Simple hasard, signe des dieux, retour de bâton, effet boomerang ?
Alors que le groupe France telecom
vient vendredi d’être mis en examen pour harcèlement moral dans
l’enquête sur les suicides survenus en 2008-2009, le réseau mobile
d’Orange est perturbé depuis ce vendredi après-midi au niveau national,
impactant les 26 millions d’abonnés.
Les vieux de la veille comme on dit, ceux qui ont l’expérience, bref
toute la richesse technique de l’opérateur auraient-ils fait les frais
de la politique menée par France Telecom en vue de supprimer – en dehors
de tout plan social – 22.000 emplois, sans capitaliser sur l’expérience acquise par ses collaborateurs depuis de nombreuses années ? Qui sait … tel pourrait être bien le cas.
« L’entreprise va enfin pouvoir se défendre deux ans après l’ouverture de l’enquête. France Télécom conteste avoir mis en place un système destiné à créer des souffrances chez ses salariés« , a en tout état de cause déclaré Me Chemarin, avocate de l’opérateur.
Pourtant le livre de Dominique Decèze, publié en 2004, intitulé « La Machine à Broyer »
faisait d’ores et déjà état de conditions de travail mettant en péril
l’intégrité mentale des salariés du groupe France Telecom. L’auteur
avait alors indiqué que plusieurs études avaient « établi un lien scientifique entre les restructurations et la souffrance physique et psychique des employés« .
De nouvelles méthodes de gestion ayant été alors brutalement
introduites, selon lui : recherche de la performance, compétition entre
salariés, conquête des clients. « La direction a systématiquement
cherché à détruire tout collectif de travail qui pouvait faire obstacle
à la montée de l’individualisme« ajoutait-il, déjà .
Plusieurs exemples avaient été cités à ce sujet : « Des personnes
sans affectation parce qu’on leur refusait toujours des postes, un
cadre muté six fois de suite en cinq ans sans raison, des couples
séparés par mutation professionnelle ». « On a vu des services déménager à répétition dans un département, contraignant les employés à suivre ». Selon lui, « France
Télécom a servi de laboratoire à la première grande remise en cause
de la fonction publique. Cela préfigure ce qui risque d’arriver à La
Poste ou à EDF-GDF ».
Dans leur rapport annuel sur la santé au travail, présenté en mars
2007 au comité d’établissement de la direction régionale centre-est
de France Télécom, des médecins du travail s’inquiétaient d’ores et déjà
du « mal-être » existant dans les sites France Télécom de Rône-Alpes et Auvergne.
« Le stress, le désarroi, les troubles anxio-dépressifs liés aux
transformations du travail ne cessent de s’accroître chez le personnel« , détaillent-ils, en évoquant des salariés qui « ont de plus en plus de mal à se reconnaître dans ce qu’ils font ».
En mars 2010, Le Parisien/Aujourd’hui en France indiquait qu’ un rapport
de l’Inspection du Travail sur les suicides à France Télécom faisaitt
état de faits accablants pour la direction de l’entreprise.
Le terme de « harcèlement moral » était ( enfin ?) lâché …
Bien évidemment le quotidien ne se basait pas sur des rumeurs ou des
ragots pour ce faire, bien au contraire … Il publiait des extraits du
document de 82 pages remis le 4 février 2010 au parquet de Paris.
Lequel évoquait une « mise en danger d’autrui du fait de la mise en
oeuvre d’organisations du travail de nature à porter des atteintes
graves à la santé des travailleurs » et des « méthodes de gestion caractérisant le harcèlement moral » .
Pour l’inspectrice du travail Sylvie Catala, les tentatives de suicide qui « ne sont pas des cas particuliers » étaient d’ores et déjà liées à « la politique de réorganisation et de management » menée dans l’entreprise.
Le Parisien indiquait alors que , trois personnes seraient mises en cause dans le rapport, notamment Didier Lombard
, ancien P-DG du groupe, remplacé par Stéphane Richard, à la « faveur »
si j’ose dire … des suicides des salariés …. et de la pression
médiatique qui s’en est suivie. Selon le Figaro, Louis-Pierre Wenès,
l’ancien directeur des opérations France, et Olivier Barberot, l’ancien
directeur des ressources humaines, auraient également été pointés du
doigt par l’Inspection du Travail.
S’appuyant sur l’enquête menée par le cabinet Technologia , auprès
des salariés de France Télécom, Sylvie Catala soulignait alors que
l’ex-direction a été alertée « à maintes reprises » des effets produits par sa politique de management sur «la santé des travailleurs».
Médecins du travail, représentants syndicaux, caisses régionales
d’assurance-maladie et «même la justice» auraient tiré la sonnette
d’alarme depuis 2006. Chose que nous faisions ici-même dès 2007 … voire
même 2006, nous alarmant de la méthode employée par la direction pour
annoncer la « vague » de 22.000 suppressions d’emplois.
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