Dans «Légère comme un papillon», la philosophe italienne s’est servie de sa propre expérience de l’anorexie pour livrer un texte singulier, entre récit autobiographique et essai méditatif.
« Je l’ai prise au pied de la lettre », affirme-t-elle. L’auteur des Origines du totalitarisme expliquait la pensée à travers l’« Evénement ». Marzano en a choisi un « avec un e minuscule » : son anorexie. Et elle a eu la délicatesse d’en expurger tout le côté glauque. Loin des Delphine de Vigan, Camille de Perretti et autres troublées du comportement alimentaire qui, avant elle, avaient livré des témoi- gnages nourris de rituels racontés par le menu – ou plutôt l’absence de menu. C’est sans doute ici que la philosophe fait la différence.
Là où d’autres étaleraient l’épuisant quotidien (se gaver-ne rien avaler, en boucle), elle évoque le vide et le plein. « J’ai essayé d’écrire le livre que j’aurais aimé lire, il y a vingt ans, quand on ne mettait pas encore de mots sur mon cas. » La franchise a payé : en Italie, Légère comme un papillon s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires et il caracole en tête des ventes en France, son pays d’adoption. Dans la vitrine de sa maison d’édition germanopratine, les couvertures barrées d’un bandeau orné d’un papillon sont d’ailleurs en bonne place.
Un succès qui fera date dans sa carrière puisqu’elle a pris goût à
cette nouvelle forme de récit autobiographique, loin des nombreux
essais philosophiques signés jusqu’alors : « C’est le point de départ d’une nouvelle façon d’écrire. Maintenant, je vais presque uniquement utiliser le je. »
En se prenant elle-même pour objet d’étude, la philosophe s’est
inscrite dans cette tradition américaine qui consiste à montrer d’où
l’on parle.
Pas étonnant, donc, qu’elle ait « beaucoup aimé » les manifestes de Beatriz Preciado, activiste queer qui, pour Testo junkie (2), a ingurgité de la testostérone afin de remettre le corps, son corps, au centre d’un discours philosophique. Mais, selon elle, « l’intellectuel type français » – comprendre : « le penseur star cathodique » – n’est pas prêt pour cette mise à nu. « Il faut savoir enlever le masque, quitte à prendre des coups », note- t-elle. Pas évident quand le système médiatico-marketing a tendance à vous mettre dans des cases.
Dernier exemple en date, Michela Marzano s’est retrouvée invitée d’une émission télévisée sur les enfants modèles. Certes, elle a toujours voulu être « la meilleure » (à l’école, à la fac, partout), mais davantage pour briller aux yeux d’un père toujours insatisfait que par goût personnel pour les premières marches des podiums. Alors, parce qu’elle n’a désormais plus besoin de remplir le vide, elle a tout simplement refusé de se prêter au jeu des questions.
Pas étonnant, donc, qu’elle ait « beaucoup aimé » les manifestes de Beatriz Preciado, activiste queer qui, pour Testo junkie (2), a ingurgité de la testostérone afin de remettre le corps, son corps, au centre d’un discours philosophique. Mais, selon elle, « l’intellectuel type français » – comprendre : « le penseur star cathodique » – n’est pas prêt pour cette mise à nu. « Il faut savoir enlever le masque, quitte à prendre des coups », note- t-elle. Pas évident quand le système médiatico-marketing a tendance à vous mettre dans des cases.
Dernier exemple en date, Michela Marzano s’est retrouvée invitée d’une émission télévisée sur les enfants modèles. Certes, elle a toujours voulu être « la meilleure » (à l’école, à la fac, partout), mais davantage pour briller aux yeux d’un père toujours insatisfait que par goût personnel pour les premières marches des podiums. Alors, parce qu’elle n’a désormais plus besoin de remplir le vide, elle a tout simplement refusé de se prêter au jeu des questions.
"Je cherche..."
(1) Légère comme un papillon, 352 pages, Grasset, 2012.
(2) Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique, Grasset, 2008
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