Tristesse, anxiété, colère, joie... Les émotions sont hélas encore taboues dans l'entreprise. A tort. Communiquer ses sentiments permet de gagner en humanité et fait du bien à l'équipe, explique Nathalie Dédebant, coach et consultante chez Cegos.
Les chercheurs ont prouvé que les émotions tout comme l'intuition participent à accélérer la prise de décision. Le manager a donc intérêt à reconnaître et à exprimer ce qui le touche. D'autant plus qu'à trop contenir ses états d'âme, c'est le corps qui parle pour dire ce qui ne va pas. En outre, s'ouvrir à ses collaborateurs incitera ceux-ci à s'ouvrir en retour, ce qui va resserrer les liens dans l'équipe. Mode d'emploi sur cinq émotions majeures.
1. La peur : l'émotion qui paralyse
La peur maîtresse consiste à ne pas être apte à faire face à une situation difficile. Elle se décline en trois catégories selon le psychologue américain Will Schultz : la peur d'être ignoré ("Je ne suis qu'un pion"), la peur d'être humilié ("Je n'y arrive pas"), la peur d'être rejeté ("Je ne suis pas apprécié"). Mal maîtrisée, elle crée des rigidités dans le comportement. Et peut aboutir au sur-contrôle de ses collaborateurs et de soi-même. En outre, elle se cache souvent sous une autre émotion : la colère. C'est ce qu'on appelle un "racket émotionnel". Il faut alors savoir la dénicher.>>> La solution. D'abord, s'avouer sa peur. Puis la transformer en challenge avec des moyens et un plan d'action. C'est cela que vous détaillerez aux autres. Car confier sa peur est impossible parce qu'elle est contagieuse.
Si vous avez une grosse mission avec la crainte de ne pas l'assumer, vous pouvez ainsi déclarer en réunion : "Je reconnais que le projet Z peut faire un peu peur, mais voilà nos atouts." Ou "Nous avons affaire à un réel défi et ce dont j'ai besoin, c'est de pouvoir compter sur vous." Dès lors, vous vous rassurez tout en restant stimulant pour les autres.
Faites de même envers vous, sur une peur plus personnelle, celle de négocier avec votre patron, par exemple.
2. La colère : l'émotion froide ou explosive
Cette émotion est souvent associée à l'agressivité. Pourtant, elle est vitale car elle permet de déplacer un obstacle, de le contourner ou de le fuir. Elle sert à identifier un besoin de changement et offre la possibilité de faire évoluer les choses. L'énoncer clairement évitera une réaction violente ou coupante.>>> La solution. Il faut canaliser sa colère en prenant du recul et la manifester en allant droit au but tout en rappelant le contexte. Restez factuel. "Vous êtes toujours en retard, j'aimerais que ça change". " Votre contribution est minime, je suis en colère" ou "Ca m'agace", "Cela ne me plaît pas". Si vous restez calme et posé , ce sera bien perçu et chacun pourra y mettre du sien. Par ailleurs ça vous donnera de l'assurance, de la fermeté. Vous serez écouté et respecté.
3. La tristesse : l'émotion qui isole
Cette émotion est souvent assimilée au champs privé et passe pour de la faiblesse. Or la taire c'est risquer de craquer en public ou de rester enfermé dans son bureau, les yeux rougis et ruminant. Vous laissez alors la place à toutes les interprétations possibles et risquez générer de l'anxiété dans l'équipe.>>> La solution. Parlez d'abord du contexte et des faits pour chasser l'émotivité dans les propos et faire la place au rationnel, tout en témoignant de votre sensibilité, de votre capacité à tre affecté. Dévoilez-vous plutôt en face-à-face. Exemple: "Nous sommes en réorganisation, Jules et Zoé doivent nous quitter pour un autre service, je suis triste." Vous dites en outre tout haut ce que pensent leurs collègues tout bas, secoués eux aussi.
Pour le registre personnel - deuil, divorce, maladie - restez plus réservé. "En ce moment, je vis une situation compliquée, difficile à surmonter". Ne rentrez pas dans les détails, vous avez donné du sens aux autres, ça suffit.
4. La honte : l'émotion qui taraude
C'est une émotion complexe qui mêle peur et colère qu'on retourne contre soi. Vous vous trouvez "nul", incompétent parce que vous avez rendu un dossier bâclé ou que vous avez commis une bourde envers un collaborateur. Et ça vous ronge.>>> La solution. Mettre de cté le jugement négatif sur soi et trouver des formules qui réparent la situation. Il s'agit d'avoir les mots justes pour dire sa honte à son interlocuteur. "Je me sens mal à l'aise", "je suis confus, je me suis mal conduit"... Vous pouvez même tenter "j'ai un peu honte..."
5. La joie : l'émotion délaissée
Cette émotion positive n'est pas si facile à extérioriser. Le manager a peur de montrer sa reconnaissance au risque de récolter des demandes d'augmentation, peur de se réjouir de sa promotion, de crainte des jalousies...>>> La solution. Partager naturellement sa satisfaction sans la différer. "J'aime bien travailler avec vous." "Ce dossier est réussi, je suis très content". C'est simple, court et ça met du baume au coeur de l'intéressé et à celui de l'entourage.
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