Le colonel aimait à s'entourer d'une garde 100% féminine, portant treillis et kalachnikovs. Depuis sa chute, le témoignage de plusieurs d'entre elles montre un envers du décor terrifiant.
Elles étaient surnommées les «amazones» de Kadhafi. La garde rapprochée féminine qui entourait le dirigeant libyen dans tous ses déplacements (voir diaporama) suscitait l'étonnement et des interrogations : s'agissait-il d'un «gadget» de décorum, d'une énième marque de son goût prononcé pour la provocation, voire d'un harem ? À la faveur de la chute du colonel, plusieurs d'entres elles ont brisé le silence, et leur témoignage confirme de manière sinistre la troisième hypothèse. Forcées à s'enrôler, menacées, elles disent avoir été violées par le «Guide» qui les «partageait» ensuite avec ses fils ou ses officiers.
Le colonel et sa garde à Paris, en 2007.
Jusqu'à 400 jeunes femmes - quarante à la fois - auraient composé la garde rapprochée de Kadhafi, issues d'une Académie militaire pour femmes qu'il avait fondée en 1983 à Tripoli. C'est une psychologue basée à Benghazi qui a recueilli la parole de cinq d'entre elles, rapportée dans le journal Times of Malta. L'une d'elles aurait affirmé avoir été forcée à s'enrôler comme «garde du corps» du colonel, par la menace de jeter son frère en prison si elle s'y refusait. Emmenée à Bab Aziziya, la résidence personnelle du dictateur à Tripoli, elle a été introduite dans ses quartiers privés où le colonel lui-même l'aurait violée. Non content d'avoir abusé d'elles, ces femmes affirment que Mouammar Kadhafi les donnaient ensuite à ses fils ou à des hauts gradés de son entourage qui, à leur tour, les violaient.
Forcée à exécuter des rebelles prisonniers
La chaîne américaine CNN a également recueilli le témoignage d'une jeune femme qui dit avoir été enrôlée de force auprès du colonel. Nisreen, à peine âgée de 19 ans aujourd'hui, raconte qu'elle a été enlevée il y a un an à sa famille par un officier de Bab Aziziya. Entraînée au maniement des armes, elle était coupée de tout contact avec sa famille. Et comme ses camarades, elle fait état de viols répétés infligés par des officiers. Lorsque la rébellion a éclaté en Libye, elle affirme par ailleurs avoir été forcée à exécuter des insurgés prisonniers, onze en tout. «Ils les ont ammenés un par un en me disant : tue-le (...), si tu ne le fais pas c'est nous qui te tuerons».
Ces témoignages pourraient nourrir un éventuel procès du dictateur, s'il était arrêté, devant la Cour pénale internationale. Ils s'ajoutent à d'autres monstruosités reprochées au régime Kadhafi. Cette semaine, la nounou des petits-enfants du dictateur a été retrouvée à Tripoli portant sur son corps les stigmates de tortures atroces. À plus grande échelle, le régime est accusé d'avoir utilisé le viol comme une arme durant le conflit qui dure depuis six mois. Le cas d'Iman al-Obeidi, une civile qui a clamé avoir été violée par des miliciens du colonel, avait mis ces pratiques en lumière. Plus tard, le procureur de la Cour pénale internationale en personne a affirmé avoir des preuves que Kadhafi avait décidé de punir la population en utilisant les viols. Dans ce but, selon Luis Moreno-Ocampo, des «containers entiers» de Viagra auraient même été acheminés par le régime à destination de ses soldats. S'ils sont portés devant la justice internationale, ces faits pourraient être qualifiés de crimes contre l'humanité.
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