De Rodolphe Durand (éditions le Bord de l’eau, mars 2013).
Notre sélection :
« Notre modèle du monde ne semble plus coïncider avec aucune réalité durable », explique Rodolphe Durand, professeur de stratégie à HEC Paris. S’éloignant des modèles traditionnels économiques et sociaux, il propose une nouvelle approche pour comprendre le fonctionnement de nos sociétés. Selon lui, les organisations offraient jusqu’alors un sens à ceux qui y étaient associés (fondateurs, investisseurs, collaborateurs, clients…) en imposant une certaine « conception de l’économique et de la société ». Or, dans un monde fragmenté, avec une concurrence accrue, les organisations disparaissent ou perdent de leur légitimité. Une « désorganisation du monde » qui entraînerait le déchirement du lien entre individus et organisations. Mais cette perte de sens, dont témoigne Rodolphe Durand, n’est pas irréversible. Il est possible de renouveler le sentiment d’appartenance et d’attachement organisationnel des individus à travers une évolution des pratiques managériales.
Pourquoi nous avons choisi ce livre :
Après son bestseller sur l’organisation pirate, Rodolphe Durand (membre du comité scientifique de Business Digest) revient avec un ouvrage qui, lui aussi, devrait faire du bruit ! Non seulement l’auteur s’intéresse à la perte de sens qui menace les entreprises, mais il propose également des pistes pour les aider à recréer du lien avec les individus. Un livre lucide, mais optimiste.
Avons-nous besoin des pirates ?
Point commun entre les pirates maritimes du xviie siècle, les radios pirates du xxe siècle, les cyberhackers d’aujourd’hui et les conquérants de l’espace de demain ? Ils sont des acteurs fondamentaux d’un capitalisme qu’ils questionnent et contribuent à faire évoluer. Regard sur ce qui se passe aux frontières du business.
Bien qu’elles se perçoivent comme des acteurs contestataires du capitalisme, les organisations pirates sont en réalité les moteurs de son évolution et donc de sa pérennité.L’histoire du capitalisme est jalonnée d’exemples où, dès que de nouveaux territoires économiques sont conquis, les États créent des monopoles pour imposer leurs normes… et des actes de piraterie viennent remettre en cause ces tentatives de régulation. Les organisations pirates seraient-elles une dynamique clé du capitalisme ?
1. Piraterie et capitalisme : entre attraction et répulsion
Le capitalisme, qui répond à une logique de conquête de nouveaux territoires économiques, change sans cesse de forme sous la pression de forces qui le contraignent à s’adapter. Ainsi, en remettant en cause la manière dont les États cherchent à s’approprier des monopoles, l’organisation pirate pousse le capitalisme à explorer de nouvelles directions.
2. Les grands domaines de la piraterie moderne
La piraterie se développe là où les nouvelles contrées du capitalisme n’ont pas encore de propriétaire clairement défini.
• Internet : depuis la naissance du Web, des organisations pirates contestent certaines tentatives de régulation du réseau à l’échelle nationale (perçues comme de la censure).
• Les biotechnologies : des organisations biopirates comme le Craig Venter Institute annoncent qu’elles sont en mesure de créer de nouvelles espèces synthétiques et de les breveter, faisant fi des normes internationales.
• L’espace : si aucun gouvernement ne cherche aujourd’hui à accaparer les espaces extraterrestres, le lancement en 2010 du premier module spatial par l’entreprise privée Space X pose des questions quant aux futures frontières du territoire spatial.
3. Pourquoi les décideurs doivent-ils s’intéresser aux organisations pirates ?
Les organisations pirates bousculent les règles du droit de propriété qui ont contribué à l’essor du capitalisme. Par exemple, les hackers du Web incitent les entreprises à innover et contribuent à limiter les effets de rente dans la nouvelle économie. Puisque les pirates évoluent dans des espaces situés à l’avant-garde du capitalisme, mieux les observer permettrait aux dirigeants d’anticiper certaines grandes ruptures de demain.
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