jeudi 5 septembre 2013

Maud Séjournant : « J'ai eu le déclic chamanique à l'oral de Sciences-Po »

Maud Sejournant J ai eu le declic chamanique a l oral de Sciences Po .
© Jean-Luc Bertini
Rien ne prédestinait cette Parisienne de bonne famille à entrer en transe. Aujourd’hui, pourtant, cette chamane communique avec l’invisible.
C’est une femme radieuse qui arrive dans le bar chic d’un petit hôtel parisien. Avant de s’asseoir, elle fait un tour sur elle-même, choisit son fauteuil, se relève pour observer les animaux figurant sur les tableaux accrochés au mur, goûte l’atmosphère tranquille, et attaque la conversation en présentant ses talismans : un pendentif mexicain taillé dans un os de cheval et un bracelet de turquoises. « J’utilise mes bijoux comme des objets de pouvoir, ils me donnent leur énergie de puissance et de confiance », lance la chamane Maud Séjournant. Auteure de « La Spirale initiatique » (éd. Albin Michel), cette thérapeute hors norme, qui vit entre Paris et Santa Fe au Nouveau-Mexique, ne pense rien comme les autres. Entretien avec une femme au sourire lumineux, habitée par les esprits invisibles.
ELLE. Vous vous dites chamane, pourtant vous avez l’air très « normale »...
Maud Séjournant. Oui, je n’ai ni grigris ni tambour et pas de plumes qui me sortent de la tête ! Le chaman mongol porte un costume mongol, le chaman péruvien porte son chapeau péruvien, moi je me fonds dans ma culture. Ma tribu, c’est les  Français !
ELLE. Que signifie être chaman ?
Maud Séjournant. Maîtriser ses états de conscience pour entrer en communication avec d’autres mondes invisibles, parfois à l’aide de la transe. Le but est d’y trouver des ressources, des outils, des symboles ou des idées qui mèneront une famille ou  une personne vers plus de connaissance, de bien-être ou de guérison... Être chaman, c’est être ouvert à quelque chose d’irrationnel.
ELLE. Est-ce un don ?
Maud Séjournant. Disons que je fais attention à ce qui est, et des choses me viennent. Mais presque tout le monde peut recevoir des informations du monde invisible. D’ailleurs, beaucoup de gens reçoivent des petits signes, vivent des coïncidences troublantes... La vie nous apporte plein de cadeaux qu’on ne sait pas toujours reconnaître.
ELLE. Petite fille du 16e arrondissement, étudiante à Sciences-Po promise à un avenir dans la publicité, comment êtes-vous devenue chamane ?
Maud Séjournant. J’ai eu la chance que mes parents ne s’occupent pas trop de moi. J’étais très souvent seule et j’ai développé une relation puissante avec la nature, dans le jardin normand de ma grand-mère, ou l’été en Bretagne. Et, lors du grand oral à la fin de Sciences-Po, j’ai eu un déclic. On m’a demandé : « Qu’est-ce qui pousse les hommes au pouvoir ? » J’ai réalisé soudain que le vrai pouvoir n’était pas économique, politique ou financier, mais qu’il était totalement intérieur, ancré en chacun de nous. Cela m’est tombé dessus avec une telle évidence que j’en ai raté l’oral !
ELLE. Vous avez été initiée par des grands maîtres spirituels : qu’est-ce que cela veut dire ?
Maud Séjournant. Ce n’est pas quelque chose de mystérieux que l’on vous transmet. Cela signifie beaucoup de travail personnel, pour développer l’humble statut de l’élève qui sait qu’il ne sait rien, et apprendre à garder un état d’ouverture et de confiance...
ELLE. Que cherchent les gens qui viennent vous consulter ?
Maud Séjournant. Je les aide à renouer avec leur authenticité, leur moi profond. Pas dans le but d’être plus performant, mais pour se retrouver soi-même en dehors des conditionnements de la culture, de la religion, de l’éducation, de la société, de la famille.
ELLE. En quoi est-ce chamanique ?
Maud Séjournant. Parce que le chamanisme, c’est se relier à sa vraie nature et au cosmos à travers la nature. C’est la constatation très simple qu’il y a une relation entre la marche du Soleil et la Terre, et que nous vivons entre ces deux énergies.
ELLE. L’un de vos exercices, c’est de faire renouer chacun avec son « animal totem » ?
Maud Séjournant. Oui, nous avons un besoin urgent de renouer avec notre corps et c’est une manière de sentir notre corps vivant en tant que corps animal. Dans notre culture aseptisée, où l’on ne parle ni de la mort ni des humeurs du corps, c’est un rite très puissant... qui permet aussi de comprendre que notre force de vie vient du monde invisible.
ELLE. Vous avez rencontré des grands maîtres spirituels dans le monde entier : qu’ont-ils de différent ?
Maud Séjournant. Ils sont comme tout le monde, la seule différence, c’est qu’ils rient beaucoup et qu’ils sont heureux. Ils ont une curiosité rare, une ouverture inouïe. Ils ne se prennent jamais au sérieux et ne prennent pas non plus la vie au sérieux. Pour eux, ce n’est qu’un passage.
ELLE. Qu’est-ce qui vous différencie d’un charlatan ?
Maud Séjournant. Je sais que je n’ai aucune prérogative particulière, que je reçois des choses qui passent parfois par moi, c’est tout... Mais c’est aux autres de répondre ! Chacun doit se le demander... Et se faire confiance.
ELLE. En quoi croyez-vous ?
Maud Séjournant. J’ai rejeté la foi catholique à 14 ans. Mais je crois qu’il y a une source, un espace d’énergie vibrante autour de nous, dont nous sommes les émanations. Chacun de nous est un être total, à la fois divin et manifestation du divin.
ELLE. A vous lire, il semblerait que la gratitude soit une voie vers le bonheur...
Maud Séjournant. Oui. La gratitude et l’émerveillement de ce que nous sommes, de ce que nous faisons, de ce que l’on partage. Commencer à percevoir la vie en termes de don est une manière de cesser de voir le verre à moitié vide. Car, en réalité, le verre est toujours rempli : une moitié par de l’eau et l’autre moitié par de l’air, invisible. Percevoir cette idée à travers toutes les expériences de l’existence et en éprouver de la gratitude, cela peut être une manière profonde de changer sa vie.
ELLE. Le plus important pour vous est d’arriver à faire attention aux toutes petites choses du quotidien ?
Maud Séjournant. Oui. C’est paradoxal, mais c’est ainsi que l’on entre en lien avec le monde de l’invisible. Cela suppose d’être pleinement ici et maintenant. Or, souvent, nous sommes ailleurs : avant ou après. Toutes les traditions spirituelles parlent de cette présence à l’instant.
ELLE. Vous proposez aux gens de faire leurs propres rituels...
Maud Séjournant. Oui, on peut imaginer faire quelques gestes symboliques, avec tout son cœur, par exemple pour couper un lien avec une personne, se défaire de schémas encombrants, de vieilles croyances, ou pour mettre en place un nouveau projet...
ELLE. Est-ce de la pensée magique ?
Maud Séjournant. Pas vraiment. La pensée magique, ce serait celle de l’enfant qui croit qu’une personne a beaucoup de pouvoir et va faire quelque chose d’extraordinaire pour lui, comme le faisait son papa ou sa maman. C’est un peu infantile. Devenir le magicien de sa vie, c’est autre chose ! Il s’agit d’utiliser la force de sa propre intention, alignée avec la force de vie, pour avancer, s’engager dans une voie. Nous sommes tous des agents très puissants de création de notre propre vie.

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