mercredi 22 août 2012

Mercredi 22 août, l'humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles

Un travailleur marque des rondins provenant des forêts de l'Etat de Sarawak, la partie malaisienne de Bornéo, en 2007. La déforestation touche particulièrement les pays de l'Asie du Sud-Est.

Mauvaise nouvelle pour la planète. Cette année, il n'aura fallu que 234 jours à l'humanité pour consommer toutes les ressources naturelles que la Terre peut produire en un an. Nous avons atteint, mercredi 22 août, le "Global Overshoot Day", le "jour du dépassement". En d'autres termes, nous vivrons à crédit jusqu'à la fin de l'année.

"L'heure du bilan a sonné", estime l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), qui calcule chaque année cette empreinte écologique. Le processus d'épuisement des ressources naturelles s'accélère : le "jour du dépassement" intervient cette année trente-six jours plus tôt qu'en 2011. En 2005, la limite fut atteinte un 20 octobre ; en 2000, c'était un 1er novembre.
Depuis 2003, les experts de GFN évaluent la quantité de ressources à travers le monde et la manière dont elles sont gérées. Avec pour unité de mesure l'hectare global (hag), la méthode consiste à comparer cette "biocapacité" à la consommation réelle de chaque pays.
UNE SEULE PLANÈTE NE SUFFIT PLUS
Cette année, leur système de calcul a été affiné et a permis de publier de nouveaux chiffres, plus précis, pour les cinquante dernières années. Le résultat ? "Un déficit écologique qui se creuse de manière exponentielle depuis cinquante ans", constate Mathis Wackernagel, fondateur de GFN.
Une seule planète ne suffit plus pour subvenir à nos besoins et absorber nos déchets. Désormais les besoins de l'humanité dépassent de 50 % les ressources disponibles, lesquelles ont quasiment diminué de moitié depuis 1961.
Les experts du Global Footprint Network comparent la biocapacité de chaque pays et sa consommation réelle à l'aide d'une unité de mesure, l'hectare global (hag) par habitant.
Rappelant que les risques de pollution (chimique, radioactive, etc.) ne sont pas comptabilisés dans cette étude, le président de GFN prévient : "La dégradation des milieux naturels se traduit inévitablement par une baisse des surfaces productives et notre dette, qui s'alourdit, condamne aux dépens les générations futures."
En 2008 (les données pour les années suivantes ne sont pas encore traitées), l'empreinte écologique de l'humanité s'élevait à 2,7 hag par habitant pour une capacité limite de 1,8 hag/hab. Principaux responsables du déficit, les rejets de dioxyde de carbone constituent 55 % de l'empreinte écologique mondiale. Le reste revient à l'exploitation des milieux naturels.
PRESSION DISPROPORTIONNÉE
La pression des pays riches est disproportionnée. En tête du classement, le Qatar a fini par dépasser le Koweït et les Emirats arabes unis, avec une consommation de 11,68 hag/hab. Il faudrait cinq planètes uniquement pour absorber la production qatarie de C02.
Au total, sur les 149 pays observés, 60 sont responsables de la dette. En 23e position, figure la France, dont la biocapacité a reculé de 20 % entre 2005 et 2008. Désormais, ses besoins dépassent de 70 % les ressources disponibles. C'est bien au-delà de la moyenne mondiale. Le déficit s'est creusé très vite : le score hexagonal s'élevait à 44 % en 1995, à 54 % en 2005.
Excédentaire, la Chine se place au 73e rang du classement. Le géant asiatique est le premier émetteur mondial de gaz carbonique par tonne métrique, mais son empreinte écologique est relativisée une fois rapportée au nombre d'habitants.
Le rapport de 2012 sur l'état de la planète, mené conjointement avec l'ONG WWF, complète ces résultats. Entre 1970 et 2008, la biodiversité a chuté de 30 % à l'échelle du globe, et les chercheurs estiment qu'au moins 0,01 % des espèces vivantes disparaissent chaque année. Le chiffre correspond aux dernières estimations de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). "Il existerait sur Terre entre 15 et 20 millions d'espèces animales et végétales. Parmi elles, 19 817 sont en train de disparaître", témoigne Florian Kirchner, chargé de programme sur l'extinction des espèces.
Pour M. Wackernagel, ni l'austérité ni la croissance n'éviteront la faillite du système, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie. "Car la tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre."

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