La Chine condamne une "discrimination" de la part des Etats-Unis, où le Congrès prépare un rapport recommandant d'interdire à Huawei et ZTE de signer des contrats aux Etats-Unis. Des craintes partagées par le Canada.
CYBERSECURITE. Les Etats-Unis veulent prendre des
mesures pour évincer les équipementiers télécoms chinois, par crainte
d'espionnage.
REUTERS/Samantha Sais
"Le rapport d'enquête du Congrès américain, qui est uniquement basé sur des suspicions subjectives, accuse la Chine de manière infondée au nom de la sécurité nationale", a déclaré ce porte-parole, Shen Danyang, dans un commentaire posté mardi soir sur le site internet du ministère. "La Chine exprime sa vive opposition et de graves craintes" suite à ce rapport, a ajouté M. Shen qui "espère que les Etats-Unis vont abandonner leur pratique de discrimination contre les sociétés chinoises".
Les restrictions envisagées par les auteurs du rapport pourraient avoir de graves répercussions, notamment pour Huawei, deuxième équipementier mondial du secteur, qui a réalisé l'an dernier des ventes de 1,3 milliard de dollars sur le marché américain tout en achetant pour 6,6 milliards de dollars de composants dans ce pays. Huawei a estimé lundi que le texte du Congrès américain qui le considère comme une menace pour la sécurité des Etats-Unis était "un exercice de dénigrement de la Chine".
Cisco a déjà rompu son contrat avec ZTEDe son côté, ZTE a perdu son contrat avec le géant américain des réseaux de télécommunications Cisco, a affirmé le chinois dans un communiqué. "En juillet 2012, Cisco a informé la compagnie (ZTE) qu'il mettait fin à l'accord de coopération stratégique qu'il avait avec ZTE depuis 2005, portant principalement sur l'achat de routeurs et d'autres produits", a indiqué le groupe mardi soir.
ZTE avait par le passé décrit cet accord comme ayant une portée bien plus vaste, visant notamment à une expansion conjointe sur le marché chinois et d'autres marchés asiatiques. Le groupe chinois assure aujourd'hui que la rupture de sa collaboration avec Cisco n'aura pas d'impact négatif pour lui, ZTE disant n'être plus dépendant de la technologie de Cisco.
Selon des informations de presse, Cisco a mis fin la coopération entre les deux groupes après avoir découvert que ZTE revendait ses équipements à des sociétés iraniennes, en violation des sanctions américaines contre Téhéran. Le groupe américain n'a pas pu être joint mercredi en Chine pour confirmer ces informations.
Le mois dernier, deux parlementaires américains, Sue Myrick et Frank Wolf, ont publié une lettre dans laquelle ils faisaient part de leurs inquiétudes sur ces ventes à l'Iran. Lors d'un audition devant le Congrès, Zhu Jinyun, vice-président de ZTE pour l'Amérique du Nord et l'Europe, avait réfuté ces accusations.
Dans un autre communiqué publié mardi, ZTE affirme que ses équipements ne présentent pas de danger pour la sécurité des Etats-Unis.
Le Canada exclurait les chinois d'un appel d'offres sensibleCes craintes vis à vis des équipementiers télécoms chinois ne sont pas réservées aux Etats-Unis. Le Canada a interdit à un ou plusieurs fournisseurs étrangers de participer à la construction d'un important réseau gouvernemental, ont indiqué mardi des responsables, sans dire s'il s'agissait du géant chinois Huawei. Le gouvernement canadien a invoqué "l'exception au titre de la sécurité nationale" prévue dans ses accords commerciaux internationaux, a souligné Andrew MacDougall, porte-parole du Premier ministre canadien Stephen Harper.
Huawei fournit déjà des réseaux à haut débit pour des sociétés canadiennes du secteur comme Bell Canada, Telus, Sasktel et Wind Mobile. Le gouvernement canadien reste cependant sur ses gardes alors qu'il reconstruit des réseaux endommagés par des cyber-attaques en 2010. "Le gouvernement sera très prudent dans le choix (des fournisseurs) pour la construction de ce réseau et il a invoqué l'exception au titre de la sécurité nationale", a déclaré M. MacDougall.
Le ministère des Services partagés qui est chargé de la construction du nouveau réseau, a indiqué dans un communiqué qu'il accordait "une grande importance à la cybersécurité et procède en suivant les conseils d'experts". "Notre gouvernement s'est doté d'une stratégie en matière de cybersécurité pour se protéger contre les menaces, le piratage et l'espionnage électroniques", a-t-il ajouté.
Un ancien numéro deux du Service canadien du renseignement de sécurité (contre-espionnage), Ray Boisvert, a déclaré à la chaîne CBC qu'il partageait les inquiétudes soulevées par Washington. L'exception pour la sécurité nationale concerne les appels d'offres pour l'acquisition d'infrastructures, de systèmes et de services groupés rattachés au courrier électronique, aux télécommunications et aux centres de traitement de données.
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