Dix millions de Français ont aujourd’hui du mal à se loger. Les grandes villes comme Paris sont devenues quasiment inaccessibles pour les classes moyennes. Quant aux familles dont les revenus sont très modestes, elles n’ont pas d’autre choix que d’aller s’installer à cinquante, voire soixante-dix kilomètres, de ces centres urbains.
Certes, certains se retrouvent dans de charmants villages mais doivent aussi se lever très tôt pour se rendre au travail. Et quand les commerces sont loin, ils ne peuvent se passer d’une voiture, ce qui entraîne pour ces familles des frais supplémentaires, en moyenne 800 euros par mois. Le documentaire La France en face, le scandale du logement ne se contente pas de dresser un état des lieux des difficultés à trouver un appartement. Il démontre de manière implacable l’absurdité de notre système politique et son inaptitude à résoudre le problème.UN ÉTAT QUI SE DÉSENGAGE
Depuis une quarantaine d’années, en effet, différents ministres du logement – d’Albin Chalandon à Jean-Louis Borloo –, considérant que l’accès à la propriété est un droit, voire une nécessité pour se protéger des accidents de la vie, n’ont eu de cesse d’encourager les Français à acquérir une maison ou un appartement. Or, pour certains spécialistes du logement interrogés dans le film d’Amandine Chambelland et Linda Bendali, cette incitation est une manière pour l’Etat de se désengager et de privatiser l’habitat.
Bien plus que l’or ou la Bourse, la pierre a été le secteur le plus juteux depuis l’an 2000. La BNP a ainsi racheté des immeubles entiers afin de pouvoir les revendre très rapidement. Les auteurs n’hésitent pas à dénoncer l’inhumanité de ce genre de pratique à laquelle se livre sans états d’âme la banque : cette course aux profits a, en effet, pour conséquence de mettre certaines personnes âgées à la rue. Et comment ces dernières, quand elles touchent une petite retraite, peuvent-elles ensuite racheter un appartement ? Quelle banque acceptera de leur accorder un crédit ? Sur ces agissements, la banque n’a d’ailleurs pas souhaité s’expliquer !
Le documentaire aborde enfin une autre problématique, celle de l’immobilier de bureau. Certaines villes, comme Boulogne-Billancourt par exemple, semblent en effet préférer construire des immeubles réservés aux entreprises plutôt qu’aux personnes. Et ce, pour une raison simple : un habitant coûte 8 000 euros à la collectivité et rapporte très peu en impôt. Une entreprise est plus rentable. L’Ile-de-France compte six millions de mètres carrés vacants, alors que Paris doit gérer 140 000 demandes de logements sociaux.
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