Par Sophie Lhameen le 22 octobre 2013
Coach en communication, Carmine Gallo donne les 10 techniques qui ont fait de Steve Jobs un "génie de la présentation".
Steve Jobs est une source d’inspiration inépuisable en matière de modèle à suivre dans le domaine du marketing comme dans celui de la communication. Après l’article que nous avons publié sur ses 10 courtes leçons de marketing, c’est au tour de Carmine Gallo*, coach en communication et éditorialiste de BusinessWeek.com de faire ressortir comment Steve Jobs est devenu un des meilleurs communicants du monde. Celui-ci est capable de transformer ses présentations de nouveaux produits en shows médiatiques qui occupent la une des médias généralement réservée aux grands événements politiques, sociaux et sportifs internationaux, explique Carmine Gallo. Nous reproduisons les 10 techniques clés qui ont fait de Steve Jobs un « génie de la présentation et le conteur d’entreprise le plus acclamé au monde », selon Carmine Gallo.1 – Fabriquer un scénario
Pour vendre un produit, rien de mieux que de raconter une belle
histoire comme dans un film avec des héros et des méchants, des
décors époustouflants et un casting de choix. Pour toute présentation,
Steve Jobs couchait son histoire sur un scénarimage. Le scénario
passait toujours en premier ; les diapositives n’étaient là que pour
illustrer l’histoire. Il ne laissait jamais le temps à son auditoire de
se laisser distraire. Ses présentations comprenaient des
démonstrations, des séquences vidéo et d’autres intervenants, et tous
avaient pour but de maintenir le rythme et le dynamisme du message. Ces
éléments étaient préparés et assemblés bien avant que soient
créées les diapositives.
2 – Créer une description « twittable »
Steve Jobs créait pour chaque produit une description tenant en une phrase. Ces titres aidaient le public à cerner le nouveau produit et étaient toujours assez concis pour ne pas dépasser les 140 caractères d’un twit. Par exemple, lorsque Steve Jobs a présenté le MacBook Air en janvier 2008, il l’a tout simplement décrit comme « le portable le plus fin au monde. » Tout était dit. Steve Jobs donnait plus de détails dans ses présentations et sur le site Web d’Apple, mais il trouvait toujours une phrase, souvent projetée derrière lui en lettres blanches sur fond noir, pour résumer le produit.3 – Avoir un ennemi
Dans la quasi totalité des scénarios classiques, le héros l’emporte sur le méchant. Il en est de même dans les présentations de Steve Jobs. En 1984, le méchant, c’était IBM, surnommé à l’époque « Big Blue ». Juste avant de présenter à un groupe de commerciaux d’Apple sa fameuse publicité « 1984 », destinée à être diffusée à la télévision, Steve Jobs avait échafaudé toute une histoire autour de cette publicité. Il leur avait dit : « IBM veut tout ». Apple était la seule entreprise à se trouver sur son chemin. Le groupe auquel il s’adressait fut enchanté par sa mise en scène. Selon le spécialiste des marques Martin Lindstrom, les grandes marques et les religions ont une chose en commun : elles partagent l’idée d’un ennemi commun à abattre. Steve Jobs a établi l’antagoniste, ce qui a permis au public de se rassembler autour d’un héros : Apple et ses produits.4 – Se concentrer sur les avantages
Steve Jobs avait bien cerné la question que se poseraient (même
inconsciemment) les futurs clients : « Pourquoi cela m’intéressait-il ?
» C’est pour cela qu’il vantait les avantages de chaque nouveau produit
ou de chaque nouvelle fonction de manière claire et concise. Pourquoi
acheter un iPhone 3G ? Parce que c’est « deux fois plus rapide et deux
fois moins cher ». Même le site Internet d’Apple mettait l’accent sur
les avantages grâce à des listes en 10 points telles que « 10 raisons
de préférer un Mac ». Tout le monde se moque du produit. Ce qui
compte, c’est de savoir comment le produit ou le service va améliorer
nos vies.
5 – Respecter la règle de trois
La plupart des présentations de Steve Jobs étaient divisées en
trois parties. Par exemple : lorsque Steve Jobs monta sur l’estrade le 9
septembre 2009, il commença par annoncer qu’il parlerait de trois
produits : l’iPhone, iTunes et l’iPod. Il ponctua sa présentation de
repères verbaux tels que : « L’iPhone, le premier produit dont je
voulais vous parler. À présent, passons au second, iTunes. » Cette
règle de trois est un concept percutant en écriture. Les dramaturges
savent que trois est mieux que deux ; les comiques savent que trois est
plus drôle que quatre ; et Steve Jobs savait que trois est plus
marquant que six ou huit. Même s’il avait 20 points à présenter, Jobs
savait que le public ne pouvait en mémoriser que trois ou quatre. Et
il préférait qu’ils n’en retiennent que trois plutôt qu’ils oublient
tout.
6 – Vendre du rêve
Steve Jobs ne vendait pas des ordinateurs, mais la promesse d’un
monde meilleur. Lorsque Steve Jobs présenta l’iPod en 2001, il déclara
: « à notre façon, nous allons contribuer à rendre le monde
meilleur. » Si la plupart des gens ne voyait l’iPod que comme un lecteur
de musique, Steve Jobs y voyait un outil capable d’enrichir la vie des
gens. Il était bien sûr important de concevoir des produits géniaux.
Mais ce sont bien la passion, l’enthousiasme et la poursuite d’objectifs
transparaissant dans leurs produits qui ont permis à Steve Jobs et à
Apple de se démarquer. Il cultivait le sentiment de poursuivre une
mission. La passion, l’émotion et l’enthousiasme sont des ingrédients
largement sous-estimés dans les communications professionnelles, et
pourtant ils constituent des moyens puissants de motiver ses troupes.
7 – Etre visuel
Les produits Apple sont accessibles car ils éliminent le « fouillis
». Cette caractéristique s’appliquait aussi aux présentations de Steve
Jobs. On y trouvait aucune liste à puce. Steve Jobs faisait plutôt
appel à des photos et images. Si une diapositive PowerPoint compte en
moyenne 40 mots, sur 10 diapositives de Steve Jobs, on arrivait à peine
à sept mots. Cette technique surnommée « supériorité de l’image »
part du principe que l’information est plus facilement mémorisée
lorsqu’elle associe texte et images. Par exemple, lorsque Steve Jobs
dévoila le Macbook Air, le portable ultra mince d’Apple, il présenta
une diapo montrant que l’ordinateur pouvait se glisser dans une
enveloppe grand format. Cette image valait mille mots.
8 – Utiliser des chiffres marquants
Dans chaque présentation Apple, des chiffres marquants étaient
avancés. Le 9 septembre 2009, le vice-président d’Apple Phil Schiller
annonçait la vente de 220 millions d’iPods. Il replaça ce chiffre dans
son contexte en précisant que cela représentait 73 % du marché. Il
alla même jusqu’à lancer une pique à la concurrence en déclarant que
Microsoft était « à la traîne » avec seulement 1 % de part de
marché. Phil Schiller tient cette technique de Jobs, qui ponctuait
toujours ses présentations de chiffres impressionnants et qui parlent
au public.
9 – Parler simplement
Steve Jobs utilisait des mots simples et y prenait beaucoup de
plaisir. Il a par exemple dit de l’iPhone 3G qu’il était « rapide comme
l’éclair ». Là où la plupart des présentateurs emploient des mots
pointus, vagues ou confus, Steve Jobs préférait un langage très
simple. Il utilisait rarement voire jamais le jargon qui pollue bien des
présentations d’entreprise, comme « de classe professionnelle » ou
encore « un leadership réfléchi ». Il utilisait un langage simple,
clair et direct.
10 – Créer des moments de surprise
Toutes les présentations de Steve Jobs comprenaient un passage que
les neuroscientifiques qualifient « d’événement chargé
émotionnellement ». Un événement chargé émotionnellement est
l’équivalent d’un post-it mental qui dit au cerveau « À mémoriser ».
Par exemple, au Macworld 2007, Steve Jobs aurait pu commencer sa
présentation en annonçant au public qu’Apple allait sortir un nouveau
téléphone mobile qui faisait lecteur de musique, de jeux et de
vidéos. Mais à la place, il a fait monter le suspens :« Aujourd’hui,
nous allons vous présenter trois produits révolutionnaires. Le premier
est un iPod à écran large avec commandes tactiles. Le deuxième est
un téléphone mobile révolutionnaire. Et le troisième un appareil
innovant qui permet de communiquer sur Internet… un iPod, un
téléphone, un outil de communication sur Internet… un iPod, un
téléphone, vous voyez où je veux en venir ? En fait, il ne s’agit pas
de trois appareils mais d’un seul ! » Le public réagit avec grand
enthousiasme face à cette chute très inattendue et divertissante.
* Carmine Gallo est l’auteur du livre «The Presentation Secrets of Steve Jobs: How to be Insanely Great in Front of Any Audience and Fire Them Up! 7 Simple Secrets of Inspiring Leaders. »
* Carmine Gallo est l’auteur du livre «The Presentation Secrets of Steve Jobs: How to be Insanely Great in Front of Any Audience and Fire Them Up! 7 Simple Secrets of Inspiring Leaders. »
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