La tempérance est (avec la prudence , le courage et la justice) l’une des quatre vertus cardinales, dans la philosophie réaliste comme chez le philosophe grec Platon. Thomas d'Aquin reprendra cette classification en fondant toute sa morale du bonheur sur les vertus cardinales. Il y ajoutera les vertus théologales (qui sont la foi, l’espérance et la charité) et les dons de l’Esprit Saint qui forment toute la structure anthropologique de la personne « mise debout » dans sa nature et par la grâce.
La vertu de tempérance est liée aux trois autres vertus cardinales : on ne peut être vraiment prudent, ni vraiment juste, ni vraiment fort, si l’on ne possède pas aussi la vertu de tempérance. Cette vertu conditionne indirectement toutes les autres vertus - mais toutes les autres vertus sont indispensables pour que l’Homme soit tempérant (ou sobre). Cette vertu est appelée aussi sobriété. Elle est nécessaire à l’harmonie intérieure de l’homme, à sa beauté intérieure - et à sa santé (psychique et physique).
Le terme de tempérance semble se rapporter en quelque sorte à ce qui est hors de l’Homme (nourriture, boisson, etc.) Cette référence à des éléments extérieurs à l’Homme a son fondement dans l’Homme. La vertu de tempérance permet à chaque Homme de faire triompher son « moi supérieur » sur son « moi inférieur ». Cette maîtrise met en valeur le corps. La vertu de tempérance fait en sorte que le corps et nos sens trouvent la juste place qui leur revient dans l’être humain. Possède la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à ses passions de l’emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur.[1Pour les Grecs (Platon et Aristote notamment), la tempérance (ou modération, autre terme pour traduire le grec sophrosùne) est une vertu essentielle, qui vise à contrer un vice qui hantait les Grecs : la démesure.
Nietzsche, dans la Naissance de la tragédie, rattache l'hybris au dionysiaque et la sophrosyne à l'apollinien.
La Force, la Justice, la Prudence, la Tempérance
Dans le grand chœur, vers l’est entre la scène du Couronnement de la Vierge Marie et la représentation du Christ en gloire (Christ de la Parousie), sont représentées des vertus héritées de l’antiquité païenne et devenues dans la pensée chrétienne, les vertus cardinales : la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance.
Elles sont représentées par des femmes couronnées, car elles sont puissantes : elles conduisent l’homme à faire le bien. Dans les vies humaines, elles jouent donc un rôle essentiel, elles sont pivots ("cardines" en latin). Leur nom est inscrit en latin sous la peinture de chaque buste.
La Force FORTI/TVDO tient une masse d’armes et un bouclier portant trois fleurs de lys, attributs de la royauté française. |
La Justice IVSTI/CIA tient une balance dont les deux plateaux sont en parfait équilibre, signe d’impartialité. Elle tient aussi une épée, pointe haute, symbole de puissance nécessaire pour redresser les injustices. |
La Prudence PRVDEN/TIA apparaît ici avec trois visages dont l’un avec barbe. Car elle prend en considération passé, présent et avenir. Les trois âges de la vie - jeunesse, âge mur et vieillesse avec barbe – sont donc représentés en un seul personnage. Elle tient dans la main une sphère armillaire composée des cercles astronomiques (trajectoires des astres) autour de la terre qui en occupe le centre. |
La Tempérance TEMPERA/TIA a un vase dans chaque main et verse dans l’un d’eux le contenu de l’autre. Probablement coupe-t-elle du vin avec de l’eau. |
En contemplant ces peintures, on peut relire le Psaume 24.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
Les voies du Seigneur sont amour et vérité
pour qui veille à son alliance et à ses lois.
Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;
à ceux-là, il fait connaître son alliance.
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