Images satellites de la calotte glacière par des scientiques de la Nasa, le 26 août. Crédits photo : NASA
INFOGRAPHIE - 4,1 millions de km2 : la surface de la glace de mer n'a jamais été aussi réduite.
L'annonce était attendue depuis plusieurs semaines. Cette fois, ça y est. Les images satellites de la Nasa, l'agence spatiale américaine, permettent de l'affirmer: depuis le lundi 26 août, la banquise de l'océan Arctique, autour du pôle Nord, a atteint un nouveau record de fonte. La superficie totale des glaces de mer n'est plus que de 4,10 millions de km2. Cela représente près de 70.000 km2 de moins que le précédent record qui datait du 18 septembre 2007, ont calculé les chercheurs du Centre américain de données sur la glace et la neige (NSIDC), basé à l'université Boulder, dans le Colorado.«Tout cela, ce ne sont que des chiffres, mais c'est avant tout le signe que la couche de glace de l'océan Arctique est fondamentalement en train de changer», a reconnu Walt Meier, chercheur au NSIDC, lors d'une conférence de presse tenue en commun avec la Nasa. Tout ce qui se passe dans les hautes latitudes est à surveiller de près. «La banquise du Grand Nord est une région vigie pour tout ce qui concerne le réchauffement de la planète. Non seulement c'est la première à réagir, mais c'est là aussi où les impacts sont les plus forts, souligne Hervé Le Treut, directeur de l'institut Pierre-Simon Laplace (Paris).
Le record enregistré lundi est un signal pour la communauté scientifique. Il a valeur de démonstration des conséquences de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.» Autrement dit, l'homme serait le principal responsable du réchauffement actuel. Les premières images satellites de la banquise arctique ont été fournies en 1979. Depuis, la surface des glaces de mer a diminué durant l'été de 40%. Les six dernières années figurent parmi les années records de recul de la banquise.
Le record de 2007 déjà dépassé
Et l'été n'est pas terminé, la fonte devrait continuer pendant encore deux à trois semaines. Le retrait des glaces de mer pourrait donc être beaucoup plus important à la mi-septembre. «C'est un peu surprenant de voir qu'en août, le record de 2007 a déjà été dépassé alors qu'il avait été enregistré en septembre», souligne Walt Meier. En effet, cette année, les températures n'ont pas été particulièrement élevées contrairement à l'été 2007. Seule une grosse tempête survenue au début du mois d'août a pu amplifier l'effondrement des glaces.Selon les projections avancées par les modèles climatiques dominants, la banquise arctique devrait avoir totalement disparu en été vers la fin du siècle. Le phénomène constaté cette année pourrait rebattre les cartes. «Apparemment, constate en effet Hervé Le Treut, ça va plus vite que ce qui était attendu. Mais ce n'est pas une erreur, plutôt une imprécision dans la chronologie. On a toujours des surprises. Les données physiques impliquées dans la fonte de la banquise sont très complexes.»
Le petit nombre de scientifiques qui prévoient la disparition totale de la banquise en été dès 2015 ou 2016 se trouvent confortés dans leur pronostic. «Les mesures effectuées par les sous-marins montrent que la glace a perdu 40 % de son épaisseur depuis les années 1980, explique à la BBC Peter Wadhams, de l'université de Cambridge.
En été, le volume des glaces ne représente même pas un tiers de ce qu'il était en 1970. Les énormes surfaces libérées par les glaces génèrent des tempêtes dont les grosses vagues fragmentent les glaces restantes et accélèrent leur fonte.»
La fonte de la banquise n'a pas de conséquences globales sur le niveau de la mer. En revanche, on ne sait pas quel impact cela pourra avoir sur le climat. «Le climat de la planète est lié en partie à la différence de températures entre les régions polaires et les régions tropicales. Cela pourrait, par exemple, modifier le régime des tempêtes dans l'hémisphère Nord», indique Hervé Le Treut.
Un sondage rendu public en début de semaine révèle que 98% des Canadiens ne doutent pas que le réchauffement climatique a déjà commencé. Pour 32% d'entre eux, il est provoqué par l'homme ; pour 54%, il est dû à une combinaison de plusieurs facteurs.
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