social d'entreprises vendu le mois dernier à Microsoft pour 1,2 milliard de dollars, qui lance le débat. La mythique Vallée californienne, creuset mondial des start-ups, « telle que nous la connaissons » serait sur le point de disparaître... 
Accès de déprime estivale ? David O. Sacks, le fondateur de Yammer, le réseau social d'entreprises qu'il a accepté de vendre la bagatelle de 1,2 milliard de dollars à Microsoft fin juin, prédit rien de moins que « la fin de la Silicon Valley telle que nous la connaissons. » Sur son compte Facebook, l'entrepreneur, ancien de chez PayPal, qui reste à la tête de l'équipe de Yammer en tant que vice-président dans la branche entreprises de Microsoft, se désole : « je pense que la Silicon Valley telle que nous la connaissons touche à sa fin. Pour créer une nouvelle société qui réussisse, il faut trouver une idée 1) qui échappe à l'attention des grandes sociétés Internet, qui sont mieux gérées qu'elles ne l'ont jamais été ; 2) que l'on peut lancer et éprouver pour environ 5 millions de dollars, le montant typique d'un premier tour de table, et 3) que l'on peut protéger des assauts de ces grandes entreprises une fois qu'elles ont compris de quoi il retourne. Combien d'idées de ce type reste-t-il ? » s'interroge ce quadra, diplômé de Stanford qui a aussi fondé le site de généalogie Geni.com.
Marc Andreessen se lance dans un débat de haut vol
Le débat est lancé, comme l'a relevé le site spécialisé TechCrunch. Un débat de haut vol. Ces quelques lignes ont attiré une cinquantaine de commentaires, notamment de bons connaisseurs de la Vallée, à l'image de Marc Andreessen, le fondateur du navigateur Netscape, devenu investisseur dans des start-ups et siégeant au conseil d'administration de nombreuses sociétés high-tech dont eBay, HP et Facebook. Combien d'idées donc ? « Un nombre infini », lui répond Andreessen, « car la créativité humaine est sans limite, et les opportunités sans fin. » David O. Sacks lui réplique qu'il y a trop d'acteurs en place pour que les start-ups arrivent désormais à émerger : « nous ne sommes pas à court d'idées mais nous serons peut-être à court de grandes nouvelles entreprises. » Et Andreessen de contre-argumenter : les start-ups attirent des talents des grands groupes, ce qui diminue la capacité de ces derniers à innover. De plus, une société établie privilégie la stabilité sur le changement, c'est « le dilemme de l'innovateur », elle tend à ne pas se cannibaliser elle-même par des innovations de rupture. On pourrait ici toutefois suggérer le contre-exemple d'Apple, qui n'a cessé de lancer des produits risquant de cannibaliser ses best-sellers, comme l'iPhone vis-à-vis de l'iPod ou l'iPad vis-à-vis des Mac.
Google et les grands groupes gorgés de cash, à court d'innovations ?
Les grands groupes peuvent-ils être de grands innovateurs ? Ce nouveau débat (lire l'intégralité des échanges sur le compte Facebook de David O. Sacks) fait écho aux échanges virulents entre Eric Schmidt, le président exécutif de Google, et Peter Thiel, cofondateur de Paypal et désormais capital-risqueur dans la Vallée, un des premiers à avoir investi dans Facebook notamment, il y a un mois lors de la conférence Brainstorm Tech organisée par le magazine Fortune à Aspen, dans le Colorado. « Vous avez 50 milliards de cash chez Google, pourquoi vous ne les investissez pas davantage dans la technologie, ou bien êtes-vous à court d'idées ? » avait lancé Peter Thiel à Eric Schmidt (lire la retranscription en anglais). « Il faudrait avoir l'honnêteté de dire que Google n'est plus une société technologique mais juste un moteur de recherche, une technologie développée il y une décennie » poursuit Thiel, dénonçant ces sociétés, comme Microsoft et Apple, qui accumulent des montagnes de cash et hésitent à verser à des dividendes, « parce qu'elles ne savent pas quoi en faire et ne veulent pas admettre qu'elles ne sont plus des entreprises high tech... » 

Le fondateur du réseau social d'entreprises Yammer lance le débat. DR. 

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