L'ordre est fondé par Ignace de Loyola entouré de quelques compagnons, et approuvé par le pape Paul III en 1540.
C'est l'ordre numériquement le plus importants de l'Église catholique romaine1, avec 17 908 religieux - dont 12 739 prêtres - et quelques 4 500 séminaristes en 20112. L'actuel supérieur général de la Compagnie de Jésus est Adolfo Nicolás.
Les jésuites peuvent être prêtres, frères ou étudiants (appelés également « scolastiques »). Comme les autres religieux catholiques, ils professent les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance à leur supérieur, après leurs deux années de noviciat. Ils prononcent aussi un vœu qui leur est propre 3: L'obéissance absolue, « perinde ac cadaver » (littéralement : exactement comme un cadavre [qui ne peut pas réagir]), à la volonté de Dieu et au pape, est l'une des caractéristiques de la Compagnie de Jésus 4.
Élu le 13 mars 2013 sous le nom de François après la renonciation du pape Benoît XVI le 28 février 2013, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio est le seul jésuite à avoir été désigné pape.
Le sceau de la Compagnie, ou christogramme, IHS, représente les trois premières lettres de IHΣOYΣ, « Jésus » en grec5.
Compagnie de Jésus (les jésuites) |
|
Type | Clercs réguliers |
---|---|
Création | 1540 |
Reconnaissance canonique | 1540 |
Fondateur(s) | Ignace de Loyola |
Spiritualité | ignatienne |
Spiritualité et formation
La spiritualité de la Compagnie repose sur les Exercices spirituels composés par Ignace de Loyola et se caractérise par une obéissance stricte, au pape en particulier, et un grand zèle apostolique.La devise de la Compagnie : « Ad majorem Dei gloriam » (« Pour une plus grande gloire de Dieu »), rend compte de la diversité des tâches auxquelles s'adonnent les jésuites. Outre l'enseignement, qui s'étend à tous les niveaux, ils pratiquent la prédication, sont missionnaires, directeurs de conscience, enseignent la théologie, effectuent des recherches scientifiques, etc.
Comme les bénédictins, ils ont une réputation de haut niveau intellectuel : leur formation spécifique est très poussée.
Alors que les autres ordres ne réclament qu'un an de noviciat avant la profession solennelle, le futur jésuite doit d'abord subir une probation de deux années, au bout desquelles il émet les premiers vœux qui constituent le premier degré, celui des « scolastiques » pour ceux qui se destinent à la prêtrise, celui des « co-adjuteurs temporels approuvés » pour ceux qui seront employés aux offices domestiques.
Ils doivent ensuite consacrer cinq années à l'étude de la philosophie et des sciences (scolasticat), puis cinq années où ils doivent s'adonner au professorat, et quatre à cinq années encore à étudier la théologie, qui les mènent vers le sacerdoce. Enfin, chaque jésuite doit prononcer les quatre vœux, dont celui d'obéissance au pape.
Gouvernement
Articles détaillés : Constitutions de la Compagnie de Jésus et Admoniteur.
La Compagnie de Jésus est organisée selon les Constitutions préparées
par Ignace de Loyola à partir de 1541 et promulguées par la première
congrégation générale, en 1558. Elles n'ont pas changé jusqu'en 19656.Elle est dirigée par un Praepositus Generalis, c'est-à-dire un Supérieur général, communément appelé Père général ou Général7, qui est élu jusqu'à sa mort ou à sa démission. Il est confirmé par le pape et dispose d'une autorité absolue sur la Compagnie : Il nomme les Provinciaux (chargés des régions), les « Préposés aux Maisons professes », les « Recteurs des collèges et séminaires ». Sous ses ordres se trouvent des « assistants » dont les tâches sont réparties par zones géographiques ou par ministère (par exemple l'enseignement) et qui forment le Conseil consultatif auprès du Général.
Un vicaire général assisté d’un secrétaire de la Compagnie s'occupe de l'administration quotidienne de la Compagnie. L'« admoniteur » du supérieur général a un rôle privé et confidentiel. Il ne participe pas au gouvernement de la Compagnie.
La Compagnie est divisée en « provinces » géographiques, chacune sous les ordres d'un supérieur provincial qui est choisi par le Général et a autorité sur tous les jésuites et les ministères de sa zone. Il est assisté d'un socius, équivalent d'un secrétaire général chargé de l'administration. Chaque communauté est gouvernée par un recteur assisté d'un « ministre » (le mot latin signifie « serviteur »).
Le pouvoir du « Supérieur général » n'est pas sans contrôle : au-dessus de lui la « Congrégation générale » contrôle son administration et peut le révoquer si nécessaire. La Congrégation générale réunit tous les « assistants », les supérieurs provinciaux et les représentants élus par les profès. Elle se réunit irrégulièrement, le plus souvent pour élire un nouveau Supérieur général ou pour résoudre des problèmes majeurs concernant la Compagnie. Elle a aussi pour fonction d'édicter une législation de l'Ordre. La Curie générale de la Compagnie est située à Rome au Borgo Santo Spirito 4.
Histoire de la Compagnie de Jésus
La fondation
Les « Amis dans le Seigneur »
Converti après une jeunesse mondaine et un brillant début de carrière militaire, Ignace de Loyola (1491-1556), gentilhomme basque espagnol, ressent après diverses hésitations un appel à « aider les âmes », selon ses propres termes, et à servir le Christ. Il entreprend alors des études de théologie à l'université de Paris, puis rassemble peu à peu autour de lui des Amigos En El Señor (« Amis dans le Seigneur ») prêts à travailler « pour une plus grande gloire de Dieu », devise qui devait s'illustrer en latin : Ad maiorem Dei gloriam ou AMDG.Le 15 août 1534, Ignace de Loyola et six autres étudiants de l'Université de Paris, le Navarrais François Xavier, les Espagnols Alfonso Salmeron, Jacques Lainez et Nicolás Bobadilla, le Portugais Simão Rodrigues et le Savoyard Pierre Favre (premier prêtre ordonné de la Compagnie), se retrouvent à Montmartre sur le lieu du martyre de saint Denis.
Décidant de se consacrer à Dieu, de faire vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, Ignace et ses compagnons partent en 1537 pour l'Italie afin d'obtenir la reconnaissance de leur ordre par le pape Paul III, qui les autorise à être ordonnés prêtres. Il leur accorde ensuite la bulle Regimini militantis ecclesiae en 1540, qui fonde officiellement la Societas Iesu (s.j.).
Dès le commencement se pose la question de l'admission des femmes dans la Compagnie. En 1545, à la demande de Paul III, Ignace de Loyola accepte la création d'une ramification féminine de la Compagnie8. Plusieurs femmes y prononcent donc leurs vœux, puis Ignace de Loyola présente ses arguments contre cette création et obtient en 1549 une dispense du pape qui permet de délier de leurs vœux ces quelques religieuses9. Il n'a donc jamais existé de « jésuitesses ». Une seule femme est admise dans la Compagnie, en 1555, sur la recommandation de François Borgia et avec l'accord d'une commission elle-même approuvée par Ignace de Loyola : Jeanne d'Espagne (1535-1573), reçue sous le pseudonyme masculin de Mateo Sánchez10.
Enfin, le 21 juillet 1550, le pape Jules III dans sa bulle Exposcit Debitum confirme la Compagnie.
La « Compagnie de Jésus »
Article détaillé : Origine du mot Jésuite.
Ignace souhaite que cette fraternité prenne le titre de « Compagnie
de Jésus » pour rappeler en permanence l'engagement militant et sans
réserve au service du Christ. Dans la bulle pontificale de fondation en 1540, on utilise cependant l'expression latine «Societas Iesu» . Le terme de « jésuite » n'apparaît que plus tard, vers 1545, et n'eut jamais de caractère officiel13.Lorsqu’il se réfère au groupe d’étudiants qui prononcent avec lui leurs vœux à Montmartre en 1534, Ignace de Loyola parle de ses « Amis dans le Seigneur14 ». Ensuite, après la fondation officielle de la Compagnie en 1540, lorsque les « Amis » commencent à circuler en Italie et ailleurs, on leur donne différents noms : On parle de « Prêtres réformés » en Italie du Nord, d’« Apôtres » au Portugal (ce qui déplait au commentateur officiel des Constitutions, Jérome Nadal, qui rappelle qu’il n’y a que douze apôtres), d’« Ignaciens » en Espagne (Ignace s’y oppose), de « Paulistes » à Goa (par association au collège Saint-Paul fondé par François Xavier)…
Dans une lettre de janvier 154515, Pierre Canisius écrit : « À Cologne, c’est par le terme de jésuites que les membres de la Compagnie sont généralement connus16. » Le mot « jésuite » ne se retrouve pas dans les textes fondateurs de la Compagnie, et Ignace de Loyola ne l’emploie pas dans ses écrits. Pourtant, le terme se répand rapidement. Au concile de Trente, les procès-verbaux désignent déjà comme « jésuites » les membres de la Compagnie qui participent aux délibérations. En 1562, on cite Jacques Lainez en tant que Generalis Jesuitarum.
Les débuts
Une réforme de l'Église, espérée et attendue depuis des années, est rendue plus urgente encore par les succès de la Réforme protestante : C'est l'objet de la convocation du concile de Trente où les jésuites prennent une part importante, puis du mouvement de la Contre-Réforme.À ses débuts, la Compagnie s'occupe d'activités missionnaires, pastorales et intellectuelles, mais elle se tourne dès 1547 vers l'enseignement, qui devient son activité principale vers la fin du XVIe siècle. Elle ouvre un collège à Rome en 1551 alors que des jésuites se trouvent déjà au Congo, au Brésil et en Angola. L'activité éducative s'étend aussi dans l'Empire ottoman, avec notamment le lycée Saint-Benoît, établi en 1583.
À la mort d'Ignace de Loyola (1556), la Compagnie compte plus d'un millier de membres. Soixante ans plus tard, elle en regroupe treize mille dans toute l'Europe.
L'expansion
En Afrique
En 1541, Saint François Xavier en route vers l'Asie fait halte au Mozambique17. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, des jésuites s'installent en Éthiopie et dans le Royaume de Kongo. À Luanda, ville fondée par les Portugais, ils fondent un collège, en 1574, le collège Saint-Paul.En Asie et en Chine
François Xavier débarque à Goa dès 1542 et y fonde le premier collège de jésuites, avant de se rendre au Japon où il arrive le 27 juillet 1549. Le samouraï Mitsuhide Akechi accorde aux jésuites le fief de Nagasaki en 1580. Mais le Japon traverse une période d'instabilité politique et Hideyoshi Toyotomi leur retire ce fief dès 1587 avant de les expulser du pays.À Goa, les jésuites se lancent dans une opération de christianisation massive, visible dès la fin du XVIe siècle.
En 1582, commence la mission jésuite en Chine. Le père Matteo Ricci ne tarde pas à être reconnu comme un pair par les mandarins, fonctionnaires lettrés chinois, et devient de fait le premier sinologue. Alexandre de Rhodes romanise l'alphabet vietnamien en 1623. Deux missionnaires jésuites, Johann Grüber et Albert Dorville, atteignent Lhassa au Tibet en 1661.
En Europe : Le temps de la Contre-Réforme
Dans plusieurs régions du monde, les jésuites ont à lutter contre l'influence protestante. Très engagés dans la Contre-Réforme, ils s'opposent à la révolution copernicienne[réf. nécessaire] et aux prises de position de Galilée, par la voix du théologien Robert Bellarmin en particulier. C'est dans les Pays-Bas espagnols (où les protestants des Provinces-Unies font sécession au cours du XVIe siècle) qu'ils sont les plus nombreux proportionnellement à la population. En 1562, leur installation est autorisée dans le royaume de France, suite à leur invitation au colloque de Poissy.En 1580, les jésuites installent une maison professe à Paris, dans le quartier du Marais, qui accueille théologiens et scientifiques. Cette maison est aujourd'hui occupée par le lycée Charlemagne. On décide de construire une grande église à côté : l'église Saint-Louis (aujourd'hui Saint-Paul-Saint-Louis). En mai 1641, le cardinal de Richelieu y célèbre la première messe et la noblesse y vient écouter les sermons des prédicateurs. Madame de Sévigné assiste à toutes les messes dans cette église pour écouter les sermons du père Louis Bourdaloue. Les compositeurs français de l'époque, Marc-Antoine Charpentier et Jean-Philippe Rameau notamment, en sont les maîtres de musique.
En 1656-1657, à la demande des Jansénistes, Pascal attaque les jésuites dans Les Provinciales sur la question de la casuistique. Marc Fumaroli note à ce sujet :
« La modernité jésuite, à l'épreuve de la France, apparut à la fois choquante et démodée, et la fidélité jésuite à Aristote, à Cicéron, à saint Thomas, sembla impure et équivoque. Bien qu’ils fussent en fait, par leur encyclopédisme, les derniers tenants de l'Antiquité vivante, les jésuites passèrent pour traîtres à l'Antiquité. Bien qu'ils fussent par leur adaptation aux réalités du monde de la Renaissance, les premiers historiens, sociologues et ethnologues du catholicisme, ils furent tenus pour ses pires réactionnaires18… »
Les Missions d'Amérique
- Au XVIe siècle, les populations indigènes sont exploitées par le système colonial dit d'encomiendas. Ce système permet aux colons de disposer de la main-d’œuvre pour l'exploitation de leurs domaines. Les controverses de Valladolid sont le débat qui oppose essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda en deux séances d'un mois chacune (l'une en 1550 et l'autre en 1551) au collège San Gregorio de Valladolid.reconnaissent le principe d'égalité des droits et des devoirs de tous les hommes et leur vocation à la liberté. La culture des Indiens commence alors à être reconnue. Ils peuvent commencer à être instruits et catéchisés.
- Malgré cela, certains colons continuent d'abuser des Indiens, les réduisant à l'état de serfs. En réaction, les ordres religieux développent une nouvelle manière d'évangéliser les Indiens : maîtrise et promotion des langues indigènes, étude et préservation des coutumes locales, mise en place d'une organisation sociale et progrès économique des communautés autochtones. Regroupant les Indiens autour de leurs monastères, ils les protègent des excès de l'encomienda, et les sédentarisent.
- Dès leur arrivée au Pérou, en 1566, les jésuites s'inscrivent dans cette manière de faire. Ils développent le système des « réductions ». Ce mot fait référence à la tentative de regrouper (reducere en latin) dans un même lieu une population indigène et de les sédentariser.
- Les jésuites créent des missions pour les Indiens Mojos (ou Moxos), Chiquitos et Guarani. En misant sur le respect de toutes les dispositions protectrices des Indiens dans la législation espagnole, ils obtiennent le soutien des fonctionnaires espagnols.
- Les jésuites s'installent au Mexique en 1572, à Québec en 1625 et parcourent, tel que le père Jacques Marquette, le vaste territoire de la Nouvelle-France et du Canada jusqu'aux Grands Lacs et le fleuve Mississippi. Entre 1634 à 1760, ils établissent une série de missions jésuites en Nouvelle-France dans le but de répandre la religion chrétienne parmi les Amérindiens locaux, ainsi que pour maintenir la paix entre les nations autochtones.
- Ils participent également aux missions espagnoles de Californie. En Amérique du Sud, particulièrement au Brésil et au Paraguay, la mission jésuite suscite la réprobation des colons espagnols et portugais puisqu'elle s'oppose au système esclavagiste des encomiendas.
- En 1592, une rébellion éclate en Équateur appelée « Révolution des alcabalas», en opposition à l'impôt du même nom décrété par la couronne d'Espagne. Cette révolution se résout après une médiation des jésuites. Elle est parfois vue comme le premier témoignage de l'émergence des Espagnols nés dans la colonie (les créoles) qui entrevoient déjà la possibilité de l'indépendance. Celle-ci ne se concrétisera que plus de deux siècles plus tard.
- Les jésuites créent des réductions, centres dans lesquels les indigènes sont alphabétisés et christianisés, et par là soustraits aux planteurs. La première est créée dès 1609 chez les Indiens guaranis19. On doit aussi aux jésuites la fondation de plusieurs villes, dont São Paulo en 1554.
- Mais les tensions entre les deux systèmes (encomiendas et réductions) et les rivalités entre l'Espagne et le Portugal, sur fond de disgrâce de la Compagnie de Jésus en Europe, font disparaître ces entreprises. La Compagnie doit faire face à de violentes persécutions dues à sa nouveauté, à son soutien inconditionnel au pape, à l'efficacité de son organisation centralisée, et à ses positions théologiques. Bien qu'elle soit influente auprès des souverains d'Europe et de la haute noblesse, que ses plus hauts dignitaires confessent, les intérêts économiques des colons finissent par l'emporter : l'ordre est dissous sur les terres espagnoles et portugaises en 1767. Les jésuites sont obligés de quitter les missions vers 1767. Les réductions sont alors détruites sauf dans les missions de Chiquitos et Mojos. Cependant le clergé diocésain ne réussit pas à en perpétuer l'esprit. Les missions connaissent alors un déclin progressif. Le film Mission a popularisé l'histoire de la fin brutale et tragique des réductions jésuites.
La Mission en Australie
Les catholiques en Australie au XIXe siècle sont en grande partie issus d'une minorité appauvrie, souvent descendue des bagnards et réfugiés irlandais. Deux jésuites autrichiens arrivent à Adelaïde en 1848 et trois groupes de jésuites travaillent en Australie coloniale : des Autrichiens dans l'Australie-Méridionale, et plus tard une mission indigène dans le nord ; et des Irlandais dans les colonies orientales. En 1901, les trois groupes fusionnent pour former la mission australienne. Les jésuites autrichiens établissent une école et une vigne à Sevenhill en Australie-Méridionale, et entreprennent des voyages extraordinaires à travers l'Outback pour visiter les fidèles. Ils appuient la bienheureuse Mary MacKillop quand elle est à tort excommuniée, et coopérent avec ses sœurs de St Joseph du Sacré-Cœur (les Joséphites). Ils développent le système des « réductions » parmi les Aborigènes en Territoire du nord, mais sans grande réussite.Les jésuites fondent plusieurs écoles pour instruire les catholiques des colonies britanniques. Le lycée de Saint Xavier's College, Melbourne a été fondé ; et Saint Aloysius College, Milsons Point et Saint Ignatius College, Riverview à Sydney20. Les lycées de Saint Ignatius College Athlestone (Adelaïde) et de Loyola College, Mount Druitt (Sydney) sont construits pendant le XXe siècle. Le travail de paroisse, aussi bien que pour les Aborigènes d'Australie et les reugees est également un souci en avant des jésuites en Australie – dont on peut citer Frank Brennan.
Suppression et restauration
Article détaillé : Suppression de la Compagnie de Jésus.
En 1614, un jésuite polonais, chassé de sa congrégation, publie pour se venger le livret Monita secreta societatis Jesu,
un faux livre d'instructions aux jésuites sur la manière de se
comporter pour augmenter le pouvoir et les richesses de la Compagnie. Ce
mythe imprègne les esprits, et notamment les esprits libéraux des XVIIIe et XIXe siècles.En 1704 et 1742, suite à la Querelle des rites, le pape interdit les prétendus « rites chinois » que les missionnaires jésuites tolèrent en Chine parce qu'ils les estiment relever davantage de croyances sociales et familiales que véritablement religieuses.
En France, les jésuites subissent les attaques des jansénistes gallicans et parlementaires, puis de des philosophes de l’Encyclopédie auxquels ils répondent avec leur Journal de Trévoux et leur Dictionnaire de Trévoux, pour finir par être interdits et bannis de France en 1763-4, et leurs deux cents collèges fermés. Déjà chassés du Portugal en 1759, ils le sont encore d'Espagne en 1767 et du duché de Parme et de Plaisance en 1768. Cependant le roi Stanislas, avant 1766, les accueille dans son duché de Lorraine, resté théoriquement indépendant du royaume de France.
L'opposition des cours européennes est si forte que le pape Clément XIV en vient, le 21 juillet 1773, à supprimer la Compagnie de Jésus partout dans le monde ; c'est le bref Dominus ac Redemptor. En Russie, la tsarine orthodoxe Catherine II interdit la promulgation de la bulle papale, et en Prusse le roi protestant Frédéric II fait de même, heureux de marquer sa désapprobation au pape, tout en profitant de l'aubaine que constituent tous ces savants et ces professeurs pour organiser l'enseignement et la recherche dans ses États.
La bulle débute par la clause ad perpetuam rei memoriam et on peut y lire : « Il est à peu près impossible que, la société des jésuites subsistant, l'Église puisse jouir d'une paix véritable et permanente ».
En 1814, la Compagnie est rétablie par le pape Pie VII, mais les attaques continuent tout au long du XIXe siècle :
- en France, les jésuites (ils sont en 1878, au nombre de 1 514 répartis sur 46 établissements et 1 085 jésuites en 1861)21 sont bannis à nouveau en 1880, puis derechef en 1901 avec les autres congrégations. À la suite des décrets de Jules Ferry interdisant aux congrégations religieuses d'enseigner dans le pays22, les Jésuites commencent à émigrer dès 1880 à Jersey : « Ils rachètent d'abord un hôtel sur la colline de Saint-Hélier dont ils font un scolasticat (La Maison Saint-Louis) qui accueillera 3 000 séminaristes comme les pères Teilhard de Chardin ou Henri de Lubac jusqu'en 1954. (…) Le père Marc Antoine de Chevrens, un Suisse arrivé de Chine, fait ériger en 1893 un observatoire pour étudier la force des vents ». Du fait de son équipement moderne pour l'époque, le site devient une installation de référence et sera convoité - sans succès - par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale ;
- en Suisse, c'est seulement en 1973 que fut abrogée l'interdiction constitutionnelle de l'activité des jésuites. Cette interdiction, qui remontait à 1848, était le résultat de la guerre du Sonderbund, au début de la Suisse moderne. Avec le Kulturkampf pour toile de fond, le bannissement des jésuites avait été confirmé par les articles d'exception, lors de la révision constitutionnelle de 1874 ;
- la Norvège est restée interdite aux jésuites jusqu'en 1956 ;
- le Claim of Rights Act, voté par le Parlement d'Écosse en 1689 et encore en vigueur aujourd'hui, dispose que « les érections d'écoles et de collèges pour les jésuites, les chapelles et les églises allant contre le protestantisme et célébrant la messe publique, sont contraires au Droit »23.
L'Époque contemporaine
Articles détaillés : Liste d'auteurs jésuites contemporains et Liste des cardinaux jésuites.
Neuf prêtres jésuites, dont cinq Français, font partie des Justes parmi les nations24. Maurice Schumann déclara à la BBC au sujet de Pierre Chaillet : « Vous avez été notre 18 juin spirituel ! ».Des revues intellectuelles sont lancées comme Études et son supplément Recherches des sciences religieuses, Projet et la revue Jésuites de France en France, Relations au Québec, la Civiltà Cattolica en Italie, Geist und Leben en Allemagne et Choisir en Suisse.
L'ordre est espionné : Un communiste infiltré en 1937 à la demande du Parti communiste italien donna des informations à l'Union soviétique jusqu'à sa découverte en 195225.
Après la Seconde Guerre mondiale, les jésuites s'investissent en Amérique latine, au Tchad ou au Japon.
Leur implantation en Amérique Latine sera marquée dans les années 1980 par une série d'assassinats, notamment au Salvador :
- Le père jésuite Rutilio Grande le 12 mars 1977
- L'archevêque de San Salvador Oscar Romero le 24 mars 1980, qui avait été formé dès 1937 au Séminaire national, dirigé par les pères jésuites.
- Six prêtres jésuites le 16 novembre 1989, à l'Université UCA, fondée par eux en 1965 et accueillant 8 000 étudiants 26.
Situation présente
Au 1er janvier 2005, la Compagnie de Jésus regroupe 19 850 membres répartis dans 112 pays dans le monde27 contre 35 000 en 1964. En termes d'effectifs, elle est le deuxième ordre religieux catholique, après les franciscains et avant les dominicains.En perte de vitesse en Europe, les jésuites sont maintenant majoritairement répartis en Asie (3 800 en Inde), en Amérique latine et en Afrique. La Compagnie de Jésus est également confrontée à la concurrence d'instituts religieux plus récents. 900 novices sont en formation.
Son actuel supérieur, élu28 par la 35e congrégation générale de janvier 2008, est Adolfo Nicolás, d'origine espagnole, succédant à Peter Hans Kolvenbach qui, à sa demande, fut déchargé de sa mission (7 janvier 2008).
En France, la Compagnie publie régulièrement ses travaux dans plusieurs revues dont les plus connues sont Études, Christus et Projet. Elle est également active dans l'enseignement scolaire (dix-sept établissements dont le lycée Saint-Louis-de-Gonzague à Paris) et supérieur (cinq établissements, dont les célèbres classes préparatoires du lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles). Elle possède ses propres facultés de théologie et de philosophie, regroupées dans le Centre Sèvres, à Paris.
En Belgique, la Compagnie publie la Nouvelle Revue théologique29. Elle possède ses propres facultés de théologie et de philosophie, dont I.E.T. : la Faculté de théologie de la Compagnie de Jésus à Bruxelles30.
Aux États-Unis, la compagnie de Jésus publie depuis 1909 la revue hebdomadaire America, considérée comme modérée, voire libérale, dans ses prises de position au sein de l'Église catholique31.
Le 13 mars 2013, le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio est choisi comme pape à l'issue du deuxième jour de conclave et prend le nom de François.
Les publications
La Compagnie est à l'origine de diverses publications :- le Catalogue des archives jésuites32
- la revue Christus33
- la revue Projet34
- la revue Études35
- la revue Archives de philosophie36
- la revue Recherches de science religieuse (RSR)37
- la revue Stimmen der Zeit (Allemagne)38
- la revue Geist und Leben (Allemagne)39
- la revue Streven (Belgique) 40
- la revue Tavlatok (Hongrie) 41
- la revue Razon y fe (Espagne) 42
- la revue Studies (Irlande) 43
- la revue Civilta Cattolica (Italie) 44
- la revue Signum (Suède) 45
- la revue Choisir (Suisse) 46
- la revue Orientierung (Suisse) 47
- la revue Mensaje (Chili) 48
- la revue Renlai (Chine) 49
- la revue Brotéria (Portugal)
- la revue Vidyajyoti (Inde)
- la revue The Way (Royaume-Uni)
- la revue Jesuiten (Autriche)
- la revue America (États-Unis)
- la revue Relations (Canada - Québec)
- la revue Le Brigand (Canada - Québec)
- la revue Cahier de spiritualité ignatienne (Canada - Québec)
- la revue Horizons ouverts (Grèce)
- la revue Vémata (Grèce)
Rôle dans l'enseignement
Article détaillé : Collèges et lycées de jésuites.
Ignace de Loyola insiste pour que les membres de la Compagnie aient
un bon niveau de culture générale. Très vite l'enseignement devient une
activité importante : les jésuites produisent au cours des siècles un
énorme travail de formation des élites dans leurs collèges et des écrits
importants que ce soit dans le domaine de la Foi comme dans ceux des
sciences ou de la réflexion socio-politique.Dès la fin du XVIe siècle, ils sont condamnés par le Parlement de Paris pour un écrit de Mariana, un jésuite espagnol, qui publie en 1599 De Rege où est justifié le meurtre des rois tyranniques. Ainsi le précepte « Rendez à César ce qui est à César » n'est plus de mise : les jésuites descendent dans l'arène de la chose publique. Leurs prises de position- souvent à l'avant-garde- leur vaudront de sérieuses remontrances : Comme dans l'affaire des « Missions » en Amérique latine, dans l'affaire des « rites et du culte des ancêtres » en Chine ; et plus récemment avec les mises en garde adressées à Teilhard de Chardin pour ses perspectives théologico-scientifiques, ou aux partisans de la Théologie de la libération.
En Europe
En 1548, à Messine (Sicile), s'ouvre la première maison de formation pour jeunes appelée « collège ». En 1551, c'est la création du Collège romain à Rome. À la mort du fondateur (1556), les jésuites dirigent 45 collèges ; en 1580, il existe 144 collèges jésuites, dont 14 en France. L'expérience vécue dans les premiers collèges est codifiée en une sorte de charte de l'éducation : le Ratio Studiorum.Dans les années 1740, les jésuites dirigent plus de 650 collèges en Europe, et ils ont la charge de 24 universités et de plus de 200 séminaires et maisons d'étude.
En Amérique
L'ordre des Jésuites fonde à Córdoba, en 1622, la première université argentine et, par la suite, différentes universités sur le continent.Aux États-Unis, la tradition intellectuelle riche et diverse du catholicisme fait depuis longtemps partie intégrale de la vie académique de l'Université de Georgetown (USA). Cette université de haut niveau continue à enrichir la vie intellectuelle de l'Église au moyen des nombreuses contributions de ses programmes, professeurs, et étudiants. La Société de Jésus a fait partie intégrante de l'université tout au long de son histoire. Alors que l'université et la communauté jésuite sont des entités distinctes et gouvernées séparément, elles sont unies par une longue tradition et un esprit commun d'apprentissage et de foi.
Les Jésuites qui vivent et travaillent à l'université sont un signe visible de son engagement progressiste, dans la lignée de son héritage catholique jésuite. Le président John J. DeGioia a créé un séminaire jésuite pour des membres du conseil de l'administration et autres officiers supérieurs de l'université pour discuter spécifiquement de la tradition catholique et jésuite, et de l'association de la tradition avec la mission pédagogique, la diversité et les futures initiatives.
L'Argentin Bergoglio, jésuite, est élu Pape en 2013.
Une opinion de Voltaire sur l'éducation qu'il avait reçue
Voltaire, qui a souvent prêché le pour et le contre et que Faguet a qualifié de « chaos d'idées claires », a écrit contre les jésuites de nombreux passages que tout le monde connaît. Ancien élève du collège de Louis-le-Grand, où le père Charles Porée lui enseigna la rhétorique et sut l'encourager, Voltaire a également écrit des textes que l'on cite moins souvent :« J'ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l'esprit et les mœurs de la jeunesse. Depuis quand veut-on que l'on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? Quoi ! il sera dans la nature de l'homme de revoir avec plaisir une maison où l'on est né, le village où l'on a été nourri par une femme mercenaire, et il ne serait pas dans notre cœur d'aimer ceux qui ont pris un soin généreux de nos premières années ? Si des jésuites ont un procès au Malabar avec un capucin, pour des choses dont je n'ai point connaissance, que m'importe ? Est-ce une raison pour moi d'être ingrat envers ceux qui m'ont inspiré le goût des belles-lettres, et des sentiments qui feront jusqu'au tombeau la consolation de ma vie ? Rien n'effacera dans mon cœur la mémoire du père Porée, qui est également cher à tous ceux qui ont étudié sous lui. Jamais homme ne rendit l'étude et la vertu plus aimables. Les heures de ses leçons étaient pour nous des heures délicieuses ; et j'aurais voulu qu'il eût été établi dans Paris, comme dans Athènes, qu'on pût assister à de telles leçons ; je serais revenu souvent les entendre. J'ai eu le bonheur d'être formé par plus d'un jésuite du caractère du père Porée, et je sais qu'il a des successeurs dignes de lui. Enfin, pendant les sept années que j'ai vécu dans leur maison, qu'ai-je vu chez eux ? La vie la plus laborieuse, la plus frugale, la plus réglée ; toutes leurs heures partagées entre les soins qu'ils nous donnaient et les exercices de leur profession austère. J'en atteste des milliers d'hommes élevés par eux comme moi ; il n'y en aura pas un seul qui puisse me démentir... »
— Lettre au père de Latour ; à Paris, le 7 février 1746.
Voltaire a écrit plusieurs fois au père Porée, dont une lettre du 15 janvier 1729 où se trouve cette formule :« Vous m’avez appris à fuir les bassesses, à savoir vivre, comme à savoir écrire. »
Une opinion de Pierre Larousse
La devise de la Compagnie, Ad maiorem Dei gloriam, dont les initiales AMDG servaient d'épigraphe à la plupart des livres qui émanaient d'elle, inspire ces propos à Pierre Larousse :« Au temps où florissaient à Montrouge et à Saint-Acheul les maisons d'éducation de la Compagnie de Jésus, la célèbre devise jouait un rôle important dans la discipline. Le révérend père fouetteur (ceux qui ont été placés sous sa main pourraient l'attester) avait fait graver les quatre initiales sur le manche du terrible martinet. La gent écolière était fouettée ad majorem Dei gloriam, gloire dont elle se serait sans doute fort bien passée50. »
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