La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

L’équation est enfantine : d’un côté les réserves d’eau douce propres à la consommation s’amenuisent. De l’autre, la population mondiale, le taux d’industrialisation et donc la demande s’accroit. Le contrôle des ressources en eau tend donc à devenir un enjeu international de premier ordre.

Kaboul : réhabiliter le réseau d'eau potable

Dans les années à venir, certains n’hésitent pas à prédire une multiplication des tensions et des conflits armés pour l’accès à l’or bleu. D'autant qu’à la différence d’autres ressources naturelles comme le pétrole, la majorité de l’eau douce s’étend au-delà des frontières. Selon l’Onu, il existe 263 « bassins internationaux », fleuves, lacs ou nappes souterraines, partagés par deux pays ou plus. Ils représentent 60% des réserves en eau et 40% de la population mondiale vit à proximité. La gestion équitable de ces ressources partagées dépend dès lors du rapport de voisinage entre pays… et vice-versa.

Des armes et de l’eau

Un des premiers conflits inscrit dans les annales de l’histoire, en 2450 avant notre ère, a opposé deux cités de Basse Mésopotamie, Lagash et Umma, pour le contrôle de canaux d’irrigation, alimentés par le Tigre. Plus proche de nous, la Turquie, qui s’est lancée dans la construction d’immenses barrages au grand dam de ses voisins Syriens et Irakiens, exacerbe les tensions régionales. A terme, elle sera en mesure de se servir de l’eau comme d’une arme, avec la possibilité - extrême - de couper le robinet de ses deux voisins du Sud. Parfois, ces tensions pour l’eau existent aussi au sein d’un même pays. En Espagne par exemple, les provinces autonomes d’Aragon et de Catalogne se livrent une bataille politique farouche pour le contrôle des eaux de l’Ebre, en totale opposition avec le « plan hydrologique national » espagnol.

Dérèglement climatique et politique

Au-delà de ces problèmes liés aux ressources en eau, de nombreux observateurs craignent que le réchauffement climatique ne provoque des dérèglements, un facteur qui accentuerait les inégalités face à l’eau. Les déserts et autres régions arides risquent de s’étendre, les régions tropicales pourraient subir d’importants déluges et certaines régions côtières se verraient submerger par la montée du niveau de la mer. Dans un tel scénario catastrophe, des centaines de millions de personnes seraient contraintes à fuir un environnement climatique devenu soudain hostile. La gestion de ces « réfugiés climatiques » bousculerait indéniablement l’équilibre politique mondial.

La guerre de l'eau - les maîtres de l'eau 1/3 par Wakeup-

La guerre de l'eau - les maîtres de l'eau 2/3 par Wakeup-

La guerre de l'eau - les maîtres de l'eau 3/3 par Wakeup-